« Une société catholique a l’épreuve de la guerre »

Les patronages

Le terme patronage est utilisé pour les oeuvres de la jeunesse catholique. Le patronage paroissial participe à l’oeuvre de rechristianisation sociale. Il est devenu le complément nécessaire à l’oeuvre des catéchismes et prolonge la formation des jeunes. Dans son ambition d’atteindre le plus grand nombre d’enfants, il propose des activités multiples : théâtre, cinéma, musique et sports. Son implantation territoriale se poursuit de 1914 à 1955, le nombre de patronages affiliés à la Fédération nationale passe de 1458 en 1914 à 2979 en 1937 à la veille de la guerre et atteint 4136 en 1955. C’est dans l’Ouest (Bretagne et Pays de Loire) que son implantation est maximale, il représente 13% des patronages affiliés en 1914, 17% en 1937 et finalement 30% en 1955280. Les patronages sont ainsi d’une grande diversité par leur implantation et leurs activités. « Le patronage fut une galaxie, parfois difficile à cerner mais riche de multiples éléments ».
Avant la guerre, le 16 juillet 1939, la manifestation de Beauvoir montre la vitalité des patronages. Le concours de gymnastique et de musique de Beauvoir accueille 3000 gymnastes et musiciens appartenant à l’Union Régionale Poitou-Charentes. Massé préside la cérémonie qui voit défiler 65 sociétés. A l’issue du concours, le drapeau est confié à la société championne : la Vigilante de Fontenay.
Les patronages vont être confrontés à la mobilisation, le Bulletin paroissial de Montaigu de novembre 1939 lui consacre un numéro spécial Chers amis, les mobilisés du patronage. Il annonce une réunion le 2 novembre 1939 des actifs pour préparer et organiser les nouvelles activités. Le patronage veut vivre malgré les rumeurs de réquisition pour loger les réfugiés. Les activités n’ont pas disparu : les footballeurs s’entrainent toujours. Le 12 novembre 1939, ils ont joués à l’Herbergement « Magnifique victoire! Montaigu 4 à 1 ».
Les activités théâtrales sont l’occasion d’afficher la solidarité paroissiale, la représentation est donnée au profit des prisonniers. L’Abbé Giraudet dans le bulletin du 22 mars 1942 de Saint Hilaire du Bois se félicite du succès des pièces de théâtre jouées courant mars.
Les activités des patronages durant la guerre se limitent aux frontières des paroisses compte tenu des difficultés de circulation en zone occupée. Les grandes manifestations sont inexistantes pendant l’Occupation. Le concours départemental de gymnastique et de musique de Vendée, présidé par Mgr Cazaux, rassemble plus de 1000 personnes à Chantonnay en juillet 1945285. Il marque la rentrée des patronages après la guerre et lors de l’assemblée générale de l’Union des patronages de Vendée du 28 août 1945, le président Baudry d’Asson lance un appel à tous les présidents de patronage pour une reprise de l’activité.

L’EGLISE CONFRONTEE AUX REALITES DE L’EVENEMENT

LA RESISTANCE ET LE CLERGE

LES RAISONS D’UNE RESISTANCE : PAR IDEOLOGIE, EN BON FRANÇAIS

Si le clergé vendéen s’est prononcé en faveur de Vichy, il n’a jamais manifesté de sympathie pour l’Occupant. Chacun porte le deuil de la France. Massé parle « La France souffre, nous souffrons avec elle »287, le 18 juin 1940 lors de la cérémonie religieuse et patriotique à l’occasion de l’Armistice qui réunit les autorités religieuses et civiles. Le curé de l’Hermenault parle des « truands de Hitler » qui profanent la Vendée288. Dans son discours d’intronisation, Cazaux évoque la France « meurtrie, affaiblie [qui] vit encore »289. « Il est atrocement douloureux de voir le triomphe de la force et l’humiliation du droit. […] Le choc a été particulièrement dur pour les anciens Combattants et les vainqueurs de 1918 » peut on lire dans le Bulletin paroissial du Boupère du 23 juin 1940. Mais il faut faire face devant l’ennemi et rester digne : « A ceux qui nous ont vaincus matériellement, ne donnons pas le spectacle d’être vaincus moralement ».
Le clergé marque, pour les troupes d’occupation, une indifférence totale. Les relations existantes sont des relations de cohabitation forcée. A la fin de l’année 1943, une partie du clergé est nettement marquée par des préjugés anti-allemands. Le clergé manifeste également une extrême réserve envers la politique gouvernementale. Les Renseignements généraux notent qu’un refus très net de la collaboration se manifeste surtout chez les jeunes prêtres, il se double de critiques latentes de la politique gouvernementale dans les milieux ecclésiastiques à partir de juillet-août 1943.
Après la critique, vient le temps de l’éloignement complet avec le gouvernement de Vichy. Le clergé a une influence considérable en Vendée et les Renseignements généraux n’hésitent pas à transmettre le bilan en décembre 1943 avec cette remarque « Il apparait certain qu’une grosse partie du clergé est gaulliste ». Un vent de fronde souffle dans le clergé vendéen. Si certains membres du clergé versent dans les idées « gaullistes », d’autres demeurent loyaux envers le Maréchal. Il est clair qu’au printemps 1944 une fraction du clergé s’est définitivement rangée aux thèses gaullistes.
Ces remarques font suite à des actions de Résistance de membres du clergé. Le 15 février 1944 l’abbé Pierre Arnaud, professeur de philosophie à l’Institut Richelieu de la Roche-sur-Yon est arrêté et son frère, vicaire à Chantonnay réussit à s’enfuir. Ces opérations ont été déclenchées par la Police de Sureté allemande de Poitiers au cours d’une opération d’envergure sur tout le département.

DES CLERCS DANS LES RESEAUX. UN EXEMPLE : L’ABBE ARNAUD

Pierre Arnaud est né à Saint Denis-la Chevasse le 13 avril 1899. Il entre au petit séminaire de La-Roche-sur-Yon le 1 octobre 1911. Il montre des aptitudes intellectuelles qui le conduisent au baccalauréat en octobre 1917. La guerre l’arrache à ses études et le 18 avril il est mobilisé. Il intègre le grand séminaire de Luçon du printemps 1921 au 27 juillet 1924, date à laquelle il reçoit le sous-diaconat. Esprit vivant, les supérieurs de Luçon décident la poursuite de ses études et la préparation aux doctorats de philosophie et de théologie, Il entre au séminaire français de Rome de 1924 à 1927. Il reçoit la prêtrise le 19 septembre 1925. En 1927, il passe avec succès l’examen de théologie et obtient la même année le doctorat de philosophie. En août 1927, il est nommé professeur de philosophie à l’institution Richelieu de la Roche-sur-Yon. Il étend son apostolat hors des limite du collège par des conférences.
Très sévère envers la République qu’il accuse d’avoir détruit la foi chrétienne par sa politique de laïcisation, il n’accepte pas l’idée d’une France déchue et devient rapidement anti-allemand. Son engagement dans la Résistance découle de ses exigences de foi chrétienne, « La Résistance s’est inscrite comme la suite naturelle de la guerre militaire : s’il s’agissait d’une guerre juste, ce n’est ni la défaite, ni l’armistice qui rendaient injuste la cause défendue »298. Homme d’action, il poursuit cette guerre juste et lutte à sa manière contre l’Occupant en aidant et conseillant la Résistance. Il organise des filières pour passer en Angleterre. « Il fut le ravitailleur secret des mouvements de Résistance vendéens »299. Il a participé à la Résistance en marge des structures ecclésiastiques, marqué par un goût du silence, sans éclats. Discret sur ce genre d’activité, il est néanmoins dénoncé aux Allemands qui lui tendent un piège à la mi-septembre 1943. Un indicateur de police de la Gestapo se fait passer pour un déserteur de l’organisation Todt de La Rochelle, puis des résistants qui veulent passer en Angleterre le sollicitent. Le 15 février 1944, à 5 heures, il est arrêté et emmené à Poitiers. Son frère, vicaire à Chantonnay, est recherché pour les mêmes raisons, mais il parvient à s’enfuir et regagne Paris où le curé de Saint-François d’Assisse le prend parmi ses vicaires sous le nom de l’abbé Brault, il exerce son ministère dans sa nouvelle paroisse jusqu’à la Libération.
Pierre Arnault est emprisonné à Poitiers jusqu’au 10 juillet, il rejoint Compiègne et quand il arrive le 30 juillet au camp de Neuengamme, près de Hambourg, camp de concentration central avec plus de 80 camps extérieurs, son chapelet lui est arraché. Le 4 octobre, il part pour le nouveau camp de Husum pour travailler à la construction des fortifications de l’organisation Todt sur la frontière nord. Avec un effectif au départ de 1400 prisonniers, ce camp est dissous le 18 décembre 1944. Au bout de deux mois et demi de travail forcé, 700 prisonniers sont morts, 550 mourants et 150 au travail. A la Libération, il ne reste pas 50 hommes ayant appartenu à ce commando. Durant sa captivité, il organise la résistance spirituelle. Le dimanche soir, autour des six prêtres du camp, une centaine de chrétiens se rassemble et récite les prières de la messe. Fin octobre l’abbé Arnaud reçoit un violent coup et le 9 novembre à 20h10 il rend son dernier souffle.
Lors du service funèbre célébré le 2 juin 1945 à Saint-Louis de La Roche-sur-Yon en présence du préfet de la Vendée, Cazaux évoque la mémoire de l’abbé Pierre Arnaud en ces termes « Fidèle aux enseignements de l’Eglise et aux intuitions d’un patriotisme clairvoyant, il n’avait cessé de dénoncer les dangers de l’hitlérisme pour la civilisation française et chrétienne. Sa liberté de langage devait lui valoir l’attention de la Gestapo ».

LES AUMONIERS

Jusqu’à la création des maquis, la question d’une aumônerie de la Résistance ne se posait pas. L’existence de groupes organisés pose un autre problème. Beaucoup de jeunes chrétiens dans les maquis souhaitent avoir des aumôniers comme en a normalement l’armée. Aucun prêtre ne peut s’instituer aumônier des maquis s’il n’a pas été nommé à ce poste par sa hiérarchie. Le 2 juin 1944, le cardinal Tisserant intervient auprès du pape pour « évoquer l’assistance spirituelle aux hommes du maquis ». Dès le 13 juin, le Vatican se prononce favorablement et sans réserve à cette demande.
La Résistance en Vendée, anéantie au cours de l’été 1943, relève la tête au début 1944 mais il faut attendre l’été 1944 pour qu’elle soit vraiment réorganisée et structurée. Le capitaine Auguste est le responsable de la Résistance luçonnaise. Il est communiste mais respectueux des croyances de ses subordonnés. Il rencontre Cazaux pour l’affectation d’un aumônier au maquis. Le père Violleau, missionnaire diocésain est désigné pour cette mission. Le premier dimanche de septembre une messe est célébrée en plein air devant une centaine d’hommes résolus, au garde à vous. « L’allégresse s’élève au dessus des convenances personnelles pour l’union et le salut au pays. Peu nombreux étaient les vrais catholiques ».
Après la Libération de la Vendée, à la demande de Mgr Cazaux, l’aumônerie des troupes stationnées en Vendée est assurée par les prêtres des paroisses concernées. La mobilité des FFI est trop importante et il est impossible pour un prêtre d’assurer le service religieux d’une unité de manière continue.
Les maquisards qui se sont engagés dans la lutte ont connu l’épreuve de la solitude spirituelle. Cazaux a attendu le débarquement pour désigner un aumônier chargé d’assurer cette aide spirituelle aux maquisards à partir de l’été 1944. Jusqu’à la Libération, il a manifesté une réserve à l’égard des résistants et de leurs actes de terrorisme.

DES CLERCS CACHES

En avril 1944, Cazaux n’a pas hésité à cacher un prêtre recherché par les Allemands. Curé de Dourdan, prisonnier en Allemagne, évadé, il a demandé un refuge à son ami Cazaux qui lui a proposé d’être aumônier d’un pensionnat de jeunes filles en pleine campagne. Ce nouvel aumônier est assez énigmatique pour les personnes de l’école. En effet, il s’appelle Paul Sionneau mais tous ses effets personnels portent comme initiales E.F. Aussi, après le départ des élèves, il a réuni les religieuses et donné des explications à sa situation.

L’EGLISE AUX SECOURS DES PERSONNES PERSECUTEES PAR LES NAZIS

LES PRETRES

Des prêtres ont été fait prisonniers de guerre et sont toujours retenus après l’armistice. Ils poursuivent leur mission religieuse auprès des officiers et des soldats dont ils partagent la vie. Le clergé se mobilise pour leur venir en aide.
La coordination des différentes OEuvres des prisonniers de guerre est réalisée par un comité central représenté par un délégué dans chaque département. Chaque prisonnier peut recevoir de France occupée, un colis de 7 kg. L’aumônerie de chaque camp s’est établie rapidement mais l’impossibilité de conserver l’autel portatif nécessite un autre effort pour le remplacer. L’autorisation d’envoyer aux prêtres prisonniers les objets nécessaires à la célébration du culte est donnée par les Allemands au début de l’année 1941310. Le Pape intervient en faveur des prisonniers de guerre en donnant 200 000 francs à l’Aumônerie, ce geste permet l’envoi de 820 autels portatifs complets. Les demandes des 4000 prêtres retenus prisonniers affluent pour être pourvus du nécessaire.
La première exigence consiste à garder un lien avec le diocèse. Les prisonniers de guerre français internés en Allemagne peuvent recevoir tous les journaux édités en zone occupée. La Semaine catholique du diocèse de Luçon est envoyé aux prisonniers en septembre 1941 sitôt l’accord du commandant du camp. Dès sa prise de fonction dans le diocèse de Luçon, Cazaux dont l’intérêt pour les prisonniers devient une priorité personnelle, s’adresse par courrier aux prêtres et séminaristes prisonniers « Ancien combattant, des deux guerres, blessé et fait prisonnier le 19 juin 1940, je suis véritablement des vôtres». A la fin 1942, il fait parvenir à chaque famille de prêtres et de séminaristes prisonniers une somme de 150 francs pour payer un colis. A la fin de l’année 1942, au seuil du troisième hiver de captivité, un message d’affection des cardinaux et des évêques de France est envoyé à destination des prisonniers. Puis au début de l’année 1943, des livres sont envoyés pour étrennes afin de briser leur isolement. Il existe une volonté très nette de maintenir un contact avec les prêtres et séminaristes prisonniers, le clergé diocésain veut apporter aux prisonniers un soutien moral et spirituel indispensable face à une captivité qui s’éternise.
Des séminaristes prisonniers dans différents Stalag et Oflag ainsi que ceux du camp de Rawa-Ruska ont pu être ordonnés prêtres à Reims avec l’autorisation des autorités allemandes. Parmi les quatorze prêtres ordonnés, il y a l’Abbé Francis Bitaudeau originaire d’Ardelay dans le diocèse de Luçon. Ces nouveaux prêtres sont repartis comme aumôniers en Allemagne.
Il faut également se préoccuper de donner aux prisonniers, l’aide indispensable nécessaire à la célébration du culte pour les prêtres. L’oeuvre des Hosties et du vin de messe s’organise à Paris, les vieux linges et ornements non utilisés sont récupérés pour célébrer le culte. L’aumônerie des prisonniers de guerre peut dresser un bilan d’activités de ces quatre dernières années. Ce bilan démontre l’engagement de l’aumônerie auprès des prisonniers de guerre. En quatre ans, elle a expédié dans les camps 3000 autels portatifs, 180000 litres de vin de messe, 835000 évangiles, 750000 livres de prières et 600000 livres d’études. Grâce à ces colis liturgiques, la vie religieuse a été régulière dans les camps de prisonniers.
Dans les camps comment les prisonniers ont-ils perçu cette présence religieuse ? Au début de 1942, un prêtre de retour de captivité évaluait à 800 le nombre de conversions opérées en 14 mois dans un Oflag de 5000 officiers. Ce sont surtout des messages de gratitude et de reconnaissance qui sont exprimés par les prisonniers pour les colis qui brisaient l’isolement et apportaient le réconfort moral pour passer une captivité longue et oisive.

Le STO

Le 21 mars 1942, Fritz Sauckel plénipotentiaire général de la main d’oeuvre allemande est chargé d’organiser le transfert de main-d’oeuvre depuis le pays occupé vers l’Allemagne. Entre juin et septembre 1942, le système de la Relève (trois départs pour une libération de prisonnier) veut inciter les jeunes à se porter volontaire, mais les départs ne suivent pas et Sauckel menace de prendre des mesures autoritaires. Vichy édicte alors la loi du 4 septembre 1942 qui crée un service national obligatoire et instaure une réquisition catégorielle. Finalement la loi du 16 février 1943 généralise le système à des classes d’âge entières.
L’épiscopat, en tant que corps, garde le silence sur la question. Il faut attendre les 6 et 7 avril 1943 pour que l’ACA s’aligne sur la position du cardinal Liénard du 21 mars 1943 « Je ne dis pas que ce soit un devoir de conscience d’accepter le service du travail obligatoire. Non, car il s’agit d’exigence qui dépassent la limite de nos justes obligations. On peut s’y dérober sans péché ».
Cazaux à titre personnel ne prend pas position sur la question. Il laisse chaque personne concernée, libre de son choix : obéissance ou insoumission demeurent des choix personnels, il n’a pas de conseil à donner face aux réquisitions et il rappelle que sa mission est essentiellement spirituelle.
Au mois d’août 1942, Cazaux se préoccupe du service religieux des français en Allemagne et demande que les curés donnent l’affectation de leurs paroissiens dans les usines allemandes323. 89 paroisses transmettent des noms représentant 573 départs alors que le chiffre officiel était de 2600 départs à la fin mai 19433.
Dès la fin de 1942, l’épiscopat s’est préoccupé de fournir des aumôniers aux requis. Il montre davantage d’attention à l’égard des travailleurs requis qu’aux résistants des maquis. Les Allemands opposent un refus définitif à la demande des évêques en mai 1943. Mais ceux-ci ont déjà envisagé d’envoyer des prêtres en Allemagne avec le statut d’ouvrier. La naissance du mouvement des prêtres-ouvriers commence avec l’arrivée à Berlin le 15 janvier 1943 de l’abbé Bousquet325. Cazaux veut des garanties avant d’autoriser des prêtres à partir en Allemagne comme le demande l’aumônerie des travailleurs326 A la suite du Père Bousquet, vingt-cinq prêtres sélectionnés par Rodhain, aumônier national des prisonniers de guerre, sont envoyés clandestinement en Allemagne.

RESISTANCE CHRETIENNE ET PERSECUTION RELIGIEUSE. UN EXEMPLE : L’ABBE GIRAUDET

René Giraudet est né à Luçon le 4 décembre 1907. Le 4 octobre 1920, il entre au petit séminaire et intègre le Grand séminaire de Luçon le 1 octobre 1925. Sa volonté de devenir missionnaire le conduit à se lier au groupe des futurs missionnaires dès sa première année à Luçon. Il demande son admission au Séminaire des Missions étrangères de Paris où il arrive le 24 septembre 1928. Il est jugé indiscipliné, fantasque et d’une grande légèreté. Il reçoit la prêtrise dans la chapelle des Missions étrangères le 19 décembre 1931.
De santé fragile, il retourne dans son diocèse d’origine où il est nommé vicaire de Saint-Hilaire-de-Loulay. Le 24 juillet 1934, sa demande d’incardination est acceptée par Mgr Garnier et le 11 mai 1941, l’abbé Giraudet est réincardiné dans son diocèse. Le 5 février 1942, il part pour sa cure et sa paroisse à Saint-Hilaire-du-Bois328.
Le 20 février 1943, les prêtres du diocèse de Luçon trouvent un papillon hors texte dans la Semaine catholique de Luçon : l’aumônerie des ouvriers travaillant en Allemagne fait appel à des volontaires. En mars 1943, il demande l’autorisation de partir ouvrier à Berlin : « Ne m’épargnez pas » demande-il à Mgr Cazaux qui accepte finalement le 14 avril 1943. Le 22 avril 1943, c’est le droguiste Giraudet qui part pour Berlin où il est accueilli par l’abbé Bousquet et les responsables d’action catholique. Après l’arrestation et l’expulsion de Bousquet le 7 février 1944, il devient l’aumônier général du mouvement.
Le 3 décembre 1943, l’ordonnance de Kaltenbrunner traite de l’encadrement des travailleurs étrangers et de la pastorale clandestine. Tandis qu’en France les autorités d’occupation se sont montrées plutôt tolérantes envers les mouvements d’église, les autorités allemandes se sont opposées avec vigueur à toute action catholique sur le territoire du Reich. La pression sur les requis augmente au premier semestre 1944, la Gestapo est convaincue de l’attitude antiallemande des requis du STO. L’ouvrier Giraudet, prêtre clandestin et responsable Action catholique est arrêté le 12 juin 1944. Transféré au camp de Bergen-Belsen, il est libéré le 15 avril, puis rapatrié au Kremlin-Bicêtre où il retrouve l’abbé Bousquet. Il meurt le 12 juin 1945. Après des obsèques solennelles aux Invalides, présidées par le Cardinal Suhard, il regagne son ancienne paroisse de Saint-Hilaire-du-Bois. Les funérailles présidées par Mgr Cazaux dont célébrées dans son église et le même jour il est inhumé dans le cimetière de Chantonnay où résident ses parents.
Les martyrs du STO sont reconnus par la société sécularisée. L’abbé Girandet est une « victime de la barbarie allemande »332. Les obsèques de Giraudet aux Invalides témoignent de cette mémoire, elles mettent en avant leur présence auprès des ouvriers mais aussi leur lutte contre le nazisme hors du territoire français. « Devant la mauvaise volonté des dirigeants du parti, les évêques de France n’hésitent pas un seul instant à envoyer des prêtres comme ouvriers, afin de fonder le front de la résistance spirituelle ». Cazaux qui a accepté le départ, peut dès lors revendiquer en totalité un brevet de résistance spirituelle.

LA LIBERATION

UNE PRESENCE INCONTOURNABLE DE L’EGLISE

La situation de l’Eglise est paradoxale, elle est la seule entité ayant soutenu le régime de Vichy et conservant intact son droit de parole. Le rapport du nouveau préfet Léon Martin sur l’attitude du clergé vendéen pendant l’Occupation est explicite, « Monseigneur Cazaux comme d’ailleurs tout le clergé vendéen était acquis au régime de Vichy »335. L’attitude du clergé à l’égard du gouvernement provisoire et de ses représentants régionaux installés depuis la Libération est ambiguë. Si les prêtres ont rejoints la Libération, ils n’ont pas vis-à-vis des nouvelles autorités un préjugé favorable. Le souvenir du Maréchal demeure présent, il est salué comme le bienfaiteur de l’enseignement congréganiste.
Pourtant, c’est le plus naturellement du monde que Cazaux accueille les représentants de la société civile au Te Deum célébrant la Libération de Luçon le 21 octobre 1944. Mais, il insiste : la Libération n’est pas encore achevée, l’ennemi est proche avec les poches de La Rochelle et de Pornic, les prisonniers ne sont pas encore retournés dans leur famille. L’heure est sans doute à la joie mais elle nécessite encore un effort généreux et l’union des Français, tant que la paix n’est pas signée. La position de l’Eglise n’a pas changé, « les hommes peuvent changer, notre enseignement et notre attitude ne changeront pas »337, elle garde la même doctrine et la même volonté avec l’arrivée au pouvoir du général de Gaulle « loyalisme sincère en dehors des partis politiques ».

UN CLERGE SOLLICITE

Le 17 septembre 1944, la Vendée fête officiellement sa libération et installe le préfet Léon Martin ainsi que le Comité départemental de Libération (CDL). Le premier Comité de Libération composé de douze membres ne comprend que des résistants et il est nettement orienté à gauche. Au cours du mois de septembre, le CDL est élargi afin de permettre à d’autres courants d’être présents. Composé de seize membres, il intègre deux religieux : l’abbé Eugène Arnaud, professeur de philosophie au séminaire de Luçon et le Chanoine Vrignon, supérieur de l’Institut Richelieu à La Roche-sur-Yon. Des Comités locaux de Libération (CLL) se constituent sur le modèle du CDL mais le clergé local reste à l’écart, l’abbé Sarrazin de l’Hermenault qui avait été sollicité, refuse d’y entrer.

LES REGRETS AFFICHES

Cazaux ne reconnait pas la figure du maquisard qui vient remplacer le poilu. L’évêque, ancien combattant, refuse cette « substitution glorieuse » dans la représentation nationale de la figure du poilu par celle du résistant. Il ne laisse pas planer le doute sur son opinion des nouveaux soldats : « Tout à l’heure sur la place, ils défilaient en costume singulier, c’est vrai ». Dans son discours du 11 novembre 1944, il reprend le thème du souvenir, des combats, des morts de 1939-1940 qui allongent la liste de 1914-1918, il ne mentionne pas les actions de la Résistance. Dans le clergé paroissial, des prêtres manifestent également une attitude hostile à l’égard de la Libération. Certains curés ne manquent pas d’afficher leur opposition à une évolution républicaine du régime.

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Table des matières

INTRODUCTION
1-HISTORIOGRAPHIE ET QUESTIONNEMENT
11-Une histoire des années noires de l’occupation
111-Une histoire de l’Occupation
1111-Une histoire naissante qui donne une vision rassurante
1112-Une production de plus en plus politique sur la véritable nature du régime de Vichy
112-Un glissement des champs d’études à travers la société française sous l’Occupation
1121-Une description de la société qui émerge au niveau national
1122-Cette description se prolonge en Vendée
113-Un nouveau départ historiographique sur le régime de Vichy
12-Une histoire de l’Eglise
121-Une histoire religieuse ancienne
122-Des facteurs de renouveau qui permettent son intégration complète comme champ historique
1221-Un facteur sociologique
1222-Des facteurs événementiels
123-De nouveaux jalons émergent : l’Eglise catholique et la Seconde Guerre mondiale
124-La conquête territoriale : l’appropriation de l’espace local
13-Problématique
131-Les questions posées
132-Une proposition
1321-Une problématique possible
1322-Des axes de réflexion
13221-L’Eglise comme société religieuse
13222-L’Eglise dans la société
13223-La religion vécue dans la société vendéenne
2-SOURCES
21-Les sources religieuses
211-Des fonds intéressants
212-Les sources diocésaines
213-Les sources paroissiales
22-Les sources administratives départementales
221-Des fonds d’archives diversifiés
222-La presse
3-L’EGLISE : UNE SOCIETE A PART ENTIERE
31-L’Eglise de Vendée
311-Le diocèse de Luçon
3111-Son organisation territoriale
3112-Sa structure administrative
3113-L’évêque
31131-Un nouvel évêque : Monseigneur Cazaux
31132-La génération de l’épiscopat français ancien combattant
3114- Le clergé vendéen
3115-Les institutions les plus significatives
31151-Les oeuvres et la Maison des OEuvres
31522-Les séminaires
31153-Les écoles
312- Des interventions multiples qui dépassent le cadre de la sphère religieuse
3121-Des lignes directrices pour la société vendéenne
3122-Des consignes religieuses
3123-Des consignes aux fidèles
3124-Le rôle majeur du clergé local
313-Des moyens d’informations qui pénètrent dans la société
3131-Des outils de communication diocésains
3132-Des outils de communication paroissiaux
32-L’Eglise et l’Etat
321-L’Eglise et la guerre
3211-La déclaration de guerre
3212-Un soutien ne se dément pas pendant la « drôle de guerre »
3213-Le curé « sac au dos »
3214-La défaite
322-L’Eglise sous le régime de Vichy : une proximité
3221-« Mea culpa »sur la poitrine des autres
3222-L’adhésion et la vénération du maréchal
3223-Une Eglise de Vendée pétainiste
3224-Des principes partagés avec le nouveau régime
32241-Les congrégations
32242-L’école
3225-Le clergé et l’occupant
323-L’Eglise et la vie sociale
3231-Paroisse et commune
3232-La défense d’un certain « ordre moral »
32321-La famille, communauté primordiale
32322-Hygiène morale et sociale : alcoolisme, tuberculose,….
3233-Une Eglise présente sur le terrain
32331-L’aide aux personnes touchées par la guerre
3234-L’Eglise et la jeunesse
32341-Les écoliers
32342-Les patronages
33-L’Eglise confrontée aux réalités de l’évènement
331-La Résistance et le clergé
3311-Les raisons d’une résistance : par idéologie, en bon français
3312-Des clercs dans les réseaux. Un exemple : l’abbé Arnaud
3313-Les aumôniers
3314-Des clercs cachés
332-L’Eglise aux secours des personnes persécutées par les nazis
3321-Les prêtres
3322-Le STO
3323-Résistance chrétienne et persécution religieuse
Un exemple : l’abbé Giraudet
333-la Libération
3331-Une présence incontournable de l’Eglise.
3332-Un clergé sollicite
3333-Les regrets affichés
3334-Une épuration inexistante
4-LA VENDEE : « UNE SOCIETE CATHOLIQUE A L’EPREUVE DE LA GUERRE »
41-La société vendéenne dans la République
411-Un département rural
412-Une société dominée par des notables
413-La stabilité du corps électoral
42-Les Vendéens dans la guerre
421-La mobilisation
422-De la «drôle de guerre» à la débâcle
423-La loi du vainqueur pendant quatre ans
424-Le soulagement et le soutien au Maréchal
4241-Le nouveau régime
4242- « Un régime à la convenance de l’élite vendéenne »
42421-Les structures nationales
42422-Les structures départementales
42423-Les structures municipales
4243-La société civile vendéenne se rallie à Vichy
4244-L’adhésion de la population
43-Les premières réactions
431-La collaboration d’Etat ne passe pas dans la société vendéenne
432-Un environnement de plus en plus pesant
433-Des réactions diffuses dans la population
4331-Des sabotages
4332-Une hostilité affichée
4333-La résistance sort de l’ombre
44-La rupture à la fin de l’année 1942
441-Un environnement militaire en profonde évolution
442- Des changements sur le plan intérieur
4421-Pétain « vénération et distance critique »
4422-Le refus de la collaboration
443-Le rejet de l’occupant
45-La mobilisation se développe à partir de 1943
451-Une résistance a l’idéologie qui s’amplifie :
4511- Les Vendéens et les Juifs
45111-Les persécutions
45112-Des différents mouvements de solidarité
4512-Les réfractaires au STO
452-La Résistance s’organise et intensifie ses actions
46-Vers la Libération
461-« Subir »
462- « Oublier Vichy »
463-« 1944 : le rêve d’une transition pacifique, le cauchemar de la guerre civile »
5-LA RELIGION VECUE
51-Les pratiques religieuses traditionnelles
511- Un acte traditionnel : le baptême
512-Les actes réguliers
5121-Les enquêtes
5122-La vie sacramentaire perçue dans les différentes zones cultuelles
5123-Une approche particulière avec la fête de Pâques
5124-Les raisons possibles d’une baisse sensible des pratiques religieuses
5125-La vie sacramentaire perçue par sexe
5126-La vie sacramentaire perçue par groupes sociaux
51261-Cas particuliers : la pratique religieuse des marins
52-La religion populaire : une grande diversité
521-Des cérémonies dans l’église paroissiale à l’heure de la guerre
522-Des cérémonies dans l’espace public à l’heure de la guerre
5221-Le cas particulier des écoles
5222-Un autre aspect : la fête de la mer aux Sables d’Olonne
5223-Les saints locaux
52231-Les grottes de Lourdes
52232-Notre-Dame-de-Bourgenay
523-La piété mariale
5231-Le contexte particulier en 1943
5232-L’année mariale en Vendée 1943
5233-La piété populaire avec Notre-Dame-de-Boulogne
524-L’Eglise poursuit son développement
5241-Une nouvelle paroisse
5242-Des vocations sacerdotales qui se confirment
53-OEuvres et mouvements : l’apostolat des laïcs
531- La situation des différents mouvements avant la guerre
532-La naissance des différents mouvements spécialisés d’Action catholique
5321-La JAC
5322-La JOC
5323-Les autres mouvements d’action catholique spécialisés
533-Les mouvements spécialisés confrontés à la guerre
534- La vitalité des mouvements spécialités pendant l’Occupation
535-Les raisons de ce développement
5351-Un pilotage voulu au plus haut niveau
5352-Un soutien incontournable : celui de l’évêque
5353-Une demande de la société vendéenne
5354-L’« honneur d’être chrétien »
536-Les freins au développement des mouvements spécialisés
537-Des mouvements dynamiques à la Libération
CONCLUSION
TABLEAUX
ANNEXES
SOURCES
SOMMAIRE

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