Urbanisme des campus de Nantes et de Rennes

L’état de l’université au lendemain de la Seconde Guerre mondiale

En France

Après la Seconde Guerre mondiale, les universités françaises restaient encore organisées sur le plan de celles construites au XIXème siècle, voire sur celles de structures bien plus anciennes, remontant parfois jusqu’au XIIIème siècle pour Paris. Ces universités étaient caractérisées par un héritage dit « latin »8, opposé au modèle anglo-saxon, qui voyait les locaux des universités intégrés au tissus urbain des villes, bien souvent en centre-ville ou en proche périphérie. Toutefois, des problèmes commençaient déjà à surgir, liés notamment à la démographie étudiante. En effet, si les locaux du XIXème siècle avaient été surdimensionnés dès le départ et restaient confortables avant la guerre, ils vont très vite devenir insuffisants au sortir du conflit pour deux raisons qui seront détaillées ci-après.
Avant toute chose, ces bâtiments résultent d’un héritage administratif que nous allons relater ici. Structurellement, les universités d’avant 1950 ne sont pas les institutions et entités organisées telles que nous les connaissons à l’heure actuelle. On parle alors de facultés, Nées de la volonté de Napoléon, qui ne sont pas nécessairement regroupées au sein d’une université (aussi bien l’institution que le bâtiment), mais sont bien souvent placées sous la tutelle d’un doyen et du recteur d’académie. Ce système puise son origine au Siècle des Lumières, où les humanistes et les officiels désavouent les universités, respectivement parce qu’elles sont prisonnières d’enseignements eux-mêmes reliquats des universités médiévales et parce qu’elles peuvent être des foyers d’idéaux antimonarchistes. C’est pourquoi, jusqu’à la Révolution française, les universités nationales vont stagner et prodiguer des enseignements dépassés. Elles seront totalement supprimées par la Convention du 15 septembre 1793. Seules persisteront quelques écoles parisiennes (Collège de France, l’École Nationale des Mines, l’École Polytechnique etc.), et quelques facultés de médecines ressuscitées, notamment à Montpellier. Les universités survivront alors sous forme d’écoles municipales ou départementales, toujours dénommées facultés, mais avec une fréquentation nettement moindre que par le passé. Plus élitistes, elles se mettront à accueillir de jeunes bourgeois et « oisifs »venus parfaire une culture « mondaine ». La recherche est alors quasiment inexistante jusqu’en 1860, époque où Napoléon III essaiera de les réformer en autorisant à nouveau le regroupement des facultés au sein de véritables structures universitaires, avec une « diversification, une expansion et une professionnalisation » de l’enseignement supérieur. Cette réforme est motivée par la concurrence avec l’Allemagne, alors en avance dans bien des domaines sur le plan universitaire. Cela se traduit par des budgets accrus (d’un peu plus de 7 000 000 de francs en 1875 on passe à 23 200 000 en 1913). Une politique de modernisation, via la construction de nouveaux locaux plus modernes dans beaucoup de villes de province (par les municipalités) et à Paris avec la nouvelle Sorbonne (1901), oeuvre de l’architecte Nénot. La formation des cadres pour l’administration explique également ces investissements massifs. En effet, la politique menée sous la seconde République, puis l’Empire a besoin de cadres compétents, en nombre suffisant pour couvrir le territoire. Cette politique mène à une absence de diversité sociale, en effet c’est majoritairement des enfants issus de la bourgeoisie marchande qui accèdent à l’université, vois des enfants d’anciennes familles nobles. À Toulouse, pour reprendre l’exemple de Jacques Verger, seuls 3 % des étudiants en droit sont issus de familles d’ouvriers.
Quant aux locaux des anciennes universités et écoles, ces différentes institutions étaient logées dans des bâtiments situés en centre-ville, mais souvent vétustes, récupérés sur les biens du clergé pour la révolution française. D’autres institutions, comme la Sorbonne, se verront dotées de nouveaux locaux datant de la fin du XIXème, début XXéme siècle. C’est également le cas dans de nombreuses villes de province, profitant du despotisme éclairé de l’État. Mais, comme nous le signalions plus haut, ces locaux sont alors trop spacieux pour l’usage qui devait en être fait. Le prestige de l’Empire puis celui de la République devaient être rehaussés par le gigantisme de ces édifices, suffisants pour accueillir une population d’étudiants alors anecdotique mais cependant en légère augmentation. Il faudra attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale et les effets du baby boom pour que le nombre d’étudiants augmente de manière vertigineuse.
Il convient à présent de faire un rapide état des lieux institutionnel du monde universitaire français après la seconde guerre mondiale.
Avant la création du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche en 1993, les universités sont totalement intégrées au ministère de l’Éducation national (MEN). Elles dépendent donc du recteur, garant du MEN pour l’académie qu’il administre. Cependant les universités ne sont alors que de petites structures censées regrouper les facultés, plus puissantes et plus renommées qu’elles. En France ces dernières sont quasiment autonomes et ne dialoguaient que très peu entre-elles avant cette reconstruction. Il existe déjà une forte scission entre les sciences dures et les sciences humaines. Toutefois, elles doivent rendre compte au président du Conseil d’université, nommé parmi les doyens des facultés. Parfois le recteur occupait ce poste, ce qui engendrait une certaine confusion entre la mission du recteur et celle du président du Conseil.
Pour ce qui est des constructions universitaires, elles commencent à être prises en compte par les pouvoirs publics avec la loi-cadre du 7 août 1957. Cette loi qui matérialise l’engagement de l’État à poursuivre les constructions de logements et d’équipements en France, à Paris et en région, va permettre d’apporter des réponses aux facultés qui souhaitent s’étendre, notamment en quittant les centre-villes devenus trop étroits. On notera l’importance de la création du campus de Saclay en 1947, où sera installé le Centre d’Étude Atomique. Ce site se veut influencé par les campus américains, qui ont marqué les scientifiques exilés aux États-Unis au cours de la Seconde Guerre mondiale.
C’est sans doute sous leur influence que le ministère de la Reconstruction et de l’urbanisme décide de donner au site de Saclay une organisation similaire. C’est le début de la construction de campus de tradition anglo-saxonne, voulus de la sorte par l’État pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, les centre-villes sont saturés et il est très difficile d’y construire de nouveaux bâtiments : souvent le tissus urbain est très resserré et composé d’édifices anciens, ce qui impliquerait des destructions importantes. Et lorsque des nouveaux quartiers sont réaménagés ce n’est pas pour autant que les facultés y trouvent leur place.
On peut tout de même noter l’exception que constitue le site de Jussieu (arch. Édouard Albert, 1962-1972, inachevé) pour l’université de Paris – futur campus des Universités Paris VI et Paris VII, aujourd’hui réservé à l’université Pierre et Marie Curie – qui vient prendre la place des anciennes halles aux vins de la capitale. Le campus de Caen, c’est également une exception car le site est implanté à proximité du centre-ville lors de l’élaboration du projet de reconstruction. Généralement, l’administration choisit de regrouper les facultés et de les implanter en périphérie des centres urbains. C’est le cas de Dijon, de Grenoble, de Nantes, de Rennes ainsi que de nombreuses universités Parisiennes.
Par ailleurs, l’explosion de la démographie étudiante entraîne la saturation des locaux.
Le pic de natalité survenu à l’issue de la guerre (le baby boom), a pour effet d’accroître l’exode rural tout en menaçant d’engorger les établissements d’enseignement supérieurs. Par exemple, l’académie de Bretagne, regroupant alors sept départements (jusqu’en 1962), voit sa population étudiante passer de 1 609 en 1900 à 11 618 en 196023. La France entière suit le même schéma, le nombre d’étudiants ne fait que croître, passant de 148 000 étudiants en 1956 à 340 000 étudiants en 1965 et 761 000 en 1975. L’État va donc tenter d’anticiper cette explosion démographique en proposant des locaux plus vastes.
Le coût est donc la troisième cause du choix des campus pour les universités françaises.
En effet, les terrains étant chers et rares en centre-ville, ce sont des terrains périphériques qui seront mis à disposition du ministère afin de construire ces nouvelles universités. La taille des locaux est aussi dimensionnée en fonction des équipements universitaires (comme à Saclay, le premier campus projeté en France). Les outils nécessaires à la recherche sont alors parfois gigantesques et nécessitent des locaux adaptés. Cela va engendrer, subséquemment, une forte demande auprès des professions du BTP, et le ministère de l’Éducation nationale va tenter de mettre en place des modèles et des règles afin de limiter le coût de constructions.
Le dernier grand intérêt pour cette délocalisation hors des centres-villes est de regrouper toutes les facultés sur un même site. Ceci permet par la même occasion de concentrer les services aux étudiants, tels que les cités universitaires et les restaurants, dans une logique de démocratisation de l’enseignement supérieur. Cette politique doit notamment favoriser les enfants d’ouvriers qui n’ont pas forcément les finances nécessaires pour louer des appartements en ville et faire le trajet jusqu’au campus. Ces terrains sont néanmoins moins bien desservis, ce qui va créer des tensions au sein de la communauté universitaire, en particulier avec Nantes et Rennes, qui ne souhaite pas abandonner le confort d’un emplacement en central. Toutefois, nous pouvons noter quelques exceptions : plusieurs écoles de médecine, comme celle de Nantes, sera ainsi transformée en faculté en 1961 (arch. Michel Roux-Spitz, ca. 1957), à proximité du CHR, construit simultanément. C’est aussi le cas de la faculté de droit de l’université de Rennes (arch. Raymond Cornon, 1961-1963) qui va rester en centre-ville. Cette décision date d’avant la construction des campus de Villejean et de Beaulieu, qui s’est effectuée dans une relative urgence au vu de l’insalubrité des anciens locaux. Elle a été permise grâce à l’anticipation de la ville qui possédait des terrains inaffectés.

À Nantes

Pour décrire les locaux occupés par l’université de Nantes et plus largement par l’enseignement supérieur à Nantes, nous avons choisi un classement chronologique (Fig. 1) et non pas uniquement disciplinaire. Deux méthodes différentes ont été utilisées pour expliquer la répartition des anciens locaux de Rennes et de Nantes. Les sources relatives aux écoles de Nantes permettent un classement chronologique de l’apparition et de la disparition des institutions ainsi que de leur localisation dans la ville, tandis qu’à Rennes les sources permettent un classement par institution.
L’université de Nantes est créée en 1460 par la bulle du pape Pie II sous François II de Bretagne. L’enseignement étant majoritairement donné par le corps religieux de la ville, il se situait dans des édifices catholiques, notamment dans la chapelle de l’Oratoire. Au XVIIème siècle, on y donnait les cours de théologie qui composaient alors la majorité de l’enseignement universitaire avant le Siècle des Lumières. Le droit canon et civil est enseigné au couvent des Carmes, au nord de l’église Sainte-Croix, avant son transfert à Rennes en 1735, signant ainsi la fin de l’université à Nantes.
Entre 1720 et 1729, le maire Gérard Mellier ne semblait pas s’intéresser à l’université, et aux écoles (notamment celle d’hydrographie) qui gravitaient autour et souhaitait la voir transférée à Rennes, laissant ainsi à Nantes le monopole du commerce au détriment de l’enseignement.
Mais ce commerce entraîne une nouvelle catégorie professionnelle à Nantes, que sont les chirurgiens et les médecins. En effet, la présence d’un chirurgien était alors obligatoire à bord de tous les navires marchands. Cette législation est à l’origine de la création de l’école de chirurgie en 1741, qui changera régulièrement de lieu jusqu’à s’installer, en 1793, à l’Hôtel-Dieu (emplacement actuel du CHU, sur l’île Gloriette).
Ces bâtiments resteront en place jusqu’à la Révolution, à partir de laquelle des « initiatives locales » prennent le relais des universités de l’Ancien Régime. Les premières écoles nantaises font leur apparition et inscrivent la ville dans un mouvement de recherche important. La ville va en effet clairement s’orienter vers l’enseignement en ingénierie et en sciences dures. Cette prise de position des élus commence avec M. Giraud, maire en 1792, qui prendra des décisions en faveur d’un enseignement inspiré de la philosophie des Lumières. Cette volonté politique anti-monarchique va entraîner la création de l’École Centrale quatre ans plus tard, sous le mandat de Gilbert Beaufranchet. Cette dernière remplacera l’équivalent nantais de l’Institut National, mis en place sous le mandat Noyer en septembre 1792. Mais l‘École disparaît dès 1806, sans doute par manque de moyens et d’usagers.
Parallèlement, un Institut départemental des arts et des sciences fait son apparition. Il fait figure d’académie à Nantes, ville qui en est alors dépourvue. De nombreux professeurs y enseignent et le nombre d’élèves, de fait, augmente. Les domaines sont regroupés en trois classes : physiques et mathématiques pour la première, sciences morales et politiques pour la deuxième, littératures et beaux-arts pour la dernière. Ces classes se substituent aux facultés de l’université de Nantes qui n’existent alors plus. Il faudra attendre 1961 pour qu’une université renaisse à Nantes avec ses facultés propres.
Au XIXème siècle, la ville de Nantes connaît un deuxième souffle qui relance la création d’écoles, création qui avait débutée au XVIIIème siècle. La ville va attirer une élite qui prendra une large part aux affaires publiques. L’exemple Arsène Leloup (1803-1876)36, qui deviendra même maire de la ville, est révélateur de cette tendance. Fusionnée avec l’École de la marine marchande et militaire, l’École hydrographique, notamment, est réformée pour mieux correspondre aux principes de l’enseignement du XIXème siècle. Elle est aussi une sorte de lien entre l’ancien et le nouveau système. On peut citer l’École polytechnique ainsi que les écoles préparatoires aux sciences et à la médecine, qui vont permettre aux étudiants de Nantes d’accéder à l’université, qui se trouve alors à Rennes. Plusieurs facteurs vont initier des réflexions sur l’implantation d’une université à Nantes dès les années 1870 . En premier lieu, la perte de l’Alsace-Lorraine oblige la France à recréer ces universités dans la limite des nouvelles frontières. Les facultés de médecines et pharmacie sont donc rapatrié et Nantes se porte candidate pour les accueillir, toutefois c’est Montpellier et Paris qui vont accueillir les étudiants ne souhaitant pas rester à Strasbourg. Cependant, ils n’obtiendront pas satisfaction, et le réseau d’écoles restera inchangé jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.
Les bombardements de 1943 qui ravageront la ville de Nantes vont d’ailleurs gravement endommager les locaux de plusieurs écoles, notamment celle de médecine, de droit, commerce et lettres. Ces bombardements entraîneront la dispersion des cours dans des locaux provisoires (l’hôpital Saint-Jacques pour la médecine, le Palais de justice pour le droit…). En 1947 est organisée une exposition universitaire dans le palais du Champ-de-Mars. Celle-ci présente les différentes écoles implantées à Nantes et leur évolution dans le temps. Des élèves de l’école d’architecture nouvellement créée proposent une cité universitaire et un campus au sud de l’Île Beaulieu pour accueillir les écoles sinistrées (Fig. 2).
Louis XV le 1er octobre 1735 que cette faculté est ainsi transférée à Rennes, dans une salle de l’Hôtel de Ville puis au parlement de Bretagne.
Le plan Hévin nous informe précisément des différents lieux occupés par la faculté : en 1750, elle sera transférée dans une salle donnant sur le cloître des Cordeliers et, à partir de 1793, les cours seront dispensés dans la chapelle de la Congrégation. Il faudra attendre 1810 et la création de la faculté par l’académie de Rennes pour que l’enseignement soit encadré.
La faculté des lettres de Rennes, et plus généralement les facultés littéraires, sont considérées comme « inférieures »48 jusqu’à la Révolution française et ne se voient dotées que d’une seule salle dans l’Hôtel de Ville. Il faudra attendre la construction du palais universitaire en 1855 pour qu’elles bénéficient de locaux plus adaptés à l’enseignement.
De plus, les cours ne sont pas donnés à des étudiants, mais à des curieux et personnes qui veulent briller en société, ce qui contribue sensiblement à dégrader l’image des filières littéraires.
Les facultés de médecine et de pharmacie ayant été supprimées le 18 aout 1792 en France, ce sont des enseignements privés qui vont faire office de formation dans ces domaines jusqu’en 1803. On assistera alors à la création de l’école départementale de Médecine. Dans un premier temps, les cours seront assurés directement chez les professeurs. Puis, rapidement, ils seront délocalisés à l’hospice Saint-Yves, au deuxième étage des tours de la Cathédrale et dans l’Église Saint-Étienne où ils perdureront jusqu’en 1871.
Pour ce qui est de la faculté des sciences, elle était, comme les autres facultés, intégrée à l’Hôtel de Ville avec différentes salles qui lui étaient allouées. C’est à partir de 1855 que la faculté scientifique prendra une importance considérable dans la ville de Rennes.
Le Plan de la ville imprimé par Oberthür nous renseigne sur l’emplacement de l’institution de droit au XIXème siècle, qui continue d’investir le Palais de justice et la mairie. On y voit aussi l’emplacement de la faculté des lettres, gérée par la municipalité, et des sciences, toutes présentes dans l’Hôtel de Ville depuis 1839. Malgré l’exigüité des locaux, la plupart des cours continueront de se dérouler dans ce lieu jusqu’à la construction du Palais Universitaire et même au-delà.
En 1854, la construction du Palais Universitaire (architecte V. Boullé, 1854) permet le transfert de ces trois facultés dans un même lieu, sur les quais désormais dénommés « quais de l’université ». On y trouve également les classes préparatoires de médecine et de pharmacie qui donnent accès aux écoles éponymes, ainsi que les collections de peintures, sculptures et des curiosités appartenant à la ville comme c’était souvent la tradition au XIXème siècle. En effet, l’art et les collections d’antiquités et de curiosités étaient souvent associés aux universités, utilisées comme des supports de cours. Il s’agit donc d’un véritable lieu dédié au savoir et à la recherche que s’offre la ville de Rennes avec le concours de l’État et du département.
Cependant, les locaux du Palais universitaire sont rapidement saturés. Il est donc décidé la construction d’un Palais des Sciences (arch. Jean-Baptise Martenot, 1883) face au Palais universitaire (qui conservera la faculté des lettres). Il ouvre ses portes en 1888 et, à son tour, se révèlera rapidement insuffisant suite à l’apparition de nouvelles disciplines. Par exemple, au début du XXème siècle, le département de biologie voit ses besoins en surface exploser. La ville de Rennes décide alors son transfert dans l’ancien archevêché de la ville, juxtaposé à l’église Saint-Melaine, partagé avec la faculté de droit. Le Palais des Sciences est agrandi par l’architecte de la ville, Yves Lemoine, en 1953 (Quai Dujardin). Aujourd’hui, ces locaux abritent l’inspection académique.
Par la suite, différents bâtiments seront construits entre les deux guerres, notamment à proximité de la faculté Pasteur, pour pallier le manque de place. On voit ainsi la création d’édifices pour les instituts (établissements de recherche rattachés à une faculté), en particulier celui de géologie qui est construit rue du Thabor en 1939, également par Yves Lemoine.
La faculté de médecine et de pharmacie est elle aussi rapidement à l’étroit dans le Palais des Sciences. Il est alors décidé de construire un nouvel amphithéâtre à l’angle du Boulevard Laënnec et Dupont-des-Loges. Commencé par l’architecte Martenot, les travaux se poursuivent en 1894 avec Emmanuel Le Ray (1859-1936), et c’est seulement en 1950, après des destructions partielles liées aux bombardements, qu’Yves Lemoine termine l’édifice.
Pour ce qui est de la faculté des lettres, elle se voit attribuer l’ancien couvent des Cordeliers, devenu Grand Séminaire au début du XIXème siècle, en plus du Palais Universitaire. Le bâtiment que l’on connait aujourd’hui date de 1856 et est pensé par Henri Labrouste. À l’heure actuelle, il est occupé par la faculté de sciences économiques et sociales.
La faculté de droit, quant à elle, est transférée dans l’ancien archevêché où elle y restera jusqu’à la construction de la faculté actuelle (1964), avenue Jean Guehénno, par Raymond Cornon et Louis Arretche. C’est donc au milieu du XIXème siècle que Rennes devient une véritable ville universitaire. Avant cette date l’université qui existait n’avait donc qu’un rôle administratif mineur au vu des prérogatives dont étaient dotés les facultés. L’université de Rennes existait surtout pour signaler la présence de ces facultés. Au final ça ne sera pas une, mais deux universités qui seront créées en 1969, Rennes 1 regroupera les UER en sciences dites dures et Rennes 2 regroupe les UER de sciences humaines et sociales.

La démographie étudiante, cause du bouleversement de l’université en France

Les années qui suivent la fin de la guerre présentent le taux de natalité le plus fort qu’ait jamais connu le pays (Fig. 4). Cela va se répercute sur la population étudiante, qui va elle aussi connaîtra un bond spectaculaire quelques années après, à partir de 1962.

Les grands projets des années 1950

Réforme de l’enseignement universitaire

La période de 1950 est assez mal documentée du point de vue des réformes universitaires. Pourtant, le cadre dans lequel évoluaient alors les facultés est bouleversé par plusieurs décisions politiques visant à relancer la recherche et faire bénéficier à l’ensemble de la population d’une amélioration du système éducatif. Ces décisions font suite à un constat simple, celui que la manière d’enseigner héritée du XIXème siècle ne convient plus. En effet, il y a désormais une concurrence à l’échelle mondiale, dominée en particulier par les États-Unis d’Amérique : la France, et dans une plus large mesure, les pays européens, n’ont plus le monopole de l’excellence dans le monde de la recherche.
La nouvelle politique voulue par le gouvernement s’oriente selon deux axes : un investissement massif dans de nouveaux locaux, avec la mise en place d’un dialogue entre l’État, les municipalités, les départements et les facultés, et un renouvellement du système d’enseignement qui apporte la modernité nécessaire pour concurrencer les universités américaines.
Ce renouvellement passe par différentes lois imaginées par des personnalités gravitant autour du ministère de l’Éducation nationale : on peut citer celles mises en oeuvre par Max Querrien (1921-) proposant l’abandon d’un système issu des lois napoléoniennes. Jusqu’alors, les facultés ne faisaient que fournir des jurés pour l’évaluation du baccalauréat dans le secondaire – elles n’avaient d’ailleurs pas vocation à être des institutions de recherche. Ce rôle était dévolu aux écoles et facultés à partir de la thèse de doctorat.
La nouvelle organisation va donc faire table rase de ce système daté, et propose, après l’école primaire (gérée par les municipalités), le collège (géré par les départements) et les lycées, qui préparent désormais au baccalauréat (géré par les départements puis les nouvelles régions en 1964 ou par l’État), une première année dite de propédeutique. Elle consiste en une mise à niveau et une préparation au monde de la recherche en université, elle est suivie de trois années qui permettent d’obtenir une maîtrise. Avec une année supplémentaire, l’étudiant obtient un master qui lui permet de poursuivre en thèse de doctorat.
Ce découpage est lui-même accompagné d’une refonte de l’offre universitaire, avec l’apparition de nouvelles matières et une répartition entre écoles et facultés. On trouve toujours les quatre grandes disciplines des sciences, lettres (et sciences humaines depuis 1957), droit (et sciences économiques depuis 1957), et médecine. Par ailleurs, on observe une densification du maillage du territoire, de sorte que chaque étudiant potentiel peut avoir accès à l’enseignement qui lui correspond. Ainsi seront créés de nombreux départements dans les grandes villes universitaires, souvent sur des initiatives d’enseignants.

Des constructions nouvelles, quelques exemples de complexes universitaires en France

Au sortir de la guerre, le gouvernement engage donc un grand plan de modernisation des structures universitaires. Cela va mener à quelques expériences, notamment autour de Paris, aussi bien dans la conception des locaux que dans l’enseignement. Le campus scientifique situé sur le plateau de Saclay, campus phare de la recherche nucléaire française, fait figure d’exemple. Il est actuellement au centre des préoccupations des élus avec son agrandissement prévu pour l’échéance 202460.
En plus de moderniser les infrastructures de la recherche française, ce campus, comme d’autres, participe à la réflexion sur « la politique d’aménagement »61 des périphéries des villes. Cet abandon des métropoles pose aussi la question de l’accueil de ces nouveaux sites dans des villes relativement modestes en comparaison de l’extrême diversité de services (librairies, logements, bars…) disponibles dans le quartier Latin de Paris. Saclay et Orsay comptent respectivement moins de 2 000 habitants et un peu plus de 5 000 habitants en 1950, contre près de 4 000 et 16 000 chacune actuellement.

La place de l’État : expérimentation, normalisation et réglementation

Depuis les premiers grands projets de reconstruction débutés sous le régime de Vichy, L’État se veut l’instigateur et le gérant de la construction et de la reconstruction en France. Cette volonté passe par différents ministères dont l’origine remonte au ministère de la Reconstruction et de l’urbanisme (1944-1954) pour devenir le ministère de la Construction (1958-1962). Au sortir de la guerre, des plans triennaux sont mis en place afin de programmer les grandes orientations économiques du pays dans des domaines tels que la construction, l’énergie et l’industrie. Chaque ministère a donc des objectifs à atteindre pour relancer la croissance et faire entrer la France dans la modernité de cette deuxième moitié du XXème siècle. En ce qui concerne les universités et en général les constructions scolaires, le MRU, puis le ministère de la Construction, délègue l’édification de nouveaux complexes scolaires et universitaires directement au ministère de l’Éducation ou à son équivalent (ce dernier changera plusieurs fois de nom au cours de la chronologie que nous étudions). C’est donc la Direction de la construction scolaire, universitaire et sportive (DCSUS) qui hérite du budget lié à la construction des nouvelles écoles, collèges, lycées, universités mais aussi des piscines et autres infrastructures sportives.

L’administration

L’administration mise en place sous le MRU consiste en une hiérarchisation des compétences sous forme d’une structure pyramidale avec, à son sommet, le ministre, puis les rapporteurs du ministre, les délégués départementaux et leurs services. Cette organisation hiérarchique sera reprise par le ministère de l’Éducation nationale. L’État, représenté par le ministre, accompagné d’experts, choisira des lieux où la construction de nouvelles facultés apparaît le plus judicieux. Pour cela, comme exposé précédemment, plusieurs facteurs sont pris en compte, notamment la croissance démographique et le potentiel industriel de la ville ou de la région. Ensuite, la décision est notifiée au recteur de l’académie, représentant du ministère dans la région choisie, qui doit alors mettre en place avec les équipes enseignantes représentées par les doyens un programme pédagogique.
Ces actions seront supervisées par un délégué départemental voire par le recteur de l’académie. Le concours conception-construction intervient alors pour définir le cahier des charges du ministère, à l’image des chantiers d’expériences du MRU. 483 équipes d’architectes et d’entreprises y participent.
Le but de ce concours est de rechercher des solutions de construction associant l’ensemble des corps d’état, dans une technique coordonnée, et qui présenteraient sur le plan de la qualité, de l’économie et de la rapidité de mise en oeuvre, des avantages indiscutables par rapport aux réalisations selon le mode traditionnel Architecte des Bâtiments civils et palais nationaux, du ministère de l’Éducation nationale, des Postes et de la SNCF, Louis Arretche, malgré le fait qu’il est nommé directement par le ministère pour les missions de Rennes et de Nantes, présente tout de même trois équipes au concours. S’il souhaite concourir, c’est sans doute car il estime pouvoir proposer des solutions qu’il a déjà pu expérimenter sur les campus dont il a eu la conception en charge. C’est également le cas de l’équipe Candilis, Josic et Woods qui y participe trois fois et a ainsi pu mener des réflexions architecturales lors des concours de l’université de Berlin ou de Zurich.

 

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Table des matières

Liste des abréviations utilisées
Introduction
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION DES CAMPUS EN FRANCE
1 L’état de l’université au lendemain de la Seconde Guerre mondiale
2 La place de l’État : expérimentation, normalisation et réglementation
CHAPITRE 2 : URBANISME DES CAMPUS DE NANTES ET DE RENNES
1 Urbanisme et lien avec la ville
2 Urbanisme des campus
CHAPITRE 3 : L’ARCHITECTURE DES CAMPUS, ENTRE ORIGINALITÉ ET RÉCURRENCE
1 Avant-projets et projets finaux, état des lieux des modifications de la composition des campus
2 Composition des sites
3 Les façades et la préfabrication
Conclusion
Bibliographie
Sources

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