Un renouveau du cyberféminisme qui donne lieu à l’apparition d’une forme de féminisme ordinaire

Définition des termes du sujet

Militantisme

Selon le Trésor de la langue française, le militantisme se définit comme l’ « attitude des personnes qui militent activement dans une organisation, un parti politique, un syndicat » . Le/la militant.e serait donc celui/celle qui, membre d’une organisation, d’un parti ou d’un syndicat, lutterait pour défendre ses idées. Dans le contexte de notre analyse, cette définition paraît bien peu adéquate, dans la mesure où le « militantisme » que nous souhaitons étudier ici ne concerne pas directement des membres d’une organisation, mais bien des membres de la société qui, politisés, militent pour défendre leurs idées, de façon indépendante et sans faire partie d’un cadre institutionnel, et c’est là en partie l’intérêt de notre objet de recherche. En effet, les citoyennes à l’origine des comptes Instagram que nous étudierons ici, sont ce que l’on peut désigner comme « profanes » en la matière, dans la mesure où celles-ci ne sont pas encadrées institutionnellement : il ne s’agit pas de membres d’associations féministes, mais bien de citoyennes politisées qui ont décidé de prendre la parole sur le féminisme, en s’affranchissant des canaux institutionnels. C’est pourquoi nous nous devons de parler ici de « néo-militantisme », plus que de militantisme. Le néo-militantisme féministe peut, au regard de notre objet de recherche, se définir comme une mobilisation autonome pour la défense des droits des femmes et une lutte sociale pour la fin de l’oppression patriarcale. Pour cela, nous nous appuierons sur la vision que porte Fabien Granjon sur ce concept, sur laquelle nous reviendrons dans notre deuxième partie.

Féminisme.s

Selon Christine Bard , le premier réflexe consiste à dater le féminisme de la première occurrence du mot. Le mot « féminisme » serait donc apparu en 1871 dans le vocabulaire médical pour désigner une pathologie : la féminisation des sujets masculins.
Mais l’historiographie féministe préfère retenir la première occurrence du mot dans son sens politique, dans L’Homme-femme, un pamphlet d’Alexandre Dumas-fils publié en 1872, dans lequel celui-ci démontre que l’égalité hommes-femmes représente une pathologie, dans la mesure où elle irait à l’encontre de la répartition des rôles voulue par la nature. En 1882, Hubertine Auclert, pionnière de la lutte pour le droit de vote des femmes, emploie le substantif dans une lettre au préfet de la Seine. L’utilisation du mot se fera encore rare pendant une décennie, celui-ci étant délaissé pour l’expression « mouvement féminin » et non « mouvement féministe ». Ce sont ensuite des militantes radicales, socialistes, suffragistes, qui s’approprient ce terme.
Selon le Trésor de la langue française , le féminisme se définit comme « un mouvement social qui a pour objet l’émancipation de la femme, l’extension de ses droits en vue d’égaliser son statut avec celui de l’homme ». Le féminisme serait donc un courant de pensée, mais également un ensemble de mobilisations et de luttes sociales visant à atteindre l’égalité entre hommes et femmes. Bien que cette définition résume l’objet du mouvement, définir le féminisme en tant que tel reviendrait à nier la pluralité du mouvement, de ses luttes et de ses formes d’action. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous emploierons parfois le pluriel du terme « féminismes », afin de tenter de rendre compte au mieux de ses différentes expressions.
Pour définir le terme de la façon la plus exhaustive possible, nous avons jugé nécessaire de nous appuyer sur la division du féminisme en vagues, aujourd’hui devenue une convention internationale dans l’historiographie féministe, et résumée par Christine Bard . « Vague » est le terme que l’on emploie pour catégoriser les différentes phases de la mobilisation militante : chaque vague correspond donc à un moment particulier de l’histoire des féminismes. Selon l’auteure, les trois éléments qui concourent à l’élaboration d’une vague sont « ses orientations, son répertoire d’actions et son contexte » . On distingue habituellement une première vague, allant de la fin du XIXe siècle au milieu du XXe ; une deuxième pour les années 1960 – 1970 ; enfin, une troisième vague, qui est en cours depuis le début des années 1980. Le terme de « vague » est intéressant pour penser la pluralité des mouvements féministes, dans la mesure où il permet de comprendre que les différentes phases se chevauchent et se nourrissent entre elles. Ce découpage est également intéressant car il permet de comprendre que chaque phase du féminisme s’est appuyée sur des des stratégies spécifiques d’usages des médias, en prenant place dans des espaces médiatiques renouvelés.
La première vague féministe correspond au mouvement des suffragettes, apparu à la fin du XIXe siècle aux États-Unis et en Grande-Bretagne, porté sur l’acquisition de l’égalité des sexes devant le droit de vote, et donc sur des revendications juridiques et politiques. Ces mobilisations collectives de féministes issues pour la plupart du milieu bourgeois, ont connu une forte médiatisation par la presse populaire. Commence ensuite une période de transition entre la première et la deuxième vague, appelée « le creux de la vague ».
La deuxième vague correspond aux mouvements des activistes des années 1970, militant pour leur droit à disposer de leur corps. Celle-ci se déploie d’abord aux Etats-Unis à partir de 1968, puis en Europe dans les années 1970. Ces revendications mettent en lumière la domination masculine et les normes imposées aux femmes par la société patriarcale. Celles-ci donnent lieu à un renouveau du féminisme, caractérisé par la naissance du fameux Mouvement de Libération des Femmes (MLF). La particularité de cette deuxième vague, dont les revendications sont essentiellement médiatisées par la presse magazine et par la vidéo, est la visibilité qu’elle donne aux questions sexuelles et corporelles. Elle initie donc la politisation de l’intime encore actuelle dans les combats féministes d’aujourd’hui.
À la suite de cette seconde vague et de ses acquis, le mouvement féministe tombe dans ce que Susan Faludi théorise en 1991 comme étant un « backlash » (« retour de bâton ») . Celle-ci postule qu’au regard des avancées féministes depuis les années 1980, et avec la naissance d’un féminisme d’État, les médias diffusent l’idée que l’égalité entre hommes et femmes aurait désormais été acquise, et par là-même, que les combats féministes seraient désormais vains. Le mouvement féministe subit alors ce retour de bâton et ses luttes en pâtissent. Mais l’émergence d’une troisième vague commence à ce moment-là, avec l’apparition du Black Feminism, mobilisant les femmes de couleur, ainsi que les immigrées latino-américaines, ou encore les féministes lesbiennes, qui ne s’identifient plus au féminisme de la deuxième vague. L’oppression de ces femmes se situe à la croisée de multiples discriminations de classe, de race, de genre et de sexualité. Avec cette troisième vague naît donc un féminisme intersectionnel, qui propose de croiser les luttes féministes avec l’antiracisme, l’anticapitalisme, l’altermondialisme, ou encore l’écologie avec l’écoféminisme. La troisième vague féministe permet donc l’introduction des théories queer et revendique le corps comme l’objet majeur de la résistance. Cette diversité dans les revendications est tout particulièrement soulignée par l’avènement d’Internet et des réseaux sociaux qui autorisent une explosion des revendications et une diversification dans leurs formes d’actions. Les nouvelles technologies permettent également une internationalisation des féminismes. Selon Christine Bard, « la consolidation de ces réseaux par le prisme des nouvelles technologies est peut-être l’un des aspects les plus visibles du renouveau militant de la troisième vague ». Si l’existence de réseaux transnationaux est avérée dès la première vague du féminisme, la révolution numérique des années 1990 a « facilité des déplacements et la fabrique d’un féminisme transnational à la fois organisé et informel : une déterritorialisation en quelque sorte ». À partir de l’émergence de cette troisième vague, le mouvement féministe s’empare donc des nouvelles technologies de l’information et de la communication pour évoluer en lutte transnationale, et intègre désormais systématiquement le mode d’action digital à ses pratiques militantes. Les différents collectifs partagent donc tous aujourd’hui une visibilité permanente en ligne, et développent leurs stratégies d’action en fonction des normes imposées par les nouveaux outils de la communication. Internet, blogs et réseaux sociaux sont donc devenus des relais médiatiques incontournables pour ces groupes minoritaires qui tentent de donner une portée à leurs combats. Aujourd’hui, des formes d’engagement se sont développées exclusivement autour de l’outil Internet, et notre objet de recherche en est un exemple.

Ère post #MeToo

Par l’utilisation de l’expression « ère post #MeToo », notre objectif est de délimiter notre objet de recherche dans le temps. L’utilisation de celle-ci postule que le mouvement #MeToo, ayant émergé sur les réseaux sociaux en octobre 2017, constitue une coupure temporelle, ou du moins un renouveau, dans l’évolution du mouvement féministe. Parler d’« ère post #MeToo » sous entend que nous nous situons actuellement dans une ère qui lui fait suite, que les dynamiques actuelles résultent de ce mouvement, et que les militantismes féministes actuels en sont imprégnés.
L’expression « ère post #MeToo » n’est pas encore, à l’heure actuelle, une expression figée et démocratisée, mais on la retrouve de plus en plus dans le discours médiatique, et dans celui des nouvelles militantes féministes. Le mouvement #MeToo étant un mouvement qui cristallise la libération de la parole, l’ère qui lui fait suite en est donc intrinsèquement imprégnée. Parler de « post » permet de penser l’ère actuelle comme une ère qui ferait à la fois rupture et continuité avec le passé. En effet, dans son explication de la troisième vague féministe , Diane Lamoureux affirme que le « post » est intéressant pour penser les nouvelles formes de féminismes car celui-ci « entretient un lien ambigu avec ce qui le précède ; car le « post » ce n’est pas tout à fait la rupture, c’est à la fois dedans et dehors ; c’est également le tri opéré dans l’héritage, ce qui vient après ».
L’expression « ère post #MeToo » nous permet donc de penser les nouvelles dynamiques féministes comme un enchevêtrement des acquis du passé et de ceux du présent, et correspond donc à l’analyse qui consiste à penser l’histoire du féminisme comme un enchevêtrement de plusieurs vagues qui se nourrissent et s’influencent entre elles, tout en se tournant vers l’avenir.

La communication par l’image : s’adapter pour émerger

La capacité des féministes à innover dans l’action réside donc dans leur capacité à s’adapter aux innovations médiatiques, et à leur appropriation progressive des médias en tant que relais de leurs actions. Si Instagram est le réseau de l’image, il fallait donc pour s’insérer sur celle-ci, maîtriser les codes de communication par l’image, et adapter son contenu, par sa forme, à cette plateforme visuelle.
Le travail éditorial des nouvelles militantes féministes repose donc sur une mise en scène esthétique de leurs actions et de leurs discours. On peut à cet égard convoquer les travaux de Marie-Anne Paveau portant sur la notion de « technodiscours » , défini comme une « production discursive assemblant […] du langagier et du technique dans un composite sans extraction possible de l’une ou de l’autre composante ». Celui-ci désigne donc les éléments suivants : « technomots » (ex : hashtags, liens), « technosignes » (ex : boutons à activer), « technogenres » (éléments qui constituent le discours dans l’environnement numérique). Selon elle, le discours numérique se caractérise donc par une standardisation (mise en forme des standards donnés) ; (une délinéarisation (par la fragmentation et les possibilités de navigation offertes) ; l’augmentation (par la polyphonie de l’écriture numérique) ; et l’imprévisibilité (par la dissémination des textes en réseau). On retrouve, dans la caractéristique de standardisation, la fonction des architextes (à savoir, tout ce qui accompagne le texte), comme témoins de pratiques culturelles et sociales mais également comme producteurs d’usages ; soit, les outils qui permettent de donner forme aux textes et de les faire circuler comme discours.
Les féministes à l’origine des comptes étudiés prouvent leur maîtrise de ce technodiscours, qui les autorise à porter les revendications sur la plateforme. Pour publier un contenu sur Instagram, il est nécessaire de publier un visuel. Qu’il s’agisse des publications en feed ou des publications en stories , la plateforme, initialement centrée sur le partage de photographies, est centrée sur l’image. Pour publier un texte, il est d’abord nécessaire de publier une image, à laquelle viendra s’agréger un contenu textuel : pour publier un contenu dans son feed, l’utilisateur doit sélectionner une image, puis y ajouter une légende. Le terme de « légende » est d’ailleurs représentatif de cette fonction secondaire qu’a le texte sur la plateforme : celui-ci légende la photo, la contextualise et la complète. Pour publier un contenu en story, l’utilisateur doit préalablement prendre une photo, puis cliquer sur celle-ci pour y insérer un texte. Le texte bénéficie donc d’un emplacement réservé, mais secondaire par rapport à la place que prend la photo. Pour publier un contenu qui met le texte en valeur, il est donc nécessaire de contourner ces propriétés techniques : c’est le cas pour les nouveaux comptes Instagram féministes, illustré notamment par le compte @jemenbatsleclito. Sur son compte, Camille Aumont Carnel publie ce qu’elle appelle des « cartons » : bien que l’on y trouve quelques illustrations et photographies, les images qu’elle publie sur son compte sont en réalité des phrases, et relèvent plus du contenu textuel que du contenu visuel. Bien que cela demande un travail d’édition en amont, pour mettre le texte en forme et l’adapter aux règles de publication de la plateforme, les publications de son compte sont composées principalement d’objets textuels, qui remplacent les feed photographiques auxquels nous a habitué la plateforme .
En outre, Instagram étant le réseau social du beau, de l’esthétique, où régit une « tyrannie du cool » , il est nécessaire de s’insérer dans les codes de la plateforme afin de pouvoir émerger sur celle-ci, et donc, de produire un contenu qui soit un minimum esthétique, pour attirer l’oeil de l’utilisateur.trice, énormément sollicité sur cette plateforme. En effet, lors d’une publication de contenu, l’émetteur.trice doit remettre celui-ci dans le contexte que sera celui de sa réception : pour visualiser les nouvelles publications, le/la récepteur.trice doit dérouler son feed, en faisant défiler les différentes publications les unes après les autres. Pour émerger, un contenu doit donc tout d’abord bien s’insérer dans les contenus proposés, ainsi que savoir attirer l’attention de son/sa récepteur.trice. Pour ces raisons, le travail éditorial est primordial sur cette plateforme pour tout.e émetteur.trice qui a pour objectif d’atteindre un maximum d’internautes. Les marques, par exemple, travaillent à une véritable éditorialisation de leur compte Instagram, via des chartes graphiques et des lignes éditoriales précises, pour proposer des contenus qui puissent s’insérer au mieux parmi des contenus au but non lucratif, et donc purement esthétique. On observe donc une reprise de ces codes publicitaires par les nouvelles militantes féministes, leur permettant de s’insérer au mieux sur cette plateforme centrée sur l’image, et témoignant de leur appropriation de celui-ci. Les comptes de notre corpus, à l’exception du compte @tasjoui, affichent tous une charte graphique précise. À l’inverse d’un réseau social comme Twitter, centré une prise de parole textuelle limitée à 280 caractères par tweet, et donc dirigé vers celle-ci, le réseau social Instagram fonctionne selon une grille d’images, composée de trois publications par ligne. Au-delà de la publication individuelle, les publications peuvent donc fonctionner à plusieurs, selon la grille d’images du feed, qui se transforme parfois en triptyque, sixtyque, ou nontique . Le compte @gangduclito fonctionne par exemple par grilles de trois publications, fonctionnant les unes avec les autres : de façon générale, la publication du milieu est encadrée par les publications à gauche et à droite de celle-ci. Le compte fonctionne donc avec une charte graphique précise, qui se matérialise également par l’utilisation majoritaire des couleurs blanc et violet. Le compte @jouissance.club fonctionne lui aussi par grille de trois publications : soit une illustration encadrée par deux éléments textuels, soit un élément textuel encadré par deux illustrations. Les couleurs utilisées sont le noir pour les textes et les principaux traits des illustrations, et trois couleurs primaires pastels qui agrémentent celles-ci (le rose, le bleu et le jaune). Les deux comptes fonctionnent donc selon une charte graphique précise, systématiquement respectée lors de la publication de contenu. Ces exemples montrent la reprise des codes esthétiques et publicitaires par les féministes à l’origine de ces comptes, nécessaire pour s’insérer sur la plateforme et produire un discours qui puisse émerger aux yeux de l’utilisateur.trice. Dans leur auto-interview , Delphine et Léa, créatrices du compte @mercibeaucul_, précisent que leur choix d’Instagram s’est également fait « parce que c’était visuel, les gens pouvaient savoir dès le début de quoi il s’agissait en arrivant sur la page » . Au-delà de la nécessaire adaptation aux codes de la plateforme, celles-ci expliquent que le mode de communication visuel était avantageux pour la mise en avant de leur contenu.

La maîtrise des formats propres à la plateforme : une mise en valeur du message

Un dernier indice de l’appropriation de la plateforme par les féministes réside dans leur appropriation des formats propres à la plateforme. Au-delà d’un service de publication d’images, Instagram propose de nombreux formats particuliers à ce réseau social, et disponibles exclusivement sur celui-ci. Pour communiquer au sein de celle-ci, les militantes à l’origine des nouveaux comptes féministes ont su innover dans leur façon de communiquer et s’adapter à ces formats, montrant, là encore, leur maîtrise d’un technodiscours.
Le premier exemple de cette appropriation est celui de l’utilisation du format stories , en complément des publications sur le feed . Comme nous l’avons déjà précisé, l’utilisation de ce format permet la publication d’un contenu éphémère, allant de 5 à 15 secondes, et accessible pendant 24 heures. Tous les comptes Instagram de notre étude en font l’usage : pour les féministes, la story Instagram est un élément central du militantisme sur Instagram, pour diverses raisons. Ce format leur est utile à bien des égards, et celles-ci en font différentes utilisations.
Premièrement, celui-ci permet la diffusion d’un contenu presque en temps réel et une expression spontanée de la part des militantes, à l’image du discours qu’elles portent de façon générale sur leur compte. La story , par son caractère éphémère, sa construction « sur le tas », est un format qui autorise une certaine spontanéité dans le discours. À cet égard, la publication en story, de Dora Moutot, que nous nommons « un coup de gueule adressé aux hommes » , en est un exemple. À travers cette publication, Dora Moutot s’exprime en réaction à certains messages reçus sur son compte, visiblement de la part d’utilisateurs masculins. Celle-ci dénonce « une charge de plus », imposée par les hommes, qui réclament plus de visibilité sur le compte Instagram @tasjoui. L’auteure montre son mécontentement à travers ses stories en expliquant son point de vue, qui consiste à dire que ce n’est ni son rôle, ni celui de son compte Instagram : « Et puis je commence à en avoir ma claque, que les hommes pensent que c’est à moi, à nous, les femmes, de prendre la parole pour vous » ; « je suis pas là pour mettre tlm (tout le monde, ndlr) d’accord, @tasjoui n’est PAS UN CONSENSUS » ; « Ton expérience d’homme a besoin de visibilité ? Alors offre toi de la visibilité ! Et viens pas en réclamer chez moi ! » . La tonalité extrêmement affirmée ici, est celle d’un « ethos de caractère » , (à distinguer d’un « ethos de puissance », qui résulte d’une manifestation irrépressible d’une pulsion corporelle non contrôlée), qui émane d’une « indignation personnelle et provient d’un jugement de l’esprit qui a besoin d’être exprimé avec force ». Ici, le format story permet l’expression de cet ethos dans la mesure où elle permet l’expression spontanée de cette indignation. Par ailleurs, la spontanéité de cette forme de discours n’est qu’une résonance supplémentaire du discours général du compte, qui se fonde sur celle-ci. Le format story matérialise donc cette spontanéité, autorisée par la plateforme Instagram, et maîtrisée par les féministes.
Par ailleurs, par son contenu réalisé en direct, celle-ci permet également une réaction épidermique et réactive à l’actualité : c’est en cela qu’elle se rapproche d’un contenu journalistique. Encore une fois, par la spontanéité qu’elle autorise, elle permet aux internautes de réagir immédiatement face à un fait d’actualité, et d’en produire un témoignage presque en temps réel. Par ailleurs, à l’image d’un site internet médiatique, ou encore d’un blog, la fonction « story à la une » permet d’archiver ce continu originellement éphémère, afin de le rendre accessible sur le long terme, de la même manière que les publications en feed. Dans l’usage qui en est fait par les millitantes féministes, cette option permet de répartir les différentes thématiques abordées en rubriques, à l’image des fonctionnalités d’un blog ou d’un site internet médiatique. On trouve ainsi, par exemple, en arrivant sur le feed du compte Instagram @jouissance.club , les stories à la une suivantes : « cuni », « érection », « pommeau », « orgasme », « dyspareunie », répertoriant les différents thèmes abordés par le compte.
On voit donc que les militantes ont su s’approprier ce format particulier afin de faire porter leurs revendications, et de reproduire des dynamiques journalistiques pour informer et éduquer à leur façon.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION 
I. Le cyberféminisme de l’ère post #MeToo : après la dénonciation des violences, place à la libération de la parole 
A. Les réseaux sociaux numériques, acteurs majeurs du féminisme de la troisième vague
1. Le web 2.0 : un nouvel espace de lutte pour le militantisme féministe
2. #MeToo, « mouvement social féminin du XXIe siècle »
3. La floraison de comptes Instagram à vocation féministe
B . Un discours féministe, produit d’une co-construction entre son sens et sa forme
1. Un féminisme exprimé au travers de l’expérience sexuelle féminine
2. Une parole inclusive, caractéristique d’un féminisme intersectionnel
3. Un discours empreint d’une posture énonciative affirmée et d’une parole désinhibée
C. Un discours aux multiples revendications politiques
« Le personnel est politique » : politiser l’intime
Pallier les erreurs de communication des canaux d’informations traditionnels
Un processus contre-hégémonique
Conclusion partielle
II. L’appropriation de la plateforme Instagram par le mouvement féministe permet la prolifération de ces idées et l’apparition d’une véritable communauté en ligne 
A. Instagram, un support initialement non dédié à un projet militant
1. Instagram, miroir des vanités : le réseau de la superficialité
2. Instagram et la censure du téton féminin : le réseau puritain
3. Instagram, réseau social antiféministe ?
B. Une véritable appropriation de la plateforme Instagram par les féministes
1. Autonomisation et émancipation de la parole profane
2. La communication par l’image : s’adapter pour émerger
3. La maîtrise des formats propres à la plateforme : une mise en valeur du message
C. L’apparition d’une communauté en ligne à part entière
1. Une communauté virtuelle
2. Une « communauté virtuelle de mouvement social »
Conclusion partielle
III. Un renouveau du cyberféminisme qui donne lieu à l’apparition d’une forme de « féminisme ordinaire » 
A. Un féminisme qui mobilise un réseau plus large que les féminismes institutionnels
1. Un féminisme rajeuni : l’affaire d’une nouvelle génération
2. Un plus grand dynamisme dans la production et la réception des messages
3. Un féminisme plus visible et plus accessible
B. Un nouveau « répertoire d’actions collectives »
1. Le mouvement s’empare du média : la communication comme mode d’action
2. Un « espace de la cause des femmes » potentiellement mobilisable hors-ligne
C. L’apparition d’un « féminisme ordinaire » : le risque d’un féminisme hors-sol et d’un militantisme distancié
1. Un engagement controversé : le like et le partage, signes d’un militantisme passif ?
2. Instagram, zone grise entre féminisme militant et féminisme « silencieux » ?
Conclusion partielle
CONCLUSION
Conclusion générale 
Méthodologie : facilités et difficultés 
Enseignements et recommandations 
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES 

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *