Utilisation de l’imagerie mentale dans la pratique

Fonctionnement de l’imagerie mentale

Le principe de l’IM se base sur le fait que le contrôle moteur et les étapes de la simulation motrice sont fonctionnellement équivalents (Gabbard, 2015). Rulleau et Toussaint (2014) décrivent le principe de la théorie de la simulation dans leur article L’imagerie motrice en rééducation. Pour chaque action, deux phases se succèdent : l’anticipation et l’exécution. La première phase, l’anticipation, est une phase invisible. Elle contient le but de l’action, sa signification et l’analyse de ses conséquences sur l’organisme et le monde extérieur. La seconde phase, l’exécution, est quant à elle visible, puisqu’il s’agit de la réalisation de l’action. L’amélioration de la performance suite à la pratique d’IM repose sur la similarité entre la simulation et l’exécution d’actions d’un point de vue structurel et fonctionnel. Les auteurs précisent encore que « cette dernière [pratique mentale] activerait les aires spécifiques du mouvement et permettrait de construire des associations parmi les processus impliqués dans la motricité ». Ainsi l’IM induit des modifications au niveau cortical favorisant la réalisation et l’efficience d’un mouvement.

Grâce à l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), les chercheurs peuvent mettre en évidence les aires cérébrales stimulées. Plusieurs études utilisant l’IRMf indiquent que l’IM, tout comme l’observation des mouvements d’une autre personne, met en évidence les aires cérébrales qui sont aussi activées durant le mouvement. Ces zones sont le cortex moteur primaire (M1), le cortex prémoteur (M2), le cortex pariétal, l’aire motrice supplémentaire et le cervelet (Guillot & Collet, 2010). D’autres études ont mis en évidence une corrélation entre l’IM et la pratique physique. Le système nerveux autonome aurait des réponses similaires entre les mouvements réels et imaginés. En effet, l’activité électrodermale, thermo-vasculaire et cardio-respiratoire augmentent en prévision des besoins énergétiques qui seront fournis par l’organisme pour la création du mouvement. Lors de tests de marche, des auteurs ont évalué la chronométrie mentale, c’est-à-dire qu’ils ont comparé le temps de marche réel et le temps de marche imaginé pour une certaine distance. Ils ont pu en déduire que la représentation sensorimotrice de l’IM et de la pratique physique correspondent entre elles (Rulleau & Toussaint, 2014).

Utilisation de l’imagerie mentale dans la pratique

L’IM compte plusieurs avantages : elle est peu coûteuse, relativement sûre, accessible et a déjà fait ses preuves dans de nombreux domaines (Braun et al., 2013 ; Hwang et al., 2010). Dans le domaine thérapeutique, cette méthode est utilisée principalement en réhabilitation neurologique, surtout pour les patients hémiplégiques. L’une des ressources clés du rétablissement des capacités motrices après un accident vasculaire cérébral (AVC) est que l’IM stimule les chemins synaptiques qui ne sont plus actifs ou lésés après l’accident (Gabbard, 2015). Dans une revue systématique, trois études randomisées contrôlées (RCT) avec des participants hémiplégiques ont montré des effets positifs d’un traitement physiothérapeutique conventionnel associé à de l’IM, comparé à un traitement conventionnel seul. Une étude montre une amélioration significative des activités, tandis que deux autres études n’obtiennent pas de résultat significatif (Zimmermann-Schlatter, Schuster, Puhan, Siekierka, & Steurer, 2008). Une méta-analyse récente a regroupé des études sur l’hémiplégie, la maladie de Parkinson et la sclérose en plaques (Braun et al., 2013). Pour les patients ayant subi un AVC ou souffrant de la maladie de Parkinson, les auteurs rapportent notamment des résultats significatifs sur les activités quotidiennes et la fonctionnalité des bras.

Ils obtiennent des effets positifs de l’IM sur les capacités cognitives en général, sur l’attention et la concentration, ainsi que sur l’habilité et la mobilité des membres supérieurs. Toujours chez des patients hémiplégiques, un entraînement de physiothérapie conventionnel combiné avec de l’IM apporte de meilleurs résultats sur l’équilibre et la marche qu’un entraînement seul (Cho, Kim, & Lee, 2013). En outre, un programme à domicile d’IM a également été testé. Les résultats montrent une augmentation de 40 % de la vitesse de la marche (Dunsky, Dickstein, Marcovitz, Levy, & Deutsch, 2008). La thérapie miroir est l’une des formes d’IM les plus utilisées en physiothérapie. Dans une étude avec des patients amputés souffrant de douleurs fantômes, tous les participants ont constaté une diminution de la douleur grâce à un entraînement quotidien de 15 minutes (Chan et al., 2007). L’IM permet aussde diminuer les douleurs neuropathiques chez les lésés médullaires (Duperrex & Schläppy, 2014) et les patients atteints du syndrome douloureux régional complexe (SDRC) (Moseley, 2012). Chez les sportifs comme chez les musiciens, l’IM permet d’accroitre les performances pendant l’entraînement ou de répéter mentalement avant la compétition (Lotze & Halsband, 2006).

Les athlètes blessés l’utilisent de différentes manières : premièrement pour continuer d’entraîner leurs compétences ou habilités pendant le temps de guérison. Deuxièmement ils s’en servent à but motivationnel : s’imaginer dans leur sport en bonne santé leur permet d’affronter l’étape difficile de la blessure. Troisièmement, l’IM leur permet de « marchander » avec la douleur et de la rendre plus supportable (Driediger, Hall, & Callow, 2006). 1.3 Imagerie mentale et l’équilibre Nous citons à présent des études qui reprennent le thème de l’IM et de la stabilité, dans un premier temps dynamique, puis statique. L’IM améliore l’équilibre et le contrôle postural chez les patients hémiplégiques (Hosseini, Fallahpour, Sayadi, Gharib, & Haghgoo, 2012). Pour des traitements de 45 minutes, un groupe a reçu une thérapie conventionnelle, tandis que l’autre groupe a reçu 30 minutes de thérapie conventionnelle et 15 minutes d’IM. Après cinq semaines, le groupe ayant eu de l’IM en plus de la thérapie habituelle obtient un résultat significatif au Timed Up and Go test (TUG). Comme déjà cité, Dunsky et al. (2008) ont élaboré un programme à domicile pour des personnes hémiplégiques. Les participants ont eu trois fois par semaine 15 minutes d’entraînement imaginé de marche. La séance était supervisée par un physiothérapeute.

Deux mesures ont été prises : les paramètres spatio-temporels et cinématiques de la marche ainsi que des tests fonctionnels de marche. Les résultats ont montré une augmentation significative de la vitesse, de la longueur des pas, de leur symétrie, ainsi qu’une meilleure amplitude du genou parétique. Les habiletés fonctionnelles et motrices se sont également améliorées significativement. Une autre étude avec des patients ayant eu un AVC met également en évidence une amélioration significative. Les résultats du Functional Reach Test, du TUG, du 10-m Walk Test et du Fugl-Meyer assessment sont nettement supérieurs chez le groupe ayant eu de l’IM en plus de la thérapie habituelle par rapport au groupe contrôle (Cho et al., 2013). D’autres auteurs ont remarqué qu’un entraînement cognitivo-moteur se basant sur le dual-task améliorait la stabilité locale dynamique lors de la marche chez les personnes âgées. Pour cela, les auteurs ont comparé sur six mois un programme d’exercices pour la santé et un programme de danse, qui liait l’entraînement physique et l’entraînement mental en retenant les chorégraphies. Les deux groupes se sont améliorés mais seul le groupe de danse a obtenu un résultat significatif (Hamacher, Hamacher, Rehfeld, & Schega, 2015). L’équilibre statique a également été évalué dans différentes études. Après six semaines, les auteurs d’une RCT ont obtenu des résultats significatifs qui concernaient les oscillations posturales, l’attention ainsi que le temps de réaction (Hamel & Lajoie, 2005).

Test de marche

Nous avons évalué la stabilité dynamique locale à l’aide d’un accéléromètre mesurant les LyE. Ces derniers mesurent les mouvements dans trois différents plans : vertical, médio-latéral et antéro-postérieur. Ils estiment le niveau de perturbation ou chaos qui existe dans un système dynamique (Hilfiker et al., 2013). Les LyE ont également été utilisés dans de nombreuses études sur la marche, par exemple chez les personnes âgées (Buzzi, Stergiou, Kurz, Hageman, & Heidel, 2003 ; Hamacher et al., 2015) ou pour comparer la stabilité des genoux avant et après une opération due à une gonarthrose (Yakhdani et al., 2010). Il existe deux différentes mesures pour les LyE : les short et les long term LyE. Les short term LyE montrent le facteur de risque de chute, car ils mesurent les réactions aux petites perturbations, ce que ne font pas les long term LyE (Roos & Dingwell, 2011). Nous avons donc utilisé les short term LyE. Riva, Bisi et Stagni (2014) ont démontré qu’il fallait un nombre de pas supérieur à 140 pour obtenir un résultat fiable, c’est pourquoi nous avons choisi une distance de 180 mètres.

L’accéléromètre a été posé directement sur la peau entre les vertèbres L3 et L4 et a été fixé avec une bande élastique au-dessus des habits. Nous avons choisi la hauteur de L3-L4 par rapport aux recherches de Gouelle (2011), qui affirme que, comme le centre de masse se situe environ au niveau de L3 en situation de repos, celle-ci est la plus adéquate pour les mesures. De plus, vu que L3 se situe à la hauteur des crêtes iliaques, cela nous a permis des mesures plus reproductibles (Chakraverty, Pynsent, & Isaacs, 2007). L’accéléromètre utilisé dans notre étude mesure 3.3 x 4.6 x 1.5 cm et pèse 10 g (ActiGraph wGT3X-BT). Nous avons utilisé une fréquence d’échantillonnage de 100 Hz. Pour le test de marche, les participants ont marché six fois le long d’un couloir de 30 mètres à leur rythme habituel, avec l’accéléromètre posé sur leur colonne vertébrale lombaire. Ils devaient faire une pause de cinq secondes après chaque changement de direction afin de permettre une meilleure distinction des accélérations lors de l’analyse des données. Pendant ce test, nous avons également mesuré leur vitesse de marche. Les tests ont toujours été réalisés par au moins l’une de nous deux. L’étude a été effectuée dans l’ancienne clinique de réadaptation neurologique de Loèche-les-Bains qui offre un couloir adapté à notre étude. En effet, celui-ci a une surface plane d’environ 35 mètres.

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Table des matières

1. Introduction
1.1 Imagerie mentale
1.1.1 Définition
1.1.2 Fonctionnement de l’imagerie mentale
1.1.3 Utilisation de l’imagerie mentale dans la pratique
1.2 Risque de chute et équilibre
1.3 Imagerie mentale et l’équilibre
1.4 Problématique
2. Méthode
2.1 Premières démarches
2.2 Objectifs
2.3 Design
2.4 Échantillon
2.5 Intervention
2.5.1 Description des exercices
2.5.2 Modalités d’évaluation de l’IM
2.5.2.1 Évaluation des capacités d’IM
2.5.2.2 Test de marche
2.5.3 Description de la procédure de l’étude
2.5.4 Risque de biais
2.6 Outcomes
2.7 Critères de faisabilité
2.8 Méthode statistique
2.9 Aspects éthiques
3. Résultats
3.1 Description de l’échantillon
3.2 Outcome principal : faisabilité
3.2.1 Faisabilité méthodologique
3.2.1.1 Questionnaire
3.2.1.2 Remarques et problèmes rencontrés
3.2.2 Compliance
3.2.3 Faisabilité des coûts
3.2.4 Faisabilité temporelle
3.3 Outcome secondaire : efficacité
4. Discussion
4.1 Interprétation des résultats
4.1.1 Faisabilité
4.1.2 Efficacité
4.2 Limitations
4.2.1 Participants
4.2.2 Risque de biais
4.2.3 Fiabilité de l’accéléromètre
4.2.4 Période de wash-out et carry-over effect
4.2.5 Pistes d’amélioration
4.2.5.1 Réalisation des exercices
4.2.5.2 Planification temporelle des tests
4.2.5.3 Procédure de l’étude
4.3 Forces
4.4 Comparaisons avec la littérature
4.5 Implication dans la pratique physiothérapeutique
4.6 Implication pour des recherches futures
5. Conclusion
6. Références bibliographiques
7. Listes des tableaux
8. Listes des figures
9. Annexes
[I] Instructions écrites et exercices d’IM
[II] Document de collecte des données avec les trois sessions de tests et le questionnaire final
[III] Informations aux participants et consentement éclairé

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