Une technologie de fabrication typique de l’export 

Une technologie de fabrication typique de l’export 

Interventions de conservation-restauration

Nettoyage de la surface par méthode aqueuse

Problématique de nettoyage

Le nettoyage d’une surface a pour objectif l’enlèvement de dépôts en affectant le moins possible la
couche sous-jacente que l’on souhaite préserver. Le protocole de nettoyage a été guidé par les contraintes suivantes :
– En s’altérant, la laque devient sensible aux solvants polaires 97. Des microcraquelures et une surface polaire retiennent plus facilement les dépôts. Les parties protégées de la lumière sont a priori moins sensibles aux solvants polaires et retiennent moins les salissures du fait de leur état plus lisse.
– Les matériaux varient en fonction des décors. Ils induisent des comportements physicochimiques variés et provoquent une hétérogénéité dans le mode de dégradation et dans la sensibilité aux méthodes de nettoyage (solubilité, abrasion).
– Les décors en relief ont une surface irrégulière, des aspérités et la plupart des surfaces sont verticales.
– Enfin, la présence de lacunes et de soulèvements induit une sensibilité mécanique. Différentes méthodes ont été testées et employées dans d’autres études pour le nettoyage des laques photo-dégradées. La plus simple consiste en l’emploi de solvant apolaires soit, des hydrocarbures aliphatiques et aromatiques. Cette méthode ne permet pas un retrait efficace des salissures puisque la plupart des dépôts liés à la vie muséale sont composés d’acide gras et de particules diverses, qui sont de nature polaire et solubles dans l’eau98.
Nous n’avons pas trouvé de données sur le nettoyage traditionnel des laques en Chine, mais au Japon, le principe d’entretien régit le nettoyage des laques. De l’eau déminéralisée est appliquée à l’aide d’un textile de coton, puis une fine couche de laque diluée dans un hydrocarbure est appliquée pour conserver les propriétés de la surface. Cette technique trouve son sens dans ce contexte culturel puisque la photo sensibilité de la laque est connue ; les objets sont traditionnellement entreposés à l’abri de la lumière et sont placés dans des boîtes en bois permettant un contrôle des variations hygrométriques 99.

Dans le contexte européen où, jusqu’à récemment, la laque n’est pas un matériau connu, les laques n’ont pas été protégées de la lumière et présentent un état de dégradation souvent avancé rendant tout apport d’eau périlleux. Des recherches récentes et des études de cas ont développé le nettoyage des laques à l’aide de solutions aqueuses à pH ajusté 100. Nous avons décidé de nous tourner vers cette méthode et d’y coupler des méthodes d’applications par gel pour surface sensible à l’eau développées par Richard Wolbers.

Le nettoyage aqueux des surfaces sensibles à l’eau : impact du pH, de la conductivité et du mode d’application

L’eau

L’eau est un milieu idéal pour le retrait de salissures. C’est une molécule simple constituée de H2O. Elle est stable, mais possède des caractéristiques physico-chimiques qui la rendent très réactive. Elle a une action physique en tant que solvant des matériaux hydrophiles, mais permet aussi l’ionisation et la dissociation par réaction acido-basique ou par hydrolyse 101.
Malgré ses propriétés qui la rendent adaptée au retrait de salissure, l’eau liquide a un haut pouvoir de diffusion verticale et horizontale 102. Dans notre cas, elle peut donc facilement atteindre les couches de préparation et provoquer des gonflements et des dissolutions incontrôlées. Or, il importe que l’eau agisse en surface sur les dépôts. Une pénétration dans les couches signifierait un temps d’action court sur les salissures et une atteinte des couches profondes.
Afin de pouvoir conserver les propriétés de l’eau tout en préservant la surface, nous avons ajusté des
paramètres de pH, de conductivité et de mode d’application pour améliorer et adapter la sélectivité de la solution selon la surface à traiter. Notre protocole de nettoyage s’est basé sur des études de cas de matériaux semblables et des observations macroscopiques et microscopiques 103.

Le pH et la conductivité ajustés à la surface

Le pH ou potentiel Hydrogène est une échelle donnant la valeur de la concentration en ion H+(aq) en moles par litre dans une solution aqueuse 104. Lors de l’application d’une solution aqueuse sur une surface, l’ajustement du pH permet de limiter la réaction de l’eau avec la surface. Tout système tendant à un équilibre, l’eau dont le pH sera plus bas ou plus élevé que la surface tendra à maintenir un équilibre et ionisera de manière plus ou moins extensive le film de surface. Sur une surface acide, un pH neutre entraînerait un début d’ionisation du film et par conséquent un gonflement, un blanchiment et une solubilisation de la surface. Une solution alcaline entraînerait une ionisation extensive, ayant pour conséquence une dissolution de la surface 105.
En ce qui concerne la conductivité, c’est-à-dire la quantité d’espèces ioniques présente, un déséquilibre entre la quantité présente dans la solution et sur la surface peut amener à des déplacements par échange ionique ou à un phénomène d’osmose* si le film ou le gel employé joue le rôle de membrane semi-perméable 106.
Une solution hypertonique par rapport à la surface – plus de trois fois la donnée mesurée – engendrera un déplacement des ions de la solution dans le matériau et un déplacement de l’eau du matériau à la solution. Une solution hypotonique conduira à un déplacement des ions du substrat à la solution et de l’eau de la solution au substrat 107.
Il est donc préférable d’utiliser une solution isotonique voir légèrement hypertonique (de 2-3 fois max la conductivité de surface). Une solution hypotonique est à proscrire, car elle entraînerait une fragilisation de la surface à nettoyer en provoquant une migration ionique du substrat à la solution108. Afin d’ajuster le pH et la conductivité de la solution de nettoyage, nous avons fait des mesures de pH et de conductivité de surface (fig. 132-133, p.76 et annexe VIII, p.168). Elles ont été effectuées dans les zones correspondant à des matériaux différents. Des mesures comparatives des zones à l’état de 104 Elle est exprimée en logarithme de base dix négatif : pH = -log[H+]. Robstein et Soerensen, 2009, p.217.
Cremonesi et Casoli, 2017, p.25.Wolbers, 2003, p.117.HE-Arc CR, Master of Arts HES-SOsurface plus ou moins dégradé ont aussi été faites. Les tendances suivantes ont été relevées et correspondent à d’autres études (tableaux 7-8, p.76) 109 : – Une différence de pH entre les zones de laque dégradées (en moyenne 3,7) et les zones protégées qui sont brillantes (en moyenne 4,5).
– Les décors à l’huile avec préparation d’argile et ceux avec calcite présentent une moyenne de
– La conductivité varie peu entre les différentes surfaces et est globalement basse (moyenne de 297 μS/cm-1).

En conclusion, les surfaces avec des matériaux similaires et présentant des états de dégradations semblables présentent des pH et des conductivités semblables. Ces zones sont facilement délimitées, car elles sont dépendantes de l’aspect et des décors. Pour que la solution ne s’acidifie pas au contact de la surface, il est nécessaire de réaliser une solution tampon qui maintient approximativement le même pH malgré l’ajout d’une faible quantité d’acide, de base ou lors d’une dilution. Une solution est tamponnée lorsque le pH équivaut au pKA* (constante d’acidité). En d’autres termes, lorsque les concentrations molaires d’un acide faible et de sa base conjuguée sont égales, l’équilibre est atteint et la réaction acido-basique est stable. Tout nouvel apport d’ions H+ sera consommé dans la réaction sans modifier le pH110.
Dans le cas d’une surface sensible à l’eau, le pH peut être tamponné au maximum ½ à 1 unité en dessous de la valeur mesurée pour la surface 111. Partant de ce principe, nous avons défini pour nos essais des rangs de pH en fonction des surfaces et choisi la valeur la plus basse pour définir le pH de la solution de nettoyage (tableau ci-dessous).

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Table des matières

Table des matières
Remerciements
Résumé
Abstract
Zusammungfassung
Introduction 
PARTIE I : Etude historique et technique  
1. Un matériau « exotique » 
1.1. La récolte et le travail de la laque
1.2. La production et le commerce des laques asiatiques d’export
2. Un cabinet au style éclectique 
2.1. Une forme japonaise sur des pieds chinois
2.2. Les décors de chasse et les fleurs : motifs chinois ?
2.3. Les décors dorés de fleurs et de fruits: motifs japonais ?
2.4. Conclusion : japonais ou chinois ?
3. Une technologie de fabrication typique de l’export 
3.1. Identification de l’essence de bois
3.2. Les assemblages et les éléments métalliques
3.3. Observations et prélèvements du revêtement
3.4. L’extérieur du cabinet
3.4.1. Le fond noir et le fond doré
3.4.2. Les décors en relief
3.5. L’intérieur du cabinet
4. Le cabinet au sein de la collection encyclopédique de Gustave Revilliod 
4.1. Gustave Revilliod et ses collections
4.2. Mode d’acquisition et expositions des cabinets
4.2.1. Les sources écrites
4.2.2. La documentation photographique
4.2.3. L’exposition du Musée d’Ethnographie en 1942
5. Valeurs culturelles associées
6. Constat d’état des altérations
6.1. Les altérations du bois et des éléments métalliques
6.2. Les altérations du revêtement et des décors
6.2.1. Fissures et soulèvements
6.2.2. Microfissurations
6.2.3. Fissurations et lacunes des décors polychromes
6.2.4. Les dépôts de surface
6.3. Les traces d’usage et d’entretien
6.4. Diagnostic
6.4.1. La lumière
6.4.2. Les mouvements du bois
6.4.3. Le système stratigraphique
6.4.4. L’usage, l’entretien et la conservation de l’objet
6.5. Pronostic et impact sur les valeurs culturelles
7. Mandat et propositions de traitement
PARTIE II : Interventions de conservation-restauration
1. Nettoyage de la surface par méthode aqueuse
1.1. Problématique de nettoyage
1.2. Le nettoyage aqueux des surfaces sensibles à l’eau : impact du pH, de la conductivité et d mode d’application
1.2.1. L’eau
1.2.2. Le pH et la conductivité ajustés à la surface
1.3. Tests de nettoyage avec deux méthodes d’application de solution aqueuse à pH et
conductivité ajustée
1.3.1. Le gel d’Agar-agar® Roth : solide, semi-solide, particules
1.3.2. L’émulsion de particules dans du KSG 350-ZTM Shin-Etzu
1.3.3. Conclusion des tests de nettoyage
1.3. Réalisation du nettoyage
1.4. Observation de la surface sous MEB et bilan
2. Consolidation et refixage des soulèvements
2.1. La technique du shimbari
2.2. Le choix de l’adhésif
2.3. Le choix du solvant
2.4. Mise en place du refixage
3. Préconisations de conservation préventive
3.1. Les manipulations
3.2. Les conditions thermohygrométriques et la lumière
3.3. Mode d’exposition
Bilan des interventions
Conclusion
Bibliographie
Liste des figures
Liste des tableaux
Liste des abréviations et des sigles
Glossaire
Annexes
I. Composition et polymérisation de la laque
II. Le cabinet du MAH Fiche de constat d’état
III. Cartographie des altérations
IV. Photographies UV
V. Radiographies-x
VI. Détail des observations et des analyses employées
a) Microscopie optique
b) MEB-SDE à pression variable
c) IRTF-ATR
d) Tests microchimiques de Biuret avec sulfate de cuivre (II)
VII. Résultats d’analyses
a) Synthèse des résultats par prélèvement
a) Identification des fibres
b) Microscope Electronique à Balayage
c) Analyses IRTF-ATR
VIII. Mesures de pH et de conductivité de surface
IX. Préparation de l’Agar-agarTM Roth
X. Tests de nettoyage
a. Tests préliminaires de solubilité des dépôts
b. Tests de nettoyage : KSGTM 350-Z et Agar-agarTM
XI. Plans du cadre shimbari
XII. Fournisseurs
XIII. Fiches techniques des produits

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