Validation de la ligne de base

Validation de la ligne de base

Problématique

La maladie de Parkinson idiopathique, maladie neurologique dégénérative, progressive et chronique, est principalement caractérisée par des symptômes d’ordre moteur. Les quatre symptômes moteurs typiques de cette maladie sont des tremblements (principalement au repos), une rigidité musculaire2, des problèmes d’équilibre (ou une instabilité posturale) 3 et une bradykinésie4. Des symptômes moteurs secondaires peuvent également se manifester, parmi lesquels un trouble de la parole nommé dysarthrie hypokinétique (Adams et Jog, 2009; Archibald et coll., 2013; Blitzer et coll., 2011; Jankovic, 2008; Marsden, 1994). Selon les quelques études disponibles s’étant concentrées sur des aspects démographiques de la maladie de Parkinson (Hartelius et Svensson, 1994; Ho et coll., 1998; Logemann et coll., 1978; Müller et coll., 2001), de 70 % à 90 % des patients parkinsoniens présentent une dysarthrie hypokinétique. Celle-ci peut affecter les cinq aspects de la production de la parole, mais a davantage de conséquences sur la phonation, l’articulation et la prosodie que sur la respiration et la résonance (Duffy, 2013 : 171). Néanmoins, tel que le rapportent notamment Skodda et coll. (2012), avec le temps, l’articulation deviendrait l’une des composantes les plus affectées par la dysarthrie hypokinétique (la section 2.1.1 propose une description plus complète de cette dysarthrie), c’est pourquoi, dans l’optique de développer un traitement efficace qui amoindrirait entre autres les effets de cette altération sur l’intelligibilité de la parole, l’examen des conséquences articulatoires de ce trouble de la parole est essentiel. Plusieurs chercheurs se sont appliqués à distinguer acoustiquement l’articulation de locuteurs parkinsoniens dysarthriques de celle de locuteurs sains et ont souligné que l’atteinte articulatoire concerne les consonnes (Ackermann et Ziegler, 1991; Ackermann et coll., 1995), mais également les voyelles (Connor et coll., 1989; Flint et coll., 1992; Forrest et coll., 1989; McRae et coll., 2002; Rusz et coll., 2013; Skodda et coll., 2011, 2012; Tjaden et Wilding, 2004; Weismer et coll., 2001; Zwirner et Barnes, 1992).Sur le plan acoustique, chaque voyelle présente une signature spectrale constituée de formants, c’est-à-dire de groupes d’harmoniques amplifiés visibles sur un spectrogramme à bande large et dont les fréquences centrales sont proches des fréquences de résonance du conduit vocal pour une configuration articulatoire donnée. Parmi la masse de données disponibles lors de l’analyse acoustique d’un segment vocalique, l’approche traditionnelle préconise le relevé d’une seule estimation de la fréquence centrale des deux (ou trois) premiers formants (F1, F2 et F3) lorsque ces derniers sont stabilisés. F1 et F2 sont considérés respectivement comme les corrélats acoustiques des traits articulatoires de degré d’aperture de la cavité buccale (Delattre, 1948 : 482; Joos, 1948 : 57) et de degré d’antériorité de la masse linguale (Delattre, 1948 : 483; Joos, 1948 : 57) et F3 a entre autres été associé au degré d’arrondissement des lèvres, notamment dans les langues comme le français présentant des voyelles antérieures de même degré d’aperture, mais se distinguant par le trait d’arrondissement, comme /i/ et /y/ (Lindblom et Sundberg, 1971 : 1176; Schwartz et coll., 1993 : 422). Puisque les fréquences formantiques des voyelles ne sont relevées qu’à un seul instant durant leur déroulement temporel, les voyelles sont alors interprétées comme des cibles acoustiques statiques. Toutefois, selon certains chercheurs, dont Hillenbrand et coll. (1995 : 3099), extraire les mesures formantiques des voyelles en un seul instant de leur durée et ne fournir aucune information sur les changements spectraux observables en cours d’émission a pour conséquence une représentation acoustique incomplète.

 État de la question

Tel que mentionné au Chapitre 1, nous cherchons en premier lieu à décrire à l’aide d’un paradigme d’analyse qui tient compte de la dynamique spectrale la structure acoustique de voyelles produites par des patients atteints de la maladie de Parkinson idiopathique et présentant une dysarthrie hypokinétique (avant qu’ils suivent une thérapie et immédiatement après) de même que celles produites par des sujets sains. Nous souhaitons également déterminer si les caractéristiques acoustiques vocaliques de locuteurs parkinsoniens sont différentes immédiatement après qu’ils bénéficient d’un traitement et si les caractéristiques acoustiques dynamiques de sujets parkinsoniens se distinguent de celles de sujets normaux. En regard de ces objectifs, nous présenterons d’abord dans ce chapitre une description du parkinsonisme et de la maladie de Parkinson idiopathique. Puis, nous ferons le point sur l’état des connaissances concernant la dysarthrie hypokinétique des patients parkinsoniens : nous tenterons de préciser les composantes de la production de la parole pouvant être affectées par ce trouble moteur de la parole, ses traits perceptifs spécifiques, son moment d’apparition selon l’évolution de la maladie de Parkinson, la façon dont évoluent les aspects de la parole les plus atteints et les conséquences physiologiques et acoustiques de cette dysarthrie sur l’articulation des sons de la parole, plus particulièrement sur l’articulation des voyelles. Nous évoquerons ensuite les diverses options, soit chirurgicales, pharmacologiques ou orthophoniques, envisagées pour le traitement de la dysarthrie hypokinétique de patients parkinsoniens ainsi que leur efficacité, en insistant sur le Lee Silverman Voice Treatment (LSVT®), traitement orthophonique intensif prometteur. La deuxième section de ce chapitre sera consacrée aux résultats d’études acoustiques portant sur les paroles normales anglophone et francophone et ayant pris en compte la dynamique spectrale dans l’analyse acoustique de segments vocaliques. Enfin, dans la dernière section, nos hypothèses de travail seront formulées.

Efficacité des traitements chirurgicaux, pharmacologiques et orthophoniques Les symptômes moteurs typiques de la maladie de Parkinson peuvent être contrôlés et atténués grâce à des interventions chirurgicales cérébrales (thalamotomie, pallidectomie, stimulation cérébrale profonde, transplantation de cellules foetales, etc.) ou à des thérapies médicamenteuses (levodopa, agonistes dopaminergiques, inhibiteurs de L-Dopa décarboxylase, inhibiteurs de monoamine oxydase, médicaments anticholinergiques, etc.). Étant donné l’impact positif de certains traitements chirurgicaux ou pharmacologiques sur les symptômes moteurs des membres, des chercheurs ont voulu déterminer si ces derniers permettaient également de réduire les effets de la dysarthrie hypokinétique. Les prises en charge chirurgicales et pharmacologiques ne se sont toutefois pas révélées être aussi efficaces pour le traitement de la dysarthrie hypokinétique que pour le traitement des symptômes moteurs typiques. Certes, les procédures chirurgicales de pallidectomie et de stimulation cérébrale profonde ou l’administration de médicaments ont, chez certains patients, permis une amélioration de certains aspects de la production de la parole (phonation, modulation prosodique, articulation, contrôle et force orofaciale, intensité vocale, qualité de la voix, intelligibilité, débit de parole, etc.) (pour les chirurgies : Gentil et coll., 1999, 2003; Hammer et coll., 2010; Laitinen et coll., 1992; Pinto et coll., 2003, 2004; Santens et coll., 2003; Schulz et coll., 1999, 2000 et pour les médicaments : De Letter et coll., 2003, 2005, 2007; Gallena et coll., 2001; Ho et coll., 2008; Jiang et coll., 1999; Leanderson et coll., 1971; Mawdsley et Gamsu, 1971; Sanabria et coll., 2001; Spencer et coll., 2009; Wolfe et coll., 1975).

Cependant, l’amélioration n’était souvent que temporaire et les effets positifs pouvaient varier en fonction du moment dans le cycle de médication (pour les thérapies pharmacologiques) ou de l’endroit de la lésion ou de la stimulation (pour les interventions chirurgicales). Le stade de la maladie de Parkinson, la prise d’autres médicaments, les tâches à effectuer dans les diverses études, etc. étaient autant de facteurs susceptibles d’influencer les résultats (Schulz et Grant, 2000 : 69; Duffy 2013 : 426). D’autres études n’ont, quant à elles, relevé aucun changement positif marqué à la suite d’une prise en charge pharmacologique (Kompoliti et coll., 2000; Plowman-Prine et coll., 2009; Poluha et coll., 1998; Quaglieri et Celesia, 1977; Skodda et coll., 2010; Spencer et coll., 2009; Wang et coll., 2000) ou à la suite d’une intervention chirurgicale (même après une pallidectomie ou une stimulation cérébrale profonde) (Baker et coll.,1997; D’Alatri et coll., 2008; Hill et coll., 2003; Klostermann et coll., 2008; Rousseaux et coll., 2004; Santens et coll., 2003; Schulz et coll., 1999; Scott et coll., 1998; Tasker et coll., 1983; Theodoros et coll., 2000; Uitti et coll., 2000; Van Lancker Sidtis et coll., 2010). Les résultats de certaines études suggèrent même que les thérapies chirurgicales causent une détérioration de la sévérité de la dysarthrie ou de l’intelligibilité de la parole ou induisent des effets négatifs à long terme sur la parole et la voix (Gan et coll., 2007; Klostermann et coll., 2008; Krack et coll., 2003; Matsumoto et coll., 1976; Rodríguez-Oroz et coll., 2005; Rousseaux et coll., 2004; Schrag et coll., 1999; Schulz et coll., 2000; Scott et coll., 1998; Theodoros et coll., 2000; Tripoliti et coll., 2011; Uitti et coll., 2000). Pourquoi ces deux types de traitement entraînent-ils une telle diversité de réponses en ce qui a trait au contrôle moteur de la parole est une question qui reste en suspens.

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Table des matières

Résumé
Abstract
Table des matières
Liste des tableaux
Liste des figures
Liste des abréviations et des sigles
Remerciements
Introduction
Chapitre 1 Problématique et objectifs généraux
1.1 Problématique
1.2 Objectifs généraux
Chapitre 2 État de la question
2.1 Le parkinsonisme et la maladie de Parkinson idiopathique
2.1.1 La maladie de Parkinson idiopathique et la dysarthrie hypokinétique
2.1.2 Le traitement de la dysarthrie hypokinétique de patients parkinsoniens
2.1.2.1 Efficacité des traitements chirurgicaux, pharmacologiques et orthophoniques
2.1.2.2 Un traitement prometteur : le Lee Silverman Voice Treatment (LSVT®)
2.2 Analyse acoustique de la parole : la prise en compte de la dynamique spectrale
2.2.1 Études en anglais
2.2.2 Études en français
2.3 Synthèse et hypothèses de travail
Chapitre 3 Méthodologie
3.1 Populations à l’étude
3.1.1 Groupe expérimental
3.1.2 Groupe contrôle
3.2 Collecte de données
3.2.1 Tâche et corpus
3.2.2 Enregistrements
3.3 Analyse acoustique
3.4 Mesures de dispersion vocalique, du contraste et du mouvement formantique
3.5 Analyses statistiques
Chapitre 4 Résultats et analyses
4.1 Validation de la ligne de base
4.2 Portraits acoustiques dynamiques des productions des sujets du groupe expérimental avant et après traitement
4.2.1 Premier locuteur : PD1
4.2.1.1 Dispersion vocalique
4.2.1.2 Espace vocalique maximal
4.2.1.3 Mouvement formantique moyen
4.2.2 Deuxième locuteur : PD3
4.2.2.1 Dispersion vocalique
4.2.2.2 Espace vocalique maximal
4.2.2.3 Mouvement formantique moyen
4.2.3 Troisième locuteur : PD5
4.2.3.1 Dispersion vocalique
4.2.3.2 Espace vocalique maximal
4.2.3.3 Mouvement formantique moyen
4.2.4 Quatrième locuteur : PD6
4.2.4.1 Dispersion vocalique
4.2.4.2 Espace vocalique maximal
4.2.4.3 Mouvement formantique moyen
4.2.5 Cinquième locuteur : PD10
4.2.5.1 Dispersion vocalique
4.2.5.2 Espace vocalique maximal
4.2.5.3 Mouvement formantique moyen
4.2.6 Portrait général des cinq locuteurs parkinsoniens
4.3 Comparaisons entre les mesures avant traitement et celles après traitement du groupe expérimental
4.4 Portraits des sujets du groupe contrôle
4.4.1 Premier locuteur : SPD1
4.4.1.1 Dispersion vocalique
4.4.1.2 Espace vocalique maximal
4.4.1.3 Mouvement formantique moyen
4.4.2 Deuxième locuteur : SPD2
4.4.2.1 Dispersion vocalique
4.4.2.2 Espace vocalique maximal
4.4.2.3 Mouvement formantique moyen
4.4.3 Troisième locuteur : SPD3
4.4.3.1 Dispersion vocalique
4.4.3.2 Espace vocalique maximal
4.4.3.3 Mouvement formantique moyen
4.4.4 Portrait général des trois sujets sains
4.5 Comparaisons entre les mesures du groupe expérimental (avant traitement) et celles du groupe contrôle
Chapitre 5 Discussion et conclusion
5.1 Discussion
5.1.1 Comparaisons entre les mesures avant traitement et celles après traitement du groupe expérimental
5.1.2 Comparaisons entre les mesures du groupe expérimental et celles du groupe contrôle
5.1.3 Limites de l’étude et perspectives de recherche futures
Conclusions générales
Bibliographie
Annexe 1 Tableaux des caractéristiques des participants
Annexe 2 Tableaux complémentaires
Annexe 3 Figures complémentaires

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