Émergence des questions de Responsabilité Sociétale

 Émergence des questions de Responsabilité Sociétale

Des concepts d’écodéveloppement et de développement durable

Origine et émergence du concept d’écodéveloppement 

La notion d’écodéveloppement, proposée par Ignacy Sachs en 1972, a émergé de la rencontre de plusieurs domaines de connaissances, notamment économiques, environnementaux et sociaux. Avec la révolution industrielle devenue synonyme de modernisation, le développement économique devient le principal objectif des sociétés avec la promesse d’amélioration des conditions sanitaires et sociales. Or, la rapidité et l’ampleur du développement des activités industrielles à l’échelle mondiale en fait apparaitre les effets négatifs, avec une multiplication des catastrophes industrielles venant progressivement renforcer les préoccupations environnementales (Boutaud 2005).

Dans la continuité des travaux écologistes, et avec la montée des approches écosystémiques, certains scientifiques et ONG commencent à s’intéresser aux interactions entre notre société et son environnement et, plus particulièrement, aux impacts environnementaux et sociaux du développement des systèmes économiques. Les travaux du club de Rome publiés en 1972 sont sans doute ceux qui ont le plus marqué les réflexions de cette époque. Le rapport de l’équipe de chercheurs du MIT, dirigée par le professeur Meadows, met en avant les limites et les incompatibilités entre les croissances démographique, industrielle et économique et un système planétaire aux ressources finies de plus en plus impacté par les pollutions (Meadows et al. 1972).

Les Sommets de la Terre : Formulation et évolution du concept de développement durable 

C’est dans ce contexte qu’en cette même année 1972, l’Organisation des Nations Unies lance la première rencontre du Sommet de la Terre à Stockholm afin de porter sur la scène internationale les enjeux environnementaux et sociaux, dont le lien avec le développement est désormais admis. Ce Sommet ouvre le débat sur les modes de développement au niveau international, en mettant en avant la notion d’écodéveloppement dans laquelle le développement est abordé en tenant compte des considérations environnementales et culturelles (Diemer 2012). Il aboutira à l’adoption de 26 principes visant à lutter contre les pollutions ainsi qu’à la création du Programme des Nations Unies pour l’Environnement. En 1983, l’Organisation des Nations Unies met en place la Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement (CMED), également appelée Commission Brundtland du nom de sa présidente, afin de proposer un programme d’actions international pour faire face aux problèmes environnementaux et assurer un développement durable des communautés mondiales. Plus précisément les objectifs de cette commission sont (Brundtland 1987) :

– « De proposer des stratégies à long terme en matière d’environnement pour assurer un développement durable d’ici à l’an 2000 et au-delà.
– De recommander des méthodes pour faire en sorte que l’intérêt porté à l’environnement se traduise par une coopération plus étroite entre les pays en développement et entre des pays ayant atteint différents niveaux de développement économique et social et débouche sur la réalisation d’objectifs communs s’appuyant mutuellement et tenant compte des relations réciproques entre la population, les ressources, l’environnement et le développement.
– D’envisager des moyens permettant à la communauté internationale de faire plus efficacement face aux problèmes de l’environnement.
– De contribuer à définir les identités de vues sur les problèmes à long terme de l’environnement et les efforts qu’il conviendrait de déployer pour résoudre les problèmes que soulèvent la protection et l’amélioration de l’environnement, l’adoption d’un programme d’actions à long terme pour les prochaines décennies et des objectifs auxquels la communauté mondiale devrait tendre ».

Rendu public en 1987, le rapport donne la première définition consensuelle du développement durable, formulée comme étant « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs » (Brundtland 1987). Cette définition met en avant la nécessité de protéger l’environnement et d’améliorer le bien-être de tous dans les dynamiques de développement international pour permettre d’assurer une nouvelle forme de croissance économique (Boutaud 2005). Ce concept va rencontrer un plus fort succès que celui d’écodéveloppement, succès pouvant s’expliquer par la formulation plus politiquement correcte qui, en élargissant les perspectives et la portée de la démarche aux générations futures et en la conditionnant aux connaissances techniques actuelles, permet de concilier des points de vue divergents sur les solutions qui permettraient d’atteindre cet objectif de développement.

Le troisième Sommet de la Terre, organisé à Rio de Janeiro en 1992 est marqué par une forte mobilisation, avec la participation de 178 gouvernements qui adoptent la déclaration éponyme composée de 27 principes juridiquement non-contraignants. Ils reconnaissent notamment le principe de solidarité entre les communautés actuelles et entre les générations actuelles et futures, l’urgence de trouver des solutions de développement répondant aux problèmes environnementaux ainsi que la nécessité d’une coordination internationale pour mettre en œuvre ce concept. Ces principes s’accompagnent de recommandations consignées dans les programmes d’actions pour le 21ème siècle, également appelés Agenda 21, qui ont vocation à être diffusés et appliqués par les collectivités locales au niveau territorial (André 2009).

Les négociations reprennent et précisent la définition du concept de développement durable, qui est présenté depuis lors schématiquement sous la forme de trois piliers économique, social et environnemental. Cette représentation, facilement compréhensible a permis une large sensibilisation et l’ouverture du débat à l’opinion publique. Mais les termes sont relativement flous et peuvent laisser place à de multiples interprétations qui divergent notamment en fonction de l’importance et de la place accordées à chacun des trois piliers. On distingue deux visions opposées du développement durable : l’approche par la soutenabilité forte et l’approche par la soutenabilité faible (Boutaud 2005).

L’approche de la soutenabilité faible place les considérations économiques au centre de ses préoccupations et repose sur l’hypothèse que le capital matériel et technologique peut parfaitement se substituer aux capitaux naturels et humains (Boutaud 2007). Les ressources naturelles et le capital humain sont considérés comme des facteurs de production qui contribuent à la croissance, au même titre que le capital matériel et technologique. Les problèmes environnementaux et sociaux sont expliqués par le fait qu’ils ne sont pas suffisamment intégrés dans le modèle économique. Dans cette approche, la solution proposée pour mettre en œuvre le développement durable consiste à internaliser les capitaux naturels et humains en leur attribuant une valeur et en mettant en place des mécanismes de régulation (marché de droits à polluer, taxation…) afin de maîtriser les effets négatifs (Boutaud 2005). En suivant ce raisonnement, la dégradation et l’épuisement de ces capitaux deviennent même bénéfiques dans la mesure où ils permettent de soutenir la production de capitaux matériel et technologique, et donc la croissance économique, le tout, sans remettre en question les modes de production et de consommation. La croissance est considérée comme une condition nécessaire et suffisante au développement durable (Harribey 2004).

La seconde approche, dite de soutenabilité forte, remet en question la capacité des technologies et du capital artificiel à pouvoir remplacer le capital naturel et humain de manière satisfaisante. Elle considère au contraire que ces ressources sont non-substituables, qu’elles sont nécessaires à la survie de l’humanité, et qu’elles doivent par conséquent être transmises aux générations futures (Boutaud 2005, Harribey 2004). Cette vision admet l’inadéquation entre les systèmes économiques actuels à la recherche d’une croissance infinie et le caractère fini des ressources naturelles. La croissance économique est considérée comme une condition nécessaire mais non suffisante, qui doit s’accompagner d’une gestion collective des ressources, tenant compte des seuils de renouvellement, sans intervention des marchés économiques (Harribey 2004).

D’autres approches existent et remettent en question ces deux visions, en considérant que la croissance économique n’est une condition ni suffisante ni nécessaire du développement (Harribey 2004). Certains critiquent également l’utilisation de cet objectif de développement durable pour permettre de relancer la croissance économique, que les institutions et les dirigeants considèrent comme nécessaire pour trouver l’équilibre social et environnemental. Dans cette vision du développement durable qui s’appuie sur la notion de bien commun, l’objectif premier est de rendre une certaine légitimité aux systèmes économiques actuels, condition de succès pour atteindre les deux autres objectifs (Harribey 2002). Ainsi, bien qu’ayant émergé dans une forme de processus de négociation coopérative, l’appropriation de la notion de développement durable par des acteurs très différents (institutions, collectivités locales, entreprises, grand public, ONG) fait apparaitre des formes de compétition dans lesquelles chacun s’approprie cette notion selon son point de vue et ses intérêts (Brodhag 4 septembre 2004). Le quatrième Sommet de la Terre, qui se tient à Johannesburg en 2002, est l’occasion de faire le bilan des premières actions dix ans après le Sommet de Rio. Les constats sont inquiétants et montrent l’aggravation de la plupart des problèmes sociaux et environnementaux comme la pauvreté, l’accès aux services essentiels, ou encore le réchauffement climatique, la montée du niveau des mers ou la perte de biodiversité. L’importance de ces enjeux sociaux et environnementaux y est réaffirmée par la signature d’une nouvelle déclaration. Par ailleurs, le Sommet a lieu à une période où le système économique connait une crise d’ampleur mondiale et s’accompagne d’une nouvelle prise de conscience concernant les limites du modèle financier et des lois des marchés dont les pratiques parfois jugées abusives, comme par exemple les spéculations sur les denrées agricoles, sont controversées. Face à ces constats, le rôle des acteurs est remis en question : face à l’affaiblissement des institutions, les entreprises vont occuper une place de plus en plus importante dans les débats. La notion de responsabilité sociétale des entreprises, définie comme la contribution des entreprises au développement durable, va ainsi émerger sur la scène internationale. Cette notion et les différents concepts associés seront présentés par la suite (section 1.2). La cinquième Conférence des Nations Unies sur le Développement Durable, qui a lieu à Rio en 2012, se déroule dans un contexte de crise économique, peu favorable à la mobilisation, et au besoin de financement, pour les problématiques environnementales et sociales. Comme une marque du renforcement de la position des entreprises, la question de l’économie verte est annoncée comme l’un des principaux sujets à l’ordre du jour. Là encore, le bilan de la  conférence est critiqué par les ONG pour son manque d’ambition qui dénoncent un « texte vidé de toute substance ».

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Table des matières

INTRODUCTION
Chapitre 1. DYNAMIQUE D’INTEGRATION DE LA RESPONSABILITE SOCIETALE DANS LA STRATEGIE DES ENTREPRISES DE COMMERCE DE DETAIL
1. Émergence des questions de Responsabilité Sociétale
1.1. Des concepts d’écodéveloppement et de développement durable
1.2. … à la notion de Responsabilité Sociétale de l’Entreprise
1.3. Identification des principaux intérêts liés à la mise en place d’une démarche RSE
2. La dynamique de développement des entreprises de commerce de détail
2.1. Historique de l’évolution des entreprises de commerce de détail françaises : de l’épicerie de quartier aux entreprises multi-activités et multinationales
2.2. Quelques caractéristiques statistiques du commerce montrant son importance dans les questions de sociétés
2.3. Le modèle d’affaires des entreprises de commerce et les questions de responsabilité sociétale qui en découlent
3. Mise en place d’une démarche de responsabilité sociétale dans une entreprise du secteur de la grande distribution
3.1. Positionnement des travaux : présentation et choix de la norme ISO 26000 utilisée comme cadre de référence pour la responsabilité sociétale de l’entreprise
3.2. Comment définir une démarche de responsabilité sociétale ?
3.3. Les freins liés à la mise en œuvre des démarches de responsabilité sociétale
Chapitre 2. LES METHODES D’EVALUATION DE LA PERFORMANCE DE RESPONSABILITE SOCIETALE
1. Évaluation de la performance de responsabilité sociétale
1.1. Performance
1.2. Cadre d’évaluation de la performance de responsabilité sociétale
1.3. Moment de l’évaluation
2. Méthodes existantes d’évaluation de la performance de responsabilité sociétale
2.1. Méthodes pour l’identification et la priorisation des enjeux de responsabilité sociétale
2.2. Méthodes pour définir une politique de responsabilité sociétale et mettre en œuvre un système de management
2.3. Méthodes encadrant la communication des informations extra-financières
2.4. Méthodes d’évaluation niveau projet
3. Principes à prendre en compte pour construire un cadre d’évaluation de performance de responsabilité sociétale
3.1. Délimitation du périmètre de l’évaluation
3.2. Choix des unités de mesure, agrégation et pondération
3.3. Evaluation des incertitudes
Chapitre 3. PRESENTATION DU TERRAIN D’ETUDE : DEMARCHE DE RESPONSABILITE SOCIETALE DU GROUPE CASINO
1. Présentation du Groupe Casino
1.1. Bref historique
1.2. Activités et filiales du Groupe Casino
2. Démarche de responsabilité sociétale
2.1. Historique de la démarche de responsabilité sociétale du Groupe Casino
2.2. Organisation interne et fonctionnement
3. Constats établis lors de la phase d’observation-action
3.1. Activités et découpage organisationnel du Groupe Casino
3.2. Formulation de la politique de responsabilité sociétale et des actions mises en œuvre
CONCLUSION

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