Vers un nouveau modèle d’Exposition Universelle ?

Milan o Expo 2015, une Expo révolutionnaire ?

Interview : Eric Chesnel , touriste français

JP. – Comment s’est programmé votre visite à l’Expo : étiez-vous en voyage en Italie et en avezvous profité pour venir à l’Expo de Milan ou bien votre voyage s’est-il définit en fonction de l’évènement ? EC. – Ayant programmé un weekend prolongé dans le sud de la France, nous avons décidé de prolonger notre semaine de congés en nous rendant à Milan, spécialement pour découvrir l’Exposition Universelle.
Cette décision familiale a été très rapidement planifiée. JP. – Combien de jours êtesvous restés en Italie, à Milan et à l’Exposition en particulier ? Où avez-vous logé quand vous étiez à Milan (à proximité de l’aéroport, de l’Expo, du centre ville, ou bien chez des amis) ? Avez vous pris le temps de découvrir la ville et, quelle autre partie d’Italie avez-vous visitée ?
EC. – Nous avons passé deux journées complètes à l’Expo. Nous avons séjourné 2 nuits à l’hôtel (M Gallery) qui se situe à proximité de la gare centrale de Milan ; grâce à l’hôtel qui nous avait mis à disposition des billets de transports en commun, nous avons rejoint l’Expo avec nos petits pieds assez facilement malgré la chaleur. Le deuxième jour, nous avons pris la voiture pensant gagner du temps pour le retour prévu le soir dans une autre région de l’italie mais ce fut certainement une erreur car nous nous étions mal renseignés sur les parkings et avons fait beaucoup de kilomètres inutiles. Les indications routières ne sont par ailleurs pas très précises pour le stationnement.
Nous avions déjà découvert la ville de Milan l’année précédente mais nous en avons profité cette année pour aller voir le tableau de La Cène de Léonard de Vinci (nous avions pu réserver par internet ce quin’avait pas été possible en 2014). Milan est une très belle ville sans les moustiques ! JP. – Avez-vous déjà eu l’occasion d’assister à une autre Exposition Universelle ? Comment avez-vous entendu parler de celle de Milan ? Avez-vous l’habitude de voyager – pour le travail, et en famille – et de faire des visites culturelles ?
EC. – Non c’était la première fois. Nous avons entendu parler de cette Expo par les médias. Et nous avons effectivement l’habitude de voyager pour le travail et en famille ; et l’Exposition Universelle de Milan représentait pour nous une belle occasion d’associer détente et culture. JP. – Quelles idées vous en faisiez vous ? La visite de l’Expo Milano 2015 a-t-elle étée à la hauteur de vos attentes ? Si non, qu’est ce-que vous auriez aimé y voir d’autre ?
Plus généralement, qu’est ce qui vous a plu et déplu à l’Expo de Milan ? EC. – Nous n’avions aucune idée de la façon dont tout se présentait. Nous avons été enchantés de ces deux journées bien que nous n’ayons pu visiter notamment le pavillon du Japon, l’attente étant très longue plus de quarante minutes pour une visite de cinquante minutes, nous avons donc préféré visiter d’autres pavillons mais avec néanmoins une pointe de regret car il semble qu’il était fantastique. En ce qui me concerne, j’ai préféré le pavillon marocain pour son originalité quant à la description des différentes régions et les produits que l’on y trouve. Un point très positif : les nombreuses fontaines à eau (gazeuse notamment) réparties sur l’ensemble du site, très appréciable en cette forte chaleur (semaine du 14 juillet).
JP. – Qu’est ce qui vous a le plus marqué à l’Expo’ : architecture des pavillons, réponses des différents pays pour répondre au thème «Nourrir la planète. Energie pour la vie», animations de l’Expo’ (représentations et spectacles) ? Avez-vous pu échanger avec votre famille ou vos amis, et quels retours avez-vous eu sur l’Expo de Milan ?
EC. – Ce qui nous a le plus marqué, ce sont les différentes architectures des bâtiments, chaque pays a sa petite particularité et son charme.
L’intérieur pour certains ne reflète pas toujours le thème mais ce n’est que notre ressenti car nous ne sommes pas des professionnels de l’art… De petits pays ont eu le courage d’être présents malgré de faibles moyens, je pense qu’il faut le souligner car ils ont fait de leur mieux au contraite d’autre pays non présents.
Les activités proposées sont de temps en temps surprenantes et sympathiques. Le pavillon français est le seul à ne pas avoir de tampon pour les passeports, no comment !
Nous avons visité les pavillons de pays lointains, qui dans la vie réelle nous aurait été impossible de visiter si facilement. Ce qui m’a le plus marqué de cette expérience ?
Que nous sommes essentiellementtous les mêmes et qu’aujourd’hui, les distances ne comptent pas.
L’objectif est le même pour tous… Un monde meilleur !
NB. Pour lire l’expérience d’autres visiteurs, le site officiel de l’Expo a propose des interviews réalisés par leurs soins. Ils ont publié les expériences de visiteurs du monde entier sur le lien suivant : http://magazine.expo2015. org/en/lifestyle

Quelques chiffres…

Durée : 184 jours (du 1er mai au 31 octobre), Surface du terrain : 110 hectares, 145 pays présents, représentant 94% de la population mondiale.
Environ 20 millions de visiteurs sont attendus (13 millions d’italiens et 7 millions d’étrangers). 3 organisations internationales : ONU, UE, CERN.
53 pavillons construits par le pays accueillant (record par rapport à l’Expo précédente à Shanghaï, 42).
9 clusters thématiques, regroupant plus de 70 pays (Bio- Méditerannée, Iles, Zones Arides, Céréales et Tubercules, Fruits et Légumes, Espèces, Café, Cacao et Riz).
Personnel qualifié employé sur le chantier : plus de 3000 personnes (en janvier 2015). 15-16 000 personnes employées pour le semestre de l’Expo Milano 2015.
Les comptes: Expo Milan 2015 Investissement public pour l’évènement : 1,3 milliard d’euros.
Investissement des participants officiels : près d’un milliard d’euros. (600 millions à la structure et 400 millions aux services de gestion).
Services pour les participants, visiteurs et merchandising : 150 millions d’euros. (-) Total : 2,5 milliards d’euros Contributeur du secteur privé : 400 millions d’euros. Recettes : environ plus d’un milliard d’euros estimés.

Sponsors et partenaires : 400 millions d’euros

Vente des billets : près de 500 millions d’euros (prévision de 24 millions de billets vendus). (+) Total : 2,3 milliards d’euros Le thème : « Nourrir la planète. Energie pour la vie. »
L’analyse développée dans les chapitres précédents a permis de comprendre le parcours entrepris par les Expositions Universelles au fil des années.
Selon ses organisateurs, celle de Milan s’apprête à être, pour le moins dans ses intentions, une Expo révolutionnaire, différente de toutes celles organisées jusqu’à présent. Mais de quelle façon ?
Dans un premier temps, le thème choisi pour l’Expo, sera pour la première fois selon Massimo Beltrame au centre de la manifestation : «Jusqu’à présent les thèmes développés dans les Expositions Universelles ont toujours été interprétés comme des excuses, des prétextes, plutôt qu’un objectif sur lequel discuter. Dans l’histoire des Expositions Universelles, le thème a toujours été, et était connu de tous mais de fait, apparaissait comme quelque chose auquel se raccrocher de façon plus ou moins désinvolte.» Milano 2015 remet en cause complètement cette approche : le thème devient important, crucial, omniprésent dans toutes ses formes et ses déclinaisons possibles. Il ajoute un peu plus tard dans son livre «A l’Expo Milano 2015 : le thème est tout, et tout est le thème.» Ce slogan est la base révolutionnaire de l’Expo : le moment est certes spectaculaire et divertissant mais se veut par dessus tout sérieux ; c’est en ce sens le point de rencontre entre les exigences typiques d’émerveillement et de surprise des Expositions Universelles historiques et celle, d’approfondir et d’étudier un parcours de recherches qui pourrait être utile au genre humain pour la résolution d’un des problèmes les plus inquiétants d’aujourd’hui.
Dans le guide du thème rédigé par le groupe de travail TEG Tema pour Expo 2015 Spa, la portée universelle et le caractère «actuel» que le thème engendre est bien ce qui différencie l’Expo de Milan de toutes les Expositions rencontrées jusqu’à présent «C’est dans l’affirmation ‘‘Tout est le thème’’ que l’on trouve la portée révolutionnaire de l’Expo : on assiste au passage d’une Expo peu intéressante à une Expo mémorable, d’un héritage de bâtiments neufs verticaux et d’une architecture étrange à une vision pleinement immatérielle mais absolument tangible exprimée à travers le thème de l’Expo.»
Pour la première fois, le thème abordé peut s’avérer être un thème «critique» du fait de son caractère problématique capable de susciter des réflexions pas très rassurantes.
Ce serait donc les discussions générées par l’Exposition et non pas l’Exposition en elle-même, qui sera le réel noyau thématique central de la manifestation. Une Expo qui renersera le concept de monumentalité : ne construisant pas d’architectures monumentales mais en réalisant à Milan «un paysage inédit de légèreté monumentale et de beauté naturelle. »3 Il ne s’agit là pas d’une tâche facile, mais le défi de Milan apparaît très audacieux et plein de potentiel. «Cette Expo à Milan veut réellement conditionné le débat sur l’alimentation, sur la nourriture, sur les ressources et sur l’évidence que ce thème implique au niveau planétaire».
Une thématisation transversale donc, qui se retrouvera dans tous les domaines de la manifestation : master plan du site, architecture des pavillons, parcours guidés et zones thématiques.

1er mai 2015 : inauguration de l’Expo… Les premiers visiteurs sont des No Expo !

Mon équipe et moi avons la chance de faire partie de la première session de volontaires sur le site en participant à la période du 1er mai au 15 mai 2015 et donc d’assister au premier jour d’ouverture de l’Expo le 1er mai 2015, où régnait encore une certaine fébrilité après des mois d’un chantier frénétique. Tous habillés en uniforme, on nous avait conseillé d’arriver sur le site de l’Expo en cachant si possible notre costume et notre badge car le risque de débordements selon les organisateurs CiEsseVi était plus que possible. Ce qui fût en effet le cas.»
De nombreux journaux italiens et étrangers notamment français ont d’ailleurs publié des articles sur les incidents qui ont eu lieu lors de l’inauguration le 1er mai 2015 et qui ont fait beaucoup parler d’eux. Une très grande majorité des articles dans Le Monde au sujet de l’Expo de Milan est liée à ces manifestations sous plusieurs titres: «A Milan, une manifestation anti- Expo Universelle», «Les No Expo en colère contre l’Exposition Universelle à Milan» ou encore «Pour Matteo Renzi, les casseurs ne gâcheront pas l’Exposition universelle à Milan».
Des milliers de personnes ont donc fait part de leur hostilité à l’Exposition Universelle en s’opposant à l’évènement en luimême mais aussi à l’image qu’il représente, contraire à leurs idéaux: en grande majorité, le gaspillage de l’argent public pour l’événement était décrié par les protestataires, mais ils dénonçaient également le recours aux travailleurs précaires et aux volontaires. La manifestation était formée en grande partie d’étudiants opposés à l’événement, qui selon eux, propage un modèle de développement économique indésirable : « L’Expo, ça ne veut pas dire énergie pour la vie, mais dette, bétonnage et précarité !» s’est insurgée une étudiante.
Les organisateurs No Expo du défilé avaient préalablement annoncé ouvertement sur leur site ainsi qu’à la radio leur intention de manifester dans une ambiance joyeuse. Plusieurs participants sont ainsi arrivés à la marche déguisés et accompagnés d’une fanfare. On comptait au total «près de trente mille personnes qui auraient pris part à cette manifestation» selon le journal italien Il Corriere della Sera – un nombre toutefois difficile à confirmer, dans la mesure où la police italienne ne donne jamais d’estimation.
Il semble cependant délicat de distinguer les revendications des différents groupes : les violents incidents qui ont éclaté entre la police et des dizaines de personnes portant cagoules et masques à gaz (commerces et voitures incendiés, lancé de pétards et fumigènes, vitrines d’une banque et d’une agence immobilière avaient été brisées, et sur la façade d’un McDonald’s avait été tagué «Expo = mafia», etc.) – tous ces incidents 1 Aricle dans Le Monde «A Milan, une manifestation anti Expo Universelle», 2015 étaient en effet contraires aux affirmations données par les protestants de No Expo quant à l’ambiance générale. Le journal hebdomaire Il Fatto Quotidiano réfutera dans un article l’hypothèse du commandement des No Expo dans les débordements en décrivant «la guérilla urbaine par le Black Bloc à Milan»2. Le Black Bloc, qui désigne autant une tactique de manifestation, une forme d’action collective que des groupes d’affinité qui ne comporte ni organigramme, ni figures centralisées. Il est principalement constitué par des individus tous de noir vêtus pour se fondre dans l’anonymat.
C’est un groupe décentralisé, sans appartenance formelle ni hiérarchie et formé principalement d’activistes issus des mouvances libertaires. Ils sont souvent connus pour l’usage de la force dans leurs interventions: vandalisme, destructions de biens matériels, ou encore protections des manifestations.
L’un des manifestants lors du MayDay pour l’inauguration de l’Expo, âgé de 48 ans et originaire de Turin a d’ailleurs déclaré à l’Agence France-Presse «Ce sont des provocateurs venus de l’extérieur. Nous sommes pacifiques, nous n’approuvons certainement pas ça». Mais Matteo Renzi et Maurizio Martina, le ministre de l’agriculture, tentent de rassurer les esprits quand aux évènements qui sont survenus; ils ont déclaré à la télévision publique italienne : «Ceux qui ont cherché à alimenter un climat négatif d’inquiétude et de violence sur un rendez-vous qui respire la paix, le dialogue, la confrontation, la citoyenneté ont perdu». Même si Matteo Renzi a reconnu que «quelques ajustements» étaient encore nécessaires, il a insisté sur le succès de la manifestation: «L’Expo a remporté son défi initial, qui était de bien ouvrir et de faire comprendre tout de suite la puissance du récit que les visiteurs ici peuvent entendre.»
En effet, la premièe préoccupation majeure des organisateurs de l’Expo quelques jours avant son ouverture était basée sur la finalisation des pavillons pour l’inauguration – le chantier, qui était décrit comme un «chantier à l’italienne» par Le Monde.
Quelques mois avant l’ouverture de l’Expo, les responsables de la logistique de l’événement ont passé un dernier appel d’offres d’un montant de deux millions d’euros pour trouver une entreprise chaîne italienne Rai Uno spécialisée dans le «camouflage» des chantiers en cours. Matteo Renzi, le président du conseil italien, veut cependant croire que les italiens se montreront à la hauteur de leur réputation en évitant à son pays de faire «brutta figura».

Conclusion 

Après la dégustation, place à la contestation

Les principaux protagonistes d’Expo Milano 2015 sont les pays participants qui présentent leurs expériences et leurs solutions dans le domaine de l’alimentation. En effet, depuis toujours, l’Exposition Universelle offre l’occasion de montrer à des millions de personnes provenant du monde entier le «meilleur» des différents pays. Nombreux sont les produits et les technologies qui ont vu leurs débuts lors de cette manifestation : de la moissonneuse-batteuse (à Londres, 1851) à l’ascenseur (à NewYork, 1853), allant même jusqu’aux premières machines à coudre (Paris, 1855) ; du téléphone (Philadelphie, 1876) aux systèmes d’illumination externe basés sur l’ampoule d’Edison (1878), jusqu’à la première ligne d’assemblage pour automobiles (1915), et même à la télévision (1939), etc. Aujourd’hui, l’accent est passé de thèmes plus étroitement liés au matériel technique et à des problématiques qui nécessitent des approches plus complexes et multidisciplinaires, impliquant une portée symbolique et didactique. Cependant, ce qui ne change pas, c’est bien que les Expositions Universelles tentent de présenter le meilleur de soi.
C’est d’ailleurs précisément pour sa nature et pour la qualité du thème choisi que l’ambition d’Expo Milano 2015 va au-delà de la simple promotion de l’évènement:
l’intention est de créer les conditions propices pour impliquer le plus grand nombre possible de personnes venant du monde entier et les inciter à la réflexion sur le thème «Nourrir la planète, une énergie pour la vie». C’est pourquoi, en plus de l’activité constante exercée sur le Web et sur les réseaux sociaux, une série d’autres projets a vu le jour au sein de la ville. À partir de l’ensemble de ces initiatives, le legs d’Expo Milano 2015 est en train de se définir : il ne veut pas seulement être, comme cela a été pour de nombreuses éditions des Expositions Internationales, un héritage matériel mais s’oriente plutôt vers un héritage immatériel, utile pour aider l’humanité à vivre de façon consciente dans un monde meilleur.
Des qataris en costumes traditionnels savourant des glaces italiennes, un supermarché du futur hyper-connecté, une fanfare de fruits en peluche, de la succulente cuisine italienne à Eataly, une collecte pour le Népal, des lycéens surexcités devant des pots de Nutella géants, d’improbables jardins suspendus sur des vaisseaux design, et même une pizza longue d’un kilomètre de long… On aura définitivement tout vu à l’Exposition Universelle de Milan.
Tout, sauf peut-être pour certains, les grandes ambitions de départ de ce rendez-vous placé sous le thème vaste et complexe : Nourrir la planète, une énergie pour la vie. «L’objectif d’ouvrir le dialogue et de favoriser une coopération pour garantir demain à l’humanité une alimentation saine et suffisante semble s’être dissous dans la fête»2 écrit A. Tomczak, journaliste.
S’il est difficile de savoir ce qui se trame dans les coulisses des pays participants, l’Expo a parfois davantage des airs de Disneyland que de brainstorming mondial. Alors oui c’est vrai, on y dresse quelques constats : le pavillon 0 rappelle qu’en 2050 la population mondiale dépassera les 9 milliards d’individus, on interpelle le visiteur-consommateur à grand renfort d’images et de nouvelles technologies. Mais on reste globalement dans «le superficiel et le divertissement» ajoute-t-elle un peu plus tard. Bien malgré l’effort de certains, comme l’Angleterre, ou la Belgique par exemple, qui explique comment les insectes deviendront une solution durable pour la production de protéines animales. Au final, il semblerait que Milan 2015 reste fidèle à la tradition des Expos universelles : elle brasse les hommes et les cultures et ressemble à son époque (les perches à selfies y ont plus de succès que les maigres propositions pour nourrir la planète demain) avec une petite touche d’exotisme et d’utopie. Enfin, avec 20 millions de visiteurs attendus, il faut quand même avouer qu’elle risque de booster à fond le tourisme local.

Une certaine divergence dans les récits

Le récit officiel… Reconsidéré à travers différents acteurs

Le site , à 10 km du centre le maste rplan initial de Boeri et Herzog.Le dossier de candidature.
Avant tout, une petite base théorique sur la sélection d’une ville pour l’accueil d’une Exposition s’impose.
Aujourd’hui, pour pouvoir accueillir une Exposition Universelle, trois passages principaux sont nécessaires : rédaction formelle du projet, élection secrète pour le choix d’une ville et enregistrement de l’Exposition. La première phase est la plus générale où se définissent les principes généraux, mais ils peuvent encore subir des modifications en cours de route. Le projet est présenté dans ces grandes lignes, on y définit principalement:
les dates d’ouverture et de fermeture de l’évènement, le thème de la manifestation et ses déclinaisons, mais aussi ce qui est attendu des pays participants et les répercussions au niveau planétaire aussi bien sur le plan pratique que théorique. Cependant, des indications majeures peuvent être complètement repensées ; ce fût d’ailleurs le cas pour le master plan de l’Expo de Milan (sur lequel nous reviendrons). Tout ce matériel est ensuite analysé attentivement par une Commission de Contrôle interne au BIE pour former un dossier de candidature.
Le dossier, une fois compilé, est voté une première fois par la Commission Exécutive, puis par l’Assemblée Générale, formée de 161 membres permanents du BIE mais aussi d’invités internationaux.
L’Assemblée Générale, après son scrutin, choisit le pays qui accueillera la prochaine Exposition. Une fois le pays choisit, la dernière étape est l’enregistrement de l’Expo où le pays accepte de suivre le Règlement Général, c’est un passage important qui peut prendre jusqu’à trois ans.
Un mécanisme comme celui ci peut sembler très machinal et protocolaire, mais il s’en joue de la complexité de l’opération qui demande un effort d’organisation incontestable ; les Expo en effet, étant avec la Coupe du Monde de Football (FIFA World Cup) et les Jeux Olympiques, les évènements les plus importants de notre temps à l’échelle mondiale. C’est donc par ce processus que, le 31 mars 2008 dans le bureau du BIE, Milan obtient 86 voix contre les 65 d’Izmir. La capitale lombarde l’emporte sur la Turquie et gagne l’Expo : en 2015, après 109 ans, Milan accueillera à nouveau une Exposition Universelle. Parmi les traits distinctifs de Milan, le caractère pragmatique et innovant, ouvert à la modernité, a toujours été l’une des prédispositions innées de la ville. Comme nous l’avons démontré dans le chapitre précédent, il y a 100 ans, la ville était en plein boom économique et était projetée vers des objectifs toujours plus audacieux dans le domaine de l’industrie et de la technologie. Aujourd’hui, la métropole lombarde traverse une phase de réflexion et partage avec le continent européen tout entier les dynamiques de la Crise des Subprimes. Expo Milano 2015 joue donc un rôle majeur en représentant l’occasion d’un changement qui permettrait de définir un «avant» et un «après» et de laisser dernière nous une période de crise. Dans l’idée de se diriger vers une phase caractérisée par un retour aux investissements et à l’enthousiasme général. Le master plan initial : un jardin botanique et un potager planétaire Au lancement du projet, Stefano Boeri est choisi pour développer le masterplan de l’Expo Milano 2015. Boeri étant depuis considéré comme un archistar après la réalisation du Bosco Verticale – Bois Vertical – avec l’aide d’un certain nombre d’horticulteurs et de botanistes de deux tours d’habitation dans le quartier de Porta Nuova à Milan ; abritant à chaque niveau plusieurs terrasses comportant à l’intérieur de gardes corps très épais et très profonds de nombreuses espèces d’arbres.
L’ancien terraien comportant un petit bois, le studio Boeri à trouver cette réponse architecturale aux nombreux citadins en opposition à la construction de logements collectifs dans la zone. Le projet est largement médiatisé depuis le lancement du projet et mondialement connu depuis son inauguration en décembre 2014. D’ailleurs, le modèle générique de la tour verte s’étend aujourd’hui à Shanghaï qui a commandé au studio Boeri le même modèle pour un projet dans le centre de la ville.

Le site d’implantation, un pari trop risqué ?

Si, au début des Expositions, la durabilité des constructions n’était pas prise en compte, on observe depuis le début des années 2000, une préoccupation croissante pour leur reconversion. Leur utilité et leur cohérence urbaine sont préalablement envisagées, et un glissement de la localisation intraurbaine vers la périphérie s’opère.
Cette délocalisation peut s’avérer risquée, si le site ne s’inscrit pas dans un projet de développement et de maintien de ce nouveau territoire.
Plus le site s’agrandit et s’éloigne, plus il nécessite des aménagements.
Le site d’implantation de l’Exposition de Milan, marqué par une profonde rupture architecturale et paysagère avec le reste de la trame milanaise, se caractérise par la superposition voire la confrontation d’échelles contradictoires : l’une, locale, propre à la banlieue milanaise, et l’autre, globale, synonyme des phénomènes de métropolisation et de globalisation.
À l’échelle locale, cohabitent des fragments de territoires dévalorisés caractéristiques d’une périphérie; cette «misère géographique» se confronte à une géographie globale, mondialisée et stéréotypée.
Bien loin du site idéal, cet espace concentre donc un certain nombre de problématiques à la fois structurelles, fonctionnelles et paysagères.

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Table des matières
Préface
Introduction. Pourquoi une Exposition Universelle au XXIe siècle ?
Les Expositions Universelles : quelques précisions
A travers les Expos : l’idée de progrès
Bref récapitulatif de l’histoire des Expositions Universelles
1 • D’une Expo industrielle à une Expo mondialisée : le discours officiel
Comment et pourquoi la ville de Milan ?
Expo 1906 : Il y a 100 ans, déjà une Exposition à Milan «les transports»
Milano Expo 2015, une Expo «révolutionnaire» ?
Petit tour virtuel de l’Expo Milano 2015
Conclusion I : Après la dégustation, place à la contestation.
2 • Une certaine divergence dans les récits
Le récit officiel… Reconsidéré à travers différents acteurs
Le site à 10 km du centre-ville et, le masterplan initial de Boeri et Herzog
Le projet imaginaire des Vie d’Acqua
Milan en tant que smart city : donner une nouvelle image de la ville
En bref, une Expo bien loin des promesses faites aux milanais
Conclusion II : Trois années perdues de perdues
3 • Vers un nouveau modèle d’Exposition Universelle ?
Des manifestations culturelles en Italie et à l’étranger et leurs impacts sur la ville
Expo 2015 : vitrine technologique hors du temps «qui ne laisse pas de traces»
Quelques cas d’études : évènements et méga-évènements
Vers un nouveau modèle d’Exposition Universelle au sein de la ville ?
Conclusion III : les conditions d’exploitation des méga-événements et les villes hospitalières
Conclusion. L’événement culturel au service de nouvelles pratiques de l’espace
Bibliographie. Et remerciements

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