L’intériorité de Aziz lieu à double surdétermination.

L’intériorité de Aziz lieu à double surdétermination.

Naissance d’un nouveau thème en littérature

la désillusion Partant précisément de cette donne politico-historique majeure qu’est la destruction de la classe féodale par la bourgeoisie, Lukacs soutient que l’ère bourgeoise et le capitalisme barbare qui s’en est suivi vont donner naissance à un nouveau type de roman le roman de la désillusion. Lukacs considère les Illusion perdues de Balzac comme la première amorce, dans l’époque moderne, de ce type de roman. Cependant le thème de la désillusion en littérature est très ancien et remonte jusqu’au temps de la bourgeoisie révolutionnaire et de ses premiers combats contre le féodalisme et l’aristocratie. « Don Quichotte, écrit Lukacs, est bien lui aussi une histoire « des illusions perdues » », tout comme le Neveu de Rameau de Diderot est «un précurseur idéologique des Illusion perdues » de Balzac. Aussi les contemporains de ce denier tels Musset ou Stendhal ont-ils précédé eux aussi Balzac, du fait que ce thème organisait déjà certaines de leurs oeuvres, en particulier les confessions d’un enfant du siècle du premier et le rouge et le noir du second.

Lukacs estime que le roman de Balzac est nouveau dans la mesure où il traite de la capitalisation de l’esprit, c’est-à-dire que la littérature, comme tous les faits humains qui n’échappent pas à la réification des rapports sociaux, devient à son tour une simple marchandise. Autrement dit, la nouveauté du roman de Balzac provient du fait qu’il nous donne à voir pour la première fois la manière dont se fait la destruction de la culture et la dégénérescence du rapport harmonieux entre l’artiste et la vie dans la société capitaliste ascendante, d’une part, et la naissance d’autre part, du sentiment de désespoir et de perte chez la jeune génération d’artistes face à cette atmosphère hostile à l’art et plus généralement à la vie. Lukacs écrit dans Balzac et le réalisme français « (…) mais chez Cervantès c’est la société bourgeoise naissante qui détruit des illusions féodales attardées, tandis que chez Balzac les idées nécessairement engendrées par la société bourgeoise sur l’homme, la société, l’art, etc., les produit idéologique les plus élevés du développement révolutionnaire bourgeois, apparaissent comme des simples illusions quant on les confronte à la réalité de l’économie capitaliste».1

Cependant ce qui nous intéresse, au-delà du contenu narratif proprement dit de ce roman, c’est la question de savoir comment est livré et construit ce contenu en luimême quels sont les principes de composition des Illusions perdues ? Or, ainsi posée, la question nourrit un malentendu plus qu’évident que nous devons tout de suite dissiper. D’abord il n’est nullement question de nous livrer à l’analyse de ce grand chef d’oeuvre, pas plus qu’il n’est question de reprendre ici l’essai de Lukacs sur ce roman. Notre tache est beaucoup plus simple. Il s’agit simplement de repérer les principes de composition les plus significatifs que Lukacs constate et relève dans ce roman. Ces principes mis au jour, il sera ensuite question d’en préciser la signification et la fonction par rapport à la conception lukacsienne globale de l’oeuvre littéraire, dont nous avions esquissé tout au long de notre parcours argumentatif les éléments nodaux qui la soutiennent. En effet contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est plus parce qu’il est porteur d’un nouveau thème (et quel thème !) qu’il nous préoccupe ici. Les véritables raisons sont autres.

De l’intériorité du héros moderne

Dans sa théorie du roman, Lukacs relève, au plan du rapport du héros au monde dans la figuration littéraire, deux principaux constats relatifs aux deux principaux genres littéraires qui caractérisent ces deux moments de l’histoire occidentale l’art épique et l’art romanesque. Dans la figuration épique, les formes littéraires impliquent, d’une manière ou d’une autre, une certaine acceptation du monde extérieur. En revanche, le roman, forme par excellence de la société capitaliste où l’homme et le monde sont en déphasage, met en scène un individu problématique dans un monde contingent. C’est ainsi que, du point de vue des figures littéraires représentées et de leurs rapports au monde, Lukacs distingue deux principaux types de figurations romanesques inhérents au roman (ou à l’époque moderne) le « roman de l’idéalisme abstrait » et le « roman du romantisme de la désillusion ». Il expose cela ainsi « Que Dieu ait abandonné le monde, on le voit à l’inadéquation entre l’âme et l’oeuvre, entre l’intériorité et l’aventure, au fait qu’aucun effort humain ne s’insère plus dans un ordre transcendantal. Cette inadéquation présente, en gros, deux types selon qu’elle est plus étroite ou plus large que le monde extérieur qui lui est assigné comme théâtre et comme substrat de ses actes, l’âme s’étrécit ou s’élargit ».

Ainsi, la perte de la transcendance divine dans l’époque moderne fait que l’individu perd toute harmonie avec l’extériorité son âme est soit trop petite et se perd dans le vaste théâtre de la vie, et on est en présence d’un roman de type « idéalisme abstrait », soit trop grande et s’étend sur le monde, on parle alors « du roman de romantisme de la désillusion ». Ce dernier type est, comme le note Lukacs, surtout inhérent au XIXe siècle, notamment à la littérature d’après 1948, et Lukacs le qualifie aussi de « littérature décadente ». Nous larguons ici le premier type et nous poursuivrons notre exposé avec comme en ligne de mire le second type, le roman de romantisme de la désillusion, ou le roman de la littérature décadente.

Du grand réalisme vers le roman de la désillusion

Pour Lukacs, le style, ou plutôt tout le processus de création artistique est déterminé par les conditions socio-historiques et économiques dans lesquelles exerce l’artiste (conception marxiste de l’art). Si donc Flaubert ou Zola ont une certaine conception de la réalité, c’est parce que, soutient Lukacs, ils sont influencés par l’idéologie de leur époque. Une influence qui donnera naissance à des préjugés que Lukacs qualifie d’apologétiques, et qui reflètent leurs ignorance de la vérité des forces motrices du développement social, qui est aussi, à bien des égards, la vérité que passent sous silence les destins des figures littéraires représentées. Aussi, toujours est-il que c’est dans les actes, les actions et la pratique humaine que cette vérité-là prenne forme et sens. Et si l’homme est digne d’être figuré en littérature c’est seulement de ce point de vue qu’il devra l’être. Ce qui autorise à dire que si l’art épique constitue un modèle et suscite encore aujourd’hui un vif intérêt chez le lecteur, c’est sans doute parce qu’il figure « la richesse chatoyante et la diversité changeante de la pratique humaine ». Lukacs demeure convaincu que tout roman construit suivant la méthode de cette littérature, « la littérature de l’observation et de la description » doit, le schéma de base exige, occulter l’essentiel qui est l’interaction de la vie intérieure richement épanouie de figures typiques à une époque donnée.

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Table des matières

Chapitre I la « désillusion » dans la perspective lukacsienne
Introduction
I- Naissance d’un nouveau thème en littérature la désillusion
II – De l’intériorité du héros moderne.
III – Le « grand réalisme » chez Lukacs
IV – Du grand réalisme vers le roman de la désillusion.
V – La Mante religieuse replacé dans son contexte de production
Chapitre II les limites de la figuration chez Ali-Khodja
I- Le sursaut de révolte de Ali-Khodja Promesse.
A- Omniscience et focalisation éléments révélateurs du projet de l’auteur
B- Montrer et raconter autres éléments révélateurs
II- L’échec du sursaut de révolte de Ali-Khodja Trahison.
A- Trahison un récit sans action
B- Trahison un récit de souvenirs, de pensées, d’état d’âme
C- Trahison des personnages passéistes, un récit en fragment et sans cohérence interne
III- Inadéquation du projet avec la méthode de figuration
Chapitre III autour du héros Aziz situation et vision du monde.
I- Aziz un héros en situation d’échec
A- Vision angoissée du dehors et de soi
B- Aziz le névrosé
II- Aziz un héros problématique et en quête de soi
A- Le caractère ambigu de Aziz
B- La quête de Aziz
III- Aziz, le double de Roquetin
A- Quête de la vérité et quête spirituelle vouées à l’échec
B- Perception pessimiste du monde
IV- Aziz désigne son bourreau, cause de son Echec
Chapitre IV l’intériorité de Aziz lieu à double surdétermination.
I- Le lieu du fantastique
A- Le décor du fantastique
B- Constantine une ville mangeuse d’hommes
II- Le lieu de l’idylle
A- L’idylle perdue de Aziz
B- Aziz ou le bonheur impossible
III- Aziz entre intériorité et extériorité
Chapitre V la désillusion thème ou rupture
I- Rupture, modernité
II- Récits guerriers ou
A – Simulacre
B – Simple exigence technique
C- Récits « de correction révolutionnaire »
III- Constantine larguée
III- Le détour fantastique
Conclusion
Bibliographie
Table des matières

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