Vers une alimentation plus durable

Vers une alimentation plus durable 

Le concept d’alimentation durable 

L’urgence du dérèglement climatique nous pousse à repenser l’organisation de notre société pour préserver les ressources de notre planète sans compromettre la santé des générations présentes et à venir. La prise de conscience collective de la limitation des ressources naturelles et de l’impact de l’activité humaine sur les écosystèmes a donné naissance au concept de « développement durable ». Le concept d’alimentation durable tire son origine de celui de développement durable.

L’urgence climatique à l’origine du concept de développement durable

Depuis 1850, la température moyenne de la Terre a augmenté de 1°C (GIEC, 2019). La communauté scientifique s’accorde à attribuer majoritairement cette augmentation aux gaz à effet de serre émis dans l’atmosphère par l’utilisation de combustibles fossiles et par la reconversion des sols pour l’activité humaine. Certains gaz à effet de serre comme la vapeur d’eau et le CO2 sont naturellement présents dans l’atmosphère et contribuent à l’ajustement de la température de la Terre (Ministère de la Transition Ecologique, 2018). A l’échelle mondiale, l’activité humaine émet des gaz à effet de serre (gaz anthropiques) formés en moyenne de 81% de dioxyde de carbone (CO2), 11% de méthane (CH4), 5% d’oxyde nitreux (N2O) et 2% d’hydrofluorocarbures (HFC) (Parlement Européen, 2018). Il existe néanmoins des réservoirs (naturels comme le sol, l’océan ou les plantes, ou artificiels), appelés « puits de carbone » qui sont capables de stocker des molécules de gaz à effet de serre ou un précurseur de gaz à effet de serre avant qu’il n’atteigne l’atmosphère. Or, la croissance de l’activité humaine (production d’énergies, habitations, industries, transports, agriculture, …) dans les pays développés à économie de marché est telle que les capacités d’absorption actuelles des puits de carbone ne permettent pas de compenser l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre (EGES) (GIEC, 2019). L’accumulation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère provoque un effet de serre additionnel qui réchauffe globalement la planète (Ministère de la Transition Ecologique, 2018). De plus, l’activité humaine menace environ 25% des espèces animales et végétales, soit 1 million d’espèces au total. C’est en grande partie l’exploitation massive des terres pour l’agriculture, l’exploitation des forêts, l’élevage, la chasse et la pêche qui en sont responsables (IPBES, 2019). Si les EGES se poursuivent au même rythme, un réchauffement de 1,5°C pourrait être atteint entre 2030 et 2050 (GIEC, 2019). Au-delà d’un réchauffement de 2°C, les conséquences sur la santé des personnes et des espèces animales seraient dramatiques : augmentation de la température moyenne, élévation du niveau de la mer, chaleurs extrêmes dans la plupart des zones habitées, épisodes de fortes précipitations, augmentation de la probabilité de sécheresse et de déficits de précipitations dans plusieurs régions, accélération du phénomène de perte de la biodiversité (GIEC, 2019; IPBES, 2019).

Une équipe de chercheurs a identifié neuf processus naturels régissant l’état de la planète. Ces neuf phénomènes environnementaux comprennent le changement climatique, l’érosion de la biodiversité, la perturbation des cycles biochimiques de l’azote et du phosphore, les modifications des usages des sols, l’utilisation d’eau douce, l’appauvrissement de l’ozone stratosphérique, l’acidification des océans, l’augmentation des aérosols dans l’atmosphère et la pollution chimique (Rockström et al., 2009). Les limites planétaires correspondent aux seuils, exprimés en volumes extraits ou émis, à ne pas franchir dans chaque processus, afin de ne pas compromettre le développement de l’humanité dans un écosystème sûr. L’économiste Kate Raworth reprend ce concept pour développer sa « Théorie du Donut » (Raworth, 2012). Elle ajoute au « plafond environnemental », formé par les neuf limites planétaires, un « plancher social » retenant onze nécessités : une alimentation saine et nutritive, l’accès à l’eau potable et à l’hygiène, l’accès aux soins de santé, à une éducation gratuite, à un logement décent, à des services énergétiques adéquats, à des revenus suffisants et à des réseaux de transport et d’information. Le plancher social et le plafond environnemental délimitent un espace sûr et juste pour l’humanité, représenté par un « Donut » (Figure 1).

C’est en 1980, dans un rapport de l’Union Internationale de la Conservation (UICN) qu’est apparu pour la première fois le concept de « développement durable » (UICN et al., 1980). Ce concept repose sur un modèle de développement économique et social des sociétés humaines qui prend en compte son impact environnemental (préservation des ressources naturelles). Le concept basé sur les trois dimensions que sont l’économie, le social et l’environnement a été repris en 1987 dans le rapport Brundtland de la Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement, qui y ajoute l’importance de « répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des futures générations à répondre aux leurs » (Brundtland, 1987). Une première action politique pour protéger l’environnement est mise en place à partir de 1972 à l’occasion de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement, ou « Sommet de la Terre» à Stockholm donnant naissance au Programme des Nations unies pour l’environnement (Nations Unies, 2002). En 1992 le « Sommet de la Terre » s’est tenu à Rio de Janeiro et a abouti à la signature de la Déclaration de Rio par 178 pays, obligeant les signataires à respecter 27 principes pour parvenir à un développement durable (Nations Unies, 1992b) et à l’adoption de Action 21, un plan d’actions pour mettre en œuvre les principes de la déclaration (Nations Unies, 2005). La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), qui est le premier traité international sur le changement climatique, a également été adoptée lors du Sommet de la Terre à Rio (Nations Unies, 1992a). Les 196 Etats et l’Union Européenne qui l’ont ratifiée s’engagent à fixer les EGES « à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique » et à se réunir chaque année à partir de 1995 au cours d’une « conférence des parties » (COP) pour fixer des objectifs de réduction des EGES. Le protocole de Kyoto adopté en 1997 lors de la 3ème COP (COP3) et entré en vigueur en 2005 visait à réduire entre 2008 et 2012 d’au moins 5% les EGES par rapport au niveau de 1990 dans les 38 pays les plus développés en 1990 (Nations Unies, 1997). L’accord n’engageait pas de sanctions dans les faits et en 2012, l’objectif de réduction a été atteint malgré l’absence de ratification des Etats Unis et le retrait du Canada en 2011 (Vie-publique.fr, 2019). Cependant, les 38 pays concernés ne représentaient plus que 36% des EGES mondiales en 2010. En décembre 2015, l’accord de Paris ratifié à l’issue de la 21ème COP (COP21) a succédé à l’accord de Kyoto et est encore en vigueur aujourd’hui. Il engage l’ensemble des 195 nations représentées à ne pas dépasser un réchauffement planétaire de 2°C d’ici 2100, en le limitant autant que possible à 1,5°C (Nations Unies, 2015a).

Les préoccupations des scientifiques font écho aux objectifs du programme de développement durable de l’Organisation des Nations Unies (ONU) à atteindre avant 2030. Les dix-sept objectifs adoptés en septembre 2015 par l’ensemble des Etats membres de ONU sont : (1) Pas de pauvreté ; (2) Faim « zéro » ; (3) Bonne santé et bien-être ; (4) Education de qualité ; (5) Egalité entre les sexes ; (6) Eau propre et assainissement ; (7) Energie propre et d’un coût abordable ; (8) Travail décent et croissance économique ; (9) Industrie, innovation et infrastructure ; (10) Inégalités réduites ; (11) Villes et communautés durables ; (12) Consommation et production responsables ; (13) Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques ; (14) Vie aquatique ; (15) Vie terrestre ; (16) Paix, justice et institutions efficaces ; (17) Partenariats pour la réalisation des objectifs (Nations Unies, 2015b).

Les pays membres du groupe des vingt (G20, composé des vingt pays les plus riches  ), représentent environ 78 % des EGES mondiales (United Nations Environment Programme, 2020). En 2020, leurs politiques de réduction des EGES étaient encore insuffisantes pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris puisqu’ils conduiraient à une élévation des températures de 3°C d’ici 2100. Le niveau d’EGES mondiales compatibles avec l’objectif de réchauffement de 1,5°C correspond à une réduction de 52,3% par rapport au niveau de 2019. Environ deux tiers des EGES sont liées aux activités domestiques privées (mobilité, résidence et denrées alimentaires) (United Nations Environment Programme, 2020). De plus, sur les neuf limites planétaires identifiées, quatre sont déjà dépassées ou en passe de l’être (Figure 1) : le changement climatique, l’érosion de la biodiversité et la perturbation des cycles biochimiques de l’azote et du phosphore (Steffen et al., 2015). Il est donc urgent de repenser nos modes de vie afin de contribuer à atténuer le réchauffement climatique et ainsi préserver nos écosystèmes.

Du développement durable à l’alimentation durable

Dans la démarche de développement durable, l’alimentation représente un poids important et de nombreux défis. L’alimentation des ménages représente plus d’un quart (26%) des EGES dans le monde (Poore & Nemecek, 2018) et 24% en France (Barbier et al., 2019). La moitié des surfaces habitables et 70% de l’eau douce sont dédiés à l’agriculture (FAO, 2011). Depuis 2014, l’insécurité alimentaire totale progresse dans le monde et touchait en 2019 près de 2 milliards de personnes, soit 25,9 % de la population mondiale alors que la prévalence de l’obésité chez les adultes continue de progresser de 2,6 % par an (FAO et al., 2020).

C’est en 2010, lors du symposium international « Biodiversité et régimes alimentaires durables unis contre la faim » organisé par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (Food and Agricultural Organization of the United Nations, FAO) et Bioversity International, que le concept de développement durable a été appliqué à l’alimentation (Burlingame & Dernini, 2012). Les régimes alimentaires durables ont été définis comme « des régimes alimentaires ayant de faibles conséquences sur l’environnement, qui contribuent à la sécurité alimentaire et nutritionnelle ainsi qu’à une vie saine pour les générations actuelles et futures. Les régimes alimentaires durables contribuent à protéger et à respecter la biodiversité et les écosystèmes, sont culturellement acceptables, économiquement équitables et accessibles, abordables, nutritionnellement sûrs et sains, et permettent d’optimiser les ressources naturelles et humaines ». Cette définition suggère que l’alimentation durable intègre quatre dimensions : environnementale, nutritionnelle, économique et socioculturelle.

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Table des matières

I)INTRODUCTION
II) GENERALITES
III) METHODOLOGIE
IV) RESULTATS
V) COMMENTAIRES ET DISCUSSION
VI) CONCLUSION  
VII) REFERENCES
ANNEXES
RESUME

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