Logiques d’utilisation de la contraception d’urgence chez les étudiantes

Les jeunes, aujourd’hui, sont de plus en plus précocement sexuellement actifs [1]. Si certains pour mieux vivre leur sexualité font recours à des méthodes contraceptives souvent sur conseils de spécialistes, ils sont nombreux à ignorer la question ou qui s’en détournent par pure inconscience au risque de compromettre leur santé. Certes des structures étatiques, privées ou bénévoles existent un peu partout dans les pays, surtout dans les centres urbains, qui apportent conseils et soins aux jeunes, mais leur insuffisance et mauvaise fréquentation par ceux-ci demeure le nœud gordien dans la résolution de la problématique de la santé sexuelle des jeunes [1]. Dans le monde, les jeunes traversent une phase de formation. Vu le taux d’accroissement rapide de la population africaine, cette population jeune sera de plus en plus importante. Les jeunes contribuent de plus en plus à la croissance de la population, car la fécondité est de plus en plus précoce [2]. Il est certes vrai que, quoique nos sociétés soient perméables à de nouvelles valeurs, elles gardent souvent un esprit traditionnel sur certains sujets tels la sexualité. En effet, assez souvent tabou et éludée, la problématique de la sexualité contemporaine demeure une préoccupation sociétale majeure en Afrique. Les jeunes sont assurément le public cible ; ils doivent être éduqués et accompagnés dans leur évolution psychosociale notamment en matière de santé sexuelle et reproductive [1]. En dépit d’énormes efforts déployés en matière de santé de la reproduction, l’utilisation de la contraception moderne est de 7 % selon EDSIV Mali 2006. Il ressort des données disponibles que l’utilisation actuelle de la planification familiale représente environ 20% de la demande potentielle soit 80% de besoins non satisfaits [3]. Avant l’avènement de la contraception hormonale à la fin des années 50, les femmes n’avaient comme seule solution de régulation des naissances des moyens anticonceptionnels locaux, mécaniques voire l’abstinence périodique dont le retentissement sur la sexualité était notable. Lorsque ceux-ci échouaient, la grossesse s’imposait à la femme à moins qu’elle ne coure le risque d’y mettre un terme…au péril de sa vie ou de sa fertilité, le tout dans la plus grande clandestinité. [4] Selon un rapport de l’OMS (1997) : 910 000 conceptions ont lieu chaque jour dont 50% non planifiées et 25% non voulues ; 53 000 000 grossesses sont interrompues chaque année .Parmi ces interruptions de grossesse 1/3 sont pratiqués dans de mauvaises conditions ou dans un climat hostile avec 50 à 100 000 décès par an [5]. La contraception « moderne » a provoqué une révolution dans la vie des femmes, leur permettant d’accéder d’une part à une sexualité récréative dissociée de la sexualité reproductive et d’autre part à une domination féminine sur le pouvoir de reproduction et d’accès à la maternité volontaire. Le slogan féministe « un enfant… si je veux… quand je veux » en était le reflet [4]. Il est « sexuellement correct » aujourd’hui d’avoir recours à la contraception lorsque l’on a une sexualité sans pour autant avoir de projet parental : Nathalie Bajos parle même de norme contraceptive et de temps contraceptifs avec un âge en deçà duquel il n’est pas raisonnable d’avoir un enfant et une période de la vie génitale pour telle ou telle contraception [4]. Plusieurs méthodes contraceptives interviennent à différentes phases du processus de la reproduction, soit qu’elles bloquent complètement l’ovulation, elles empêchent la rencontre des spermatozoïdes et de l’ovule dans les trompes, ou qu’elles créent un environnement hostile à la fécondation. Une panoplie de produits contraceptifs existe dans les formations sanitaires et en pharmacie. La contraception post-coïtale ou encore contraception d’urgence, qui n’est pas en réalité une méthode de contraception, fait partie de ces produits. Son utilisation suscite d’ailleurs des controverses dans divers milieux. Car, force est de constater de nos jours que les jeunes ont de plus en plus recours à la contraception d’urgence. Pour certains la contraception d’urgence est une forme d’avortement, les hommes risquent d’utiliser moins volontiers le préservatif s’ils savent que leur partenaire peut recourir à la contraception d’urgence .Pour d’autres, elle favorise un comportement sexuel irresponsable et/ou le vagabondage sexuel, sans oublier une augmentation des IST et VIH/SIDA.

GENERALITES 

De la définition des termes

La contraception : la contraception est définie comme une méthode visant à éviter, de façon réversible et temporaire, la fécondation d’un ovule par un spermatozoïde ou, s’il y a fécondation, la nidation de l’œuf fécondé [6].En général le contrôle des naissances ou la contraception est une méthode qui empêche une femme de devenir enceinte [7].Les méthodes scientifiques de contraception apparaissent dans le courant duXIXème siècle et surtout dans sa seconde moitié. La contraception n’est pas une question nouvelle mais s’accompagne toujours de débat [8].

La contraception d’urgence : méthode occasionnelle qui permet de diminuer le risque de grossesse en cas de rapports sexuels non ou mal protégés [9], est basée sur l’utilisation d’hormones stéroïdiennes administrées par voie orale ou l’insertion d’un dispositif intrautérin(DIU).D’une part, elle agirait en retardant l’ovulation ou en la perturbant lorsqu’elle est sur le point de se produire. D’autre part, elle modifierait l’endomètre de façon à ce qu’il ne puisse accueillir un éventuel œuf.

La planification familiale : elle est définie comme l’ensemble des moyens et des méthodes qui permettent de contrôler le nombre et l’espacement des naissances dans une famille [10].

Histoire de la contraception 

Dans le monde
Selon Serfaty [8], la limitation des naissances est présente depuis les époques les plus reculées et est probablement née dans les sociétés préhistoriques lorsque, malgré une très forte mortalité naturelle, les conditions de survie obligeaient à restreindre les naissances. La contraception était pratiquée dans l’antiquité, elle le fut ensuite et l’est encore de nos jours dans les proportions respectives extrêmement variables selon les lieux et les époques. Ceci pour nous montrer la constante volonté de l’espèce humaine d’échapper à la fatalité d’une reproduction naturelle [8]. Mais la contraception sera rejetée pour des raisons morales faisant de la procréation une obligation sacrée dans une optique naturaliste mettant l’homme au service d’une volonté supérieure qui ne lui laisse pas d’autre choix. C’est le propre de la pensée religieuse [8].

L’histoire de la contraception n’est en dehors des moyens employés, qu’une illustration de la bipolarité de l’esprit ou de la balance entre deux systèmes de pensée toujours présents dans la société ou chez l ‘individu lui-même : le conservatisme ou le changement ; la tradition ou le progrès ; la foi ou la raison [8]. Autrement, si l’homme tend en général à vouloir modifier son être, non pas pour le sens d’un artifice destructeur, mais pour son bien actuel et futur, le contrôle de sa reproduction fait partie de ce souci d’une vision large de son avenir.

Au Mali
Les sociétés traditionnelles au Mali ont toujours été fortement pro-natalistes, cela pour des raisons d’ordre sociologique culturel, économique et spirituel. Une nombreuse progéniture est source à la fois de richesse (maximum de bras travailleurs pour augmenter la production) et de bénédiction divine [11]. La fécondité confère une valeur sociale et l’infécondité est toujours mal vécue et interprétée de malédiction ou de tares notamment pour la femme [2]. Une femme doit avoir des enfants, mais il demeure également vrai que la survenue d’une grossesse au cours de la période d’allaitement (deux ans en moyenne) serait sujet de moqueries. Cependant, avoir des enfants hors – mariage ou adultérins renvoie à un signe de mauvaise éducation et d’immoralité et la femme y paie plus que l’homme [11]. Malgré le comportement pro-nataliste, les Maliens ont une tradition très ancienne d’espacement des naissances : c’est ainsi qu’après un accouchement, il est de coutume de séparer le couple pendant deux à trois ans. Ceci permettait à la femme de récupérer et à l’enfant de se développer normalement [11]. On peut mentionner l’existence d’autres méthodes traditionnelles d’espacement des naissances telles que l’emploi de certaines herbes ou dispositifs occlusifs comme le tafo. La fréquence de ces pratiques serait en diminution notamment dans le milieu urbain [11].La société malienne contemporaine est prise en porte – à – faux entre les valeurs séculaires (culturelles, morales et religieuses) et les logiques postcoloniales d’une culture de la raison et de la liberté de l’individu selon le modèle d’humanisme progressiste hérité à la fois du colonialisme et de la révolution socialiste des années 1962 [11].

Au Bénin
Le Bénin, comme la plupart des pays francophones, a longtemps été régi en matière de population par la loi de 1920 qui interdit toute propagande anticonceptionnelle et tout avortement. En 1982, la première enquête sur la fécondité au Bénin (EFB), organisée par l’État béninois avec l’appui financier de la Banque mondiale, marque une étape dans les travaux sur la fécondité dans le pays. L’étude sur « Une approche ethnique des différentielles de fécondité dans le sud du Bénin » (Attanasso, 1991) a, dans une autre perspective, exploré l’impact de la dimension ethnique sur la fécondité. L’auteur relève ainsi que, malgré la fécondité élevée que valorisent globalement les normes traditionnelles, chacune des ethnies a des conceptions différentes en matière de fécondité et de préférence pour un sexe. Ainsi, chez les Fon, ethnie du sud et du centre du Bénin, la femme est libre de concevoir jusqu’à sa ménopause. Par contre, chez les Nago, appartenant au groupe ethnique Yoruba et apparentés, la femme pratique la contraception d’arrêt dès que son enfant aîné commence à procréer, quelle que soit la taille de sa progéniture. Cette pratique peut influer de façon fondamentale sur son utilisation des produits contraceptifs. En revanche, dans l’ethnie Fon où le statut de la femme est valorisé par le nombre de ses enfants de sexe masculin, elle a tendance à n’utiliser de méthodes contraceptives tant que ses objectifs de fécondité ne sont pas atteints [12]. Les béninois ont une tradition très ancienne d’espacement des naissances : c’est ainsi qu’après un accouchement, il est de coutume de séparer le couple pendant deux à trois ans. Ceci permettait à la femme de récupérer, de ne pas tomber à nouveau enceinte, à l’enfant de se développer normalement .On peut mentionner l’existence d’autres méthodes traditionnelles d’espacement des naissances telles que l’emploi des racines d’une plante nommé « goucka » en langue « Ani » : ou parfois la femme utilise les talismas ou des bagues magiques l’empêchant de tomber enceinte.

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Table des matières

I. INTRODUCTION
II. CADRE THEORIQUE
2.1. Objectifs
2.1.1. Objectif général
2.1.2. Objectifs spécifiques
III. GENERALITES
1. De la définition des termes
2. Histoire de la contraception
2.1. Dans le monde
2.2. Au Mali
2.3. Au Bénin
3. La contraception d’urgence
3.1. Historique
3.2. Les circonstances qui peuvent conduire à l’utilisation d’une contraception d’urgence
3.3. Les produits de contraception d’urgence aujourd’hui
4. Les méthodes de contraception modernes
4.1. Les contraceptifs oraux ou pilules
4.2. Les contraceptifs injectables
4.3. La contraception mécanique
4.3.1 .Les préservatifs : la meilleure des protections contre les IST / VIH/ SIDA
a. Le préservatif masculin
b. Le préservatif féminin : Femidon
4.3.2. Le diaphragme et cape cervicale
4.3.3. Les dispositifs intra-utérins (stérilet)
4.4. Les autres méthodes modernes
4.4.1. L’implant « Implanon »
4.4.2. Le patch « EVRA »
4.4.3. L’anneau vaginal « Nuvaring »
4. 4-.4. Les spermicides
4.4.5. La stérilisation à visée contraceptive
a. La stérilisation féminine : ligature ou obturation des trompes
b. La stérilisation masculine : la vasectomie
4.5. Les méthodes naturelles : les moins efficaces des contraceptions
4. 5.1. Le retrait ou coït interrompu
4.5.2. L’abstinence périodique
a. La méthode du calendrier ou Ogino
b. La méthode des températures
c. La méthode de la glaire ou Billings
d . Les tests d’ovulation : Persona
4.5.3. L’allaitement maternel
5. Les méthodes de contraception traditionnelles au Mali
a. Le Tafo
b. La Toile d’araignée
c. Le miel et le jus de citron
d. Les solutions à boire
e. La séparation du couple après accouchement
6. Les méthodes de contraception traditionnelles au Bénin
a. La séparation du couple après accouchement
b. Les solutions à boire
c. Le «gogozunkuin »
7. Morale et éthique de la reproduction
7.1. Dans l’antiquité
7. 2. Aspects religieux et philosophiques
a- Le christianisme et la contraception
b- L’islam et la contraception
8. Etat de lieux de la recherche
8.1. Dans le monde
8.2. Au Mali
8.3. Au Bénin
8.4. La religion et la contraception au Benin
8.5. L’accès aux structures de santé reproductive
8.6. Approche conceptuelle : épidémiologie socioculturelle
IV. DEMARCHE METHODOLOGIQUE
4. 1. Cadre de l’étude
4.1.1. Faculté de médecine et d’odontostomatologie de Bamako: FMOS
4.1.2. Faculté de pharmacie de Bamako : FAPH
4.1.3. Faculté des sciences et de la santé de Cotonou : FSS-Cotonou
4.2. Type d’étude
4.3. Population d’étude
4.3.1. Critères d’inclusion
Les étudiants garçons, uniquement dans le focus group
4.3.2. Critère de non inclusion
4.3.3. Echantillonnage
4.4. Période d’étude
4.5. Déroulement de l’enquête
4.6. Recueil et analyse des données
4.6.1. Les données quantitatives
4.6.3. Analyse des données
4.7. Considérations éthiques
V. RESULTATS
1) Données sociodémographiques
2) Connaissances
3) Comportements /pratique
4) Attitudes (perception)
5) Focus group
VI. COMMENTAIRES ET DISCUSSION
VII. CONCLUSION
VIII. SUGGESTIONS/PROPOSITIONS
IX. REFERENCES
X . ANNEXE

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