Utilisations dans l’alimentation animale et effets sur la performance zootechnique 

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Techniques de production

La principale technique consiste à remplir des réservoirs avec le substrat, et quelquefois à les asperger régulièrement d’eau pour garder une humidité attirante pour les mouches. Ces récipients doivent être exposés à l’air libre au moins 2h pour permettre une colonisation par les mouches et peuvent être fermés ensuite ou rester ouverts (MENSAH et al., 2007). Ils peuvent être placés au sol ou suspendus mais doivent être mis à l’abri du vent, du soleil et de la pluie. Une variante de cette technique n’utilise pas de récipients, le substrat est directement étalé au sol (RAHELIMALALA, 1985; RAKOTONIRINA, 1990). Une autre variante est utilisée dans l’intégration de la gestion des déchets avec la pisciculture à Songhaï (Bénin). Cette deuxième variante consiste à utiliser un hangar dont le sol est lui-même façonné et divisé en sorte de réservoirs, et entouré de canaux remplis d’eau de façon à aboutir à une récolte automatique des asticots avant la pupaison. En effet, les asticots en fin de L3 cherchent à quitter le substrat et tombent dans le canal où l’eau les ramène directement aux poissons de l’étang (NZAMUJO, 1999).
Une autre technique, utilisée notamment pour le recyclage des déchets et pour une production industrielle des asticots consiste en un élevage des mouches adultes utilisées comme géniteur dans une cage (Figure 3) et en un digesteur qui comporte les asticots produits et le substrat à transformer. Les asticots sont alors placés dans les tiroirs d’un chariot qui contiennent les déchets (Figure 4). Dans cette technique, les conditions du local de production sont contrôlées : la photopériode de 12/12, température à 25±2°C pour les adultes et 24±2°C pour les asticots, humidité ambiante à 45-60% (ČICKOVA et al., 2012).

Constituants majeurs

La valeur bromatologique des asticots varie suivant les auteurs (Tableau 3). Le taux protéique rapporté présente une large variation de 47,1 à 63,99% de matière sèche. Cette variation est expliquée, selon Aniebo et Owen en 2010, par les méthodes de séchage (Tableau 2). Le taux de cendre varie entre 5,16 et 19,12% de la matière sèche.
Ces mêmes auteurs affirment, en s’appuyant sur les travaux d’ATTEH et d’OLOGBENLA en 1993 que la valeur bromatologique change avec l’âge des asticots (Tableau 1). Le taux de matière grasse est au plus haut lorsque l’asticot est plus près de la pupaison, alors que le taux de protéine est au plus bas. Cependant, l’influence de l’âge sur le taux de fibre est insignifiante même si celui-ci augmente avec l’âge (6,2-6,32 au 2ème jour, 7-7,1 au 4ème jour).
De même, la composition proximale de la farine d’asticot varie avec les méthodes de séchage utilisées (ANIEBO & OWEN, 2010). Le séchage au four réduit le taux de matière grasse et fait augmenter le taux de protéine. Cette variation est illustrée par le taux de matière grasse, au 4ème j des asticots, qui va de 25,3% pour ceux séchés au four à 29,7% pour ceux séchés au soleil. Pour la variation du taux protéique, elle est de 47,1% pour le séchage au four contre 42,3% pour le séchage au soleil.

Utilisations dans l’alimentation animale et effets sur la performance zootechnique

La plupart des essais ont été effectués avec des farines, c’est-à-dire des asticots séchés (au soleil ou au four). Mais quelquefois les études concernaient en l’utilisation d’asticots frais, en particulier pour les poules et coqs en élevage extensif (EKOUE & HADZI, 2000; DANKWA et al., 2002) et pour les poissons (MADU & UFODIKE, 2003 ; EBENSO ET UDO 2003 in MAKKAR 2014). Il y a eu quelques tentatives de dégraissage ou d’hydrolyse des asticots avant son incorporation dans l’alimentation des animaux (FASAKIN et al., 2003).
Une bonne partie des études menées consistaient en un remplacement par de la farine d’asticots des sources de protéines habituellement utilisées dans l’alimentation animale : farine de poissons (ATTEH & OLOGBENLA, 1993; DANKWA et al., 2000; TEGUIA et al., 2002; AJANI et al., 2004; OGUNJI et al., 2006; AGUNBIADE et al., 2007 ; DORDEVIC et al., 2008; ANIEBO et al., 2009 ; ADEWOLU et al., 2010; BOUAFOU et al., 2011; CAO et al., 2012 ; DENG et al., 2012; OKAH & ONWUJIARIRI, 2012 ; IDOWU & AFOLAYAN, 2013; PIETERSE et al., 2013 ; OGELLO et al., 2014; OKUBANJO et al., 2014; EKELEMU, 2015), farine de soja (PIETERSE et al., 2013; OSSEY et al., 2012) ou tourteau d’arachide (ADENIJI, 2007). D’autres études ont été faites pour une comparaison avec d’autres sources non conventionnelles de protéines : avec du fromage rapé (BRUCE et al., 2003), avec de la cervelle bovine (OSSEY et al., 2012), avec plusieurs larves d’insectes telles celles des lépidoptères Bombyx mori et Agrotis infusa, celles des hymenoptères Apis mellifera et Atta mexicana, celles des diptères Hermetia illucens et Copestylum ann, celles des coléoptères Rhyncophorus ferrugineus et Tenebrio molitor, celles des hemiptères Acantocephala declivis et Edessa petersii (FINKE, 2008). Les auteurs de ces expériences ont adopté à voix unanime la potentialité de la farine d’asticot de pouvoir être utilisée comme source de protéine, aussi bien dans l’alimentation des animaux aquatiques que dans celle des monogastriques terrestres.

Pour les volailles

 Elevage extensif: Les asticots vivants peuvent être un complément précieux pour l’alimentation des poulets en milieu rural. Au Ghana, la supplémentation avec 30-50 g/j/ individu d’asticots vivants a abouti, pour les poulets de la basse-cour, à une augmentation du taux de croissance (jusqu’au 5ème mois), de la taille de couvée (11,5±2,7 contre 9,5±1,14 pour les animaux non supplémentés), du poids des œufs (43,5±2,53 contre 33,6±2,72) et du taux d’éclosion (DANKWA et al., 2002). Ces résultats ont été semblables à ceux obtenus par BAMGBOSE en 1999 au Nigeria. Un test préliminaire similaire au Togo s’est également montré prometteur, car les poulets semblent apprécier les larves d’asticots en mouvement (EKOUE & HADZI, 2000).
 Poulet de chair: Des asticots vivants ou sous forme de farine ont été employés dans plusieurs études en vue de remplacer les sources habituelles de protéine, farine de poisson notamment, dans le régime alimentaire des poulets de chair. La plupart des essais indiquent que le remplacement partiel ou même total de la farine de poisson est possible, bien que le taux d’inclusion optimale soit généralement inférieur à 10 % dans l’alimentation (Tableau 14, Tableau 15, Tableau 16). Des taux plus élevés ont entraîné une plus faible consommation et une plus faible performance, peut-être en raison de la couleur noire de la farine, moins attrayante pour les poulets (Tableau 14) (Atteh & Ologbenla, 1993; Bamgbose, 1999).
Une autre raison évoquée est le déséquilibre probable du profil en acides aminés qui devient généralement significatif à des niveaux élevés d’inclusion.

Transmission de maladies

La mouche est connue comme vecteur d’agents pathogènes (WAHEED et al., 2014) et l’inclusion de la farine de ses larves dans les régimes alimentaires du bétail soulève des préoccupations sur la transmission des maladies. En particulier, il y a un risque lorsque des bactéries ou des champignons sont présents dans le substrat de production des asticots, car ils peuvent se retrouver dans la farine, surtout lorsque la qualité de stockage n’est pas assurée. Cependant, aucune contamination due à l’utilisation des asticots dans l’alimentation des volailles ou des poissons n’a été rapportée.
Des essais d’alimentation de la farine d’asticot ont été effectués au Côte d’Ivoire par BOUAFOU et al. en 2011. Ces essais ont démontré qu’aucune anomalie physiologique ni pathologique a été causé par la farine d’asticot sur les paramètres biochimiques plasmatiques des rats. Par contre, la biométrie des organes montre une diminution de 6,6% du poids des reins et une augmentation de 10,6% du poids des foies. Ce qui a laissé présagé une pathologie ou une perturbation de métabolisme nutritionnel de ces organes. Mais la même année 2011, PRETORIUS a démontré, en Afrique du Sud, à travers des essais sur des poulets de chair que la farine d’asticot ne cause aucune altération anatomique ou fonctionnelle des organes (foie, gésier, cœur, rate, et le reste du tractus digestif).
Au Nigeria, lors d’une investigation microbiologique, de la farine d’asticot stockée pendant 9 mois subissait des détériorations lorsque l’humidité qu’elle contenait a été élevée (23%). Il a été recommandé de procéder à un séchage de la farine d’asticot jusqu’à 4-5% d’humidité à afin de limiter les activités bactériennes. Après le traitement, un emballage mise en sac imperméable à l’eau est recommandé afin d’éviter l’absorption d’humidité (AWONIYI et al., 2004). Ces auteurs conseillent également l’utilisation d’un chauffage adéquat au cours du processus de séchage pour assurer la destruction de tout organisme pathogène présent dans les larves.
Pour les virus, WATSON et al. en 2007 ont démontré par une expérience menée avec le virus de la maladie de New Castle que les Musca domestica sont un faible vecteur de la maladie car ils ne peuvent emporter qu’une dose insignifiante de souches pour être pathogène. Au même titre, les résultats de CALIBEO-HAYES et al. en 2003 conduisent à une affirmation opposée pour le Turkey Coronavirus chez la dinde.
En conclusion, la farine d’asticot peut être perçue comme une matière première sûre et sans risque de maladies.

Valeur économique

En 2015, EKELEMU a fait une étude au Nigeria, comportant une analyse des coûts et des bénéfices obtenues pour la production de poissons chats hybrides suivant le taux de substitution de la farine de poisson par de la farine d’asticot dans la ration. Il a trouvé que le bénéfice est maximale à un taux de substitution de 50%. Ce taux permet de reduire à 65,83% le coût alimentaire des poissons alors qu’il constitue 50-60% du coût de production en aquaculture des poissons (WEBSTER 1999 in EKELEMU 2015). De même, en tilapiculture, la substitution de la farine de poisson par de la farine d’asticot à 50 et à 100% reduit le coût de production respectivement de 18% et de 28% (AJANI et al., 2004).
Selon le rapport de PRETORIUS en 2011, FASHINA-BOMBATA & BALOGUN ont effectué en 1997 une étude de comparaison du coût de production de la farine d’asticot avec celle de la farine de poisson. Ils ont trouvé que le coût lié à l’élevage, à la récolte et au traitement de la farine d’asticot est 20% moins cher que celui de la farine d’asticot pour la même quantité produite.
A Madagascar, RAKOTONIRINA a étudié en 1990 l’aspect économique de l’utilisation des asticots dans l’alimentation des poules pondeuses pour les petis et moyens élevage. Au cours de cette étude, il a prouvé que pour une même quantité de protéine brute obtenue, le coût de production d’asticots est de 73% moins élevé que celui de la farine de poisson. Ce qui permet un gain de 27% de bénéfice pour l’éleveur. Toutefois, la rentabilité de ce système de production protéique est dépendante du système de conduite de l’élevage (en claustration ou en divagation…), car il détermine la quantité de main d’œuvre nécessaire, et de la quantité et du prix des substrats de production (RAHELIMALALA, 1985).

Production des asticots

Le contenu de rumen frais a été récolté à l’abattoir de Fianarantsoa à 11 h du matin pour ensuite être transporté, dans des sacs en raphia, par un véhicule 4×4 Nissan à Iboaka (trajet 30 mn). Les animaux abattus le jour de collecte ont été des zébus malagasy venant du marché d’Ambalavao, zone appartenant à la région pastorale des hautes terres (RASAMBAINARIVO & RANAIVOARIVELO, 2003). L’alimentation de ces zébus a été vraisemblablement du pâturage naturel de graminées à dominance d’Aristida, Loudetia, Ctenium, Elionurus et Trachypogon (RASAMBAINARIVO & RANAIVOARIVELO, 2003).
A l’arrivée, chaque sac a été vidé et son contenu entassé au sol de dallage du local. Le local utilisé est un hangar abritant habituellement une fosse de compostage. Puis, ce substrat a été reparti en 30 tas coniques de 10 kg chacun en prélevant, à l’aide d’un bidon dont le haut a été tranché, à partir du tas initial (Figure 8). Le bidon a été taré d’avance sur une balance CAMRY de portée 10kg, précision 100g (Figure 8). Puis, le contenu de rumen a été versé progressivement dans le bidon jusqu’à ce qu’il atteigne 10kg (Figure 8). Après, le contenu du bidon a été renversé au sol et façonné de façon à avoir une forme de cône.

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Table des matières

Partie I : Etude bibliographique sur la biologie, la production et l’utilisation des asticots en zootechnie
I- Les mouches
1) Position taxonomique
2) Biologie
a) Cycle de vie
b) Facteurs d’attraction
 Odeurs
 Attraction intraspécifique
 Substances
 Lumière
 Autres facteurs
c) Nutrition
d) Reproduction
 Ordures ménagères et sous-produits industriels
 Excréments d’animaux
II- Les asticots
1) Production et récoltes
a) Substrats utilisés
b) Techniques de production
c) Productivité
d) Récolte
2) Valeurs nutritionnelles
a) Constituants majeurs
b) Eléments minéraux
c) Acides aminés
d) Acides gras
3) Utilisations dans l’alimentation animale et effets sur la performance zootechnique
a) Pour les poissons
 Poissons chats
 Tilapia du Nil
 Carpe
 Carpe noire
b) Pour les crustacées
 Crevette à pattes blanches
 Crevette charnue
c) Pour les volailles
 Elevage extensif
 Poulet de chair
 Poules pondeuses
 Dindes
 Lapins
d) Pour les porcs
4) Transmission de maladies
5) Valeur économique
Partie II : Production d’asticots à partir du contenu de rumen frais
I- Matériels et méthodes
1) Site d’expérimentation
2) Production des asticots
3) Paramètres étudiés
a) Températures
b) pH
c) Poids du substrat
d) Densité numérique journalière
e) Taille des asticots
f) Poids frais des asticots
g) Taux de matière sèche
h) Taux de Matière organique
i) Stades de développement
j) Espèces des mouches
II- Résultats
1) Evolution du substrat
a) Température
b) pH
c) Poids
2) Evolution de la densité numérique journalière
3) Evolution de la taille des asticots
4) Evolution de la production d’asticots
5) Evolution du taux de matière sèche
6) Evolution du taux de matière organique
7) Durée du stade asticot
8) Mouches identifiées
III- Discussion
1) Mouches identifiées
2) Evolution du substrat
a) Température
b) pH
c) Poids
3) Evolution de la densité numérique journalière
4) Evolution de la taille des asticots
5) Evolution de la production d’asticots
6) Evolution du taux de matière sèche et du taux de matière organique
7) Durée du stade asticot
Conclusion
Bibliographie

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