Variation du nombre d’espèces de mouches des fruits abritées par plantes hôtes

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Ethologie

Les mouches des fruits ont en générale une activité diurne. Leurs activités sont composées de cinq (5) grandes catégories selon Fletcher (1987): le repos, le vol, l’alimentation, l’accouplement et la ponte. Certaines activités sont dépendantes des rythmes circadiens internes et/ou de facteurs abiotiques tels la température ou l’intensité lumineuse (Kawai et Yoshihara, 1981; Smith, 1989). La nuit est réservée au repos, à l’abri sur des plantes supports, qui peuvent être ou non des plantes-hôtes (Fletcher, 1987). L’activité alimentaire culmine en générale dans la matinée. Les mouches des fruits se trouvent sur les plantes-hôtes pour la ponte et l’alimentation. Le reste du temps elles sont posées sur des plantes non hôtes aux abords de parcelles cultivées (Gilles, 2014). Les mouches effectuent donc régulièrement des déplacements entre les zones de ponte (plantes cultivées) et les zones périphériques (plantes non hôtes). Lorsque la vitesse du vent est importante, les mouches se réfugient dans le feuillage des plantes (Mille, 2010).

Impact économique des mouches des fruits

La famille des Tephritidae est la famille de Diptères économiquement la plus importante du fait des dégâts qu’elle cause aux cultures (ANSES, 2014). C’est l’un des principaux groupes d’insectes déprédateurs des arbres fruitiers cultivés en Afrique tropicale. Selon Morgante (1991), les dommages causés par les mouches des fruits sont à la fois culturaux, économiques et sociaux.
Dommages culturaux : Les fruits endommagés sont impropres à la consommation ou à la transformation industrielle (Figure 4); les fruits perdent leur valeur commerciale; les pertes peuvent atteindre 100%.
Les dommages économiques : Les vergers deviennent économiquement non rentables, ce qui conduit à des pertes d’investissement et à la faillite des producteurs. La commercialisation des fruits sur les marchés extérieurs devient impossible. Au niveau des zones infestées, les fruits n’atteignent pas des prix rentables sur les marchés intérieurs; le montant des taxes et droits perçus diminue.

Méthodes de lutte contre les mouches des fruits

Vu les dommages importants que causent les mouches des fruits, il importe d’assoir des moyens de lutte efficaces et en même temps respectueux de l’environnement. Plusieurs méthodes sont utilisées. Ces méthodes peuvent être de nature chimique, biologique, génétique, culturale, etc.
La lutte prophylactique ou les bonnes pratiques culturales consiste à maintenir une bonne hygiène au sein des vergers. Il s’agit de ramasser les fruits tombés sous les arbres fruitiers et de les sécher dans des sachets plastiques noirs fermés hermétiquement (Vayssières et al., 2009c). Ceci permet de tuer les œufs ou larves se trouvant à l’intérieur.
La technique d’élimination des mâles, la plus connue. Elle consiste à placer des pièges dans lesquelles on introduit un insecticide associé à une paraphéromone qui est un attractif sexuel spécifique aux mâles. Au Sénégal, le méthyl eugénol (paraphéromone) associé au malathion (insecticide) est utilisé pour le piégeage des mâles de Bactrocera dorsalis. Selon ANCAR (2013), les producteurs ayant utilisé cette technique ont déclaré avoir subi moins de dégâts que les années précédentes.
Le Fruit Fly Bait utilisé ou appât alimentaire utilisé en traitement foliaire, est un mélange comprenant des substances alimentaires et un insecticide à base de spinosad susceptible d’attirer et de tuer les mouches des fruits présentes dans la zone d’intervention. L’insecticide naturel spinosad est obtenu par fermentation d’une bactérie du sol, Saccharopolyspora spinosa. L’appât est composé d’eau et d’attractifs alimentaires (protéines, sucres, arômes de fruits…). La mouche adulte est attirée par l’appât qu’elle consomme jusqu’à satiété et meurt rapidement sous l’effet de l’insecticide (Vayssières, 2008).
Le traitement du sol avec l’utilisation de produits empêchant la phase de pupaison. Diouf (2018)a montré dans son mémoire que le traitement du sol avec des poudres de feuilles de Neem et de Ricin provoquent des dysfonctionnements dans le développement des larves et des pupes de Bactrocera dorsalis.
La lutte autocide ou Technique de l’Insecte Stérile (TIS) est une méthode de contrôle du ravageur utilisant des lâchers suffisamment importants d’insectes stériles pour réduire la fertilité de la population sauvage de la même espèce (Gilmore, 1989). Le but de cette technique est d’éradiquer l’espèce cible ou de maintenir une région indemne de l’insecte ravageur (Suppression). Dans le cas de la lutte contre les mouches des fruits, elle consiste à lâcher des mâles stériles qui s’accouplent avec des femelles sauvages. Ces dernières produisent des œufs non fécondés qui ne donneront pas de descendance.
La stratégie « push-pull » ou « stratégie stimulo-dissuasive » implique la manipulation comportementale des insectes ravageurs et/ou des auxiliaires. S’agissant des insectes ravageurs, cette technique consiste à réduire les populations sur la culture en utilisant des stimuli répulsifs ou dissuasifs (Push) ou qui masquent l’apparence de l’hôte et des stimuli très apparents et attrayants pour diriger les ravageurs vers des pièges ou des cultures pièges (Pull) où ils seront concentrés facilitant ainsi leur élimination (Cook et al., 2007).
La lutte biologique, avec la présence de prédateurs (fourmis, araignées) et de parasitoïdes dans les vergers, participe à réduire les populations de mouches des fruits. Les fourmis tisserandes Oecophylla longinoda présentes dans les manguiers et autres fruitiers peuvent réduire les dommages causés par les mouches des fruits grâce à la prédation des adultes et des larves de troisième stade, en plus de l’effet répulsif de la phéromone laissée sur le fruit empêchant les mouches de pondre (Adandonon et al., 2009).
L’utilisation d’entomopathogène est aussi un moyen prometteur dans le cadre de la lutte contre les mouches des fruits. Les spores du champignon Metarhizium acridum et la bactérie Beauveria bassiana causent la mortalité des mouches des fruits Ceratitis capitata, C. cosyra et Bactrocera dorsalis (Dimbi et al., 2003; Dosso, 2018).
Après récolte, le traitement des fruits à l’eau chaude ou à la vapeur permet d’éliminer les œufs et les larves sans altérer la qualité du fruit (Vayssières et Quilici, 2010). Le traitement à froid permet aussi d’éliminer les œufs des mouches des fruits. D’après Rachid et Ahmed (2018), au Maroc, pour supprimer les œufs de Ceratitis capitata au niveau des agrumes destinés à l’exportation, les fruits sont réfrigérés dans des températures comprises entre 0 et 2°c pendant 16 jours.
Ces techniques, prises individuellement, ne garantissent pas une parfaite réussite dans la lutte contre les mouches des fruits. Cependant une combinaison intelligente de méthodes dans un programme de gestion intégrée des ravageurs (IPM) pourrait être efficace (Sarwar, 2018).

Diversité des mouches des fruits en Afrique et au Sénégal

Il y a environ 950 espèces et 150 genres de mouches des fruits (Tephritidae) connus en Afrique. Autochtone pour la majeure partie, elles s’attaquent à de nombreux fruits et fleurs sauvages. La plupart des espèces d’importance économique appartiennent aux genres Ceratitis (95 espèces) et Dacus (195 espèces) (White & Goodger, 2009). Quelques espèces appartiennent à d’autres genres dont le plus important est Bactrocera Macquart. Proche de Dacus, le genre Bactrocera compte 11 espèces indigènes.
Aux espèces natives, s’ajoutent celles invasives qui se sont introduites avec l’entrée de fruits et de légumes à des fins commerciales ou personnelles (De Meyer et al., 2014). L’exemple le plus récent est celui de Bactrocera dorsalis en provenance d’Asie (Drew et al., 2005) qui constitue aujourd’hui l’un des plus grand problème phytosanitaire en Afrique de l’Ouest.
Au Sénégal, dans la zone des Niayes, Vayssières et al. (2011) ont identifiés 18 espèces de mouches des fruits appartenant aux genres Ceratitis (10), Dacus (6) et Bactrocera (2). Ces deux dernières, Bactrocera cucurbitae et B. dorsalis, sont reconnues comme des ravageurs de grande importance économique pour, respectivement, les Cucurbitaceae et les arbres fruitiers.

Plantes hôtes des mouches des fruits

Interactions mouches des fruits – plantes hôtes

Aluja et Mangan (2008) estiment que la désignation du statut d’hôte demeure complexe car nécessitant une approche systémique flexible capable de traiter de façon réaliste la variabilité mouche/ hôte/ environnement au cas par cas. Ils définissent ainsi trois statuts auxquels pourraient appartenir les différentes espèces de plantes : hôte naturel, hôte conditionnel, non hôte. L’hôte naturel est un fruit ou légume trouvé sans équivoque infesté dans des conditions naturelles, c’est à dire sans manipulation. L’hôte conditionnel est un hôte non infestée au champ mais qui peut être infestée par manipulation. Il est appelé aussi hôte potentiel ou artificiel.
Vayssières et al. (2009d) ont eux aussi essayé de classer les hôtes des mouches des fruits en tenant compte à la fois des caractéristiques écologiques (abondance du fruit-hôte, nombre de pupes par poids de fruit frais, la survie des larves…) et économiques (impact sur la production et sur la commercialisation…). Cette classification, selon les auteurs, reste relative. L’hôte primaire, très abondant, subit des dégâts très importants et permet le développement de populations très importantes de mouches des fruits ; l’hôte secondaire, abondant, subit des dégâts importants et permet le développement de populations importantes de mouches des fruits ; l’hôte tertiaire, relativement rare, subit des dégâts légers et permet le développement de faibles populations de mouches des fruits.
Selon les stratégies d’exploitation des ressources, Zwolfer (1983) identifie deux classes : les exploiteurs opportunistes, à large spectre de fruits pulpeux, multivoltins et très mobiles, présentant un potentiel de reproduction élevé, sans diapause, et une faible synchronisation entre l’émergence des adultes et la phénologie de la fructification de l’hôte (Anastrepha, Bactrocera et Ceratitis) ; les exploiteurs spécialisés de fruits pulpeux sont principalement univoltines, présentant de longues périodes de diapause dans le sol et une synchronisation étroite de leur émergence avec la phénologie fructifère de leurs hôtes (Rhagoletis).
En ce qui concerne le nombre d’hôtes, les mouches des fruits peuvent être classées dans les trois catégories suivantes: monophages, oligophages et polyphages. Selon May et Ahmad (1983) : les monophages, comme Bactrocera oleae, inféodée à l’Olivier (Olea europaea), se nourrissent strictement de plantes d’une seule espèce ; les oligophages, comme B. umbrosa (la mouche du fruit à pain des Moraceae), sont restreints à une seule famille de plantes ; les polyphages comme Ceratitis capitata (mouche méditerranéenne des fruits), qui s’attaque à plus de 300 espèces-hôtes sauvages ou cultivées, se nourrissent de plantes de diverses familles. Fletcher (1989) considère une quatrième catégorie, celle des insectes sténophages, qu’Aluja et Mangan (2008) définissent comme des espèces se nourrissant de plantes appartenant à un seul genre.

Plantes hôtes des mouches des fruits au Sénégal

Au Sénégal, diverses études traitant des plantes hôtes des mouches des fruits ont été menées.
Les travaux de Badji (1998) ont montré qu’au Sénégal les Cucurbitaceae sont ravagées principalement par trois espèces de Dacus : D. ciliatus, D. frontalis, D. vertebratus. La pastèque (Citrullus vulgaris) étant de loin le meilleur hôte avec une moyenne d’émergence de 435,25 pupes/12 fruits suivie du melon (Cucumis melo (melon)) avec 349,92 pupes/12 fruits et de la courgette (Cucurbita pepo) avec 254,45 pupes/12 fruits. Les autres hôtes cultivés (Cucumis sativus (concombre)), Cucurbita maxima (potiron), Lagenaria siceraria (calebasse), Luffa aegyptiaca (courge éponge), Momordica balsamina (margose)) hébergent en moyenne le même nombre de mouches.
Ndiaye et al. (2012) ont dressé un tableau des valeurs moyennes d’émergences des Tephritidae par plantes hôtes dans la zone des Niayes et sur le plateau de Thiès. Sur 41 espèces de fruits incubées, 36 ont été infestées de larves de mouches des fruits. Des espèces de mouches des fruits comme Bactrocera dorsalis, B. cucurbitae, Dacus spp, Ceratitis capitata, et C. cosyra ont été rencontrées sur plusieurs plantes hôtes se trouvant dans la zone des Niayes. L’étude réalisée par Ndiaye et al. (2012) a montré que l’espèce Bactrocera dorsalis s’attaque à 34 espèces de plantes réparties en 13 familles. Le jujubier (Ziziphus mauritiana var. gola), le badamier (Terminalia catappa), le goyavier (Psidium guajava), et le kumquat (Fortunella japonica) sont les plantes les plus infestées avec une valeur moyenne d’émergence de plus de 200 individus par Kg de fruits. Ceratitis cosyra a émergé des fruits du sapotillier (Achras sapota), du clémentinier (Citrus clementina), de Kedrostis hirtella, du manguier (Mangifera indica), du câprier Capparis tomentosa, du marula (Sclerocarya birrea) et du poirier du Cayor (Cordyla pinnata). Ceratitis capitata a émergé du piment (Capsicum annuum), de Capparis tomentosa, et de quelques citrus. Bactrocera cucurbitae et Dacus spp qui sont abondants au niveau des fleurs de Ziziphus mauritiana var gola ont émergé de Cucurbitaceae comme Kedrostis hirtella, la margose (Momordica balsamina), le concombre (Cucumis sativus) et la pastèque (Citrullus lanatus). Cependant d’autres espèces de Tephritidae ont émergé d’une seule plante hôte, c’est le cas de Ceratitis bremii Guerin-Meneville, Ceratitis punctata Wiedemann, Carpomya sp et Capparimiya bipustulata Bezzi, qui sont retrouvées respectivement sur Cordyla pinnata, Achras sapota, Ziziphus mauritiana var. gola et Capparis tomentosa.

Parasitoïdes des mouches des fruits

Les parasitoïdes des mouches des fruits sont des insectes appartenant à l’ordre des Hyménoptères dont les femelles pondent dans les œufs ou sur les premiers stades larvaires des mouches des 12
fruits. Le parasitoïde se développe à l’intérieur de l’hôte jusqu’à ce que ce dernier succombe (Waage et Greathead, 1992). Ces parasitoïdes sont utilisés dans la lutte biologique contre les mouches des fruits. Les parasitoïdes de la sous-famille des Opiinae (Braconidae) sont les plus utilisées dans la lutte biologique (Wharton et Gilstrap, 1983; Waterhouse et Norris, 1993; Billah et al., 2008).
Ndiaye et al. (2015b) ont réalisé une évaluation préliminaire des lâchers du parasitoïde Fopius arisanus Sonan (Hyménoptère, Braconidae) dans des plantations de manguiers en Casamance (Sénégal). Les résultats ont révélés que les populations de Bactrocera dorsalis ont été 1,6 à 2,5 fois supérieures dans le verger témoin par rapport aux vergers où F. arisanus a été lâché. Les fruits en provenance du verger témoin étaient également 5 à 6 fois plus infestés que ceux des vergers traités.
Au Sénégal, Sept espèces de parasitoïdes (toutes des Braconidae) ont été enregistrées et élevées à partir de six espèces de fruits par Vayssières et al., (2012) dans la zone Sud (Casamance).

Présentation de la zone et des sites d’étude

L’étude a été menée dans le département de Foundiougne, région de Fatick, appelée zone centre, située au sud-ouest du Bassin arachidier. La zone centre est la troisième zone de production de mangues au Sénégal après la Casamance et la zone des niayes (ASEPEX, 2016). La zone est sous un climat classé steppe sec et chaud par Köppen & Geiger (1936). Fatick affiche 27°c de température en moyenne sur toute l’année. Les pluies y sont faibles (611mm par an en moyenne). Le secteur agricole dans la région de Fatick reste dominé par la culture arachidière. Les principales cultures sont : le mil, l’arachide d’huilerie, le maïs, le sorgho et le riz (ANSD/SRSD, 2015). Il faut cependant souligner l’importance des cultures maraîchères et fruitières avec 2579 ménages agricoles pratiquant l’arboriculture fruitière dont 53,5% cultivent la mangue (ANSD, 2014).
Les piégeages ont été effectués dans huit vergers situés sur l’axe Sokone-Toubacouta-Karang (Figure 5). Les vergers sont essentiellement composés de manguiers. Chaque verger porte le nom de la localité où il se trouve (Tableau I).

Piégeage des mouches des fruits

Présentation des pièges et des attractifs

Pièges

Les pièges utilisés sont de type Tephri trap. Un piège Tephri trap est une boîte cylindrique en plastique ayant une base jaune opaque et un couvercle blanc translucide (Figure 6A). La partie jaune du piège comporte un large trou à la base et quatre petits trous latéraux proches du bord supérieurs (Figure 6B). Les trous permettent la diffusion de l’attractif et servent aussi d’entrée aux mouches.

Attractifs

Les attractifs spécifiques des mâles des Tephritidae sont des paraphéromones commerciaux (Figure 7). Quatre types d’attractifs ont été utilisés selon les espèces de mouches ciblées. Il s’agit du Méthyl eugénol (ME), du Cue lure H (CU), du Trimedlure (TM) et du Terpinyl acétate (TA).
Le Méthyle eugénol (ME) est un benzène, 1,2- dimethoxy -4-(2-propenyl) qui attire principalement les mâles de Bactrocera spp.
Le Cue lure H (CU), 4-(p-acetoxyphenyl)-2-butanone, attire les mâles de plusieurs espèces de Tephritidae appartenant aux genres Bactrocera et Dacus.
Le Trimedlure (TM), ter-butyl 4, (et 5),-chloro-2-methylcyclohexane-1-carboxylate, attire principalement les mâles des espèces du genre Ceratitis.
Le Terpinyl acétate, 2-(4-methylcyclohex-3-en-1-yl) propan-2-yl acetate, attire les mâles de Ceratitis Cosyra et de C. silvestrii.

Insecticide

Chaque piège contient une pastille d’insecticide, le DDVP (C4H7Cl2O4P ou phosphate de 2,2-dichloro- vinyle et de diméthyle) qui tue les mouches capturées (Figure 8).

Disposition des pièges

Le piégeage des mouches des fruits s’est fait sur environ 4 mois, du 28 octobre 2017 au 24 février 2018. Au niveau de chaque verger, seize (16) pièges ont été placés, suspendus à des manguiers (Figure 9). Les pièges étaient reliés à l’arbre par un fil métallique. Le fil est enduit de graisse solide au niveau de sa partie médiane en forme de spire afin d’éviter ou de limiter la prédation sur les captures (Vayssières et Sinzogan, 2008) (Figure 9). Les pièges étaient disposés à l’abri des rayons solaires en des endroits où le feuillage et les branchages ne faisaient pas obstacle à l’entrée des mouches. Ceci facilitait aussi le relevé des captures une fois par semaine. Le renouvellement des attractifs était mensuel.
A partir d’un pied de manguier situé vers le centre du verger, quatre points ont été situés suivant les directions Est, Ouest, Nord et Sud à égale distance du centre. Chaque point était constitué de cinq manguiers, un pied central et quatre autres pieds suivants les quatre points cardinaux sur lesquels étaient accrochés les pièges. Au niveau de chaque point, les pièges étaient orientés comme suit :  TA TM.
Les relevés des pièges sont effectués chaque semaine. Les mouches capturées sont prélevées, placées dans des sachets en plastique puis ramenées au laboratoire pour identification des espèces et comptage des individus.

Identification des espèces

L’identification et le comptage ont été faits au niveau du laboratoire de la DPV de Sokone. Les documents élaborés dans le cadre du projet régional de lutte contre les mouches des fruits (PLMF) et les travaux de Virgilio et al. (2014) ont été utilisés pour identifier les mouches. Du matériel de laboratoire nous a permis aussi de mener à bien cette activité (Figure 11). Une loupe binoculaire a permis d’observer en détail les différents caractères morphologiques des mouches grâce à un agrandissement des images (X20). Une boîte de Petri a été utilisée pour contenir les insectes à observer. Des pinces nous ont permis de manipuler délicatement les mouches. Les spécimens dont l’identification présente une ambiguïté ont été conservés dans des tubes contenant de l’alcool puis envoyés au laboratoire de zoologie agricole de la DPV à Dakar.

Incubation des fruits au laboratoire

L’incubation des fruits au laboratoire permet d’identifier les plantes hôtes et de détecter les espèces de mouches inféodées. Elle permet aussi la détection de parasitoïdes. Cette activité a été réalisée suivant un procédé bien défini. Elle commence d’abord par la collecte de fruits, puis l’incubation proprement dite et enfin l’extraction des pupes.

Collecte des échantillons de fruits

Les échantillons de fruits sont collectés dans les différents vergers pour les plantes cultivées et en dehors des vergers pour les fruits sauvages. Chaque échantillon est muni d’une étiquette comprenant la date de collecte, le nom du site, l’espèce fruitière, le nombre de fruits et le poids de l’échantillon (Vayssières et al., 2010). La taille des échantillons de fruits par plante dépend d’une part de la disponibilité de ces fruits sur le terrain et d’autre part de la masse du fruit.

Dynamique des populations de mouches des fruits

La dynamique des populations de mouches des fruits est l’évolution à travers le temps de la taille de ces populations.
Le suivi des populations de mouches des fruits dans les huit (8) vergers de manguiers de la zone Centre a montré que les espèces Bactrocera dorsalis, Bactrocera cucurbitae et Ceratitis silvestrii sont présentes tout au long de la période d’étude allant du 28 octobre 2017 au 24 février 2018. C’est l’espèce B. dorsalis qui est la plus importante de par ses variations d’effectifs au cours des semaines. Les espèces B. cucurbitae et B. dorsalis, bien que n’ayant pas les mêmes effectifs, ont des profils évolutifs presque identiques. D’octobre à février on remarque une tendance générale régressive des deux espèces. Dès les premières semaines, leurs effectifs culminent pour atteindre en début du mois de novembre plus de 3000 individus pour B. dorsalis et plus 500 individus pour B. cucurbitae. Entre mi-novembre et fin novembre la population de ces deux espèces de Tephritidae s’est réduite de moitié pour ensuite redoublée en début décembre. A partir de là, leurs populations connaissent une baisse notable. Le niveau de la population de B. dorsalis se rehausse légèrement entre fin décembre et début janvier alors que celui de B. cucurbitae reste plus ou moins stable. C’est dans la 2ème semaine du mois de janvier que l’on note une régression continue des effectifs des deux espèces jusqu’à la fin du mois de février. En mi-janvier, alors que le niveau des populations de B. dorsalis et de B. cucurbitae est en baisse, celui de Ceratitis silvestrii, faible au cours des premières semaines, augmente de façon exponentielle semaine après semaine. A partir du mois de février, la population de Ceratitis silvestrii devient plus importante que celles de B. dorsalis.
Les quatre autres espèces à savoir C. capitata, C. cosyra, C. ditissima et D. ciliatus présentent des évolutions séquencées. C. capitata est la plus fréquente avec huit apparitions au niveau des pièges entre début novembre et fin février. C. ditissima reste l’espèce la moins fréquente avec seulement une apparition à la fin de la 1ère quinzaine du mois de janvier (Figure 18).

Plantes hôtes des mouches des fruits

Diversité des plantes hôtes

Des onze espèces fruitières incubées au laboratoire (tableau II), sept seulement sont associées aux mouches des fruits dans la zone centre durant la période d’étude. Elles sont regroupées en quatre ordres (04), cinq (05) familles et cinq (05) genres (Tableau V).

Variation du nombre d’espèces de mouches des fruits abritées par plantes hôtes

La diversité spécifique des mouches des fruits a été étudiée pour chaque plante hôte. La figure 19 montre la composition spécifique des émergences suivant la plante hôte.
Bactrocera dorsalis et Bactrocera cucurbitae ont infesté à la fois plusieurs plantes hôtes. Les espèces attaquées par B. dorsalis sont Cucumis metulifer, Mangifera indica, Citrus sinensis et Citrus maxima. Ceci témoigne du caractère polyphage de l’espèce. B. cucurbitae a émergé de Cucumis metulifer et de Capsicum sp. Les mouches des fruits Dacus ciliatus et Carpomya incompleta sont retrouvées respectivement chez Cucumis sativus et Ziziphus mauritiana.

Niveau d’infestation des fruits suivis au laboratoire

Le niveau d’infestation est évalué en calculant le nombre de pupes obtenues par kg de fruits incubés pour chaque plantes hôtes. Le nombre de Tephritidae émergé des pupes par kg de fruits a aussi été calculé. La figure 20 montre le niveau d’infestation des plantes hôtes.
Capsicum sp est la plante hôte la plus infestée avec un niveau d’infestation de 1166,7 pupes/Kg de fruits et un niveau d’émergence de 500 Tephritidae/Kg de fruits. Rappelons que Capsicum sp a été attaqué par Bactrocera cucurbitae. Les plantes hôtes les moins infestées sont Cucumis metulifer et Citrus maxima avec des niveaux d’infestation respectifs de 1,1 pupes/Kg de fruits et 2,1 pupes/Kg de fruits. Citrus sinensis et Cucumis sativus sont au même niveau d’infestation avec environ 148 pupes/Kg de fruits mais diffèrent par rapport aux taux d’émergence très faible pour C. sinensis (2,9 Tephritidae/Kg) et assez élevé pour C. sativus (118 Tephritidae/Kg). La mangue M. indica a été infestée à un niveau de 162,9 pupes/Kg avec un taux d’émergence de 106,1 Tephritidae/Kg.

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Table des matières

Introduction
SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
1 Généralités sur les mouches des fruits
1.1 Systématique
1.2 Morphologie
1.3 Biologie
1.4 Ecologie
1.5 Ethologie
1.6 Impact économique des mouches des fruits
1.7 Méthodes de lutte contre les mouches des fruits
1.8 Diversité des mouches des fruits en Afrique et au Sénégal
2 Plantes hôtes des mouches des fruits
2.1 Interactions mouches des fruits – plantes hôtes
2.2 Plantes hôtes des mouches des fruits au Sénégal
3 Parasitoïdes des mouches des fruits
MATERIEL ET METHODES
1 Présentation de la zone et des sites d’étude
2 Piégeage des mouches des fruits
2.1 Présentation des pièges et des attractifs
2.1.1 Pièges
2.1.2 Attractifs
2.1.3 Insecticide
2.2 Disposition des pièges
2.3 Relevés des pièges
2.4 Identification des espèces
3 Incubation des fruits au laboratoire
3.1 Collecte des échantillons de fruits
3.2 Incubation des échantillons de fruits
3.3 Extraction des pupes
3.4 Calcul du niveau d’infestation
3.5 Calcul du taux de parasitisme
4 Analyses statistiques
RESULTATS
1 Inventaire des espèces de mouches des fruits détectées
2 Abondance des mouches des fruits
2.1 Abondance relatives des espèces de mouches des fruits
2.2 Abondance des mouches des fruits selon les attractifs
2.3 Abondance des mouches des fruits selon les vergers
3 Dynamique des populations de mouches des fruits
4 Plantes hôtes des mouches des fruits
4.1 Diversité des plantes hôtes
4.2 Variation du nombre d’espèces de mouches des fruits abritées par plantes hôtes
4.3 Niveau d’infestation des fruits suivis au laboratoire
4.4 Taux de parasitisme
DISCUSION
Conclusion
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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