Un vieillissement ou des vieillissements ?

Un vieillissement ou des vieillissements ? 

Le vieillissement est défini par « l’ensemble des phénomènes qui marquent l’évolution d’un organisme vivant vers la mort » et correspond à « un affaiblissement naturel des facultés physiques et psychiques dû à l’âge » (Dictionnaire Larousse en ligne, 2015). L’avancée en âge provoque toutes sortes de changements ayant des répercussions physiques sur l’individu (changements anatomiques, psychologiques, ou encore physiologiques ; Lemaire & Bherer, 2005). De plus, le vieillissement entraîne également un changement de statut de l’individu au sein de la société : la personne active devient une personne retraitée, son rôle dans la société n’est donc plus le même. Dans ce premier chapitre, le vieillissement sera abordé d’un point de vue social. Différentes théories apparues depuis le milieu du XXème siècle seront exposées. Ensuite, un nouveau concept de vieillissement ayant émergé depuis une vingtaine d’années sera présenté : celui du « bien vieillir ».

Les théories fonctionnalistes du vieillissement 

Depuis le milieu des années 50, plusieurs théories psychosociales du vieillissement ont été proposées afin de non seulement décrire, mais également expliquer comment l’individu s’adapte au vieillissement dans son environnement social (Alaphilippe & Bailly, 2013).

La théorie de l’activité 

Au début des années 50, la théorie de l’activité prône que la réussite du vieillissement est proportionnelle à la quantité des activités exercées par la personne âgée une fois qu’elle est à la retraite (Havighurst & Albrecht, 1953). S’engager dans de nouvelles activités permet aux personnes âgées d’avoir un nouveau rôle à jouer dans la société, d’avoir ainsi une bonne estime d’eux-mêmes, et contribue également à maintenir leur état de santé. Cependant, cette théorie présente quelques limites. En effet, elle s’applique essentiellement aux personnes âgées les plus jeunes et aisées et tend à ne pas considérer les personnes les plus âgées, ni celles ayant de faibles revenus. L’état de santé diminuant avec l’avancée en âge, les personnes les plus âgées ne peuvent pas avoir autant d’activités que les personnes âgées plus jeunes, car elles peuvent en être moins capables physiquement ou cognitivement. De plus, la participation à des activités peut entraîner toutes sortes de frais (relatifs, par exemple, au déplacement, àl’inscription ou à l’achat du matériel), et les personnes âgées ayant de faibles revenus se trouvent limitées dans le choix et le nombre des activités qu’elles peuvent réaliser. Enfin, cette théorie, en considérant surtout la quantité des activités menées par les seniors, ne prend pas en compte leur qualité.

La théorie du désengagement

En 1961, Cumming et Henry présentent la théorie du désengagement, qui repose sur l’idée d’un « éloignement réciproque » entre la personne vieillissante et les individus de la société dans laquelle elle vit. Les auteurs décrivent un système dans lequel, d’une part, la personne âgée s’isole et réduit ses échanges sociaux avec les autres et où, d’autre part, la société attribue un autre rôle à la personne âgée et a tendance à l’isoler. Ainsi, la personne qui était considérée jusqu’ici comme un travailleur actif, devient une personne vieillissante, à la retraite. Naturellement, la personne âgée se retrouve ainsi davantage centrée sur elle-même et moins tournée vers les autres qu’auparavant. Cette sorte de désocialisation, d’exclusion sociale, est présentée comme une condition nécessaire au « bien vieillir ». Populaire dans les années 60-70, cette théorie du désengagement est aujourd’hui laissée de coté car elle a donné lieu à certaines questions restées sans réponse, comme par exemple, qui amorce le processus de désengagement ? Est-ce la personne âgée qui le fait d’elle-même ou bien est-ce la société ? (Achenbaum & Bengtson, 1994). En outre, cette théorie édifiée dans les années 60 décrivait une situation pour les seniors bien différente de la situation actuelle, en particulier avec des seniors plus actifs aujourd’hui qu’ils ne l’étaient il y a 50 ans et qui participent plus intensivement à la vie sociale.

La théorie de la continuité 

La théorie de la continuité formulée par Robert Atchley a vu le jour en 1989. Elle se différencie des deux théories précédentes car elle ne fait pas état d’une rupture dans la vie de la personne âgée au moment de la retraite. Selon cette théorie, le bien-être et l’estime de soi de la personne âgée ne seraient pas liés à la quantité d’activités réalisées mais plus à la capacité à maintenir un certain mode de fonctionnement. La personne âgée tente ainsi de maintenir ses activités et son engagement social grâce à des stratégies d’adaptation et se sert de ses expériences passées pour résoudre les difficultés rencontrées. Ainsi, cette théorie souligne le fait qu’il n’y a pas qu’une seule façon de vieillir, mais que tous les individus ont une manière de vieillir qui leur est propre.

Conclusion
Ces trois théories ont tenté de décrire le comportement social de l’individu vieillissant dans son environnement, son adaptation à sa nouvelle identité de « personne âgée», et la manière dont il essaye de conserver un certain équilibre et un certain bienêtre. Cependant, ces théories présentent des limites car elles ne prennent pas en compte l’influence de facteurs physiques ou cognitifs dans l’adaptation de l’individu à son changement de statut.

Vers une nouvelle conceptualisation du vieillissement 

Apparu à la fin du XXème siècle, le vocabulaire utilisé pour caractériser le vieillissement reflète une vision positive de l’avancée en âge (Fernández-Ballesteros, 2008). Parmi les qualificatifs associés au vieillissement se trouvent les termes de «réussi », « actif », « productif », « optimal », ou encore « positif », et la notion de «bien vieillir » a également émergé. Dans cette partie I.2, les notions de «vieillissement réussi », « vieillissement actif » et de « bien vieillir » seront décrites, afin de mieux comprendre ces nouveaux concepts associés au vieillissement.

Le « vieillissement réussi » 

Parmi les pionniers dans le développement de ce nouveau paradigme du vieillissement actif, Rowe et Kahn (1987) ont différencié le vieillissement usuel (« usual aging ») du vieillissement réussi. Le vieillissement usuel fait référence aux personnes âgées ne présentant pas de pathologies particulières, mais qui ont un risque élevé d’en avoir. Le vieillissement réussi fait, quant à lui, référence aux personnes âgées ayant un faible risque de tomber malade et ayant des capacités cognitives et physiques élevées.

Plus précisément, le vieillissement réussi repose sur la combinaison de trois éléments : i) une faible probabilité de maladie, ii) des capacités fonctionnelles cognitives et physiques élevées, et iii) un engagement actif dans des activités sociales. Ces trois éléments sont étroitement liés les uns avec les autres et une structure hiérarchique existe entre eux . La faible probabilité de maladie ne fait pas seulement référence à la présence ou à l’absence de maladie, elle renvoie également aux facteurs de risque de développer une maladie. Les capacités fonctionnelles élevées comprennent à la fois les capacités cognitives et physiques et sont des prérequis à l’activité de l’individu. Elles informent sur ce qu’une personne est capable de faire et non sur ce qu’une personne fait effectivement. Le vieillissement réussi va plus loin que ce que l’individu est capable de faire. La notion d’activité fait ici référence au regroupement de deux éléments : les relations sociales (c’est-à-dire, les contacts et les échanges avec les autres individus de la société) et les activités dites productives (c’est-à-dire, les activités qui créent une valeur aux divers aspects de la vie sociale de l’individu).

Le « vieillissement actif »
Le vieillissement actif a été défini en 2002 par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme étant « le processus d’optimisation des possibilités pour la santé, la participation sociale et la sécurité, dans le but d’améliorer la qualité de vie et le bien-être des personnes vieillissantes ». L’OMS énonce les déterminants du vieillissement actif, sur le plan de la population, que sont des facteurs économiques et sociaux, environnementaux, relatifs aux services sanitaires et sociaux, et au comportement de l’individu. Le vieillissement actif, concept multidimensionnel reposant sur une vision positive du vieillissement appelée « bien vieillir », renvoie à un processus d’adaptation des individus tout au long de leur vie permettant un vieillissement en bonne santé, réussi, et productif sur le plan social (Fernández-Ballesteros et al., 2013). Bien qu’il n’y ait pas de définition empirique du vieillissement actif, un consensus regroupant plusieurs notions existe cependant : une faible probabilité de maladie, une bonne aptitude physique, un fonctionnement cognitif élevé, un esprit positif, une bonne gestion du stress et une participation à la vie sociale (Fernández Ballesteros, 2008 ; Fernández-Ballesteros et al., 2013). Afin de mieux appréhender ce concept de vieillissement actif, ses différentes dimensions et caractéristiques seront détaillées dans les parties suivantes.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
CADRE THEORIQUE
I. Un vieillissement ou des vieillissements ?
I.1 Les théories fonctionnalistes du vieillissement
I.2 Vers une nouvelle conceptualisation du vieillissement
I.3 Conclusion
II. Vieillissement normal et cognition
II.1 Définitions de la notion de « vieillissement »
II.2 Vieillissement cognitif normal
II.3 Modélisation théorique du vieillissement cognitif
III. Conduite automobile
III.1 Définition
III.2 Conséquences du vieillissement sur les capacités de conduite
III.3 Modèles cognitifs de l’activité de conduite
IV. Autorégulation de la conduite automobile
IV.1 Définition
IV.2 Facteurs influençant l’autorégulation de la conduite
IV.3 Conclusion
V. Modélisation du processus d’autorégulation de la conduite chez les seniors
V.1 Modèle de Rudman et collaborateurs (2006)
V.2 Modèle transthéorique du changement de comportement appliqué à la conduite automobile
V.3 Modèle du processus d’adoption du comportement de précaution
VI. Continuum éducatif des seniors, mobilité et sécurité
VI.1 Programmes de formation théorique
VI.2 Programmes de formation théorico-pratique
VI.3 Outils basés sur l’auto-évaluation et la prise de conscience des capacités
VI.4 Entraînement cognitif seul
VI.5 Entraînements pratiques
VI.6 Conclusion
VII. Forces et faiblesses du simulateur de conduite
VII.1 Introduction
VII.2 Fidélité et validité du simulateur de conduite
VII.3 Entraînement et rééducation
VII.4 Un défi majeur : le mal du simulateur
VII.5 Conclusion
VIII. Objectifs et hypothèses de travail
PARTIE EXPERIMENTALE 
I. Introduction générale
II. Méthodologie générale
II.1 Participants
II.2 Entraînement cognitif
II.3 Immersion sur simulateur de conduite
II.4 Activité contrôle
II.5 Procédure
III. Focus 1 : Entraînement cognitif informatisé et performances cognitives
III.1 Introduction
III.2 Méthodologie
III.3 Résultats
III.4 Discussion
IV. Focus 2 : Entraînement cognitif informatisé et calibration des capacités cognitives
IV.1 Introduction
IV.2 Méthodologie
IV.3 Résultats
IV.4 Discussion
V. Focus 3 : Entraînement cognitif informatisé et performances de conduite
V.1 Introduction
V.2 Méthodologie
V.3 Résultats
V.4 Discussion
VI. Focus 4 : Entraînement cognitif informatisé et bien-être subjectif
VI.1 Introduction
VI.2 Méthodologie
VI.3 Résultats
VI.4 Discussion
PARTIE EXPERIMENTALE 2
I. Introduction générale
I.1 Rappels du contexte scientifique
I.2 Objectif et hypothèses
II. Méthodologie générale
II.1 Participants
II.2 Procédure
III. Etude 1
III.1 Synthèse des résultats
III.2 Article publié dans la revue Human Factors
IV. Etude 2
IV.1 Synthèse et éléments d’interprétation des résultats
IV.2 Article à soumettre dans la revue Applied Ergonomics
DISCUSSION GENERALE
I. Influence de l’entraînement cognitif sur les performances cognitives et de conduite des seniors
II. Influence de l’entraînement cognitif sur la calibration des capacités cognitives des seniors
III. Rôle du simulateur dans le transfert des bénéfices de l’entraînement cognitif aux performances de conduite sur route
IV. Efficacité de la stimulation galvanique cutanée de la nuque sur la réduction du mal du simulateur
CONCLUSION GENERALE

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