La pratique sportive à haute intensité

L’incontinence urinaire

Contexte actuel

L’incontinence urinaire touche, en France, environ 3,8 millions de femmes (14,2%) entre 15 et 85 ans. La prévalence de l’incontinence urinaire chez les femmes âgées de 20 à 24 ans est de 12 %. [1] Cependant sa prévalence est difficile à évaluer pour plusieurs raisons. Tout d’abord il y a une réelle sous-évaluation de l’IU chez les femmes. En effet c’est un sujet tabou et un grand nombre de femmes considèrent l’IU comme un événement physiologique dû au vieillissement. De plus l’IU démarre lentement et de manière irrégulière : la femme s’habitue à cet état. [2] Le manque d’homogénéité des études épidémiologiques sur ce sujet représente également un problème. En effet les différences de définition, tailles d’échantillons et âge moyen des femmes étudiées rendent difficile l’établissement de la prévalence .

Définition

En 1979, ICS (International Continence Society) définissait l’incontinence urinaire comme étant la perte d’urine involontaire ayant un retentissement social ou hygiénique. La dimension sociale et hygiénique a été mise de côté en 2002 et une nouvelle définition de l’IU a été conçue par l’ICS : « La plainte de toute fuite involontaire d’urine. » [3] Il existe différentes formes d’incontinence urinaire selon le mécanisme de survenue. L’incontinence urinaire d’effort, caractérisée par une perte involontaire d’urine en jet non précédée du besoin d’uriner. Cette incontinence survient lors d’un effort tel que la toux, le rire, l’éternuement, le saut, la course ou toute autre activité physique provoquant une augmentation de la pression intra abdominale .

Elle comporte 4 stades :
– I : quelques gouttes lors d’un effort important
– II : petite fuite sur un effort moyen
– III : fuite de grande importance sur un effort intense
– IV : grande fuite à un simple changement de position .

L’incontinence urinaire par impériosité, caractérisée par une fuite d’urine précédée par un besoin urgent et incontrôlable d’uriner en dehors de tout effort. L’incontinence urinaire mixte, combinaison des deux types de symptômes.

Anatomie et Physiologie de la continence urinaire 

Anatomie
Le périnée, également appelé plancher pelvien, se définit comme étant l’ensemble des parties molles fermant l’excavation pelvienne dans sa partie basse. Il sépare également la fourchette vulvaire de l’anus. De ce fait, il est étroitement lié aux organes génitaux externes et au canal anal.

Un cadre ostéo fibreux de forme losangique définit les limites du périnée. On retrouve :
– En avant : le bord inférieur de la symphyse pubienne et les branches ischio pubiennes.
– En arrière : le sommet du coccyx et les ligaments sacro tubéraux.

Le périnée est séparé en deux parties :
– Antérieure : représentant la région uro-génitale
– Postérieure : représentant la région anale

Analyse des principaux résultats 

Suite à l’analyse de l’ensemble de nos études, nous allons détailler l’impact de la pratique sportive à haute intensité périnéale sur l’IU et ainsi évaluer l’influence de cette pratique sur différents critères de l’incontinence étant la qualité de vie, la sexualité, la force de contraction du plancher pelvien et des connaissances des femmes sur ce dernier.

Analyse des populations

Parmi les cinq études incluses dans cette revue de littérature, les populations étudiées divergent. Deux de nos études (Lúdvíksdóttir et al, Dos Santos et al) ont inclus des athlètes tandis que les trois autres études se sont portées sur des femmes pratiquant une activité physique en loisirs et ou compétition. Cette différence au niveau de la population peut avoir une influence sur nos résultats. L’intégralité des études traitaient exclusivement de femmes nullipares, ce critère étant un des critères d’inclusion principaux de notre étude. Cela présente des avantages et des inconvénients. En effet, cette population ne représente donc pas l’intégralité de la population féminine, cependant, cela permet de centrer notre étude sur le facteur de risque recherché : la pratique sportive à fort impact/intensité sur le périnée. Les femmes ayant eu des grossesses et vécu un accouchement ont été exclues de l’étude car la grossesse et l’accouchement représentent des facteurs de risques de l’incontinence urinaire. Il était donc plus pertinent de les exclure afin d’avoir une meilleure interprétation des résultats. Concernant l’âge des femmes incluses, il est en moyenne de 23,3 ans ce qui correspond à la population ciblée. De plus, il n’y a pas de grande disparité entre les cinq études. Le nombre de participantes dans chaque étude est très variable et, pour certaines, très faible ( Ludviksdottir n=34, Dos Santos n=50, Alves n=245, Hagovska n=278, Fozzatti n=488) ce qui peut représenter un biais du fait de la non-représentativité de la population. Au niveau de la pratique sportive on retrouve, en tout, 17 sports à fort impact périnéal . Ces pratiques sportives comportent majoritairement des sauts, impulsions, de la course, mouvements de grande amplitude et port de charge. Le volley-ball, le basket-ball, le hand-ball, le fitness, le foot et l’athlétisme sont les sports les plus fréquemment retrouvés. Cependant, l’effectif de chaque sport au sein de chaque étude est très différent ce qui peut représenter un biais.

L’incontinence urinaire et l’intensité de l’activité physique

Les données actuelles montrent une prévalence de l’incontinence urinaire de 12 % chez les femmes âgées de 20 à 30 ans et jusqu’à 30 % chez les sportives. La moyenne des prévalences des cinq études incluses dans cette revue est de 15,6 % dont 23 % chez les femmes pratiquant un sport à fort impact contre 16 % chez les femmes pratiquant un sport à faible impact. Il existe cependant des disparités entre ces études dues aux différences d’effectif, de sports pratiqués, ainsi que le niveau de pratique des femmes incluses. Dos Santos et al [34] ont cherché à comparer la survenue d’IU et à déterminer le type d’incontinence le plus fréquemment retrouvé chez deux groupes de sportives : l’un pratiquant un sport à fort impact et l’autre pratiquant un sport de faible impact. Par le biais de l’ICIQ-UI-SF, la prévalence de l’incontinence urinaire a été estimée à 48 % parmi la population incluse dans l’étude. Les scores obtenus au questionnaire étaient significativement différents entre les modalités sportives à forte et faible intensité sur le périnée (p=0,028). De ce fait, les sports à fort impact présentent plus de cas que les modalités à faible impact. La modalité sportive présentant les plaintes les plus importantes d’incontinence était ici le karaté. Il faut tout de même rester critique face à cette donnée en raison des différences d’effectifs entre chaque sports.

Le sport à fort impact s’avère être, dans cette étude, un facteur de risque de l’IU (RR=1,41). Il faut cependant rester critique vis-à-vis de ce résultat (95%IC= 0,69 2,86). Le volume d’entrainement exprimé dans cette étude en heure par jour ressort également comme un facteur influençant le risque d’apparition d’incontinence urinaire (p=0,007).

Dans l’étude d’Alves et al [36], la prévalence de l’incontinence urinaire était de 22,9%. Parmi les femmes présentant une incontinence urinaire, 55,5% pratiquaient un sport à haute intensité sur le plancher pelvien contre 44,5% chez les femmes pratiquant un sport à faible intensité. Les pratiquantes de sports à fort impact rapportent une fréquence plus élevée de perte d’urine d’après l’ICIQ-UI-SF (p=0,004) mais aucune différence significative n’a été démontrée quant à la quantité d’urine perdue (p=0,36). Le volume d’activité physique, exprimé ici en minutes d’entrainement par semaine, a montré une association positive avec la fréquence des pertes d’urinaires (p=0,005). Lùdvìksòtti et al [33] ont comparé la survenue d’incontinence urinaire d’effort chez des athlètes pratiquant une activité sportive à haute intensité sur le périnée et chez des femmes non entrainées. 61,1 % des athlètes ont déclaré une incontinence urinaire. Les symptômes ont été ressentis lors d’une activité sportive pour la totalité des femmes incontinentes et 22% d’entre elles ont également expérimenté les symptômes lors d’efforts moindres comme la toux, le rire ou l’éternuement. Il s’agit donc d’une incontinence urinaire d’effort. Chez les femmes non entrainées, 12,5 % ont déclaré souffrir d’incontinence.

En ce qui concerne les différences de prévalence et de symptômes d’incontinence entre les différents sports, on ne dispose pas de données significatives car une femme peut pratiquer plusieurs sports en même temps. Cependant environ les deux tiers (66,7 %) des femmes incontinentes pratiquaient le hand-ball ou le foot-ball et environ la moitié (54,5 %) pratiquaient le cross-fit ou le boot-camp. Les données des autres sports n’étaient pas statistiquement représentatives en raison du nombre insuffisant de participantes. Le groupe des athlètes présente donc une proportion plus élevée de femmes incontinentes comparé au groupe témoin. Cette différence est significative (p=0,002) et la pratique sportive à haute intensité sur le plancher pelvien se révèle être un facteur de risque à l’IUE dans cette étude (RR=4,88 avec un 95%IC=1,26-18,8). Pour l’étude de Fozzatti et al [16], l’objectif était d’évaluer la prévalence de l’incontinence urinaire d’effort chez des femmes fréquentant les salles de sports en y pratiquant une activité à haut impact (exercices des membres inférieurs avec port de charge, sauts, bonds dans le plan vertical ou vers l’avant). Par le biais du ICIQ-UI-SF une différence significative entre les deux groupes d’étude a été mise en évidence (p=0,006) et la pratique sportive à haute intensité représente un facteur de risque de l’IUE dans cette étude (RR=1,71 avec un 95%IC=1,71-2,49). En effet, 24,6 % des femmes fréquentant les salles de sport déclarent des symptômes d’incontinence urinaire contre 14,3 % chez les femmes du groupe témoin.

Parmi les femmes incontinentes du groupe d’étude, 14,3% signalent une perte d’urine pendant l’activité sportive. Cependant, 57,4% des femmes du groupe d’étude déclarent vider leur vessie en prévention avant de commencer l’exercice. Cela peut conduire à deux hypothèses différentes influençant le résultat de la prévalence de l’incontinence urinaire. Soit les femmes ne déclarent pas de symptômes d’incontinence car elles ont l’habitude de vider leur vessie avant de pratiquer l’activité physique mais seraient sujettes à des fuites si elle n’avait pas cette habitude. Soit cela n’a pas d’influence sur l’apparition de l’incontinence urinaire. En ce qui concerne le type d’exercice, le saut est la cause de fuite la plus rencontrée chez les femmes incontinentes fréquentant les salles de sport. Hagovska et al [35] ont examiné et déterminé la prévalence et le risque de développer une incontinence urinaire d’effort dans chaque type de sport de haute intensité sur le périnée. Parmi les dix types de sports inclus dans l’étude, le pourcentage d’apparition le plus élevé d’incontinence urinaire d’effort est constaté chez les femmes pratiquant l’athlétisme puis celle pratiquant le volley-ball. Ces deux sports comportent des sauts fréquents ce qui peut expliquer la prévalence élevée d’incontinence urinaire d’effort lors de leur pratique. Les joueuses de volley-ball ont 116% de chances de contracter une incontinence urinaire d’effort par rapport aux autres types de sports(p=0,05 et OR=2,16 avec 95%IC=0,96-4,89). Pour l’athlétisme, l’OR était de 2,56 mais n’était pas significatif (p=0,08). Chez les joueuses de basketball, hand-ball, fitness le risque d’incontinence urinaire d’effort était plus faible.

Concernant le type d’incontinence urinaire on retrouve des disparités suivant les études. Dans les études de Lùdvìksòtti, Fozzatti, et Hagovska l’incontinence urinaire d’effort est le seul type retrouvé. Pour les études d’Alves et Dos santos, on retrouve les trois principaux types d’incontinences dans des proportions différentes :

Alves :
1. IUE : 60,7 %
2. IUU : 25 %
3. IUM : 14,3 %

Dos santos :
1. IUU : 50 %
2. IUE : 37,5 %
3. IUM : 12,5 %

L’étude de Dos santos expose des résultats qui ne sont pas en adéquation avec les études précédemment menées qui estimaient l’incontinence urinaire d’effort comme étant le type le plus représenté chez les sportives.

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Table des matières

1 INTRODUCTION
1.1 L’INCONTINENCE URINAIRE
1.1.1 Contexte actuel
1.1.2 Définition
1.1.3 Anatomie et Physiologie de la continence urinaire
1.1.4 Physiopathologie de l’incontinence urinaire d’effort
1.1.5 Facteurs de risque
1.2 PRATIQUE SPORTIVE A HAUTE INTENSITE SUR LE PERINEE ET INCONTINENCE URINAIRE D’EFFORT
1.3 IMPACT SUR LA QUALITE DE VIE
1.4 POURQUOI CETTE REVUE DE LITTERATURE
1.5 OBJECTIF DE LA REVUE BASE SUR LE MODELE PICO
2 METHODE
2.1 CRITERES D’ELIGIBILITE DES ETUDES POUR CETTE REVUE
2.1.1 Type d’étude
2.1.2 Population/Pathologie
2.1.3 Intervention
2.1.4 Critères de jugement
2.2 METHODOLOGIE DE RECHERCHE DES ETUDES
2.2.1 Sources documentaires investiguées
2.2.2 Équation de recherche utilisée
2.3 EXTRACTION ET ANALYSE DES DONNEES
2.3.1 Sélection des études
2.3.2 Extraction des données
2.3.3 Évaluation de la qualité méthodologique des études sélectionnées
2.3.4 Méthode de synthèse des résultats
3 RESULTATS
3.1 DESCRIPTION DES ETUDES
3.1.1 Diagramme de flux
3.1.2 Études exclues
3.1.3 Études inclues
3.2 RISQUES DE BIAIS DES ETUDES INCLUSES
3.2.1 Biais liés à la qualité méthodologique et grille d’analyse utilisée
3.2.2 Synthèse des biais retrouvés
3.3 EFFETS DE L’INTERVENTION
3.3.1 Critère de jugement principal
3.3.2 Critères de jugement secondaires
4 DISCUSSION
4.1 ANALYSE DES PRINCIPAUX RESULTATS
4.1.1 Analyse des populations
4.1.2 L’incontinence urinaire et l’intensité de l’activité physique
4.1.3 Qualité de vie
4.1.4 Sexualité
4.1.5 Force de contraction et connaissance sur le périnée
4.2 APPLICABILITE DES RESULTATS EN PRATIQUE CLINIQUE
4.3 QUALITE DES PREUVES
4.4 BIAIS POTENTIELS DE LA REVUE
5 CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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