Soutenance mémoire
Emotions vis-à-vis de sa conjointe
La plupart des hommes interrogés pour cette étude ont montré une réelle préoccupation pour les ressentis de leur compagne. Ces derniers influencent bien entendu le vécu des pères de l’accouchement car ils sont en capacité de constater la peur et la douleur de leur conjointe au moment du geste d’aide instrumentale à la naissance.
Mr. B : « J’avais senti un petit peu sa petite angoisse, je l’ai senti, enfin elle avait la petite larme à l’ œil. »
Mr. C : « Donc j’étais plus préoccupé par mon amie que par le reste. […] Moi j’étais vraiment concentré pour mon amie. »
Mr. D : « Pour ma conjointe ça s’est bien passé elle n’avait pas trop mal. […] Qu’est-ce que vous avez ressenti vous quand il y a eu ce geste ? (Hésitation) Un peu de douleur pour ma copine. Mais un soulagement aussi, parce qu’il est sorti aussitôt, c’était fini, elle a arrêté de crier. »
Mr. E : « Et puis je sentais ma compagne, c’était difficile pour elle de pousser et tout ça. »
Mr. F : « Ma compagne je pense qu’elle est contente finalement, qu’il n’y ai pas eu de césarienne. Même si ce n’est pas évident non plus ce qu’il s’est passé, pour elle. […] J’avais plus le regard sur la tête de la maman, sur la souffrance de ma conjointe. »
Soutien
L’ensemble des hommes ayant pris part aux entretiens ont également fait remonter la notion d’une équipe très soutenante et qui semble avoir à cœur d’aider les patientes qu’elle prend en charge mais également leurs accompagnants.
Mr. A : « Ils ont été d’une aide précieuse. […] L’équipe est très présente.»
Mr. B : « L’encadrement qu’on a fait que l’on est bien guidé malgré tout.»
Mr. C : « Il y avait tellement de monde qui s’occupait du petit. […] Il y a pas mal de personnes qui l’aidait déjà pour lui montrer comment pousser. »
Mr. D : « Elles (les sages-femmes) sont hyper rassurantes. »
Mr. E : « Sans cette équipe ma compagne n’aurait pas accompli ce qu’elle a accompli aujourd’hui. »
Mr. F : « Mais je pense que dans l’ensemble les professionnels prennent du temps avec les patients pour discuter, pour les rassurer. On voit bien qu’ils sont à l’écoute. »
En amont de la naissance
L’ensemble des hommes ayant participé aux entretiens ont parlé des informations qu’ils avaient reçues en amont de la naissance de leur enfant. La majorité d’entre eux avaient déjà entendu parler de l’aide instrumentale à la naissance, que ce soit pendant les cours de préparation à la naissance et à la parentalité ou auprès de leur entourage familial ou affectif.
Mr. A : « Ce qu’on voit à la télé. […] Je ne savais pas du tout comment ça se passait. »
Mr. B : « Mais je savais que oui c’était quelque chose qui existait (l’extraction instrumentale) je ne découvrais pas. […] Et donc après moi ayant déjà vécu un accouchement j’avais déjà à peu près en connaissance du déroulement des choses. »
Mr. C : « On a une amie, celle que vous avez croisé dans la chambre, qui a un fils de 6 mois. Elle connaissait et elle nous en avait un petit peu parlé (à propos de l’extraction instrumentale).»
Mr. D : « J’ai une bonne amie à qui c’est arrivé, voilà, ça c’est un petit peu mal passé, l’accouchement du petit était un problème. Donc j’avais idée de ce qui pouvait arriver, en termes de déchirure, d’épisiotomie et la ventouse j’en avais entendu parler aussi. »
Mr. E : « On a plus eu des dialogues avec la sage-femme, des discussions et des explications. Elle nous expliquait que selon le déroulement de l’accouchement, si c’était nécessaire ils pourraient justement intervenir avec ces objets. »
Mr. F : « On nous avait parlé de tout ça (l’extraction instrumentale), qu’est ce qui est utilisé comme outil pour l’extraire. Une vision un peu globale de la chose.»
Analyse et discussion
Durant cette étude nous avons pu constater que les pères interrogés souhaitaient être présents auprès de leur conjointe pour la naissance de leur enfant. Cette décision semblait être prise de façon naturelle et la majorité de ces hommes ne semble pas s’être posée la question d’être présent ou non durant la naissance de leur enfant. Ceci concorde avec les études récentes qui ont mis en relief que les pères voulaient être de plus en plus présents durant la grossesse, le travail et l’accouchement (5,7). Ce choix était mené par le désir d’accompagner, de soutenir et d’aider leur conjointe dans l’effort que constitue cette naissance. Il ressort également de cette recherche que les pères ont le désir de rester auprès de la parturiente durant le geste d’aide instrumentale à la naissance. En effet, tous les participants ont exprimé le fait de ne pas vouloir sortir de la pièce au moment de cet acte et ce, même si la proposition leur était faite. On ressent également au cours des entretiens, que tout en étant présents, les pères ne veulent pas entraver le travail de l’équipe soignante autour d’eux. Certains hommes préféraient se mettre en retrait durant ce geste afin que les professionnels de santé puissent intervenir et se concentrer sur leur conjointe et leur enfant. L’objectif premier de cette recherche était d’observer le vécu des pères lors d’une extraction instrumentale. Le fait d’assister à cet accouchement dans ce contexte particulier implique pour eux de ressentir un large panel d’émotions, qu’elles soient positives ou négatives. Ces derniers ont notamment exprimé le sentiment d’urgence qu’ils percevaient au comportement des équipes de soins et à l’attention particulière qui leur était portée. Cette notion d’urgence a également été rapportée dans une autre étude concernant le vécu des pères d’une extraction par ventouse (12). Il a été mis en avant des ressentis tels que le stress ou la peur mais également la confiance, l’espoir et la joie. Ces résultats sont en accord avec les études publiées à ce sujet qui montraient que les pères étaient envahis par des émotions fortes et variées durant l’accouchement (5,10,12). Il faut également remarquer que les sentiments et les ressentis de leur conjointe ont une grande influence sur leur propre expérience. En effet, il semble s’avérer difficile pour eux de devoir faire face à l’angoisse et à la douleur de leur compagne. Plusieurs recherches sur les ressentis des pères pendant l’accouchement, qu’il soit avec aide instrumentale à la naissance ou non, montrent qu’il est très compliqué pour ces hommes d’être confrontés à la douleur de leur conjointe (6,7,12). Il était également important de comprendre les raisons du vécu de ces pères. Ceci permet d’appréhender leur expérience personnelle de cette naissance et d’améliorer notre pratique. Il apparaît alors que la communication et le comportement des professionnels de santé vis-à-vis de ces hommes impactent fortement leur vécu de cet accouchement (6). Différentes études ont montré que le dialogue mais aussi les gestes des soignants envers ces accompagnants étaient très important pour eux. En effet, de leur point de vue extérieur, il est aisé d’interpréter toute sorte de communication, qu’elle soit verbale ou non (7,12). Il est à remarquer qu’une réelle relation de confiance s’est installée entre les hommes interrogés et l’équipe soignante. Ces derniers ont pu faire remonter le professionnalisme, la bienveillance et le soutien des soignants à leur égard. De plus, l’ensemble des participants a considéré qu’une place leur était laissée au sein de la salle de naissance et qu’un rôle leur était donné. L’inclusion de ces pères dans le processus de la naissance a une emprise sur leur sentiment d’impuissance et de perte de contrôle durant l’accouchement. Leur implication dans les soins apportés à leur conjointe et leur enfant peut améliorer leur vécu de cette naissance. Il est également à noter que les informations et les explications qui leur sont fournies semblent avoir un fort impact sur leur expérience de cette naissance. En effet, durant les recherches préalables, nous avons pu montrer que les pères ne se sentaient pas assez préparés à ce qu’il pouvait se passer durant un accouchement, alors que le fait d’informer les pères peut réduire la mortalité maternelle et néonatale (9,10,16). Au sein de cette recherche, on peut mettre en lumière le fait que la majorité des pères avait connaissance de ce qu’est une aide instrumentale à la naissance, que ce soit grâce à la préparation à la naissance et à la parentalité ou à leur entourage familial et affectif. Cependant, on peut se demander si le fait d’avoir seulement connaissance de l’existence de cette procédure est une préparation suffisante pour les pères. Des renseignements complémentaires seraient peut-être nécessaires afin qu’ils se sentent prêts à être confrontés à cette situation d’urgence obstétricale.
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Table des matières
1. Introduction
2. Méthodologie
1. Méthode
A. Type d’étude
B. Lieu et durée de l’étude
C. Population
D. Critères d’inclusion
E. Critères d’exclusion
2. Mesures et procédures
A. Autorisations
B. Recueil des données
C. Grille d’entretien (Annexe 1 – Guide d’entretien)
D. Thèmes abordés
3. Analyse des données
A. Outils et logiciels
B. Grille d’analyse de contenu
3. Résultats
1. Entretiens réalisés
A. Caractéristiques des entretiens
B. Difficultés rencontrées
2. Le père durant l’accouchement
A. Souhaits du père
B. Place du père en salle de naissance
3. Emotions ressenties par le père
A. Emotions négatives
B. Emotions positives
C. Emotions vis-à-vis de sa conjointe
4. Accompagnement reçu
A. Impressions par rapport à l’équipe
B. Explications et informations reçues
4. Analyse et discussion
1. Biais
2. Points fort
3. Atteinte de l’objectif
5. Conclusion
6. Références bibliographiques
7. Annexes
8. Résumé
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