Les entreprises sociales

Les entreprises sociales

Introduction

Ce travail analyse l’action et la fonction d’entreprises principalement axées sur l’apport de solutions innovatrices à des problèmes pressants de la société. Ce phénomène s’observe toujours plus dans plusieurs pays du monde, comme le Royaume-Uni, la Suisse, la France ou encore l’Italie. Il implique des entreprises à but non lucratif, mais aussi des entreprises à but lucratif dont l’objectif principal n’est pas la maximisation du profit. Une utopie ? Non : ces entreprises existent vraiment sous le nom d’entreprises sociales.
Quelle est la relation de ces entreprises avec le tourisme ? Ce dernier, en particulier le tourisme de masse, a pendant de nombreuses années exploité dans son propre intérêt et de manière incontrôlée les ressources naturelles des différentes destinations et introduit des éléments « étrangers » dans les cultures locales. De plus, selon l’OMT, le tourisme est un des secteurs économiques qui a une des croissances plus rapides du monde. Cette croissance entraîne la nécessité de trouver de nouveaux modes de développement touristique qui prennent en compte la nature, ainsi que les communautés locales avec leurs besoins et leur culture, tout en permettant aux touristes de vivre une expérience unique et inoubliable.
Ce travail n’a pas pour objectif d’aborder la thématique du développement durable. Il introduit plutôt la thématique du tourisme durable et sa relation avec les entreprises sociales. L’objectif est le développement d’un outil, sous forme de questionnaire, centré sur la création de valeur sociale. Ce questionnaire, adressé spécifiquement aux hôtels, permettra d’identifier les hôtels pouvant, selon notre définition, être considérés comme des entreprises sociales. Il servira également à vérifier et démonter leur comportement à l’égard de certains aspects de création de valeur sociale, par rapport aux activités et/ou aux pratiques managériales mises en place.

Recherches effectuées

Les recherches effectuées dans le cadre de l’élaboration de ce travail de Bachelor ont été principalement menées sur internet. Plusieurs ouvrages ont été également consultés à domicile. Certains documents m’ont été recommandés par le professeur responsable, Mme Kate Varini, ou par d’autres personnes contactées essentiellement pour obtenir des renseignements sur la thématique des entreprises sociales.

Naissance du terme d’entreprise sociale aux États-Unis…

Le débat sur les entreprises sociales et l’entrepreneuriat social est devenu particulièrement important à la fin des années 1970 et au début des années 1980, mais ses racines sont plus anciennes. Elles sont à rechercher dès la fondation des États-Unis, quand « religious and community groups held baazars and sold homemade goods to supplement voluntary donations » (Kerlin, 2006, p. 251). En 1970, aux États-Unis, la notion d’entreprise sociale était utilisée pour définir les entreprises à but non lucratif qui s’occupaient de la création d’activités, d’emplois pour des personnes désavantagées. En 1980, une réduction des subsides gouvernementaux a provoqué une récession économique qui a surtout défavorisé les organisations à but non lucratif, non opératif dans le domaine de la santé. Ces organisations ont alors vu les entreprises sociales comme un nouveau mode de gain.

et dans l’Ouest européen

La naissance des entreprises sociales, dans l’Ouest européen, est due principalement à la crise économique et à la croissance consécutive au chômage à la fin des années 1970 (Kerlin, 2006, pp. 253-254). La réduction de fonds a mené plusieurs gouvernements européens à diminuer des activités offertes au préalable, comme la réintégration dans le monde du travail et l’assistance aux personnes sans emploi. En réponse à ces lacunes dans les services publics, certaines activités auparavant assumées par les États ont été reprises par des organismes de bienfaisance (Doeringer, 2010, p. 291).
La notion d’entreprise sociale apparaît pour la première fois en 1980. Promue dans le magazine Impresa sociale, cette notion désignait un type de coopératives qui s’occupait spécialement d’offrir des services pour la réintégration de personnes exclues du marché du travail, ainsi que d’autres types de services sociaux (comme ceux adressés aux personnes âgées, à la rénovation urbaine ou à la garde d’enfants) qui répondaient à de nouveaux besoins de la population (Defourny & Nyssens, 2008, pp. 5-6 ; Kerlin, 2006, p. 252).

 et en Europe

Diverses théories entraînent une compréhension différente des relations entre les entreprises sociales et d’autres secteurs de l’économie tels que le secteur public, le secteur privé et le troisième secteur. Borzaga et Defourny (2004, pp. 6-15) retiennent les initiatives des entreprises sociales comme appartenant au troisième secteur et conçues avec deux approches distinctes : celle de l’économie sociale et celle du secteur à but non lucratif. L’économie sociale est représentée par les coopératives, associations mutuelles, associations et fondations dont le but principal est d’offrir un service à ses membres ou à une communauté plus élargie plutôt que de générer du profit. Le secteur à but non lucratif est caractérisé par la non-distribution absolue du profit.

 Définir et caractériser les entreprises sociales

Borzaga et Defourny (2004, pp. 15-16) proposent trois niveaux dans lesquels les initiatives de nature sociale des entreprises devraient être décelables. Le premier niveau est défini par les surplus générés par l’entreprise, qui devraient être réinvestis dans l’activité de l’entreprise ou au bénéfice de personnes différentes de celles qui la dirigent. Le deuxième niveau définit le financement de l’entreprise comme un mélange entre le revenu d’une activité commerciale et des ressources qui ne sont pas commerciales, notamment des subventions justifiées par le but social de l’entreprise. Le troisième et dernier niveau est caractérisé par l’autonomie ou l’indépendance concernant le processus de décision. Ce processus se base sur une dynamique participative qui inclut différents membres de l’entreprise, indépendamment du capital qu’ils détiennent.

La gouvernance

Borzaga et Beccheti (2010, pp. 25-26) évoquent les multiples bénéfices de la promotion d’une gouvernance participative pour une entreprise. En premier lieu, ceci peut être utilisé comme instrument de motivation pour les employés et comme incitation à rester fidèle à l’entreprise. En deuxième lieu, une gouvernance de type participatif influence le mode de circulation de l’information à l’intérieur de l’entreprise en favorisant la création et l’utilisation du savoir. De plus, les entreprises sociales jouent un rôle important dans la promotion et le développement local au sein d’une communauté. Cela est étroitement relié à la gouvernance participative de l’entreprise qui, selon Borzaga et Beccheti, est, dans nombreux cas, dans les mains d’acteurs locaux qui connaissent le lieu, les ressources, les autorités publiques et d’autres entreprises locales. Avoir une gouvernance participative signifie donc inclure dans la gestion de l’entreprise des personnes qui connaissent le problème à résoudre et les ressources disponibles, et vont aussi bénéficier des résultats de l’activité de l’entreprise sociale.

 Les entreprises sociales en Suisse

Un rapport au niveau national a été établi pour la Suisse dans le cadre d’une analyse plus vaste conduite par le réseau EMES sur les entreprises sociales dans 28 nations appartenant à l’Union européenne et la Suisse (European Comission, 2015, p. iv). À cause des différences culturelles et institutionnelles entre les cantons, le concept d’entreprise sociale est considéré différemment et il est difficile d’établir une image commune sur le sujet à l’échelle nationale. De plus, les entreprises sociales en Suisse sont souvent associées à une typologie particulière : celle des entreprises sociales d’insertion (Andruszkiewicz, et al., 2014, p. 1).

Évolution du tourisme

« Au cours des soixante dernières années, le tourisme n’a cessé de croître et de se diversifier. C’est devenu l’un des plus gros secteurs économiques et à plus forte croissance dans le monde » (Organisation mondiale du tourisme [OMT], 2015, p. 2). Entre 2010 et 2030, l’OMT (2015, p. 2)12 prévoit une augmentation de 3,3% des arrivées internationales de touristes dans le monde, jusqu’à 1,8 milliard d’arrivées en 2030. En 2015, le tourisme représentait le 9,8% du produit intérieur brut (PIB) mondial et employait 284 millions de personnes, sept fois que le nombre d’employés de l’industrie automobile (World travel & tourism council, s.d.).

 Magdas Hotel

Ouvert en 2015 à Vienne en Autriche, le Magdas Hotel est le premier hôtel en Europe à employer des réfugiés (Miklis, 2015, p. 1). En fait, sur les 31 employées de l’hôtel, 20 sont des réfugiés (Kakissis, 2015) provenant de 14 pays différents (Magdas Hotel, s.d.), notamment « Afghanistan, Algeria, Bangladesh, Guinea-Bissau and Nigeria » (Kakissis, 2015). Les 11 employés restants sont des professionnels du secteur qui s’occupent de former le personnel. Le Magda Hôtel est une entreprise sociale exploitée par l’association Caritas de l’archevêché de Vienne18 ayant comme but principal l’emploi et la formation des immigrants (Kakissis, 2015). En fait, l’hôtel « is serving as a model for how to train newcomers — especially refugees with few resources — to work in the European countries where they claim asylum » (Miklis, 2015). La plus-value du Magdas Hotel se situe dans la diversité et l’échange culturel entre employés et hôtes. Le design de l’hôtel a aussi sa particularité : l’édifice était précédemment une maison de retraite appartenant à Caritas. Plusieurs éléments, laissés sur place par les résidents précédents, ont été recyclés et réutilisés pour l’hôtel. D’autres ont été offerts par la population (Magdas hotel, 2015). De plus, le design moderne de l’hôtel est fruit d’une collaboration avec des étudiants de l’«Akademie der bildenden Künste » (Magdas Hotel, s.d.).

 La communication avec les parties prenantes : la communauté

Défini par Waligo, Clarke et Hawkins (2013) comme « those groups or individuals who are associated with tourism development initiatives and therefore can affect or are affected by the decisions and activities concerning those initiatives » (p. 343), les parties prenantes jouent un rôle fondamental dans le développement de pratiques touristiques plus responsables, dans la qualité de l’expérience et dans l’hospitalité offerte. À travers l’implémentation d’activités touristiques, elles expérimentent un changement dans leur qualité de vie. Pour ce motif, au moment de discuter des questions qui les affectent, il est essentiel de prendre leur point de vue en compte et de leur donner l’opportunité de participer à la discussion (Waligo, Jackie, & Hawkins, 2013, pp. 342-343).

Conclusion

Ce travail avait comme but la création d’un outil, sous forme de questionnaire, permettant d’une part d’identifier les hôtels pouvant être considérés comme des entreprises sociales et, d’autre part, d’analyser le comportement de ces entreprises sociales à l’égard de certains aspects de la création de valeur sociale. Par exemple, l’impact sur les ressources humaines et naturelles ou encore la préservation de la culture d’un lieu. Pour atteindre cet objectif, une première partie théorique et une deuxième plus pratique ont été nécessaires. La première partie a permis de développer, à travers différentes analyses littéraires, ces éléments essentiels à la formation de la deuxième partie, constituée par le questionnaire pilote et la formation du questionnaire final, résultat de ce travail.

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Table des matières

Introduction
Objectifs
Méthodologie
Stratégie de recherche
Recherches effectuées
1 Les entreprises sociales
1.1 Introduction à la thématique
1.2 Naissance du terme d’entreprise sociale aux États-Unis
1.3 … et dans l’Ouest européen
1.4 Différentes approches du concept d’entreprise sociale et leur relation avec d’autres secteurs de l’économie
1.4.1 Aux États-Unis
1.4.2 … et en Europe
1.5 Définir et caractériser les entreprises sociales
1.5.1 L’équilibre entre deux dimensions : économique et sociale
1.5.2 Le profit
1.5.3 La gouvernance
1.5.4 Forme légale
1.5.5 Les entreprises sociales en Suisse
1.6 Conclusion et définition personnelle
2 Le tourisme
Évolution du tourisme
Le tourisme durable
Les entreprises sociales, une forme de tourisme durable
Exemples d’entreprises sociales dans le tourisme durable
2.4.1 Blue Ventures
2.4.2 Magdas Hotel
2.5 Que peuvent apporter les entreprises sociales au tourisme ?
3 L’Impact social

Définition
3.2 Les entreprises sociales en tourisme : domaines de l’impact social
3.2.1 Instaurer la confiance et la sensibilisation culturelle
3.2.2 La communication avec les parties prenantes : la communauté
3.2.3 Le capital humain
3.2.4 Formation et éducation
3.2.5 Impliquer et sensibiliser les touristes aux problématiques sociales que l’entreprise sociale vise à résoudre
3.2.6 Le patrimoine naturel d’une destination comme facteur potentiel d’attraction touristique
3.3 Limitations
4 L’enquête pilote

Pourquoi le choix de se concentrer sur les hôtels valaisans ?
Méthodologie
4.2.1 Echantillonnage
4.2.2 Limitations du questionnaire

Présentation des résultats
4.3.1 Objectif
4.3.2 Financement et profit
4.3.3 Communauté locale
4.3.4 Employés
4.3.5 Culture
4.3.6 Clients
4.3.7 Économie locale
4.3.8 Ressources naturelles

Analyse des résultats
Améliorations à apporter au questionnaire pilote
Conclusion

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