Une structure culturelle qui fait vivre l’art du conte aujourd’hui

Une structure culturelle qui fait vivre l’art du conte aujourd’hui

L’association des Arts du Récit

Le Centre des Arts du Reécit doit sa création à une initiative de quartier meneée par la MJC et la bibliotheàque de Saint-Martin-d’Heàres en 1986. La semaine consacrée au conte laissera place l’anneée suivante a à la creéation d’un festival dédieé aux arts de la parole. En 1993, le Ministeàre de la Culture s’inteéresse vivement au projet d’Henri Touati, le directeur de la MJC qui avait lancé l’initiative de la semaine sur le conte, et lui commande une étude sur ce sujet . Cette même anneée, la DRAC Rhoêne-Alpes demande aà ce qu’une association de loi 1901 soit crée pour une meilleure reconnaissance des actions reéaliseées autour du conte aà Saint-Martind’Heàres. Henri Touati s’engage comme directeur du Centre, qui deviendra sceàne conventionneée en 2000, puis sceàne reégionale six ans plus tard.
La creéation du Centre se fait en plein renouveau du conte , dans les anneées 1980. Durant cette deécennie, une veéritable eémulation se deéveloppe en France autour des arts du reécit. Une nouvelle geéneération de conteurs (Bruno de La Salle, Catherine Zarcate, Peépito Mateéo, entre autres) trouve sa place et revendique l’importance de cet art. Pour eux, le conte est vecteur de lien social et permet de revaloriser la culture dite populaire dans laquelle il prend racine. Ce mouvement proêne une ouverture aux autres champs artistiques comme la musique, les arts plastiques et prend en compte les cultures des diffe érents pays. C’est une « peériode de deégel » pour les contes qui font leur apparition dans des festivals et des journeées de reéflexion. AÀ Grenoble, un fond de reéfeé rence est creéeé dans les bibliotheàques, en partenariat avec le Centre des Arts du reécit et le Centre National du Livre. Cette collection se trouve actuellement aàla bibliotheàque Arlequin à la Villeneuve.
L’association des Arts du Reécit rassemble aujourd’hui une eéquipe salarieée de quatre personnes : Martine Carpentier au poste de direction et aà la programmation, Charlotte Teillaud, chargeée des projets du Centre et de l’organisation du festival, Barbara Jullien aà l’administration et Bertrand Huguenot aà la communication. Heéleàne Giraud, reégisseuse geéneérale, les rejoint en mai pour le festival. Le Conseil Administratif est treàs dynamique avec ses dix-sept membres ( Marie-Claude Bajard, Seéverine Carpentier, Jean-Claude Carras, Christiane Collado, Martine CribierKozyra (secreétaire), Caroline Cury, Daniel Estades, Pascal Estades, Simone Esteve, Katy Feinstein, François Goepfer, Catherine Grenet (treésorieàre), Arlette Mora, Monique Pallares, François Potet (preésident), Steéphanie Reymond, Ireàne Sagatichian). Certains d’entre eux sont beéneévoles pendant le festival et tous sont impliqueés dans la vie du Centre. Des beéneévoles exte érieurs au conseil d’administration viennent aussi consolider l’eéquipe en mai.

L’objet du travail

Le Centre des Arts du Reécit est un lieu de valorisation des contes, des reécits et de la tradition orale. Les spectacles programmeés et les ateliers organiseés ne se limitent pas qu’aux contes mais embrassent aussi les mythes, les leégendes et d’autres formes de reécits tant qu’ils ne releàvent pas du theéaêtre. Il y a ainsi une grande liberteé dans la forme de reécit choisie puisque les contes sont bien diffeérents des mythes et des leégendes. En effet, les mythes sont des reécits merveilleux qui expliquent l’origine du monde. Les leégendes, elles, sont des reécits folkloriques se basant sur un eéveénement historique reéel et dont lanarration s’est enrichie anneée apreàs anneée, accentuant le coêteé spectaculaire de l’histoire. Elles sont lieées aà la tradition orale et au genre de l’eépopeée. Le Cheval de Troie par exemple est une leégende. Les contes utilisent, comme les leégendes et les mythes, le registre merveilleux mais ils portent, tel les reêves, une dimension symbolique. Ils parlent aà notre inconscient et nous permettent de mieux nous comprendre et d’appreéhender le monde dans ses parts d’ombre et de lumieàre.
Les objectifs de l’association sont de soutenir les conteurs dans leurs creéations, de deémocratiser l’art du conte et de donner aux spectateurs l’envie d’arpenter ces univers. L’eéquipe souhaite montrer aà quel point les reécits peuvent eêtres varieés, modernes et toucher diffeérentes geéneérations. Ainsi, les spectacles de contes choisis pour le festival ne s’adressent pas qu’aux enfants. Parmi ceux programmeés aà l’occasion du 32e festival des Arts du Reécit, certains eétaient à destination des nouveaux-neés et des treàs jeunes enfants comme Le Monde était une île. D’autres étaient plutot pour les adolescents et les adultes comme Baba Yaga, territoire sacré. De plus, les mêmes contes résonnent différemment chez les adultes et chez les enfants, si bien qu’un spectacle consacre aux enfants pourra tout à fait plaire aux adultes.
Beaucoup de spectateurs ne connaissent que le cêté traditionnel des contes.
Par sa démarche, le Centre des Arts du Récit souligne la pluralité des estheétiques au sein même de cet art : les contes contemporains cêtoient les histoires de répertoire plus traditionnels et les récits de vie. De plus les artistes peuvent nous narrer une seule histoire dans leur spectacle ou en transmettre plusieurs lors d’un récital. Ce sont des séances consacrées à un seul conteur qui enchaïne des histoires de son répertoire sans qu’elles n’ait forcément de liens entres elles. On pouvait retrouver, lors du festival 2019, un spectacle qui employait des structures narratives variées : Performance à deux voix autour de Barbe-bleue. Dans ce spectacle, deux histoires se juxtaposaient et l’on ne comprenait qu’à la fin de la représentation qu’elles se suivaient chronologiquement.
Il existe de nombreux types de reécits deéfinis par leurs structures et leur contenus :
Les contes étiologiques, comme certains mythes, nous racontent les origines d’un phénomeàne. Ils nous expliquent la raison pour laquelle les ours adorent le miel ou pourquoi les coccinelles sont rouges aà pois noirs. Le livre de Rudyard Kipling, Comment le chameau acquit sa bosse fait partie des contes étiologiques.

Les partenariats mis en place par le Centre des Arts du Récit

Le Centre des Arts du Reécit est aà preésent reconnu comme Scene d’intérêt national « Arts et creéation ». C’est un « lieu ressource » qui travaille eétroitement avec des structures comme la Maison du Conte de Chevilly-Larue, les eéditeurs de CD de contes Planète Rebelleau Queébec et Oui’Direen France, ainsi que les éditeurs de la revue La Grande Oreille. Il est subventionneé par le conseil départemental de l’Iseàre, la reégion Auvergne Rhoêne-Alpes, la DRAC, la ville de Saint-Martin-d’Heàres et la ville de Grenoble. Sa particulariteé est qu’il neposseàde pas de salle de spectacle. Il est implanteé à coêteé du couvent des Minimes de la plaine, dans une maison mise aà disposition par la ville de Saint-Martin-d’Heàres. Les quelques cent dix eéveénements qui ont lieu pendant le festival se deéroulent soit dans des salles partenaires (comme l’Heure Bleue), soit dans des salles mises aà disposition (l’Espace culturel Reneé Proby par exemple) ou dans des structures du « Grand Collectif » (MJC, bibliotheàques, centres de santeé etc). Le programme « Culture et Santeé » , mis en place par l’Agence Reégionale de Santeé et le Ministeà re de la Culture, permet à l’eéquipe d’organiser des seéances de contes dans les hoêpitaux. Le Centre des Arts du
Reécit privileégie diffeérentes approches avec le public, dont une relation de proximiteé. Le choix de programmer eégalement les artistes dans ces espaces de vie quotidienne contribue aà creéer du lien entre les acteurs du territoire et permet de toucher un eéventail plus large de spectateurs.
Le rayonnement du Centre pendant et en dehors du festival se fait dans tout le deépartement de l’Iseàre, de Vienne aà La Mure. L’e équipe est treàs attentive aà ce que la programmation des spectacles de contes soit en accord avec le projet des structures partenaires. En mai 2019, le Museée dauphinois a accueilli un spectacle de Fred Duvaud, nommeé Tanuki et Kitsuné, qui s’accorde parfaitement avec leur exposition temporaire sur le Japon : Des Samouraï au Kawaï. Tous les ans, de nombreuses salles de spectacles participent au festival en inteégrant un ou plusieurs spectacles de conte aà leur saison culturelle. Ces projets sont penseés de concert avec le Centre treàs en amont de l’eéveénement puisqu’ils figurent dans la programmation de la salle. Ce partenariat donne aux conteurs l’opportuniteé de se produire devant un nombre important de spectateurs et leur apporte une plus grande notorieéteé.
C’est aussi, pour la salle partenaire, l’occasion de diversifier ses propositions sur l’anneée et de s’inscrire dans une dynamique festivalieàre.
Le Centre des Arts du Reécit a fondeé un comiteé de pilotage rassemblant des acteurs socio-culturels de la ville de Fontaine (MJC, salle de spectacle vivant, meédiatheàque, CCAS et services enfance et petite enfance). Son but est de coordonner des projets autour du conte aà Fontaine et d’eéviter la redite de programmation dans les salles de l’agglomeération. Une coheérence s’eétablit entre les propositions des structures : les seéances s’eétendent sur toute l’anneée et deux lieux ne programment pas de spectacle le meême jour ou la meê me semaine. Ce comiteé de pilotage permet aussi de travailler sur le long termeavec de jeunes artistes et des conteurs amateurs en permettant aux compagnies de faire des reésidences de creéation. La Compagnie du grain de riz, qui regroupe des conteuses amateures, a pu, de cette façon, retravailler le spectacle Kam et Léon, Histoires de boutons aà la MJC Nelson Mandela. Cette reésidence a donneé lieu aà une repreésentation le 16 mars 2019 devant des colleégiens et des eéleàves de primaire.
Des actions de formation aà destination des conteurs vont eêtre mises en place par le biais de ce comité de pilotage. Leur ambition sera de donner aux conteurs des outils pour promouvoir leurs spectacles par des vidéos de présentation, des dossiers pédagogiques, etc. mais aussi de les informer sur les ressources qu’ils peuvent utiliser notamment à la bibliotheàque Arlequin et au Centre des Arts du Récit. Le comité de pilotage souhaite également donner la possibilité aux animateurs des associations socio-culturelles de la ville de raconter pour que la transmission des contes ne passe pas uniquement par la parole des conteurs professionnels et amateurs. À cette fin, des conteurs viennent confier histoires et rudiments de la parole conteée aux animateurs. Cela cree des passerelles entres les enfants, les animateurs et les parents. Ceux-ci pourront s’essayer aux arts du récit et faire intervenir la magie dans leur quotidien .

L’atelier de Pacos dans un centre de formation d’apprentis

Le conteur Pacos a organiseé douze heures d’atelier dans un centre de formation d’apprentis entre les mois d’octobre 2018 et mars 2019. Le groupe de travail rassemblait quinze apprentis cuisiniers dont la plupart eétaient des migrants venus de Guineée et du Mali. Il eétait donc question pour les jeunes de s’exercer à la pratique du conte et pour les primo-arrivants en particulier d’apprivoiser la langue française par le biais du reécit. Apreàs s’eêtre reéparti dans des petits groupes selon leurs affiniteés, les jeunes ont creéeé leurs propres histoires et les ontenrichit au fur et aà mesure des ateliers. Tous eévoquaient les relations humaines : le partage, la toleérance et le vivre ensemble.
Je me suis rendue avec Charlotte Teillaud aà l’avant-dernieàre seéance pour voir quel eétait le travail reéaliseé et prendre des photos et des videéos pour communiquer autour de ce projet. La seéance a commenceé par un eéchauffement collectif pendant lequel les jeunes eétaient au centre de la pieàce et s’entraïênaient aà projeter leur voix.
Ils se sont ensuite deéplaceé sur la sceàne improvise ée en essayant d’eéquilibrer leur reépartition dans l’espace.Enfin, chaque groupe a travaillé son histoire. Investir la sceàne en groupe leur donnait plus d’aisance mais il n’était pas évident pour eux d’anticiper leur prise de parole pour qu’il n’y ait pas de temps mort. Celui qui contait s’avançait au devant de la sceàne tandis que les autres étaient en retrait pour écouter. Lorsque le narrateur changeait, il y avait un temps de pause durant lequel une personne s’avançait pour prendre la parole. Pacos guidait les jeunes depuis le public. Il insistait pour qu’ils parlent plus distinctement et en visualisant dans l’espace ce qu’ils disaient. Si ils évoquaient une femme prisonnieàre d’un donjon, ils devaient se repreésenter le chaêteau dans l’espace, le situer à leur gauche ou à leur droite. Le reste du groupe qui les regardait eétait aussi amené à leur donner des conseils.

Toc toc toc Mr Pouce géant – rencontre comptines

Le Centre des Arts du Reécit organise, plusieurs fois dans l’anneée, des rencontres autour des comptines nommeées « Toc toc toc Mr Pouce ». Le dernier jour du festival, la manifestation s’est appeleée « T oc toc toc Mr Pouce Geéant » car il y avait plusieurs rencontres le meême jour dans des lieux diffeérents : une bibliotheàque, trois meédiatheàques et un museée . J’ai pu aller aà celle qui eétait organiseée au Museée dauphinois. Ce haut lieu culturel grenoblois eétait auparavant le couvent Sainte-Marie d’en-Haut et la rencontre-comptines avait lieu dans le chœur des religieuses. Les participants venaient avec leurs enfants et s’asseyaient en cercle sur des coussins. Trois personnes, dont Seéverine Carpentier et Katy Feinstein, membres du conseil d’administration, animaient ce moment. Elles faisaient piocher aux enfants et aux parents aà tour de roêle des papiers sur lesquels eétaient eécrits des mots comme : « grenouille », « nez» ou « chapeau ». Elles demandaient ensuite si quelqu’un connaissait une comptine dans laquelle se trouvait ce mot. Pour « nez » par exemple, les parents pouvaient dire : « Nez cancan (on montre avec l’index), bouche d’argent, menton de buis, joue brûlée, joue rôtie, p’tit n’œillet (on cache un œil), grand n’œillet, TOC, TOC maillet (on se tape le front).» Si personne ne trouvait de comptine, une des animatrices en choisissait une, et tout le monde reépeétait apreàs elle en imitant ses gestes. La comptine eétait reprise plusieurs fois avant de lire un autre papier.AÀ la fin de la rencontre, un livret de comptines eétait donneé aà chaque famille pour qu’elle puisse les dire aà la maison.
En participant aà cette rencontre, j’ai pu redeécouvrir des comptines que je pensais avoir oublieées et constater aà quel point elles favorisent le lien parentsenfants. Les comptines sont aà diffeérencier des chansons car elles sont scandeées et non pas (ou treàs rarement) accompagneées d’une meélodie. Lors de la rencontre, apreàs avoir piocheé le mot « nez », un des parentsa chanteé : « J’ai un gros nez rouge, deux traits sur les yeux, un chapeau qui bouge, un air malicieux, deux grandes savates, un grand pantalon et quand je me gratte, je saute au plafond ». Nous l’avons repris en chœur bien que ce soit une chansonnette et que l’objectif de la rencontre soit de puiser dans le reépertoire des comptines. Durant la rencontre, comme dans les spectacles jeunesse du festival, les petits eétaient assez libres de bouger et de participer tant qu’ils ne geênaient pas les autres. Cela permettait de respecter leurrythme et celui des parents afin qu’ils vivent mieux la rencontre. L’anneée preéceédente, cette animation avait eu lieu au kiosque du jardin de ville. Le plus souvent le Centre essaie d’organiser ces rencontres en plein air mais ce n’est pas toujours possible aà cause de la meéteéo.

Rencontres et liens

Le rapprochement entre contes littéraires et spectacle vivant ne se fait pas de façon évidente car ils représentent chacun un monde à part entiere. Pourtant, ce sont deux facettes complémentaires des contes qui ont beaucoup à s’apporter. AÀ Grenoble, j’ai pu constater durant mon stage que des liens s’étaient tissés entre les chercheurs et universitaires étudiant les contes litteéraires et les acteurs de cet art vivant. Comme les années preécédentes, lors du festival, certaines conférences faisaient intervenir un artiste et un chercheur. Il y a eu par exemple en mai 2019 une rencontre-récit aà la Maison de l’international avec le conteur EÉ lie Guillou et la copreésidente de l’association Iséroise des Amis des Kurdes, Maryvonne Matheoud, pour parler du spectacle Sur mes yeux. La repreésentation, joueée le soir meême, eévoquait le conflit kurde en Turquie et il eétait inteéressant d’avoir abordeé cette question selon deux approches diffeérentes, pendant la rencontre. Du coêteé de l’Universiteé Grenoble Alpes, on sent aussi un deésir de creéer des connexions entre l’univers du conte eécrit et celui du spectacle. Durant l’anneée universitaire 2018-2019, un seéminaire intituleé « Territoires et frontieàres en litteérature de jeunesse » a donneé lieu aà cinq seéances ouà l’eéquipe des Arts du Reécit eétait inviteée :
– Une seéance introductive sur les frontieàre(s) entre les genres.
– Une seconde seéance abordant les passages entre les mondes et les époques.
– Une troisieàme seéance axeée sur la cruauteé et le sacrifice d’enfants en littérature de jeunesse.
– Une quatrieàme seéance portant sur la litteérature pour adolescents comme passage/passerelle.
– Une cinquieàme seéance ayant pour sujet les traductions/ adaptations en litteérature de jeunesse.
J’ai pu me rendre avec Martine Carpentier aà la troisieàme seéance dont le sujet s’approchait le plus des contes. Les informations sur ces eéveénements sont de mieux en mieux relayeées notamment par l’intermeédiaire des professeurs. J’ai eu le plaisir, cette anneée, de mettre en relation ma directrice de meémoire : Mme Monluçon, qui est maïêtre de confeérence et comparatiste en litteérature jeunesse, speécialiseée dans les contes polonais, tziganes et yiddish, et l’eéquipe des Arts du Reécit.

Les thématiques et images récurrentes

Les contes brassent une foule de thématiques comme par exemple celles des vices et qualités humaines (jalousie, courage, etc.), des épreuves et voyages initiatiques, de la disharmonie ou de la communion avec la nature, etc. La revue trimestrielle La Grande Oreille analyse et regroupe, depuis 1999, des contes aux motifs similaires. Le dernier numéro porte sur notre perception des sorcieàres de l’Antiquité à nos jours et allie articles theéoriques et contes d’influences diverses.
Certains des textes font écho aà notre actualité comme le focus : Wiccans, les sorcières d’aujourd’hui (p 125), qui évoque le mouvement écologique, feéministe et anticapitaliste venu des États-Unis et qui rassemble des femmes se considérant comme : « les petites filles des sorcières qui n’ont pu être brûlées ».
Les images et symboles des contes peuvent donc servir d’appui aux luttes contemporaines, tout comme les sujets d’actualiteé s’infiltrent, volontairement ou non, dans la parole des conteurs. Lors d’une reéunion d’eéquipe au Centre des Arts du Reécit, une proposition a eéteé eémise pour les prochaines eéditions du festival : engager un « maïêtre de ceéreémonie » qui introduirait les spectacles programmeés en faisant le lien avec l’actualiteé. En effet, les nouvelles geéneérations d’artistes questionnent de plus en plus le sens des histoires que l’on raconte depuis des milleénaires par le prisme de questions de socieété. Quelle place et quel roêle accordet-on aux femmes dans le reécit ? Telle version d’un conte nous dicte t-elle implicitement des normes et quel espace laisse t-elle pour l’acceptation de la diffeérence? Le travail de conteur consiste aà reprendre les histoires lues ou entendues pour les modeler aà sa façon. Ce qu’il advient du conte deépend donc de la personne qui s’en empare.

Les théories et différentes versions des contes

En 1910, le finlandais Antti Aarne publie une classification des contes d’Europe du nord par contes-type (correspondant aà une structure narrative et aà un ensemble de motifs). Ce travail sera par la suite compleéteée en 1927 et 1961 par Stith Thompson, puis en 2004 par Hans-Joïrg Uther pourr assembler au total 2 340 contes internationaux. Appelée classification A.T.U,elle permet encore aujourd’hui aux folkloristes de mener des études comparatives entre les versions d’un meême conte. En effet, chaque conte a un numeéro comme AT 510 B pour Peau d’Âne. On donne le même numeéro aux variantes de cette histoire comme L’Ourse (Basile), Toutes-Fourrures (Grimm), La Robe d’or, d’argent et d’étoiles. Réaliser cette classification a nécessité une analyse de la structure de chaque conte et une comparaison avec les histoires déjà étudiées. Les invariants d’une histoire constituent son squelette et les éléments changeants en sont la chair. Ainsi, certaines versions du Petit Chaperon Rougemettront en sceàne une jeune fille avec des bottines rouge alors que d’autres lui feront porter une cape rouge. Même si les éleéments d’un conte changent selon les versions, on pourra toujours le reconnêtre.
La classification A.T.U, qui s’apparente aà un grand catalogue, est organisé en cinq parties : Les contes d’animaux, les contes ordinaires (contes merveilleux, religieux, étiologiques, etc.), les contes faceétieux , les contes aà formules puis les contes nonrépertorieés.
Les contes, de par leur capacité aà produire des images variées dans l’esprit de chacun, ont toujours été sujets aà de multiples interprétations. Parmi les interpreàtes des contes, on peut citer Bruno Bettelheim avec l’ouvrage : Psychanalyse des contes de fée. Ce travail pousseé d’analyse des contes ceéleàbres, par le biais des concepts de Freud (le complexe d’Œdipe, le ça, le moi et le surmoi), est relativement contesteé dans le milieu du spectacle vivant. On lui reproche une lecture unilateérale qui se concentre uniquement sur la reéception des contes chez les jeunes enfants.
L’ouvrage nous explique par exemple pour Boucle d’orque l’enfant s’identifie aà la petite fille et qu’il expérimente par procuration la transgression de l’espace personnel d’autrui. Or, en réaliteé, l’enfant peut s’identifier au bébé ours et ne pas vivre les mêmes émotions. Christian-Marie Pons affirme qu’ « un conte qui ne propose pas plusieurs interprétations s’apparente à de la propagande» . Pour lui, un conteur n’est pas un preédicateur et il ne dira en aucun cas ce qu’il faut comprendre de son histoire. Ceci dépend bien évidemment de la personne qui raconte et du reépertoire qu’il choisit. Les contes d’Afrique, par exemple, ont souvent une morale, un discours entre les lignes qui orientent notre interpreétation personnelle.
Le folkloriste russe Vladimir Propp, lui, s’est inteéresseé, dans les anneées 1920, à la morphologie des contes , c’est aà dire aà leurs structures narratives. Apre às avoir eétudieé un corpus d’une centaine de contes traditionnels russes, il identifie trente et une eétapes (qu’il appelle « fonctions ») pouvant figurer dans le reécit. On trouve ainsi par exemple : l’eéloignement, l’interdiction, la transgression, l’interrogation du heéros par le meéchant ou inversement, la mise aà l’eépreuve du heéros, etc. Vladimir Propp montre ensuite que ces étapes sont organiseées en seéquences narratives. Son analyse servira par la suite à d’autres theéoriciens comme A.J Greimas pour imaginer le schéma actanciel (Sur la demande ou l’incitation d’un personnage (le destinateur), un heéros (le sujet) se lance dans une quête pour trouver un objet. Il est aidé par un adjuvant et un opposant l’empêche d’atteindre son but). Bruno Bettelheim et Vladimir Propp ont tous deux eu la rigueur de poursuivre une analyse minutieuse sur leur sujet de prédilection. D’autres ouvrages théoriques tentent de déconstruire les frontieres existantes entre le conte littéraire et le conte comme œuvre de spectacle vivant. C’est le cas de L’archipel des contes de Pierre Peéju ou du livre Pourquoi faut-il raconter des histoires ? Qui alternent regards personnels sur la question et histoires valant mille explications.

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Table des matières

Glossaire
-I- Rapport de stage
Introduction geéneérale
1) Une structure culturelle qui fait vivre l’art du conte aujourd’hui
A. L’association des Arts du Reécit
a. L’objet du travail
b. Les partenariats mis en place par le Centre des Artsdu Reécit
B. Le festival
b. La communication autour du festival
c. La communication papier
d. La communication web et radiophonique
e. La diffusion
C. Les aspects techniques
D. L’administration et la comptabiliteé
E. Repreésentation de l’association durant le festival
F. Les actions d’eéducation et de meédiation culturelle
2) Compte-rendu des missions réalisées pendant le stage
A. Mes attentes en deébutant le stage
B. Mes missions en communication
C. La plaquette du festival
D. Retours sur la 32 e édition du festival
E. La meédiation par les ateliers-contes
a. L’atelier d’Angelina Galvani dans un colleàge de la meétropole grenobloise
b. L’atelier de Pacos dans un centre de formation d’apprentis
c. Toc toc toc Mr Pouce geéant – rencontre comptines
F. Rencontres et liens
-II- Quelles sont les singularités de l’art du conte et en quoi peut-il ouvrir l’esprit sur la diversité des cultures ?
1) À l’origine des contes
A. Une histoire qui remonte aà la nuit des temps
B. L’aveànement du conte litteéraire
C. Le renouveau du conte
2) Les spécificités d’un genre
A. Un art diffeérent de celui du theéaêtre
B. Le minimalisme
C. Les theématiques et images reécurrentes
D. Les theéories et diffeérentes versions des contes
3) Un patrimoine écrit et oral
A. Contes et oraliteé
a. Les disques de contes : l’exemple des EÉ ditions Oui’Dire
B. Le traceé des contes
C. Ouvrages de contes et illustrations
D. Adaptations et creéations cineématographiques
E. Tradition et moderniteé
4) Une ouverture sur la diversité culturelle
A. Les contes et la couleur locale
B. Voyager par le conte
C. Contes et orientalisme
D. Un art de l’inclusion
Conclusion geéneérale
Bibliographie
Sitographie
Discographie
Filmographie
Rencontres
Spectacles de contes
Annexes

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