UNE TENTATIVE DE DÉFINITION DE SOI 

UNE TENTATIVE DE DÉFINITION DE SOI 

UNE TENTATIVE DE DÉFINITION DE SOI

Dans ce chapitre servant d’introduction à notre démarche, il sera entre autres question de la tentative de définition de soi que l’on peut observer principalement à l’intérieur de l’ouverture et de l’avant-propos des Pérégrinations d’une paria.
Nous tenterons ainsi d’amorcer une réflexion en rapport avec l’émergence du sujet paria qui constitue le point de départ d’une volonté de reconstruction identitaire par l’entremise du récit de voyage. Cependant, avant d’entrer dans l’analyse de cette conception de soi, nous étudierons le contexte qui a servi d’incubateur à cette définition. Dans la première partie de ce chapitre, nous nous intéresserons donc plus particulièrement aux propos de l’auteure en lien avec les idées issues de la première moitié du XIXe siècle. Une grande part de notre réflexion consistera ici à faire un parallèle avec les religions nouvelles qui ont fait leur apparition dans cette période d’instabilité. Nous serons ainsi en mesure de bien circonscrire l’œuvre dans son contexte de production. En second lieu, nous nous pencherons sur le processus d’interpellation qui prédétermine la conception de soi. En fait, comme nous pourrons l’observer dans la deuxième partie de ce chapitre, le « Je » ne peut se définir qu’en tenant compte du contexte dont il est issu et de l’interpellation qui contribue à sa reconnaissance. En partant de cette hypothèse largement inspirée des ouvrages de Judith Butler Le récit de soi et Le pouvoir des mots, politique du performatif nous serons en mesure d’identifier le contexte qui a contribué à la reconnaissance de la femme en tant que sujet paria. Enfin, dans la troisième et dernière partie de ce chapitre, nous analyserons le discours de Flora Tristan dans l’avant-propos en ce qui a trait à l’identification idéologique, fonction qui lui permet de se définir en tant que sujet paria et qui engendre chez elle une volonté de dépasser cette condition. Les facteurs qui contribuent à la reconnaissance de la femme et son rapport à l’idéologie dominante y seront brièvement traités.
Il est ici question de l’idéologie dominante qui, selon Althusser, se réalise dans les Appareils Idéologiques d’État tant en France qu’au Pérou dans le récit. Ayant comme objectif d’assurer la reproduction des rapports de productions, l’idéologie dominante exerce son emprise sur les classes dominées en interpellant « les individus concrets en sujet concrets ». Cette opération vise la reconnaissance idéologique du sujet par lui-même et garantit son assujettissement au Sujet (il peut s’agir ici de Dieu dans l’idéologie religieuse ou du juge dans l’idéologie juridique).

Le contexte de production de l’œuvre

Profondément ancré dans son époque de création, le récit des Pérégrinations d’une paria constitue un témoignage intimiste et vivant du monde et des valeurs de la première moitié du XIXe siècle. Produit entre 1833 et 1836, les Pérégrinations d’une paria se situent dans une période excessivement prolifique d’un point de vue littéraire; les courants se succèdent à la vitesse des changements qui s’opèrent dans la société. L’individu se retrouve au premier plan des préoccupations esthétiques. Dans cette première moitié du XIXe siècle, le mouvement romantique, encouragé par les changements de régime, met en scène un individualisme exacerbé tiraillé entre l’introspection lyrique et l’observation du monde environnant prenant parfois la forme d’un engagement humanitaire. Dans ces conditions, l’écriture devient instrument de compensation. Que ce soit par le biais du roman, du théâtre ou de genres plus intimistes tels que la poésie et le mémoire, la plume devient un prolongement de l’âme, une sorte de miroir introspectif. Le « Je » est mis à l’avant-plan et il devient témoin privilégié d’une société, d’une époque. Cherchant à trouver sa place dans le monde, il tente de se définir en lien avec le contexte qui contribue à son émergence. Pendant cette période, deux générations d’artistes, avec des préoccupations bien différentes, apparaissent en France: d’un côté les défenseurs de l’art pour l’art que l’on connaît sous le nom de la bohème et de l’autre leurs aînés, dont la démarche est imprégnée d’une mission civilisatrice, comme Hugo, Sand et Lamartine. Le discours tenu par Flora Tristan à l’intérieur de l’ouverture des Pérégrinations d’une paria ne fait pas exception à cette quête d’un idéal par le biais de l’écriture.
l’appréciation de nous-même est le préalable nécessaire au développement de nos facultés intellectuelles; si le progrès individuel est proportionné au développement et à l’application que reçoivent ces mêmes facultés, il est incontestable que les ouvrages les plus utiles aux hommes sont ceux qui les aident dans l’étude d’eux-mêmes, en leur faisant voir l’individu dans les diverses positions de l’existence sociale?
Cette glorification de l’écriture comme instrument de progrès social est très caractéristique de cette première génération d’écrivains romantiques. Dans ce passage, l’auteure fait référence au mémoire. Selon elle, les ouvrages de ce genre ont le pouvoir de tracer la voie du progrès. Dans cette optique, l’écriture se voit investie d’un rôle politique, voire même propagandiste. L’écrivain devient le porteparole d’une génération, le témoin d’une époque. Selon Milner et Pichois, les romantiques de 1830 « puisent dans l’événement, dont ils célèbrent tous l’importance, même lorsqu’il les amène à rompre de vieilles solidarités, une conscience accrue de leurs responsabilités et la volonté d’influer sur le cours de l’histoire ». En fait, cette mission sociale dans laquelle se trouve investi l’écrivain n’est pas étrangère à la nouvelle conception de la religion qui émerge de cette période. Déçu par le catholicisme orthodoxe qui fut grandement ébranlé par la Révolution et les idées philosophiques du XVIIIe siècle, l’esprit des romantiques s’est forgé à l’intérieur d’une religion nouvelle fortement imprégnée de primitivisme. Les routes empruntées pour atteindre les sources d’une vérité primitive pullulent en cette période qui voit apparaître une myriade de nouveaux prophètes. Parmi les plus influents, nous retrouvons le capitaine Bernard et ses disciples de Swedenborg ainsi que Mickiewicz et Towianski. Les croyances messianiques constituent le pivot central de la bonne parole prêchée par les porteétendards de ces sectes qui exercent une influence grandissante à Paris et ses environs. Le recours aux sciences occultes et à l’ésotérisme devient pour plusieurs la voie privilégiée pour atteindre la vérité. Dans le passage suivant de l’ouverture des Pérégrinations, l’attitude christique dont sont teintés les propos de Flora Tristan n’est pas sans faire écho à une volonté de redéfinir cette quête d’une vérité originelle.

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Table des matières

RESUME 
AVANT-PROPOS
INTRODUCTION 
CHAPITRE I
UNE TENTATIVE DE DÉFINITION DE SOI 
1.1 Le contexte de production de l’œuvre
1.2 L’identité comme produit d’une interpellation
1.3 La reconnaissance idéologique
CHAPITRE II
L’HÉROÏNE ROMANTIQUE EN CONSTRUCTION: LA CRÉATION D’UN MYTHE
2.1 Construction identitaire
2.1.1 La flâneuse
2.2 Le regard de l’héroïne romantique
CHAPITRE III
DISCOURS HÉRÉTIQUE ET SUBVERSION: LA VOIE DU SALUT 
3.1 Discours subversif et représentation politique
3.2 Les modèles
3.2.1 La sefiora Gamarra: portrait d’une femme au pouvoir
3.3 Dédicace Aux Péruviens
CONCLUSION 
BIBLIOGRAPHIE

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