Une professionnalisation de la communication des associations lgbt qui tentent de faire leur place dans le debat public

LE POLITIQUE, LA POLITIQUE ET LES QUESTIONS LGBT 

LES DEBATS SUR LE MARIAGE POUR TOUS:DES DEBATS DIFFICILES DOMINES PAR LES OPPOSANT.E.S AU TEXTE 

Patrick Charaudeau dans son ouvrage Le discours politique : les masques du pouvoir explique : « Toute parole prononcée dans le champ politique doit être prise à la fois pour ce qu’elle dit et pour ce qu’elle ne dit pas. »
Cela annonce la difficulté de la tâche qui incombe à cette partie : étudier ce qui est dit, interroger ce qui ne l’est pas.
Pour cette première partie, nous ne nous intéresserons pas à la question de savoir si telle ou telle personnalité politique est homophobe. Ce qui importe, ce sont les discours mis en circulation dans l’espace politique et donc dans l’espace public par l’intermédiaire des médias. Cette première partie ne peut être exhaustive, le terrain étant trop vaste. A chaque période du politique étudiée correspondra un type de terrain particulier et représentatif : la période des débats sur l’ouverture du mariage aux couples de même sexe sera traitée grâce à des discours tenus à l’Assemblée nationale (Annexe 1), des articles, un documentaire diffusé en janvier 2017 « Mariage pourtous, le grand divorce » (Annexe 2) et certains entretiens. La campagne présidentielle de 2017 sera traitée grâce à des extraits précis des programmes des cinq premier.e.s candidat.e.s du premier tour sur les questions LGBT.
L’ouverture du mariage et de l’adoption aux couplesde même sexe est une période clé: ce débat long et difficile a laissé une trace profonde dans le paysage politique français, dans les associations, mais aussi dans la population, influençant également la campagne présidentielle de 2017.
Cette période s’est étendue de janvier 2012, date de l’annonce par François Hollande de son intention d’ouvrir le mariage aux couples de même sexe à mai 2013, date de la promulgation de la loi par le Président de la République après validation du Conseil constitutionnel. Soit 427 jours.

L’annexe 2, reprenant des citations précises du documentaire « Mariage pour tous, le grand divorce » donne un aperçu des différents moments qui ont marqué le débat, ponctué par les manifestations de la « Manif pour tous ». Ce qui nous intéresse ici, ce sont les mots utilisés par ce collectif qui vont contaminer le reste du débat, sociétal comme politique et médiatique. Il s’agit d’une contamination langagière d’une efficacité redoutable, qui va très vite submerger les associations LGBT.
Les acteur.rice.s de chaque côté de ce débat ont commencé à se mobiliser au même moment. Frigide Barjot et Ludovine de la Rochère ont commencé à mobiliser leurs réseaux à l’annonce de François Hollande pendant sa campagne. Les associations LGBT se sontmobilisées pour organiser le « grand meeting LGBT des Folies Bergères » le 31 mars 2012. Pendant la campagne présidentielle de 2012, les associations LGBT se sont alliées et ontporté une parole unifiée, grâce à la plateforme « Egalité LGBT 2012 » lancée dès février 2012. Cette plateforme a été créé par l’Inter-LGBT, interassociative regroupant unesoixantaine d’autres associations, la Fédération LGBT qui regroupe les centres LGBT en région et la coordination InterPride France.
Cette campagne s’articulait autour de 39 revendications, dont la première était « réformer le code civil pour ouvrir le mariage aux couples de même sexe ». Les autres revendications portaient sur l’adoption, la retranscription des unions conclues à l’étranger en France, la PMA pour les couples de lesbiennes et les femmes célibataires ou encore le changement d’état civil libre et gratuit pour les personnes transgenres. Ces revendications ne sont pas étayées par des chiffres ni argumentées. Elles sontpour la plupart très précises (références à des textes européens, citations de droits précis liés au PACS). Le vocabulaire utilisé ici est représentatif du vocabulaire et des arguments utilisés par les associations LGBT avant et pendant ce débat qui s’articulent autour de la fin d’une discrimination, par exemple : « assurer la non-discrimination fondée sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre pour les personnes célibataires souhaitant adopter un enfant ». Concernant le mariage et l’adoption, cette plateforme fait référence à « l’ouverture d’une possibilité ». L’accent est mis sur la possibilité qui existe déjà pour les coupleshétérosexuels, un argument souvent mis en avant par les associations : le mariage et l’adoption pour les couples de même sexe sont l’ouverture d’un droit existant et non la création d’un nouveau droit. Ce même argumentaire est présent sur la page du site de SOS Homophobie dédiée au mariage et à l’adoption.
L’association fait référence à plusieurs reprises à « l’égalité des droits » sur cette page rédigée sous forme de questions – réponses, dont voici un extrait qui renvoie à la terminologie à utiliser pour parler de ces unions.
« Les opposant-e-s au projet de loi utilisent les expressions “mariage homo” et “mariage gay » pour donner l’impression que ce sont des revendications communautaristes qui réclament des lois spécifiques, alors que c’est exactement l’inverse : aujourd’hui le mariage est réservé à la « communauté » présumée hétéro ! Avec le mariage pour tou-te-s, il s’agit d’obtenir les mêmes droits pour toutes et tous.»
Les associations LGBT se placent donc du côté du droit, de l’égalité, donc du côté du politique au sens des règles qui régissent la vie en société. La question du mariage est présentée comme plus qu’une « revendication communautariste » ; nous reviendrons sur les limites de cet argumentaire ultérieurement.
Les associations LGBT ont donc fait le choix de se placer du côté de la raison et de la logique : si les couples hétérosexuels ont des droits, les couples homosexuels doivent enbénéficier également, au risque de créer une discrimination. La mobilisation desopposant.e.s à cette loi ne s’est pas jouée sur le même registre de la logique et de larationalité, ce qui a invalidé l’argumentaire déployé par les associations LGBT.
Dès le début de la mobilisation, La Manif pour tousa choisi de mettre sur le même plan la Procréation Médicalement Assistée (PMA) et la Gestation Pour Autrui (GPA). Ce sont pourtant deux choses très différentes : la PMA permet déjà aux couples hétérosexuels souffrant d’infertilité d’avoir recours à l’aide dela médecine, alors que la GPA consiste à avoir recours à une mère porteuse pour avoir un enfant. Pour ce faire, La Manif pour tous achoisi l’argument dit de la « pente glissante », faisant référence aux risques soi disantencourus : le mariage risque de mener à la PMA qui risque de mener à la GPA qui risquede mener à la destruction de la société. La Manif pour tous n’a cessé de brandir cette menace de la grande fin, alors que les associations LGBT ont rétorqué que la France n’allait pas sombrer dans l’apocalypse. Cet argument utilisé par la Manif pour tous n’a aucune prise rationnelle, comme l’explique Flora Bolter, Présidente du Centre LGBT Paris – Île-de-France ; il est donc difficile de prouver lecontraire de manière rationnelle. La Manif pour Tous a également mobilisé un imaginaire, celui de la famille composée d’un père, d’une mère et d’un ou plusieurs enfants, synonyme d’équilibre qui serait menacé par l’avènement « d’enfants sans père » élevés par des familles mettant à mal leurs repères et leur bien-être. Cet imaginaire n’a à voir ni avec le droit ni avec la réalité, comme les défenseur.se.s du mariage pour tous ont tenté de lemontrer : il existe en France de très nombreuses familles homoparentales ou recomposées. Le déséquilibre observé dans les auditions menées par l’Assemblée nationale autour de cette loi montre que les député.e.s ont également été obnubilé.e.s par cette question du bien-être de l’enfant, mise dans le débat public par la Manif pour tous : six auditions de psychiatres, psychanalystes ou pédopsychiatres, trois sociologues et huit associations de protection de l’enfance. Dans la lettre adressée aux députés par le cardinal André Vingt-Trois, le cardinal fait référence à ce droit en tant que « requêtes particulières », contrecarrant l’argument universaliste des associations LGBT. Ce type d’argument, qui renvoie au communautarisme, a été l’un desautres grands axes d’attaque utilisés par la Manif pour tous.
Ces deux « camps » se sont bâtis sur des argumentaires et des mots opposés : le droit ou l’instrumentalisation des peurs, l’égalité des droits ou le risque de déliquescence de lasociété. Ce discours de la Manif pour Tous est également très politique au sens où il utiliseun ressort souvent utilisé par les candidat.e.s. Selon Patrick Charaudeau, pour créer de l’adhésion, les candidat.e.s peuvent insister sur le « désordre social dont est victime le citoyen, sur la source du mal qui s’incarne dans un adversaire ou un ennemi »en l’occurrence ici le gouvernement. Cela constitue un levier pour fédérer un groupe, et l’insistance de la Manif pour Tous sur la « théorie du genre » qui serait partout prête à pervertir les enfants fait partie de cette campagne. Cette démarche est accompagnée de supports très détaillés comme celui s’appelant « Le Genre en image : quelle société voulons-nous pour nous enfants ? » disponible sur le site de Vigi Gender, un exemple classique de désinformation et de théorie du complot.
Ce débat sociétal, mettant en scène des associations et des personnes membre du clergé ou de la société civile, s’est ensuite transformé en débat politique en arrivant à l’Assemblée nationale au début du quinquennat de François Hollande. L’annexe 1 regroupe des retranscriptions des débats qui se sont tenus à l’Assemblée nationale à différents moments : le début de la discussion du texte, la fin de la première lecture, la fin de la deuxième lecture et l’adoption du texte. Regrouper ces textes permet de faire plusieurs constats.
Le vocabulaire de La Manif pour tous est largement utilisé par certains député.e.s dès le début de la lecture du texte. Plus les débats avancent, plus ces arguments sont avancés.
Ces arguments, qui seront détaillés ci-dessous, ne se réfèrent que rarement aux amendements défendus par la personne qui a la parole. Enfin, l’extrême tension régnant dans l’hémicycle est à l’image de la tension présente dans la société au même moment : des député.e.s de droite s’emportent en tenant parfois des discours indignes sur l’homosexualité face à une majorité plus discrète, qui est en faveur du texte et qui tente de leur opposer des arguments rationnels en tombant parfois dans le pathos.
Le texte est sorti de Conseil des ministres le 7 novembre 2012, mais n’a fait l’objet de discussion devant l’Assemblée qu’à partir du 29 janvier 2013 lors des questions au gouvernement. Christian Jacob, Président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, a commencé les débats en demandant au Gouvernement de repousser l’examen de la loi,afin d’attendre l’avis du Conseil Consultatif National d’Éthique (CCNE) mais également pours’occuper du « vrai problème » : le chômage. Sa question était adressée au Premier ministre, mais Dominique Bertinotti, ministre déléguée chargée de la famille est choisie parJean-Marc Ayrault pour répondre, provoquant l’indignation sur les bancs de l’UMP. Erwann Binet,rapporteur de la loi, a ensuite posé une question à Jean-Marc Ayrault. Il a parlé de « moment historique qui va enfin permettre à tous les couples de bénéficier des mêmes droits » mais a été interrompu par Philippe Meunier, qui a crié « et les droits desenfants ? », reprenant un argument très souvent utilisé par la Manif pour tous. Dominique Bertinotti et Jean-Marc Ayrault ont répondu longuement, usant surtout de rappels historiques. Le Premier ministre a évoqué la résistance de la droite au moment du PACS qui fait depuis l’unanimité, Dominique Bertinotti arappelé que le droit de vote des femmes ou la dépénalisation de l’avortement ont été votés dans des moments de crise économique.
La ministre déléguée en charge de la famille demande aussi à l’opposition de ne pas attiser les peurs, avant qu’Erwann Binet ne rappelle, en utilisant des arguments similaires auxassociations, qu’il s’agit d’accorder des droits etde protéger des familles.

LA CAMPAGNE PRESIDENTIELLE DE 2017 :UN DEBAT INEXISTANT ET UNE SPHERE POLITIQUE HANTEE PAR LES DEBATS DE 2012 – 2013 

DANS LES PROGRAMMES DES CANDIDAT.E.S,LES DEBATS DE 2012-2013 TOUJOURS PRESENTS

Les programmes des candidat.e.s à l’élection présidentielle restent marqués par les débats sur le mariage et l’adoption pour les couples de même sexe de deux manières : un rappel en creux de la violence des débats et une prise de position systématique sur les questions de la PMA et de la GPA.
Dans le programme d’Emmanuel Macron, cette question est mentionnée dans la partie intitulée « Familles et société ». Cette partie n’est pas intégrée dans le programme disponible en ligne sous forme de PDF. L’allusion aux débats sur le mariage est subtile mais bien présente dès la premièreligne : « Je veux conduire un travail de pacification de la société et de lutte pour l’égalité des droits enapplication et en actes » (voir l’annexe 10 pour tous les extraits des programmes des candidat.e.s). Il s’agit du seul programme utilisant le mot « pacification ». Dans son programme, Emmanuel Macron oppose égalité des droits grâce au mariage et égalité réelle. Le programme affirme que « Trop de personnes ont encore du mal à vivre normalement, parce qu’elles subissent des discriminations du fait de leur homosexualité. ». La référence aux débats est ensuite plus claire.

UNE PROFESSIONNALISATION DE LA COMMUNICATION DES ASSOCIATIONS LGBT QUI TENTENT DE FAIRE LEUR PLACE DANS LE DEBAT PUBLIC

UNE PROFESSIONNALISATION QUI PASSE PAR LA VISIBILITEET LA LISIBILITE 

L’EFFORT DE CENTRALISATION DES DEMANDES ET DE LEUR LISIBILITE:LE GRAND ECARTDES CAMPAGNES DE 2012ET 2017 

Les campagnes présidentielles ont été des moments charnières pour la conquête de nouveaux droits pour la communauté LGBT. C’est à cette occasion, par exemple, queFrançois Mitterrand avait promis la dépénalisation de l’homosexualité (promesse tenue en 1981). En 2012, les associations LGBT se sont rassemblées pour porter ensemble des revendications lisibles, grâce notamment à l’organisation du « Meeting LGBT pour l’égalité » le 31 mars 2012 aux Folies bergères, enprésence de certain.e.s candidat.e.s ou de leur représentant.e.s. Cet événement organisé par trois fédérations a représenté plus de 200 associations, soit « près de 90% du mouvement LGBT dans toute la France » selon le communiqué de presse d’lnter-LGBT . D’autres initiatives d’associations ont complétécette soirée, comme le questionnaire de SOS homophobie « 12 questions pour 2012 », qui est la seule initiative à laquelle tous les partis étaient amenés à participer, même le Front National. Le mariage et l’adoption sont présentés comme les mesures phares, et chaque candidat.e.s a fait connaître son positionnement sur la question. Nous retrouvons ici des éléments mentionnés dans la partie précédente : en 2012 comme en 2017, les partis et les candidat.e.s ne vont pas tous et toutes aussi loin, ni dans l’appropriation du vocabulaire militant, ni dans le positionnement contre ou en faveur des revendications des associations. Selon Massimo Prearo, la candidate qui affichait leplus de complicité avec les associations et qui a été très appréciée du public lors de ce meeting a été Najat Vallaud-Belkacem,représentante du candidat François Hollande.
Cette mise en lumière de la position des candidat.e.s sur ces thématiques a été extrêmement forte en 2012, du fait de l’union des associations autour de revendications communes. Cette interpellation a également permis, selon Léa Morabito, une « politisation des questions de sexualité » . Il semblerait donc que cette volonté de pousser les partis et les candidat.e.s à se positionner clairement sur ces questions soit une volonté des associations, qui représente une prise de risque (si un parti opposé à leur droit gagne l’élection, les associations peuvent être en difficulté). En 2012 s’est créée « une certaine collaboration entre partis et associations pour donner à leurs échanges une visibilité auprès de l’électorat »que ces partis soient ou non en faveur des droits LGBT. Cette visibilité permet à chaque parti de parler à son électorat et de tenter de séduire plus d’électeur.rice.s. Cette entrée par la politique est vue comme essentielle par les associations pour arriver à une mise en œuvre au niveau du politique : la victoire de la gauche en 2012 a permis l’ouverture du mariage refusé par la droite. Il convient dès lors denuancer la validation de la première hypothèse : siles questions LGBT sont prises dans lejeu partisan, cela correspond également à la volonté des associations qui veulent afficher clairement leurs allié.e.s et ennemi.e.s.
La visibilité n’a pas été aussi importante pour les associations et leurs revendications en 2017. Les personnes interrogées pour ce travail partagent plusieurs constats etexplications. Premièrement, les conséquences du débat sur l’ouverture du mariage et del’adoption pour les couples de même sexe, dont une partie de la violence a été exposée dans la première partie. Selon Aurore Foursy, Présidente de l’Inter-LGBT :« Le mariage a été très mal traité d’un point de vue médiatique et politique,très mal géré par le gouvernement et le Président. Cela a développé de laviolence et libéré la parole homophobe. C’était donc très violent et lescandidats ne reprennent pas cela. »Un constat partagé par Alice Coffin, co-Présidentede l’Association des Journalistes LGBT(AJL) :« Le débat a été complètement évacué, parce que la Manif pour tous a étél’alpha et l’oméga du discours LGBT jusqu’à la PMA dont on ne parlait plusdu tout. Ca a été leur grande victoire et le grand échec de la communauté LGBT qui n’a pas su imposer son agenda verbal sur ce sujet ». Deuxièmement, la disparition des deux revendications phares (le mariage et l’adoption) alaissé le milieu associatif plus divisé, les associations et fédérations ont dû réétudier etprioriser les revendications, rendant l’unificationdu discours plus difficile. Pour Flora Bolter, Présidente du Centre LGBT de Paris-Île-de-France : « En 2017, la revendication qui émerge du monde associatif n’est pas aussi claire »(voir annexe 4). Parmi les différentes revendications qui ont émergées dans la campagne de 2017, elle cite la PMA, les revendications des personnes trans, les jeunes se retrouvant sans domicile après leur coming out (jugé par elle comme l’une des revendications plus « confortable » pour les politiques) ou encore la punition des discriminations et de la violence. Selon Aurore Foursy, cela a mené l’Inter-LGBT à « choisir pour être lisible » en 2017. Erwann Le Hô, Président du Centre LGBT Côte d’Azur, partage ce constat tout en soulignant la dimension symbolique du mariage, ce qui explique la moindre place des autres revendications qui sont plus difficiles à expliquer.
Le questionnaire de l’Inter-LGBT envoyé aux candidat.e.s en 2017 (sauf Marine Le Pen) regroupe 59 questions divisées en 7 catégories (Droits des personnes trans et intersexuées, coupleet parentalité, santé et accès aux soins, éducation, lutte contre les discriminations, international et médias). Les candidat.e.s devaient répondre par « oui », « non » ou « ne se prononce pas ». Chaque candidat.e se voyait ensuite attribuer une couleur, suivant le code couleur des feux de signalisation de rouge à vert étant disponible sur le site Internet LGBT2017. Pour Aurore Foursy, Présidente de l’Inter-LGBT, l’objectif de ce questionnaire est de «donner à voir au publicle positionnement de chaque candidat sur l’ensemble de nos questions » . Cela a supposé que toutes les associations membresse mettent d’accord, en travaillant à partir d’une trame élaborée par l’Inter-LGBT. Cette démarche témoigne de la volonté de l’inter associative de faire parler le mouvement d’uneseule voix, démarche facilitée par le partenariat avec l’association SOS homophobie. Lesclassements et analyses ne sont disponibles que pour Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou et Emmanuel Macron. Les réponses de Nicolas DupontAignan ont été retirées du site suite à son alliance avec Marine Le Pen. Emmanuel Macron est le seul candidat ayant refusé de cocher ces cases, envoyant à la place une lettre à l’Inter-LGBT. Le classement peut surprendre: Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon et Philippe Poutou son en vert, Nicolas Dupont-Aignan en jaune, et Emmanuel Macron en orange. Le classement d’Emmanuel Macron est plus bas que Nicolas Dupont-Aignan surtout car il ne s’est pas positionné sur un certain nombre de propositions dans sa lettre.
Que les candidats de gauche et d’extrême gauche soient en tête est en revanche moins surprenant. Ces questionnaires forcent les candidat.e.s à prendre position sur des questions parfois évitées dans les programmes commeles droits des personnes intersexes et des personnes transgenres. François Fillon n’a pas répondu au questionnaire, alors que  Nicolas Sarkozy avait envoyé un de ses représentants au meeting organisé par les associations en 2012. Le nombre de réponses et leur faible médiatisation montrent que les sujets LGBT ont moins mobilisé pendant cette campagne de 2017. SOS homophobie a mené une autre initiative sans s’associer à d’autres structures: faire signer aux candidat.e.s. à l’élection présidentielle et aux élections législatives une charte. Elle les engage à prendre en considération les violences auxquels font face les populations LGBT et la banalisation des propos de haine à leur encontre. Elle les engage également à respecter les personnes LGBT, à tenir des propos respectueux et à condamner « toutedévalorisation des personnes LGBTI » . Cette charte a été peu médiatisée et peu signée,montrant encore une fois une plus faible prise de position des candidat.e.s en 2017 qu’en 2012.

L’utilisation d’un vocabulaire proche du vocabulaire politique mais aussi du droit

La lisibilité des revendications n’est pas passée seulement par la concentration des demandes et le rassemblement des associations, mais aussi par l’utilisation d’un vocabulaire lisible politiquement, pendant la campagne de 2017 mais aussi au momentd’élections locales pendant les années suivant les débats sur le mariage et l’adoption. L’Inter-LGBT a créé trois documents à destination des régions, départements et villes, quirecensent des actions à mettre en place au niveau local pour agir contre les discriminations.
Ces guides mettent l’accent sur les actions « sur le terrain »qui complètent l’évolutionlégislative de l’ouverture du mariage et de l’adoption. Les guides à destination des villes etdes départements, réalisés à partir de la même charte graphique, marquent d’un « smiley » les actions faciles à réaliser et peu coûteuses à destination des petites communes. Ces documents sont adaptés aux compétences de chaque collectivité locale et recensent de nombreuses idées dans des domaines diversifiés. Ils sont relativement courts, les propositions d’actions étant rédigées de façon brève, ce qui rend le document très lisible. Selon Aurore Foursy, ces documents sont surtout là pour faciliter un début de dialogue : « C’est à l’équipe locale de se saisir du sujet ensuite, et de travailler avec les élus » (voir annexe 5 pour l’entretien complet).Les associationslocales comme les centres travaillent déjà avec des élu.e.s, comme l’ont assuré Erwann leHô, président du Centre LGBT Côte d’Azur et Matthieu Gatipon-Bachette, Président de Couleur Gaies, association qui composele centre LGBT de Metz (voir annexes 7 et 9), y compris avec des majorités réputéeshostiles aux questions LGBT.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières
REMERCIEMENTS 
INTRODUCTION 
CHAPITRE 1 : LE POLITIQUE, LA POLITIQUE ET LES QUESTIONS LGBT 
I) LES DEBATS SUR LE MARIAGE POUR TOUS:DES DEBATS DIFFICILES DOMINES PAR LES OPPOSANT.E.S AU TEXTE
A) UNE DEMANDE CLAIRE DES ASSOCIATIONS FEDEREES,UNE CAMPAGNE DE DESINFORMATIONVIOLENTE
B) UNE VIOLENCE REPRISE PAR LA POLITIQUE
C) UN DEBAT SYMPTOMATIQUE DE « L’INVERSION DE LA QUESTION HOMOSEXUELLE» ?
II) LA CAMPAGNE PRESIDENTIELLE DE 2017 :UN DEBAT INEXISTANT ET UNE SPHERE POLITIQUE HANTEE PAR LES DEBATS DE 2012 – 2013
A) DANS LES PROGRAMMES DES CANDIDAT.E.S,LES DEBATS DE 2012-2013 TOUJOURS PRESENTS
B) LES DROITS LGBTCOMME MOYEN DE SE PLACER SUR L’ECHIQUIER POLITIQUE?
C) DROITS DES FEMMES, LGBTET FN :UN MONDE POLITIQUE MIS EN DIFFICULTE
III) LES DISPOSITIFS DE LUTTE CONTRE LES DISCRIMINATIONS ET L’HOMOPHOBIE:EST-CE LA QUE SE JOUE LE POLITIQUE?
A) LE DEFENSEUR DES DROITS
B) LA DILCRAH
CHAPITRE 2 : UNE PROFESSIONNALISATION DE LA COMMUNICATION DES ASSOCIATIONS LGBT QUI TENTENT DE FAIRE LEUR PLACE DANS LE DEBAT PUBLIC
I) UNE PROFESSIONNALISATION QUI PASSE PAR LA VISIBILITEET LA LISIBILITE
A) L’EFFORT DE CENTRALISATION DES DEMANDES ET DE LEUR LISIBILITE:LE GRAND ECARTDES CAMPAGNES DE 2012ET 2017
B) L’UTILISATION D’UN VOCABULAIRE PROCHE DU VOCABULAIRE POLITIQUE MAISAUSSI DU DROIT
C) L’INTEGRATION DE L’IMPORTANCE DES MEDIAS
II) DE NOMBREUSES LIMITES SUBSISTENT A CETTE PROFESSIONNALISATION
A) DES STRUCTURES JEUNES EN MANQUE DE MOYENS FINANCIERSET HUMAINS
B) LES ASSOCIATIONS LGBT :UNE PLURALITE DE POINTS DE VUE ET DE PRISES DE PAROLE
C) UNE BASE DE VOCABULAIRE COMPLEXE ET EN CONSTANTE EVOLUTION
CHAPITRE 3 : UN DIALOGUE LONG ET COMPLEXE CAR LES QUESTIONS LGBT
METTENT AU JOUR LES NORMES DE LA SOCIETE ET LE FONCTIONNEMENT DE SON LANGAGE
I) UNE LUTTE QUI S’ATTAQUE A L’IMAGINAIRE SOCIAL ET A LA LANGUE
A) LES FONDEMENTS DE LA SOCIETE ANCRES DANS L’IMAGINAIRE SOCIAL
B) CET IMAGINAIRE SOCIAL EST PRESENT DANS LE LANGAGE,TERRAIN DE LUTTE POLITIQUE
C) LE MOUVEMENT LGBTEN LUTTE EGALEMENT CONTRE LES STEREOTYPES ET CLICHES, RACINES DES DISCRIMINATIONS
II) UNE LUTTE POLITIQUE QUI SE TRANSFORME EN COMBAT CULTUREL?
A) LES ASSOCIATIONS ET LES INSTITUTIONS PRENNENT EN COMPTE L’IMPORTANCE DU TRAITEMENT MEDIATIQUE ET DE LA REPRESENTATION
B) LA FICTION A UNE INFLUENCE SUR L’IMAGINAIRE SOCIAL 61 C) INCARNER LA LUTTE MAIS AUSSI L’HOMOPHOBIE
CONCLUSION 
BIBLIOGRAPHIE 
OUVRAGES 
ARTICLES 
DOCUMENTAIRES 

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *