Violences conjugales

Les violences conjugales concernent près de 10% des femmes en France. [1] Ce phénomène, d’ampleur pourtant considérable, demeure méconnu et trop peu dénoncé, autant par les victimes que par la société. Pourtant, sa fréquence ne désemplie pas. Les dernières données statistiques nationales révèlent que chaque année 216 000 femmes sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint. Une femme décède tous les deux jours et demi environ sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint. [2] En 2016, l’Institut national d’études démographiques (Ined) a pour projet une nouvelle enquête intitulée « Violences et rapports de genre » (VIRAGE) qui permettra d’actualiser ces données statistiques. Au niveau mondial, le dernier rapport consacré à ce phénomène montre que presque un tiers des femmes ayant eu une relation de couple a subi des violences physiques et/ou sexuelles de la part de son partenaire.

D’après le site internet concernant les violences conjugales et dédié aux professionnels de santé, les violences conjugales regroupent « toutes les formes de violence, utilisées par un partenaire ou ex-partenaire, à l’encontre de sa femme, dans un but d’emprise et de contrôle permanent. » [4] On distingue six formes de violences conjugales : physique, psychologique, verbale, sexuelle, économique, administrative. Les violences conjugales peuvent donc se traduire par une atteinte de l’intégrité du corps (coups, secouements, brûlures, étranglements, etc.) mais également de l’intégrité psychique (chantages, menaces, critiques, etc.). Elles incluent entre autres, le viol, l’humiliation pendant les rapports sexuels. Elles peuvent aussi se manifester par l’instauration d’un rapport inégalitaire avec l’autre, l’utilisation d’un ton autoritaire ou encore par le fait de ne pas écouter son interlocuteur. Enfin, il peut également s’agir d’une interdiction de travailler, d’avoir accès à l’argent du couple, aux documents administratifs.

Concernant la grossesse, une étude menée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) dans dix pays du monde a montré que plus de 5% des femmes ont été physiquement maltraitées lorsqu’elles étaient enceintes. 13 à 50% d’entre elles ont déclaré avoir été victimes pour la première fois pendant la grossesse. [5] En France, 3 à 8% des femmes enceintes sont victimes de violences conjugales.

Résultats

Caractéristiques de la population

Ci-dessous sont représentées les caractéristiques permettant de décrire la population étudiée. Elles ont été demandées dans la partie I du questionnaire. Les résultats sont présentés individuellement, pour chaque maternité, et pour l’ensemble de la population. Lorsque des différences statistiques de résultats entre les trois maternités ont été démontrées, la valeur de « p » est indiquée. Tout d’abord, l’âge moyen de la population étudiée a été de 30,6 ans [18 ; 44]. La différence d’âge observée entre les trois maternités a été statistiquement non significative (p=0,55).

Analyse et discussion

Validité de l’étude

En ce qui concerne la validité de l’étude, plusieurs biais ont été identifiés. Tout d’abord, un biais d’information lié à la méconnaissance des compétences et du champ d’exercice de la sage-femme. Par exemple, parmi les 165 patientes ayant rencontré au moins deux sages-femmes depuis le début de la grossesse, 18,2% n’ont pas répondu qu’elles avaient rencontré une sage-femme en salle de naissances, et 22,4% ont pensé qu’elles n’avaient pas rencontré de sage-femme en suites de couches. Ceci est pourtant peu probable. Ensuite, un second biais lié au fait que les patientes avaient connaissance du fait que l’enquête était menée par une étudiante sage-femme et qu’elles n’ont peut-être pas osé donner leur point de vue réel sur la profession. Enfin, un biais de sélection lié au fait que les trois maternités n’ont pas été choisies au hasard mais dans le but de représenter les trois niveaux de maternités (III, IIb, IIa) présents à Marseille. D’autre part, le service de suites de couches de la maternité IIa de l’étude était également mon terrain de stage durant la période à laquelle l’enquête a été menée. Les réponses des patientes ont donc pu être influencées par le fait qu’elles me connaissaient.

Cependant, l’étude a concerné 221 patientes, c’est-à-dire un effectif assez conséquent pour tenter de reproduire au mieux la population générale des accouchées de Marseille. De plus, elle a porté sur une population hétérogène, répartie dans trois maternités différentes de la ville. Dans la partie suivante relative à l’analyse des caractéristiques générales de la population, il sera mis en évidence une grande hétérogénéité, notamment concernant le niveau d’études, la profession et le statut conjugal des femmes. C’est pourquoi les résultats me semblent généralisables à une population plus large, à l’ensemble de la ville de Marseille .

Par ailleurs, le questionnaire d’une part anonyme et d’autre part rempli en autonomie, paraît être l’outil le plus approprié au recueil de données sur un thème tabou. Pour que les femmes puissent émettre avec honnêteté leur avis sur les qualités relationnelles et le rôle de la sage-femme, il paraît donc adapté.

Plusieurs difficultés ont été rencontrées au cours de cette étude. La première est liée au coût d’impression de plus de 400 questionnaires. La seconde difficulté concerne les nombreux déplacements effectués dans les trois maternités, et le temps passé à distribuer et récupérer les questionnaires. Enfin, les réticences de certaines patientes à l’égard du sujet d’étude ont compliqué le recueil des données. Cependant, pour pallier à cette difficulté, des précisions orales sur l’objectif de l’enquête ont été apportées à chaque patiente lors de la distribution du questionnaire. Il leur a été expliqué que le but n’était pas de dépister les difficultés au sein de leur couple, ce qui a facilité leur adhésion au projet.

Le taux de réponses aux questionnaires distribués a été de 53,5%. Il a été de 39,3% pour la maternité 1, 53,1% pour la maternité 2 et 87,5% pour la maternité 3. Cependant, comme expliqué ci-dessus, ce dernier résultat est à corréler au fait que les patientes de la maternité 3 me connaissaient et ont pu être influencées. Il est, par conséquent, non significatif.

Caractéristiques générales de la population 

L’analyse des résultats concerne tout d’abord les caractéristiques de la population. L’âge moyen des patientes était de 30,6 ans, le nombre moyen d’enfants par femme était de 1,8. Ces deux résultats sont comparables à ceux de l’enquête nationale de périnatalité de 2000, dans laquelle la tranche d’âge la plus représentée était celle des 30-34ans (33,2%) et dans laquelle la majorité des femmes enceintes participantes étaient nullipares ou primipares (78,0%).

Concernant le statut conjugal nous avons constaté que le célibat était majoritairement présent dans la maternité 1. Dans la maternité 3, la proportion de femmes en union libre a été plus élevée que dans les deux autres maternités, au profit des femmes mariées qui elles, ont été moins nombreuses. Concernant le niveau d’études, c’est dans les maternités 1 et 3 qu’il a été dénombré le plus de femmes possédant des certificats d’aptitude professionnelle (CAP) et brevets d’études professionnelles (BEP). A l’inverse, la maternité 2 a comporté en majorité des femmes ayant réalisé des études supérieures. Enfin, nous avons pu observer un taux décroissant de patientes sans profession, de la maternité 1 à la maternité 3 puis à la maternité 2. D’autre part, les employées ont constitué la classe socioprofessionnelle la plus représentée dans la maternité 1 comme dans la maternité 3. En revanche, dans la maternité 2 les femmes ont été réparties quasiment à parts égales dans trois classes : cadres et professions intellectuelles supérieures, professions intermédiaires et employés. Finalement, l’hétérogénéité de ces caractéristiques descriptives montre une grande diversité au sein de la population sélectionnée. Elle renforce la validité de l’étude.

Rôle de la sage-femme dans le dépistage des violences conjugales

Ensuite, sont analysés les résultats permettant d’atteindre l’objectif principal qui consiste à analyser le point de vue des femmes sur le rôle qu’occupe la sage-femme dans le dépistage des violences conjugales en périnatalité. Pour 90,0% des femmes interrogées, il paraît important que la sage-femme sache reconnaître une patiente victime de violences conjugales. La majorité des femmes s’accordent donc à dire que le repérage des violences conjugales fait partie des compétences de la sage-femme. Le Référentiel métier et compétences, rappelle d’ailleurs que la sage-femme est chargée dans le cadre des consultations prénatales, de réaliser un « interrogatoire personnalisé […] pour détecter les facteurs de risque éventuels, de vérifier la « qualité du soutien de l’entourage » et de repérer les situations de maltraitances, et les conditions de vie domestique défavorables.

Toujours en lien avec l’importance du dépistage par la sage-femme, plus d’un tiers des femmes (35,5%) a classé les violences conjugales au premier rang d’importance de dépistage, devant tous les autres comportements à risque (toxicomanies, dépressions, alcoolisme, tabagisme et troubles du comportement alimentaire). Même si, une plus grande proportion de la population totale (40,7%) a classé en tête de la liste d’importance les toxicomanies ; pour les accouchées de la maternité 3, les violences conjugales ont été perçues comme primordiales à dépister (rang numéro 1). Ces résultats confortent les données précédentes, selon lesquelles neuf femmes sur dix de notre étude ont jugé important que la sage-femme arrive à reconnaître une victime de violences. Toutefois, même s’il s’agit d’une minorité, 10,8% des femmes ont classé non important le dépistage des violences conjugales. Notons que ce résultat coïncide avec les 10,0% de femmes pour lesquelles il n’est pas important que la sage-femme arrive à repérer les violences au sein du couple. De plus, 20,4% ont classé les violences conjugales entre le quatrième et le sixième et dernier rang d’importance de dépistage. Finalement, il en découle qu’un peu plus d’un tiers des femmes sous-estime largement le risque et la sévérité liés au phénomène des violences conjugales.

Plus de la moitié des femmes interrogées (59,7%) a répondu que, selon elle, la sage-femme devrait interroger chaque patiente sur sa vie conjugale. Ceci se rapproche d’un des résultats rapportés par M. Palisse dans sa thèse présentant le point de vue des patientes sur le repérage des violences sexuelles. En effet, parmi les 145 femmes interrogées dans son étude, 77 (53,1%) ont considéré qu’un questionnement sur la vie sexuelle devrait être systématique. [15] A ce propos, il a été mis en évidence que la crainte d’être intrusif dans la vie privée des couples ainsi que la réaction des femmes constituent un frein au dépistage des violences par les professionnels de santé. [9] En corrélation avec cette connaissance, dans cette étude, 51,8% des patientes interrogées ont répondu que selon elles, les femmes seraient choquées/gênées de parler de leur vie conjugale avec la sage-femme. Ceci confirme qu’il s’agit d’un sujet encore perçu comme tabou pour de nombreuses personnes et laisse penser qu’il persiste dans les esprits une appréhension à aborder le thème des violences.

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Table des matières

I) Introduction
II) Matériels et méthode
III) Résultats
A) Caractéristiques de la population
B) Résultats principaux
B-1) Point de vue des femmes sur le rôle de la sage-femme dans le dépistage des violences conjugales
B-2) Point de vue des femmes sur le dépistage systématique des violences conjugales
B-3) Etat des lieux des connaissances des femmes sur les violences conjugales
C) Résultats secondaires
IV) Analyse et discussion
A) Validité de l’étude
B) Caractéristiques générales de la population
C) Rôle de la sage-femme dans le dépistage des violences conjugales
D) Dépistage systématique des violences conjugales
E) Connaissances des femmes sur les violences conjugales
F) Opportunités de dépistage des violences conjugales par les sages-femmes
V) Conclusion
Bibliographie
Annexes

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