Un regard contextuel sur l’inceste

Une réflexion en cours d’action et sur l’action est d’une grande utilité dans une recherche, car elle nous permet de porter une attention toute spéciale à l’analyse d’une praxis et, par le fait même, une meilleure compréhension de la situation problématique de l’agir humain qui nuit à l’advenir du salut en ce monde et à la réalisation de ce monde. Le rôle de la théologie pratique est de faire émerger la dynamique d’une pratique et de la confronter à son milieu, c’est-à-dire à ses acteurs et à ses référents, pour permettre une prise de conscience de son langage, de ses façons de faire et des enjeux, dans le but d’améliorer la pratique et son rendement. « Jacques de Grand’Maison a comparé la théologie pratique à une technique de forage qui permet au chercheur d’aiguiser son regard et d’explorer les différentes strates qui soutiennent la quête de sens des femmes et des hommes de ce monde. » Pour ce travail de recherche, la théologie pratique demeure la méthode par excellence pour me permettre d’analyser une pratique qui est toujours considérée comme taboue dans notre société et sources de conflits qui perturbent bien des femmes depuis des générations.

L’inceste est une pratique qui se vit depuis fort longtemps dans notre monde et pourtant ce même mot de sept lettres est toujours aussi effroyable à entendre, car il a été démontré que la personne agressée vit des conséquences psychologiques et physiques désastreuses. Encore au XXIe siècle, lorsqu’une femme adulte désire dénoncer la situation, elle a peur des représailles et elle préfère s’enfermer dans le mutisme et le déni de ses multiples souffrances. Les statistiques récentes, les observations des mouvements féministes et les interventions professionnelles auprès des femmes abusées ont démontré les cicatrices profondes que le drame a laissées chez elles. Pour appréhender la complexité de l’expérience, l’interdit qui l’entoure et la transgression de l’interdit, il me faut interroger comment les différentes cultures à une même époque ou encore même selon les groupes sociaux intéressés l’ont compris dans l’histoire.

Le premier chapitre présente un état des connaissances et de la compréhension du phénomène de l’inceste dans un contexte historique, juridique et ecclésial J’ai cherché à approfondir la notion d’inceste à partir de son étymologie, de son histoire et des différentes théories qui expliquent les raisons pour lesquelles il y a l’interdit de l’inceste. De plus, j’analyse la pratique à la lumière des différentes statistiques, plus spécifiquement dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean.

La notion d’incest

Il est difficile de parler d’inceste. La définition semble claire, me dira-t-on, parce que le thème est très répandu dans la littérature et la dramaturgie. Eh bien, pas du tout! La définition de l’inceste varie selon le contexte, la culture et l’environnement. L’éclairage anthropologique, social, psychanalytique et religieux, offre une diversité de termes chargés de sens différents : consanguinité, mariage, amour, relation sexuelle, interdit, lien parental. L’extrême diversité des définitions dans la littérature me permet de dire qu’il n’y a pas un inceste, mais des incestes. Il est intéressant d’aborder la notion d’inceste en partant de l’étymologie, mais surtout il faut tenir compte de la variabilité du concept.

L’étymologie

Le mot inceste serait apparu dans les écrits religieux aux environs de 1350. Aldo Naouri écrit : Du latin incestum qui veut dire strictement « sacrilège ». Incestum dérive luimême de incestus qui signifie « impur, souillé ». Lequel incestus est forgé sur le in privatif et cestus déformation de castus qui signifie « chaste, pur ». Si bien que incestus aurait aussi le sens de « non chaste ». […] Il s’avère que le même castus s’est rapidement et curieusement confondu dans l’évolution de la langue avec cassus qui signifie « vide, exempt de », jusqu’à le supplanter comme supin du verbe careo, « je manque ».

Cette piste étymologique insiste sur l’idée de manque, de vide. Or cela correspond tout à fait à l’état dans lequel se retrouve la victime suite à des agressions successives.

Par ailleurs, une autre interprétation étymologique, plus symbolique, recherche l’origine du mot inceste dans le mot latin cestus : «ceinture [de Vénus] qui doit susciter l’amour », et qui était le symbole de la fidélité féminine dans le mariage. Dans la tradition grecque, l’enlèvement de la ceinture était le symbole de l’acte sexuel et le fait de rompre la ceinture par tout autre membre que l’époux apparait comme un inceste, c’est-à-dire un manquement à un tabou sexuel familial et une violation de la fidélité féminine.

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Table des matières

INTRODUCTION 
CHAPITRE 1 UN REGARD CONTEXTUEL SUR L’INCESTE
1.1 La notion d’inceste
1.1.1 L’étymologie
1.1.2 La variabilité du concept
1.2 L’inceste dans l’histoire : de l’acceptation à l’interdit
1.3 La prohibition de l’inceste
1.3.1 La perspective anthropologique
1.3.2 La perspective sociale
1.3.3 La perspective psychanalytique
1.3.4 La perspective juridique
1.3.5 La perspective religieuse
1.4 Le regard sociologique : quelques statistiques
1.5 Synthèse des acquis
CHAPITRE 2 À L’ÉCOUTE DE HUIT FEMMES VICTIMES D’INCESTE
2.1 Une histoire de vie en formation
2.1.1 Le choix d’un symbole personnel
2.1.2 Une trousse de symboles
2.1.2.1 Un récit autobiographique
2.1.2.2 Les traumatismes révélés par les symboles personnels
2.1.2.3 Le récit de rêve récurrent de la chercheuse
2.1.2.4 Le dessin de la chercheuse
2.1.2.5 Le rituel symbolique de la chercheuse
2.2 La méthodologie
2.2.1 Le profil des participantes
2.2.2 Le choix d’une approche méthodologique
2.2.3 Le déroulement des entrevues
2.2.4 La démarche d’analyse des données
2.3 Le témoignage des femmes ayant vécu l’inceste : une expérience de symbolisation
2.3.1 Une première rencontre : la perception de soi et l’estime de soi
2.3.2 Une deuxième rencontre : la symbolisation de l’être
2.3.2.1 Les traumatismes révélés par le choix d’un symbole personnel
2.3.2.2 L’espoir d’une éventuelle libération
2.3.3 Entre la deuxième et la troisième rencontre : une phase de production active
2.3.3.1 Le récit de vie des sept autres femmes
2.3.3.2 Les récits de rêves récurrents
2.3.3.3 Le dessin d’une des femmes et les symboles qui émergent
2.3.3.4 Le poème d’une des femmes et les symboles qui émergent
2.3.4 Une troisième rencontre : l’espoir d’une renaissance
2.3.4.1 La découverte d’un trésor caché
2.3.4.2 Expérimentation d’un certain rituel symbolique
2.3.5 Une quatrième rencontre : retour sur l’expérience après vingt-deux mois
CONCLUSION

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