Momies de poissons dans les musées d’Histoire Naturelle-mixtes, France-Europe

Place de ces animaux dans le quotidien des Egyptiens

Parmi les figurations animales qui font l’ornement des monuments pharaoniques, de nombreux poissons sont gravés, peints ou sculptés dans plusieurs tombeaux de l’Ancien Empire.
Grâce à la précision des artistes égyptiens des anciennes dynasties, il est possible d’identifier la plupart des poissons figurés dans les scènes de pêche des tombeaux de Ti et de Méra, à Saqqârah, de même que ceux d’un bas-relief de la même région, et dont une reproduction est conservée au Musée des Moulages de l’Université de Lyon. Les poissons des bas-reliefs de l’Ancien Empire présentent les caractères distinctifs des espèces figurées. La forme et les proportions de la tête, ainsi que des diverses parties du corps, le nombre, la position et les dimensions relatives des nageoires, tout a été bien observé et très fidèlement représenté. Les artistes de l’Ancien Empire se sont appliqués à reproduire surtout les scènes ordinaires de la vie dans la vallée du Nil. A ce titre, les bas-reliefs qu’ils ont sculptés sur leurs monuments sont des documents historiques de très grande valeur.
L’esthétique des anciens Egyptiens a varié avec les époques et les régions mais, chez ceux-ci, comme chez les artistes des temps préhistoriques, le sentiment artistique avait sa source avant tout dans l’observation des êtres et des choses qui les entouraient.
En résumé, les bas-reliefs de l’Ancien Empire, particulièrement ceux de la région de Memphis, ne sont pas seulement des œuvres d’art remarquables, ce sont de véritables pages d’histoire où peuvent puiser, après 5000 ans, tous ceux qui s’intéressent soit aux premières dynasties pharaoniques, soit aux origines de la civilisation.

Procédés de momification des poissons égyptiens

D’après plusieurs études menées par Gaillard et Daressy (1905), Dunand et Lichtenberg (2002), Ikram (2005), il est possible de connaitre les procédés employés pour la momification des poissons.
Il semble que dès le début du IIIe millénaire, les égyptiens pensaient que le corps mort devait être préservé afin de pouvoir accéder à une autre vie. La conservation du corps posait problème d’autant plus que l’Egypte est un pays chaud. Or, chasseurs et pêcheurs se trouvaient confrontés au problème quotidiennement. Depuis longtemps, ils savaient que pour les conserver, il fallait éviscérer le poisson, le gibier et les animaux de boucherie avant de les sécher, de les saler. Ces opérations correspondent à celles mises en œuvre lors de la momification.
Eviscération mécanique : une entaille dans le ventre, pratiquée essentiellement pour les gros spécimens, permettait de « vider » complètement le poisson de ses organes (appareils circulatoire, digestif, reproducteur…). Certains, plus petits, ne présentent aucune incision.
Lavage puis séchage avec un linge.
Dessiccation : Les poissons subissaient une macération plus ou moins prolongée dans les eaux fortement saumâtres des lacs de natron.
Quelquefois, des incisions longitudinales pratiquées sur un des flancs des individus de taille importante, permettaient la pénétration de la saumure dans la chair et à l’intérieur de la cavité abdominale.
Le natron brut est le produit de la sédimentation de roches érodées et transportées par les eaux de ruissellement. Selon le type de roches natives, les couches sédimentaires déposées dans le fond des lacs seront de constitution différente. Le ramassage, selon qu’il s’effectue dans des zones, des profondeurs, ou des lacs différents, verra la formule chimique des natrons se modifier. A ces variations géographiques et géologiques s’ajoutent les transformations chimiques des éléments simples, selon leur ancienneté dans le site, les contacts avec l’eau et les traitements subis lors de leur utilisation pour l’embaumement.
Le natron (en égyptien, netery, le divin), dont les propriétés chimiques ont apporté un progrès déterminant à l’embaumement, est un mélange naturel de chlorure de sodium (sel ordinaire), de carbonate et de sulfate de sodium. Il entraine non seulement une déshydratation très importante, mais assure en plus la saponification des graisses, contrairement au seul chlorure de sodium destiné à conserver les aliments et ne modifiant pas la nature chimique des tissus.
Enveloppement : Les poissons étaient entourés d’une couche de vase chargée de substances salines, maintenue par un bandage de lin fixé soit par : de nombreuses lanières détachées du rachis de feuilles de palmier. Celles-ci étaient enroulées autour du corps dans le sens transversal puis reliées les unes aux autres au moyen d’un lien longitudinal.

Fiche descriptive de l’espèce Lates niloticus

Lates niloticus, la Perche du Nil est un poisson appartenant à la famille des Centropomidae, sous famille des Latinae, sous-ordre des Percoidei, ordre des Perciformes et classe des Actinopterygii (Teleostei).
Il a pour autres nom communs : Capitaine (Fr.), Nile perch / African snook (Ang.), Nilbarsch (All.), Perca del Nilo (Esp).
Il a pour anciens noms :
Perca nilotica, LINNÉ, Syst.nat., t.I, 1766, p.483.
Centropomus niloticus, LACÉPÈDE, Histoire des Poissons, Paris, t. IV, 1802, p.277.
Caractéristiques physiques :
Taille maximale possible : 1,93 mètre pour un poids maximal possible: 200 kg.
Corps :Allongé, imposant et robuste avec ligne latérale complète. La longueur totale contient deux fois ½ à quatre fois la hauteur du corps; et trois fois à trois fois ½ la longueur de la tête.
Écailles : Modérément grandes, cténoïdes114, sont au nombre de 60 à 80 en série longitudinale, 8 à 12 / 12 à 24 en série transversale.
Tête : Le profil supérieur est plus ou moins concave ; museau arrondi, un peu plus long que l’œil. Bouche grande, protractile. Bandes de dents de velours aux deux mâchoires, sur le vomer et le palatin. Bord postérieur du préopercule denticulé et forte épine operculaire.
Nageoires
Dorsale : La partie antérieure se compose de sept à huit rayons épineux ; la première épine est très courte, la troisième est la plus longue, elle mesure la moitié ou les deux tiers de la longueur de la tête. La partie postérieure est formée d’une ou deux épines suivies de dix à quatorze rayons mous.
Ventrale : Au nombre de deux. Un appendice écailleux à sa base.
Pectorale : Au nombre de deux. Arrondie, sa longueur égale environ la moitié ou les deux tiers de la tête.
Anale : a trois rayons épineux et sept à neuf rayons mous.
Caudale : Arrondie.
Coloration : uniformément argenté avec des nageoires grisâtres. L’intérieur de l’œil est jaunâtre ce qui lui donne un aspect particulier. Les jeunes sont brunâtres avec des marbrures plus claires.

Modifications physico-chimiques des tissus organiques dues à la momification

Le corps d’un poisson est constitué d’environ 80 à 85% d’eau, l’échelle des valeurs extrêmes allant de 53 à 89, 3%. Ce pourcentage est plus élevé que chez les oiseaux (~ 70%) et les mammifères (~75%). La peau seule, contient aussi plus d’eau que la peau des animaux terrestres. Dans le processus de momification, le corps perd la totalité de son eau (libre et constitutive).
En se référant aux études menées par Lortet et Gaillard (1902-05), Salima Ikram a reproduit des procédés de momifications animales égyptiens, expérimentés notamment sur une Perche du Nil. Elle a constaté que les bains successifs de Natron desséchaient le poisson et saponifiaient les graisses. Elle a remarqué que le Lates se desséchait rapidement, du fait qu’il n’est pas un poisson très gras.
Aux procédés de momification s’ajoutent les effets du climat égyptien aride et sec et de l’enfouissement dans le sable. La sécheresse empêche la prolifération des agents biologiques destructeurs, la peau continue à se déshydrater se transformant ainsi sans se décomposer. La chaleur rompt les liaisons hydrogènes reliant les hélices des protéines et provoquent des altérations irréversibles comme la rétraction et le durcissement, car les fibres de collagène s’agglutinent et forment des liaisons difficiles à rompre.
La matière de l’os est constituée d’une charpente organique protéique, le collagène, servant de support à une composition minérale consistant principalement en cristaux d’hydroxyapatite (phosphates de calcium (Ca10(PO4) (OH)².
Dans l’os, c’est la partie organique la plus dommageable car le collagène se dégrade rapidement. La fraction minérale (2/3 du composé) étant plus résistante.
En 1902, Lortet et Hugounenq, ont analysé la composition chimique des Lates momifiés  révélant ainsi la teneur élevée des poissons en sels minéraux (34,77%).

 

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Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE
I. HISTORIQUE 
A. FICHE D’IDENTIFICATION MUSEALE DES POISSONS MOMIFIES DE LA COLLECTION D’ETIENNE GEOFFROY SAINT-HILAIRE
B. ETIENNE GEOFFROY SAINT-HILAIRE (1772-1844) 
1. Le scientifique et ses activités au MNHN
2. Sa mission lors de la campagne de Bonaparte en Egypte (1798-1801)
C. HISTOIRE NATURELLE ET VOYAGES SCIENTIFIQUES (1780-1830) 
D. MOMIES D’ANIMAUX EGYPTIENS 
1. Momies animales
2. Momies de poissons
a. Place de ces animaux dans le quotidien des Egyptiens
b. Place de ces animaux dans le culte religieux des Egyptiens
c. Procédés de momification des poissons égyptiens
3. Momies de poissons dans les musées d’Histoire Naturelle-mixtes, France-Europe
II. ÉTUDE DES MOMIES
A. ETUDE PHYSICO-CHIMIQUE 
1. Fiche descriptive de l’espèce Lates niloticus
2. Composantes biologiques et écologiques
a. Répartition géographique et habitat
b. Régime alimentaire
3. Composition physico-chimique de la peau et des écailles
a. Peau
♦ Epiderme
♦ Derme
b. Ecailles
B. PROCEDES DE MOMIFICATION APPLIQUES AUX SPECIMENS N°B-3066 ET B-3068
1. Modifications physico-chimiques des tissus organiques dues à la momification
2. Examens / analyses pour déterminer les altérations et la composition physico-chimique
a. Radiographies X
♦ But
♦ Principe
♦ Méthode
♦ Observations / résultats /conclusion
b. Spectroscopie InfraRouge (IR)
♦ But
♦ Principe
♦ Méthode
♦ Observations / résultats
♦ Conclusion
♦ Limites et contraintes
c. Test des chlorures par le nitrate d’argent
♦ But
♦ Principe
♦ Préparation des réactifs
♦ Méthode
♦ Observations / interprétation
♦ Conclusion
d. Conclusion/Remarques
III. CONSTAT D’ÉTAT ET DIAGNOSTIC
A. CONSTAT D’ETAT 
1. Spécimen N°B-3066
a. Identification
b. Etat Général
c. Altérations
♦ Altérations identifiées à l’œil nu
♦ Altérations déterminées par la radiographie
2. Spécimen N°B-3068
a. Identification
b. Etat Général
c. Altérations
♦ Altérations identifiées à l’œil nu
♦ Altérations déterminées par la radiographie
B. DIAGNOSTIC 
1. Spécimen N°B-3066
2. Spécimen N°B-3068
IV. INTERVENTIONS NÉCÉSSAIRES ET PROPOSITION DE TRAITEMENT
A. MOYENS A METTRE EN ŒUVRE 
1. Consolidation de surface
2. Adhésif
3. Tests consolidants et adhésifs
a. Critères recherchés
b. Protocole de tests
♦ Matériels et produits utilisés
♦ Test de compatibilité du chlorure de sodium
♦ Tests des adhésifs et consolidants
♦ Test de consolidation du chlorure de sodium
c. Produits à tester
d. Tests
♦ Test de compatibilité du chlorure de sodium
♦ Tests des adhésifs et consolidants
♦ Test de consolidation du chlorure de sodium
♦ Mesure du pH des momies de poissons
B. PROPOSITION DE TRAITEMENT
V. TRAITEMENT 
A. CONSERVATION-RESTAURATION DU SPECIMEN N° B-3068
1. Rayons mous de la nageoire dorsale
2. Nageoire caudale
3. Pédoncule caudal
4. Remise en connexion de la nageoire caudale avec le pédoncule caudal
5. Autres zones
B. CONSERVATION-RESTAURATION DU SPECIMEN N° B-3066
1. Remise en connexion / collage d’une « écaille »
2. Consolidation
VI. CONSERVATION PRÉVENTIVE – CONDITIONNEMENT – STOCKAGE 
A. LIEU DE STOCKAGE ET RECOMMANDATIONS 
B. BOITE DE STOCKAGE DES SPECIMENS N°S B-3066 ET B-3068
1. Matériel
2. Mise en œuvre
DISCUSSION
CONCLUSION GÉNÉRALE

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