VERS UNE TYPOLOGIE DES MÉNAGES CAFÉICULTEURS

VERS UNE TYPOLOGIE DES MÉNAGES CAFÉICULTEURS

Le contexte historique de l’émergence des SVD

C’est en réponse aux vives contestations des systèmes alimentaires industrialisés et globalisés que les standards volontaires se sont développés pour veiller à une meilleure « durabilité » de la production et de la commercialisation des matières premières. Les mouvements pionniers (Agriculture biologique et équitable) dénoncent l’opacité des systèmes agro-alimentaires traditionnels. La globalisation est également tenue pour responsable de nombreux problèmes environnementaux, climatiques et sociaux liés à la production agricole et aux échanges globaux. En effet, à partir de la fin du 20ème siècle, la globalisation, caractérisée par un accroissement des volumes de matières premières échangées sur les marchés internationaux, se développe rapidement. Le commerce globalisé et la libéralisation des échanges se sont accompagnés d’une globalisation des risques de tout type. De nombreuses crises écologiques, alimentaires, sociales et climatiques surviennent dans les années 1990 et 2000. L

es SVD trouvent aussi leur origine dans les difficultés rencontrées par les gouvernements pour réguler ces filières agroalimentaires via des collaborations inter-gouvernementales (Djama, 2011; Fouilleux, 2013; DeFries et al., 2017). Ils sont aussi une réponse à l’inaptitude des compagnies privées à réduire par eux même les importants problèmes environnementaux et sociaux que leurs activités génèrent (Daviron et Vagneron, 2012; Oosterveer et al., 2014). Ces différents problèmes (déforestation, perte de biodiversité, travail des enfants, non-respect des droits de l’Homme etc.) sont dénoncés par des ONG internationales comme Greenpeace, WWF, Conservation International, ou Les Amis de la Terre. Certaines ONG comme Greenpeace dénoncent les conséquences des activités de multinationales qu’elles menacent de boycott. D’autres, comme WWF mettent en place des partenariats avec les entreprises en initiant notamment des tables rondes multi-acteurs qui impulsent des SVD (Fouilleux, 2013). Les standards de durabilité créés à la suite des critiques des ONG ont pour but de différencier les produits ou « dé-commoditiser » les produits de masse, afin de segmenter le marché, de créer des barrières à l’entrée dépendants des conditions de production et ainsi créer des marchés de niche (Kaplinsky, 2010).

Un concept, un instrument

Les acteurs répondent aux critiques par la mobilisation d’un concept, le développement durable, et d’un instrument, les standards volontaires. 1.2.1. Le concept du développement durable La notion de développement durable est apparue en 1987 avec le rapport « Brundtland » qui prône un partenariat mondial pour permettre l’évolution du comportement des acteurs face aux problèmes globaux. Adopté lors de la conférence de Rio (1992), il est défini comme « un mode de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs» (Rio, 1992). Cette vision du développement est marquée par une double temporalité et est vue comme un « moyen d’éradiquer la pauvreté, satisfaire les besoins humains et assurer que tous aient une part juste des ressources » qu’il convient donc de préserver (Hopwood et al., 2005). Depuis la fin des années 1990, il est communément décomposé en trois dimensions : « la protection de l’environnement, le développement social et le développement économique qui sont les trois piliers indissociables du développement durable » (Sommet mondial pour le développement durable Johannesburg 2002).

La quête d’un développement durable fait l’objet aujourd’hui d’un large consensus. Toutefois, le contenu de cette notion et ses modalités de mise en oeuvre restent encore sujet à interprétation. Les acteurs du développement saisissent ce concept en l’interprétant en fonction de leurs objectifs et de leur champ d’application. A l’inverse d’autres standards qui se concentrent sur une seule des dimensions (exemple : environnement, sanitaire etc.), les SVD construisent des normes dans les trois dimensions du développement durable bien qu’elles soient rarement considérées de manière égale.

Les standards volontaires comme instrument de régulation Les standards volontaires sont utilisés comme instruments de régulation. Contrairement aux standards obligatoires imposés par les Etats (sur les questions sanitaires par exemple), ces standards ont la particularité d’être volontaires. Ce sont des standards dits « process standards » et pas « product standards ». Les critères concernent la manière de produire et/ou de commercialiser les produits alimentaires, et non leurs caractéristiques intrinsèques. La plupart des SVD s’intègrent parfaitement dans le système de gouvernance par le marché (Busch, 2011). Le propriétaire de la norme définit le cahier des charges, c’est-à-dire l’ensemble des principes, critères et indicateurs décomposant le sens donné à la durabilité. Ensuite, pour assurer sa crédibilité, un mécanisme d’audit pour « certifier » les produits est mis en place. La certification est souvent tierce partie, c’est-à-dire qu’un certificateur privé indépendant supposé impartial vérifie le bon respect du cahier des charges défini par le propriétaire du standard. Intégrée dans un système de marché où la concurrence est vive, la certification privée par tierce partie est la plus répandue mais présente des risques de conflits d’intérêts et de collusion importants (Jahn et al., 2004).

Enfin, pour assurer la crédibilité des certificateurs privés, des corps d’accréditation publics ou en partenariats publics/privés, doivent certifier du sérieux et du professionnalisme des organismes certificateurs (Busch, 2011). Ces dispositifs, appelés Régimes Tripartites de Standardisation (RTS) (Loconto et Busch, 2010; Busch, 2011; Fouilleux et Loconto, 2017) , reposent sur les organisations et activités de standardisation, de certification (tierce partie) et d’accréditation des organismes certificateurs. Ces mécanismes s’institutionnalisent au fur et à mesure et s’imposent comme des instruments de régulation (Djama, 2011). Ils forment ainsi une structure complexe de gouvernance mixte entre privé et public. La méta organisation ISEAL Alliance « International Social and Environmental Accreditation and Labelling » créée en 2002 propose une coordination entre les différents standards de durabilité, illustrant ainsi cette institutionnalisation. Elle a pour but de distinguer les standards dits « crédibles ». Elle développe notamment des procédures de mise en place de standards de durabilité (« standard setting code »), de vérification du respect des normes (« Assurance code »), et un système d’évaluation d’impacts de ces standards (« Impacts code»). Ainsi, ce méta système offre une certaine légitimité à ses membres sans pour autant imposer le contenu du cahier des charges ni le sens donné à la durabilité (Fouilleux et Loconto, 2012).

Favoriser l’accès au marché des producteurs Les standards sont devenus un facteur important de l’accès aux marchés pour les producteurs, notamment sur les marchés à haute valeur ajoutée. Ils déterminent l’inclusion et l’exclusion des producteurs au sein des filières globales (Kaplinsky, 2010). La question de savoir si les SVD facilitent ou contraignent l’accès au marché est non résolue et se pose à trois niveaux : l’adoption des standards, la participation aux marchés certifiés, et les implications de cette participation. D’abord, les standards peuvent contenir des injonctions qui se transforment en barrières à l’entrée. Il est nécessaire d’associer aux standards des efforts d’assistance technique ou d’aide au financement afin que les SVD facilitent l’adoption pour les producteurs qui en ont le plus besoin (Potts et al., 2014). L’environnement institutionnel et notamment les services fournis par les collectivités locales, les ONG ou les Etats, est nécessaire (bien que insuffisant) dans l’adoption des SVD et l’augmentation de la participation des petits producteurs dans ces marchés (FAO, 2014). La FAO (2014) souligne aussi l’importance pour les producteurs de s’organiser en groupes afin de faciliter leurs adoption aux standards et réduire les coûts.

Cette condition devient souvent de facto obligatoire. Par ailleurs, avec la multiplication des SVD, les importateurs requièrent de multiples certifications aux producteurs qui doivent alors démontrer leur respect de nombreuses règles et payer les frais de certification pour chacun des SVD. Cela peut conduire à une exclusion croissante des petits producteurs (Fiorini et al., 2017). Les SVD peuvent aussi favoriser la participation aux marchés globaux de ceux qui ont déjà les moyens de prouver qu’ils sont conformes aux règles (FAO, 2014). Au contraire, les groupes les plus vulnérables adoptent difficilement ces SVD. Ensuite, les effets des SVD sur la participation des petits producteurs aux marchés globalisés ne sont pas garantis par l’adoption des SVD. L’adoption d’un standard n’est pas synonyme de participation aux marchés globaux certifiés. Par exemple, seule 1/3 de la production globale certifiée par le commerce équitable est vendue sur le marché certifié. Ainsi, si de trop nombreux producteurs adoptent le SVD alors que la demande pour les produits certifiés est insuffisante, le processus de régulation des adoptants conduit à une exclusion des producteurs les plus vulnérables (ODI, 2017).

Enfin, la participation des producteurs aux marchés certifiés ne conduit pas nécessairement à une amélioration de leurs conditions de vie. En particulier la FAO (2014) montre une tendance à une augmentation à la fois des prix et des revenus de la culture certifiée mais aussi des coûts induits par l’adoption du standard et de la certification. Le rapport coût/bénéfices serait incertain, dépendant notamment du contexte, De plus, la question de savoir si les SVD permettent aux producteurs d’intégrer de nouvelles activités (transformation, commerce) de manière à gagner en pouvoir le long de la chaîne de valeurs reste non consensuelle (FAO, 2014).

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Table des matières

RÉSUMÉ
ABSTRACT
REMERCIEMENTS
AVANT-PROPOS
SOMMAIRE
LISTE DES ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS
INTRODUCTION GÉNÉRALE
PARTIE 1 MOTIVATIONS EMPIRIQUES ET POSITIONNEMENTS CONCEPTUELS DE LA RECHERCHE
CHAPITRE 1 MOTIVATIONS EMPIRIQUES : RÉPONDRE AUX ENJEUX DE DÉVELOPPEMENT DURABLE PAR LES STANDARDS VOLONTAIRES DE DURABILITÉ ET PAR LE COMMERCE ÉQUITABLE
EMERGENCE ET MULTIPLICATION DES STANDARDS VOLONTAIRES DE DURABILITÉ
LE COMMERCE ÉQUITABLE : UN STANDARD SOCIAL
QUID DE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ?
CHAPITRE 2 DU COMMERCE ÉQUITABLE À LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE : REVUE DE LA LITTÉRATURE ET CONSTRUCTION DE QUESTIONS ET DHYPOTHÈSES DE RECHERCHE
LIENS EMPIRIQUES ENTRE LE COMMERCE ÉQUITABLE ET LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE : UNE REVUE DE LA LITTÉRATURE
CADRE D’ANALYSE POUR IDENTIFIER ET DISCUTER LES CHEMINS D’IMPACTS POTENTIELS À PARTIR DE LA LITTÉRATURE EMPIRIQUE
CHEMINS D’IMPACTS POTENTIELS ENTRE LE CE ET LA SA -CONSTRUCTION DES QUESTIONS ET HYPOTHÈSES DE RECHERCHE
CHAPITRE 3 APPROCHES CONCEPTUELLES
CADRE CONCEPTUEL DE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET SA MESURE À L’ÉCHELLE DES MÉNAGES
LA « SÉCURISATION ALIMENTAIRE »
L’EMPOWERMENT COMME MOYEN D’ATTEINDRE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE
CONCLUSION PARTIE 1
PARTIE 2 CONTEXTE ET MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
CHAPITRE 4 CONTEXTE DE LA RECHERCHE : COMMUNAUTÉS CAFÉICULTRICES DES ANDES PÉRUVIENNES
LE CAS DES CHAÎNES DE VALEUR CAFÉ
LE CAS SPÉCIFIQUE DU PÉROU
PRÉSENTATION DE LA ZONE D’ÉTUDE
CHAPITRE 5 MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE : DÉMARCHE DE LENQUÊTE ET COLLECTE DES DONNÉES
QUELLE DÉMARCHE DE RECHERCHE POUR ÉVALUER LES CHANGEMENTS INDUITS PAR LE COMMERCE ÉQUITABLE ?
CONSTRUCTION DES DONNÉES
CHAPITRE 6 CARACTÉRISATION DE LÉCHANTILLON : DESCRIPTION DES ACTIVITÉS DE MOYENS DEXISTENCE
PRÉSENTATION DU CONTEXTE ET DES STATISTIQUES SOCIODÉMOGRAPHIQUES
LES ACTIVITÉS DE MOYENS D’EXISTENCE MISES EN OEUVRE PAR LES MÉNAGES AGRICOLES
CONCLUSION PARTIE 2
PARTIE 3 RÉSULTATS DES RECHERCHES
CHAPITRE 7 VERS UNE TYPOLOGIE DES MÉNAGES EN LIEN AVEC LEURS PRATIQUES DE SÉCURISATION ALIMENTAIRE SPONTANÉES
INTRODUCTION
CADRE D’ANALYSE ET HYPOTHÈSES
MATÉRIEL ET MÉTHODES
DES MÉNAGES CAFÉICULTEURS EN INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE SAISONNIÈRE
UNE PLURALITÉ DE CAUSES ET DE RÉPONSES FACE À L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE SAISONNIÈRE
VERS UNE TYPOLOGIE DES MÉNAGES CAFÉICULTEURS
CONCLUSION
CHAPITRE 8 QUEL EST LIMPACT DU COMMERCE ÉQUITABLE SUR LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE DES MÉNAGES CAFÉICULTEURS CERTIFIÉS ?
INTRODUCTION
REVUE DE LA LITTÉRATURE ET HYPOTHÈSES
MATÉRIEL ET MÉTHODE: ESTIMATION DE L’IMPACT
RÉSULTATS
DISCUSSION
CONCLUSION
CHAPITRE 9 L’ACTION COLLECTIVE : MOTEUR DEMPOWERMENT ET DE CAPACITÉS DE SÉCURISATION ALIMENTAIRE ?
INTRODUCTION
CADRE D’ANALYSE: AGENCÉITÉ COLLECTIVE, ESPACE DE CAPABILITÉS ET SÉCURISATION ALIMENTAIRE
MATÉRIEL ET MÉTHODES
DESCRIPTION DES DEUX DYNAMIQUES COLLECTIVES
L’AGENCÉITÉ COLLECTIVE FAVORISE L’EMPOWERMENT
DISCUSSION
CONCLUSION
DISCUSSION GÉNÉRALE, CONCLUSIONS ET FUTURES PERSPECTIVES
RÉFÉRENCES
ANNEXES
TABLES DES MATIERES

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