Vue d’ensemble du paysage hockeyistique mondial

Développement du hockey sur glace en Suisse

C’est tout d’abord le bandy qui s’installe en Suisse, notamment aux Grisons, puisqu’on retrouve la trace de l’ancêtre du hockey en 1880 déjà du côté des stations romanches (BUSSET, 2000 : 242). Comme d’autres sports, le bandy est importé via les écoles privées du pays et le tourisme alpin (JACCOUD, TISSOT, PEDRAZZINI, 2000 : 31). C’est également ces deux canaux qui permettront à une autre région helvétique, la Romandie, de s’inscrire dans l’histoire du sport suisse aux côtés des vallées grisonnes. En effet, les rives du lac Léman et les Préalpes vaudoises voient s’affronter différentes équipes de bandy dès 1899, notamment à Lausanne, Romanel ou Leysin (EGGENSBERGER, BENOIT, 1994 : 20). Cette diffusion et ce développement se font donc d’un côté grâce aux internats privés, spécialement en Suisse romande, puisque ceux-ci, s’inspirant des Public Schools anglaises, proposent le bandy dans les programmes de sport destinés aux étudiants (BUSSET, 2000 : 244). D’un autre côté, le tourisme suisse étant en pleine expansion, les stations se livrent à une véritable course aux infrastructures pour séduire les clients, souvent anglais, en se servant notamment du sport comme atout (BUSSET, 2000 : 243). Cette rapide ouverture au tourisme et les structures mises en place pour le sport permettent de qualifier la Suisse de « terrain de jeu de l’Europe »5 dès 1870 (JACCOUD, TISSOT, PEDRAZZINI, 2000 : 11). Le développement du sport en Helvétie et notamment du hockey sur glace permet de faire le lien avec la mobilité déjà évoquée dans l’introduction. En effet, comme le soulignent Tissot et Jaccoud dans leur article, le sport possède un énorme pouvoir de mobilité (2000 : 19). Une mobilité sociale tout d’abord puisque le sport disposerait d’une capacité d’intégration importante (2000 : 19) et permettrait un mélange des différentes couches sociales d’une population au point que ces auteurs soulignent que « le sport reflète avant tout la diversité et la disparité de la société suisse » (JACCOUD, TISSOT, PEDRAZZINI, 2000 : 25).

Une mobilité géographique ensuite puisque « le sport s’est abondamment servi des moyens de transport pour pouvoir s’exprimer pleinement » (JACCOUD, TISSOT, PEDRAZZINI, 2000 : 19). Avec en premier lieu les chemins de fer puis, dès les années 1960, l’automobile et l’avion, l’efficience du réseau suisse a permis au sport de se mettre en mouvement dans l’organisation de ses compétitions, dans le choix des athlètes d’évoluer dans tel ou tel lieu ou pour tel ou tel club, dans le déplacement des accompagnateurs, supporters, journalistes ou officiels et dans la multiplication des rencontres à travers le pays (JACCOUD, TISSOT, PEDRAZZINI, 2000 : 19). Pour Tissot et Jaccoud, il est certain que « le sport a engendré une mobilité de grande ampleur » (2000 : 19). C’est dès le début du XXe siècle que l’on passe progressivement du jeu de bandy à celui de hockey sur glace (EGGENSBERGER, BENOIT, 1994 : 20). Cette évolution est due principalement au fait que nombre de rencontres organisées en Suisse ont lieu entre des équipes étrangères ayant souvent adopté les règles du jeu canadien. Pour maintenir les contacts internationaux suite à la création, en 1908 à Paris, de la Ligue Internationale de Hockey sur glace, les Suisses abandonnent peu à peu le bandy (BUSSET, 2000 : 244). Au niveau national, on s’organise aussi puisque, lors de l’hiver 1906-1907, une première ligue est créée, la Ligue Romande de Hockey sur glace. Dès l’année suivante, elle deviendra la Ligue Suisse de Hockey sur Glace et organisera en 1909 le premier championnat national (BUSSET, 2000 : 245). Il est à noter que sur les neuf premières équipes participant à ce premier tournoi, la grande majorité est romande et représente des internats. Les déplacements saisonniers de ces mêmes écoles permettent la diffusion du hockey sur glace en Suisse centrale et jouent donc un rôle majeur dans l’expansion que connaît ce sport au début du XXe siècle dans le pays (BUSSET, 2000 : 245).

De sa création à nos jours

Comme expliqué précédemment, c’est en Amérique du Nord et plus précisément au Canada que le hockey sur glace trouve ses origines modernes. Dès les années 1880, différentes ligues amateurs se mettent en place, principalement à l’est du pays, dans les provinces du Québec et de l’Ontario (DROUIN, 1987 : 7). En 1893, le gouverneur et baron Lord Stanley, un Britannique amateur de ce nouveau sport, propose d’offrir une coupe qui portera bientôt son nom à la meilleure équipe canadienne de hockey amateur (VIGNEAULT, 2009, 482). La coupe Stanley, aujourd’hui remise au vainqueur de la LNH, « est à ce jour encore le trophée le plus envié du hockey sur glace » (EGGENSBERGER, BENOIT, 1994 : 14). Dès 1893, le professionnalisme fait son apparition puisque les joueurs commencent à être rémunérés au sein de certaines équipes. Dès 1904, une ligue professionnelle composée d’équipes canadiennes et étasuniennes voit le jour parmi d’autres ligues encore amateurs (DROUIN, 1987 : 8). Dès lors, les ligues et équipes professionnelles vont se succéder au fil des saisons, certaines pérennes, d’autres dissoutes très rapidement. La coupe Stanley est toujours distribuée à la meilleure équipe d’entre ces ligues qui « envoient leurs champions défier … les détenteurs de la coupe Stanley » (VIGNEAULT, 2009 : 483).

Elle est remportée une première fois par un club américain, Seattle, en 1917 (DROUIN, 1987 : 9). C’est en 1917 justement, le 22 novembre à l’Hôtel Windsor de Montréal, que la Ligue Nationale de Hockey, la LNH, voit le jour (EGGENSBERGER, BENOIT, 1994 : 13). Elle est alors composée de cinq clubs, tous canadiens (VIGNEAULT, 2009 : 485). Le nombre d’équipes augmente rapidement au fil des saisons passant à 10 clubs en 1926. Suite à la grande dépression de 1929 et à la Seconde Guerre mondiale, la ligue connaît un déclin important. Seules six franchises7 se disputent la coupe Stanley entre 1942 et 1967, on nomme ces clubs The Original Six8 (EGGENSBERGER, BENOIT, 1994 : 13). En 1967, on double le nombre de franchises alors qu’on atteint le nombre d’équipes actuelles, trente, en l’an 2000 (23 équipes étasuniennes et 7 canadiennes)9. Avec ses origines au nord-est des États-Unis et au Canada, la ligue se répand peu à peu vers de nouveaux marchés, principalement aux USA puisqu’on trouve actuellement des clubs très au sud, notamment en Floride, en Californie et en Arizona (carte des clubs actuels de la LNH en annexe, figure 2).

La draft

Autre spécificité propre au sport professionnel nord-américain, la draft, bourse aux athlètes ou repêchage qui a lieu une fois par an durant l’été et où toutes les équipes de la ligue se réunissent pour choisir les nouveaux joueurs. Dans son livre, Aebischer11 définit la draft comme un « mode de repêchage de joueurs s’appliquant à un championnat privé …. Chaque club, à tour de rôle, et en fonction du classement de la saison précédente, peut s’approprier les droits d’un joueur. L’équipe la moins bien classée a un droit prioritaire de faire ses emplettes sur le marché. Le joueur ainsi « drafté » a l’obligation de porter le maillot du club qui a jeté son dévolu sur lui, si l’opportunité d’évoluer en NHL se présente » (2001 : 59). Il faut tout de même souligner qu’une draft ne signifie pas directement un départ pour l’étranger ou une place assurée pour un hockeyeur au sein de l’équipe qui l’a choisi. Un joueur drafté n’a aucunement l’obligation d’y répondre.

En revanche, s’il décide de jouer dans la ligue dans laquelle sa draft a eu lieu, c’est alors le club qui l’a choisi qui aura ses droits. C’est donc dans un souci d’intérêt général (avoir un championnat attrayant et équilibré) que les franchises les moins bien classées au terme du dernier championnat ont la possibilité de recruter les meilleurs nouveaux joueurs en premier (FAVRE, 2015). Ces joueurs, nord-américains ou issus d’autres continents, arrivent des ligues juniors amateurs, des ligues universitaires ou des championnats professionnels européens. Un joueur ne peut être choisi qu’une seule fois durant un repêchage. Contrairement à l’Europe où le joueur peut choisir son équipe, la tendance est inverse en Amérique du Nord puisque le joueur est choisi par une franchise qui acquiert ses droits pour une ou plusieurs saisons. Des échanges entre équipes comprenant plusieurs joueurs ont régulièrement lieu. Cette draft a pour ambition de redistribuer les cartes à chaque fin de saison en rééquilibrant les forces de chaque club. Ce mode de fonctionnement sera analysé plus loin puisque les hockeyeurs suisses sont, depuis quelques années, régulièrement repêchés.

Ouverture progressive à l’Europe Longtemps l’apanage de joueurs professionnels canadiens (la période des « Six Glorieux », malgré quatre équipes étasuniennes, ne compte quasiment que des joueurs à passeports frappés de la feuille d’érable) (EGGENSBERGER, BENOIT, 1994 : 13) puis américains (première draft d’un américain en 196817), la LNH s’ouvre progressivement aux joueurs européens dès les années 1970. C’est en 1969 que le premier joueur formé en Europe, un Finlandais, est repêché par une équipe de la LNH18. Il faudra attendre jusqu’en 1974 pour en voir d’autres choisis à leur tour. Jusque-là, le hockey européen ne peut pas rivaliser avec celui pratiqué en Amérique du Nord, « les quelques équipes européennes entrant en considération n’avaient strictement aucune chance de participation » (EGGENSBERGER, BENOIT, 1994 : 13). L’exemple du suédois Sven Johansson est parlant puisqu’il est à l’époque l’un des meilleurs joueurs européens, mais ne joue aucun match dans la LNH avec Boston durant la saison 1957-1958 (EGGENSBERGER, BENOIT, 1994 : 13).

C’est donc à partir des années 1970 que des joueurs européens griffent régulièrement la glace des patinoires de la LNH. Ces pionniers sont notamment scandinaves puis russes dès 1989 (GENEST, 1994 : 118). On assiste à une forte évolution dans les années 1980 et 1990 avec une augmentation importante au sein des contingents des équipes de la LNH du nombre de joueurs européens. Malgré cela, les Canadiens devancent toujours largement les Américains et les joueurs européens ne représentent qu’un petit pourcentage du nombre total de hockeyeurs durant cette période. Ce sont les années 2000 qui voient les Européens jouer un rôle plus important au sein de la ligue. Lors de la saison 2014-2015, ce n’est pas moins de 24.9% (243 sur 974 joueurs) des joueurs ayant joué au minimum un match dans la ligue qui sont originaires de l’Europe, c’est plus que les Américains (237 joueurs), mais encore loin des Canadiens (495 joueurs, PODNIEKS, 2015). En tout, 16 nations européennes sont représentées en LNH durant cette saison (tableau du détail en annexe, figure 3).

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Table des matières

Remerciements
Résumé
Mots clés
Tableau des figures
Abréviations
Table des matières
Première Partie Introduction
I. Introduction
I. 1. Histoire du hockey sur glace
I. 1. 1. Naissance
I. 1. 2. Développement du hockey sur glace en Suisse
I. 1. 3. La LNH
I. 2. Intérêts et contexte de la recherche
I. 2. 1. Vue d’ensemble du paysage hockeyistique mondial
I. 2. 2. Le hockey sur glace en Suisse
I. 2. 3. Historique de la mobilité du hockeyeur helvétique
I. 2. 4. Intérêt de la recherche
I. 3. Synthèse du contexte
Deuxième Partie objet de la recherche
II. 1. Cadre théorique
II. 1. 1. Préambule
II. 1. 2. État des lieux de la recherche
II. 1. 2. 1. Le cas du hockey sur glace
II. 1. 3. Synthèse de l’Etat des lieux de la recherche
II. 1. 4. De la migration à la mobilité
II. 1. 4. 1. La migration
II. 1. 4. 2. La mobilité
II. 1. 5. Synthèse : de la migration à la mobilité
II. 1. 6. Le contexte de la mondialisation et son lien avec la mobilité
II. 1. 6. 1. Définitions de la mondialisation
II. 1. 6. 2. Mondialisation et mobilité
II. 1. 6. 3. Mondialisation du sport et du hockey sur glace
II. 1. 7. Synthèse : mondialisation – mobilité – hockey sur glace
II. 2. Problématique
II. 2. 1. Questions de recherche et objectifs
II. 2.2. Synthèse des questions
II. 3. Propension a la mobilité et destinations
II. 3. 1. Haut niveau et professionnalisme sportif
II. 3. 1. 1. Haut niveau et professionnalisme en Suisse, joueurs concernés
II. 3. 2. Les destinations
II. 3. 3. Les drafts
II. 3. 4. Hypothèses concernant la sous-question 1
II. 3. 5. Synthèse de l’axe un
II. 4. Motivations et attentes
II. 4. 1. Les théories reliées aux motivations et attentes
II. 4. 1. 1. Le capital humain
II. 4. 1. 2. Le cycle de vie
II. 4. 1. 3. L’information incomplète
II. 4. 1. 4. Les théories des attentes et des valeurs
II. 4. 1. 5. Les Soft Skills
II. 4. 2. Hypothèses concernant la sous-question 2
II. 4. 3. Synthèse de l’axe deux
II. 5. Moyens et acteurs mobilisés
II. 5. 1. Les agents sportifs
II. 5. 2. Les théories ou concepts reliés aux moyens et acteurs mobilises
II. 5. 2. 1. La théorie des réseaux et le capital social
II. 5. 2. 2. Les concepts de Friends-of-friends et de bridgehead
II. 5. 2. 3. Le concept de motilité
II. 5. 3. Hypothèses concernant la sous-question 3
II. 5. 4. Synthèse de l’axe trois
II. 6. Synthèse de la problématique
Troisième Partie Méthodologie
III. Méthodologie
III. 1. Préambule
III. 2. Méthodes utilisées
III. 3. Construction de la base de données
III. 4. Methodologie des entretiens
III. 4. 1. Type d’entretiens
III. 4. 2. L’échantillon
III. 4. 3. Contacts et méthode d’approche
III. 4. 4. Sujets interrogés
III. 5. Difficultées rencontrées, biais éventuels, doutes et satisfactions
III. 6. Synthèse de la méthodologie
Quatrième Partie Analyse et resultats
IV. 1. Propension a la mobilité et destinations
IV. 1. 1. Propension à la mobilité internationale des hockeyeurs suisses
IV. 1. 1. 1. Description et analyse de l’évolution des hockeyeurs professionnels et de haut niveau suisses à l’étranger
IV. 1. 1. 2. Ampleur du phénomène par rapport au total d’athlètes
IV. 1. 1. 3. Évolution des catégories de joueurs à l’étranger
IV. 1. 1. 4. Comparaison des extrêmes
IV. 1. 2. Destinations privilégiées par les hockeyeurs suisses
IV. 1. 2. 1. L’Amérique du Nord
IV. 1. 2. 2. L’Europe et l’Asie
IV. 1. 2. 3. Évolution du nombre d’Helvètes entre Amérique du Nord et Eurasie
IV. 1. 2. 4. Revue du paysage hockeyistique mondial
IV. 1. 3. Les hockeyeurs suisses et les drafts LNH, LCH et KHL
IV. 1. 4. Conclusion concernant l’axe un
IV. 2. Motivations et attentes
IV. 2. 1. Partir pour atteindre un objectif
IV. 2. 1. 1. Le statut
IV. 2. 1. 2. La stimulation
IV. 2. 1. 3. La richesse
IV. 2. 2. Partir pour se former
IV. 2. 2. 1. La formation hockeyistique
IV. 2. 2. 2. La formation professionnelle ou scolaire post-obligatoire
IV. 2. 2. 3. L’opportunité face à la situation sportive et familiale de l’athlète
IV. 2. 3. Partir parce que l’on sait, parce que l’on communique
IV. 2. 3. 1. Le rôle des pionniers
IV. 2. 3. 2. L’accès à l’information
IV. 2. 4. Autres pistes d’analyses
IV. 2. 5. Conclusion concernant l’axe deux
IV. 3. Moyens et acteurs mobilisés
IV. 3. 1. Le rôle des agents sportifs
IV. 3. 1. 1. Informer l’athlète
IV. 3. 1. 2. Faciliter le départ du hockeyeur helvétique
IV. 3. 1. 3. Encourager le sportif vers sa mobilité
IV. 3. 2. Les relations informelles
IV. 3. 2. 1. Bridgehead
IV. 3. 2. 2. Friends-of-friends
IV. 3. 3. La motilité
IV. 3. 4. Autres pistes d’analyse
IV. 3. 5. Conclusion concernant l’axe trois
IV. 4. Synthèse et réponses aux questions
IV. 4. 1. Propension a la mobilité et destinations
IV. 4. 2. Motivations et attentes
IV. 4. 3. Moyens et acteurs mobilisés
Cinquième Partie Conclusion
V. Conclusion
V. 5 Pistes d’approfondissement
Sixième Partie Bibliographie
VI. Bibliographie
VI. 1. Ouvrages
VI. 2. Articles scientifiques
VI. 3. Articles de presse
VI. 4. Articles en ligne
VI. 5. Webographie
VI. 6. Études/organisations
VI. 7. Conférences/cours/documentaires
Septième Partie Annexes
VII. annexes

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