Évolution des systèmes agraires au cours de la dernière décennie

Un système agraire marqué par la tradition

Contexte et problématique

Ce stage de OESS a été effectué à la Faculté d’Agronomie et des Sciences Agricoles de Oschang (Cameroun), sous la direction de monsieur André Kamga chargé de cours, et doctorant à l’Université de Toulouse-Matabiau. Il s’insère dans le cadre de la thèse de monsieur Kamga (” Evolution des systèmes agraires du Pays Bamiléké au cours de la dernière décennie”). Le Pays Bamiléké (fig. a), situé dans la province de l’Ouest Cameroun, est considéré par de nombreux auteurs comme le “grenier” du Cameroun. Dans cette région la majorité de l’espace est dévolue à l’agriculture vivrière et maraichère. Cette pression de l’agriculture sur le paysage a continuellement augmenté sous l’effet conjoint de trois facteurs : la crise économique, la dévaluation du franc CFA, et la forte pression foncière. . Cette pression se traduit essentiellement par une disparition progressive de l’arbre dans le paysage et une extension des domaines culturaux vers les zones autrefois dédiées à l’élevage au point de créer de nombreux conflits. L’exemple type de cette transformation des systèmes agraires (fig. b) est le groupement (chefferie) Bafou situé sur les versants méridionaux des monts Bamboutos, département de la Ménoua (fig. a), groupement très étudié depuis ces vingt dernières années. Or, il existe, à une trentaine de kilomètres au N-E, une zone géographique regroupant plusieurs chefferies, dans le département des Bamboutos dont fait partie le groupement Baméssingué, où les zones boisées (fig. c) restent très importantes en terme de surface de couverture du paysage. (Remarque : la notion ”fortement boisé” restant très subjective, elle est employée ici dans les cas où la densité des arbres est supérieur 1 pour 100 m2.)

Quelle est la dynamique de ce paysage boisé?

Pour répondre à cette question, dans un premier temps, nous essaierons de mettre en évidence les raisons de la présence d’une telle densité d’arbre dans le paysage agraire, par une analyse simplifiée du paysage, et une reconstitution historique du groupement, afin d’isoler les éléments (traces, vestiges, et les événements (politiques, historiques) importants qui ont conduit à l’implantation de l’arbre et sa forte présence dans le groupement. Dans un second temps, nous nous attacherons d’abord à la description d’unité paysagère où les systèmes de cultures boisées sont dominants, par une analyse du paysage, puis, plus ponctuellement, à celle de certains de ces systèmes, par la méthode des profils architecturaux. Le choix de ces systèmes est orienté, afin qu’ils soient représentatifs des unités paysagères décrites précédemment mais non représentatifs de l’ensemble des systèmes de cultures du groupement. Ces analyses permettront d’une part, de mettre en relation l’évolution du paysage et celle des systèmes de cultures boisées étudiés, et d’autre part, de comparer cette évolution avec celle du reste du Pays Bamiléké en tenant compte du contexte écologique et de l’évolution socioculturelle actuels.Cadre théorique. Les études sur les systèmes de production agricole et notamment celles des systèmes agroforestiers, doivent se faire à une échelle qui soit représentative d’une unité cohérente. L’analyse systémique apporte un concept adapté à l’échelle régionale: le concept de système agraire. Il peut être défini comme un “mode d’organisation adopté par une société rurale pour exploiter son espace et gérer ses ressources. Ce mode d’exploitation du milieu résulte des interactions entre les contraintes et les possibilités du milieu physique, les caractéristiques socioéconomiques du peuplement humain et les acquis techniques de la société rurale, l’ensemble de ces interactions étant soumis à l’influence de facteurs externes liés à l’environnement du système”.(Jouve P. et Tallec M., 1994). L’étude d’un tel système conduit donc à se poser deux questions fondamentales: • Comment aborder la diversité géographique des modes d’exploitation du milieu? • Comment étudier leur évolution au cours du temps? Il existe deux moyens privilégiés pour identifier l’extension spatiale d’un système agraire, qui sont : l’analyse des paysages agraires et le repérage des règles communes en matière d’exploitation et de mise en valeur du milieu (Jouve, 1988). Dans cette étude c’est le quartier qui apparaTt comme le site le plus approprié pour aborder les règles communes d’exploitation du milieu (règles foncières, d’organisation du travail, de conduite des cultures et des troupeaux, etc.) ainsi que pour décrire les paysages . L’adoption de l’analyse systémique pour rendre compte des modes d’exploitation du milieu rural conduit à identifier différents niveaux d’organisation, emboités les uns dans les autres sans pour autant être de même nature (Jouve et Clouet 1984). Le quartier considéré comme un agrosystème est un de ces niveaux. Il constitue un sous-ensemble du système agraire. C’est l’ensemble des agrosystèmes des quartiers d’un village d’une région donnée, leur diversité, leur dynamique, les relations qu’ils ont entre eux qui vont permettre de caractériser les systèmes agraires de cette région. Au sein du niveau d’organisation que représente le quartier, on peut également identifier des sous-ensembles : les exploitations agricoles ou les unités de production, dont l’analyse va permettre d’affiner la compréhension globale du système. Si un système agraire s’identifie à partir des règles communes d’exploitation du milieu, son fonctionnement va aussi dépendre de la diversité des systèmes de productions mis en œuvre à l’échelle des exploitations. La part d’explication du fonctionnement d’un système agraire qui incombe aux règles communes d’exploitation du milieu repérées à l’échelle des agrosystèmes villageois et celles qui découlent de l’analyse de la diversité des systèmes de production sont variables selon les situations agraires. En effet, dans une société comme celle des Bamilékés où existent de fortes différentiations sociales, l’étude des stratégies d’exploitation doit ce faire suivant les situations personnelles, familiales ou la classe sociale (autant de critères dont il faut tenir compte et qui sont indispensables à l’étude du système agraire régional). De plus, pour juger du fonctionnement d’un système, il faut considérer sont évolution dans le temps. L’analyse du passé permet de mieux expliquer le présent et peut conforter notre conception du futur. 1 1.3. Définitions : Système de culture : “Une surface de terrain traitée de manière homogène en ce qui concerne les cultures végétales, leur ordre de succession, les techniques mises en œuvre” (Sebillotte, 1990). Système d’élevage: “Ensemble des ateliers et des techniques qui permettent de produire des animaux ou des produits animaux dans des conditions compatibles avec les objectifs de l’agriculteur et les contraintes de l’exploitation” (Menjon et d’Orgeval, 1983). itinéraire technique : “Combinaison logique et ordonnée de techniques qui permettent de contrôler le milieu et d’en tirer une production” (Sebillotte, 1974). Unité de production : Ensemble des parcelles d’une exploitation agricole. Parcelle : Etendu élémentaire, délimitée et définie par sa double appropriation : propriétaire ou exploitant, affectation du sol (forme, exposition, pente, aménagement, accessibilité )(Brunet, 1996). Agroforesterie : C’est un système d’utilisation des terres, contrOlé par la population locale, où les composantes ligneuses pérennes sont associées à l’agriculture et/ou l’élevage, sur la même parcelle de terre, de telle façon que l’agroécosystème tende à imiter le plus possible l’écosystème naturel forestier local, en ce qui concerne la biomasse aérienne et souterraine, la structure de la végétation et sa richesse spécifique. Or, dans le cadre de la présente étude les systèmes agroforestiers ne tendent pas à imiter un écosystème naturel, mais sont issus de l’innovation paysanne. Il s’agit d’une organisation spatiale maTtrisée. En effet, la végétation originelle n’est pas un système forestier mais une savane boisée-herbeuse de moyenne altitude. Pour Somariba E. (1992) l’agroforesterie est un terme collectif pour des systèmes et des technologies d’utilisation des terres où des ligneux pérennes (arbres, arbustes, arbrisseaux, sous-arbrisseaux et par assimilation palmiers et bambous) sont cultivés dans un arrangement spatial ou temporel, et où existent des interactions à la fois écologiques et économiques entres les ligneux et les autres composantes du système. Ces interactions peuvent revêtir des formes positives ou négatives et ne restent pas nécessairement stables dans le temps. Cette définition sert de référence pour la suite.

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Table des matières

Liste des annexes
Liste des illustrations
1. Introduction
1.1. Contexte et problématique
1.2. Cadre théorique
1.3. Définitions
Il. Méthodes mises en oeuvres. p.6
2.1. Reconstitution historique du village
2.2. Etude des paysages
2.2.1. La phase exploratoire
2.2.2. Analyse détaillée
2.2.3. Phase de synthèse
2.3. Description des agroforêts
3.3.1. Présentation et description de la méthode du profil forestier
3.3.2. Illustration et analyse par la méthode du profil
III. Une situation complexe. lourde de conséquence
3.1. Contexte géopolitique du Cameroun
3.1.1. Evolution de la politique du Cameroun
3.1.1.1. La colonisation allemande de 1884 à 1916
3.1.1.2. Le partage entre les Anglais et les Français
3.1.2. Evolution politique contemporaine
3.1.2.1. L’accession à l’indépendance
3.1.2.2. La réunification
3.1.3. Evolution de la politique agricole
3.1.3.1. Les agences de développement
3.1.3.2. Le café
3.2. Le milieu humain: une tradition ancrée
3.2.1. Organisation traditionnelle de la chefferie
3.2.2. L’organisation administrative
3.2.3. La tradition Bafoung
3.2.3.1. Les successions traditionnelles
3.2.3.2. L’évolution actuelle dans le domaine de la succession
Le milieu physique. exception camerounaise
Situation géographique du Pays bamiléké
3.3.1.1. Situation de la région d’étude
Le climat du Pays Bamiléké
3.3.2.1. Donnée climatique de la région étudiée
La végétation naturelle
3.3.3.1. Les forêts et savanes zonales
3.3.3.2. Les formations montagnardes et semimontagnardes
3.3.3.3. Les formations édaphiques
3.3.4. Les sols
3.3.4.1. Les sols ferrallitiques
3.3.4.2. Les sols peu évolués
2.4.4.2 Les sols hydromorphes
Un système agraire marqué par la tradition
3.4.1. Système agraire en Pays Bamiléké
3.4.2. Les ressources ligneuses en Pays Bamiléké. l’exemple du groupement Bafou
3.4.3. Ressources ligneuses
3.4.3.1. L’habitat
3.4.3.2. Les formes traditionnelles du droit sur la terre
3.4.3.3. Au niveau de la parcelle
3.4.3.4. Les systèmes agroforestiers
3.4.4. Usage de la ressource ligneuse
Un milieu en évolution
4.1. Histoire du village
4.2. Origine de l’Arbre dans la chefferie
4.3. Les paysages et leurs agroforêts
4.3.1. Profil n01 : Village de Baméssingué, guartier Bawa
4.3.1.1. Caractéristiques du paysage
4.3.1.2. Caractéristique du système étudié
4.3.1.3. Composition de l’association agroforestière
4.3.1.4. Aménagement, gestion et exploitation
4.3.2. Profil n02 : Village de Baméssingué, guartier Batoula
4.3.2.1. Caractéristiques du paysage
4.3.2.2. Caractéristique du système étudié
4.3.2.3. Composition de l’association agroforestière
4.3.2.4. Aménagement, gestion et exploitation
4.3.3. Profil n03 : Village de Baméssingué, guartier Bamete
4.3.3.1. Caractéristiques du paysage
4.3.3.2. Caractéristique du système étudié
4.3.3.3. Composition de l’association agroforestière
4.3.3.4. Aménagement, gestion et exploitation
4.3.4. Profil n04 : Village de Baméssingué, guartier King-place 1
4.3.4.1. Caractéristiques du paysage
4.3.4.2. Caractéristique du système étudié
4.3.4.3. Composition de l’association agroforestière
4.3.4.4. Aménagement, gestion et exploitation
4.3.5. Profil n05 : Village de Baméssingué, guartier King place 1
4.3.5.1. Caractéristiques du paysage
4.3.5.2. Caractéristique du système étudié
4.3.5.3. Composition de l’association agroforestière
4.3.5.4. Aménagement, gestion et exploitation
4.4. Des enjeux différents pour des acteurs différents
Conclusion
Bibliographie
Annexes

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