Un dialogue long et complexe car les questions LGBT mettent au jour les normes de la société et le fonctionnement de son langage 

Problématique

La problématique de ce sujet est donc la suivante :en quoi la prise des questions LGBT dans le processus politique a créé une contre réaction des associations qui tendent vers une professionnalisation et une communication maîtrisée, cette confrontation révélant les fondements d’une société hétéronormée?

Méthode

La méthode utilisée pour traiter ce sujet repose sur plusieurs types de ressources documentaires et d’analyses :
– des ressources documentaires théoriques : des ouvrages de Ruth Amossy, Patrick Charaudeau, Dominique Maingueneau, ou Catherine Kerbrat-Orecchioni traitant de l’analyse du discours ou du discours politique ainsi que des ouvrages de Michel Foucault et Monique Wittig pour l’aspect queer theory également en rapport avec le langage. Des articles scientifiques portant sur la campagne présidentielle de 2012 ont également guidé ce travail sur la campagne présidentielle de 2017.
– des analyses sémio-discursives : la démarche d’analyse utilisée ici se focalise plutôt sur la circulation des discours, leur formation, leur interaction avec d’autres discours opposés, dans une démarche inspirée de celle de Michel Foucault et décrite dans L’archéologie du savoir : « Il s’agit de saisir l’énoncé dans l’étroitesse et la singularité de son événement ; de déterminer les conditions de son existence, d’en fixer au plus juste les limites, d’établir ses corrélations aux autres énoncés qui peuvent être liés, de montrer quelles autres formes d’énonciation il exclut. »
Ces analyses portent principalement sur des discours à l’Assemblée nationale, les programmes des candidat.e.s et les revendications des associations LGBT.
– des entretiens semi-directifs réalisés avec des responsables d’associations : Flora Bolter, Présidente du Centre LGBT Paris – Île-de-France et rapporteure professionnelle de ce travail, Aurore Foursy, Présidente de l’Inter-LGBT, Erwann Le Hô, Président du centre LGBT de Côte d’Azur, Matthieu Gatipon-Bachette, Président de Couleurs Gaies, association gérant le centre LGBT de Metz, DelphineAslan, co-fondatrice et porte-parole de FièrEs et Alice Coffin, co-fondatrice de l’Association des Journalistes LGBT (AJL).

Hypothèses

Première hypothèse : les questions LGBT sont prises en étau entre la politique et le politique et peinent à trouver une place légitime.
Deuxième hypothèse : les associations LGBT professionnalisent leur communication pour sortir de ces débats partisans et gagner en légitimité. Troisième hypothèse : la circulation des discours entre ces deux espaces révèle les fondements de la société, son imaginaire et son langage, qui est profondément remis en question.

UNE VIOLENCE REPRISE PAR LA POLITIQUE

Ce débat sociétal, mettant en scène des associations et des personnes membre du clergé ou de la société civile, s’est ensuite transformé en débat politique en arrivant à l’Assemblée nationale au début du quinquennat de François Hollande. L’annexe 1 regroupe des retranscriptions des débats qui se sont tenus à l’Assemblée nationale à différents moments : le début de la discussion du texte, la fin de la première lecture, la fin de la deuxième lecture et l’adoption du texte. Regrouper ces textes permet de faire plusieurs constats.
Le vocabulaire de La Manif pour tous est largement utilisé par certains député.e.s dès le début de la lecture du texte. Plus les débats avancent, plus ces arguments sont avancés.
Ces arguments, qui seront détaillés ci-dessous, ne se réfèrent que rarement aux amendements défendus par la personne qui a la parole. Enfin, l’extrême tension régnant dans l’hémicycle est à l’image de la tension présente dans la société au même moment : des député.e.s de droite s’emportent en tenant parfois des discours indignes sur l’homosexualité face à une majorité plus discrète, qui est en faveur du texte et qui tente de leur opposer des arguments rationnels en tombant parfois dans le pathos.
Le texte est sorti de Conseil des ministres le 7 novembre 2012, mais n’a fait l’objet de discussion devant l’Assemblée qu’à partir du 29 janvier 2013 lors des questions au gouvernement. Christian Jacob, Président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, a commencé les débats en demandant au Gouvernement de repousser l’examen de la loi, afin d’attendre l’avis du Conseil Consultatif National d’Éthique (CCNE) mais également pour s’occuper du « vrai problème » : le chômage. Sa question était adressée au Premier ministre, mais Dominique Bertinotti, ministre déléguée chargée de la famille est choisie par Jean-Marc Ayrault pour répondre, provoquant l’indignation sur les bancs de l’UMP. Erwann Binet, rapporteur de la loi, a ensuite posé une question à Jean-Marc Ayrault. Il a parlé de « moment historique qui va enfin permettre à tous les couples de bénéficier des mêmes droits » mais a été interrompu par Philippe Meunier, qui a crié « et les droits des enfants ? », reprenant un argument très souvent utilisé par la Manif pour tous. Dominique Bertinotti et Jean-Marc Ayrault ont répondu longuement, usant surtout de rappels historiques. Le Premier ministre a évoqué la résistance de la droite au moment du PACS qui fait depuis l’unanimité, Dominique Bertinotti arappelé que le droit de vote des femmes ou la dépénalisation de l’avortement ont été votés dans des moments de crise économique.
La ministre déléguée en charge de la famille demande aussi à l’opposition de ne pas attiser les peurs, avant qu’Erwann Binet ne rappelle, en utilisant des arguments similaires aux associations, qu’il s’agit d’accorder des droits etde protéger des familles.
Christiane Taubira, rapporteure de la loi, l’a présentée le même jour à l’Assemblée et a adopté un discours très historique sur le mariage qui s’est détaché de la religion catholique en 1791 avec le mariage civil. Elle parle de la possibilité de divorce reconnue en 1792, et termine : « Puisque le mariage est la liberté des parties et non la sacralisation d’une volonté divine, cette liberté de se marier ne se conçoit qu’avec la liberté de divorcer, et, parce que le mariage va se détacher du sacrement qui l’avait précédé, il pourra représenter les valeurs républicaines et intégrer progressivement les évolutions de la société. »
La Garde des Sceaux a choisi un angle d’argumentation classique : le mariage fait partie de la loi, et la loi s’adapte aux évolutions de la société. On retrouve ici la notion de « valeurs républicaines » évoquées par les associations, dontfait partie l’égalité. Elle a posé l’ouverture du mariage aux couples de même sexe comme la continuation du chemin vers un mariage plus égalitaire et moins patriarcal.
Les programmes des candidat.e.s à l’élection présidentielle restent marqués par les débats sur le mariage et l’adoption pour les couples de même sexe de deux manières : un rappel en creux de la violence des débats et une prise de position systématique sur les questions de la PMA et de la GPA.
Dans le programme d’Emmanuel Macron, cette question est mentionnée dans la partie intitulée « Familles et société ». Cette partie n’est pas intégrée dans le programme disponible en ligne sous forme de PDF. L’allusion aux débats sur le mariage est subtile mais bien présente dès la première ligne : « Je veux conduire un travail de pacification de la société et de lutte pour l’égalité des droits enapplication et en actes » (voir l’annexe 10 pour tous les extraits des programmes des candidat.e.s). Il s’agit du seul programme utilisant le mot « pacification ». Dans son programme, Emmanuel Macron oppose égalité des droits grâce au mariage et égalité réelle. Le programme affirme que « Trop de personnes ont encore du mal à vivre normalement, parce qu’elles subissent des discriminations du fait de leur homosexualité. ». La référence aux débats est ensuite plus claire : « Cette loi n’enlève rien aux couples de sexe différent : elle reconnaît aussi les couples de même sexe. Elle n’enlève rien aux couples composés d’un père et d’une mère. C’est un enrichissement de ce qu’est la famille en France. Cela montre son importance et sa diversité pour chacun d’entre nous. »Ce passage reprend des arguments défendus pendant le vote de la loi et vise à la défendre, alors que d’autres candidat.e.s voudraient la réécrire. On pourrait lire également dans cette défense des familles jugées « non traditionnelle » la défense de la famille du candidat, attaquée durement pendant la campagne. Ce programme porte la trace de la période de débat sur le mariage des personnes de même. Les questions des droits des personnes transgenres ne sont pas mentionnées : il reste focalisé sur l’homosexualité, et non sur les questions LGBT, utilisant un logiciel plus ancien de lecture de ces luttes, ce qui relativise l’image de modernité prônée par EmmanuelMacron.

LES DROITS LGBT COMME MOYEN DE SE PLACER SUR L’ECHIQUIER POLITIQUE? 

Comme rappelé brièvement dans la première partie de ce travail, pendant l’élection présidentielle de 2012 et les débats sur le mariageet l’adoption, le clivage entre la gauche et la droite dans les programmes et des valeurs défendues était clair. François Hollande et Nicolas Sarkozy avaient des programmes très différents voire opposés sur de nombreux sujets, dont le mariage et l’adoption pour les couples de même sexe. Le vote de la loi par les député.e.s reflète ce clivage : peu de député.e.s de l’UMP ont voté en faveur de la loi (3), peu de député.e.s PS ont voté contre.
Pour la campagne de 2017, les clivages se sont modifiés. Tous les candidats sont fermement opposés à la GPA, sauf François de Rugy. Cependant, tous les candidat.e.s ne vont pas aussi loin. Emmanuel Macron assure vouloir que la France participe à l’action internationale pour mettre fin à au « trafic et à la marchandisation des femmes liés au développement de la GPA dans le monde » (voir annexe 10). François Fillon parle également d’action à l’international pour « l’abolition de la GPA ». Marine Le Pen ne le précise pas, ne mentionnant que l’interdiction sur le sol français. Le programme de JeanLuc Mélenchon propose de « constitutionnaliser la non-marchandisation du corps humain et le droit fondamental de disposer de soi en toutes circonstances » (voir annexe 10) sans lister la GPA. Son programme s’oppose à cette pratique sans proposer d’intervention à l’international. Le programme de Benoît Hamon est le seul à ne pas mentionner le maintien de l’interdiction de la GPA, même s’il s’est prononcé contre. En ce qui concerne la GPA, les différences de positionnement sont donc minimes chez les cinq candidat.e.s arrivé.e.s en tête au premier tour du scrutin. Il est intéressant de se rappeler que la gauche n’a pas toujours été défavorable à la GPA : Manuel Valls s’était prononcé pour une GPA très encadrée pendant la primaire du PS en 2011, de nombreuses et nombreux futur.e.s ministres avaient signé une tribune en faveur d’une GPA encadrée (dont Najat VallaudBelkacem ou Benoît Hamon). Une fois Premier ministre, Manuel Valls a changé de position, expliquant que la GPA allait « contre nos principes» lorsque la Manif pour tous était encore dans la rue et que le débat se terminait à l’Assemblée . Il est intéressant de rappeler qu’en 2011, 65% des Français.e.s étaient en faveur d’une GPA encadrée, pourcentage qui s’est totalement inversé au moment des débats sur le mariage.
Marine Le Pen est la seule candidate à vouloir revenir sur le mariage, qu’elle veut transformer en union civile. François Fillon a inscrit sur son programme un retour sur la loi Taubira pour revenir sur l’adoption plénière des couples de même sexe, et non sur le mariage, et s’oppose à la PMA. Ce sont les deux seul candidat.e.s qui veulent revenir sur cette loi. Des cinq candidat.e.s arrivé.e.s en têteau premier tour, trois sont en faveur de la PMA (même si Emmanuel Macron précise attendre l’avis du CCNE). Le mariage n’est plus au centre des clivages, ce qui donne des positions à mettre plutôt sur un spectre, Marine Le Pen étant celle qui va le plus loin dans l’opposition aux droits des personnes LGBT, ce qui était déjà le cas en 2012. Dans la réponse au questionnaire de l’association SOS Homophobie de 2017, le seul auquel le FN a pu participer (l’Inter-LGBT ne lui ayant pas demandé de répondre à son questionnaire), le FN ne se prononce que pour la formation des personnels de l’Aide sociale à l’enfance. Marine Le Pen « renvoie les autres revendications à un certain communautarisme auquel le FN se refuse pour le bien de la nation » comme l’explique Léa Morabito.

LES DISPOSITIFS DE LUTTE CONTRE LES DISCRIMINATIONS ET L’HOMOPHOBIE:EST-CE LA QUE SE JOUE LE POLITIQUE? 

LE DEFENSEUR DES DROITS 

Le Défenseur des Droits est une institution indépendante inscrite dans la Constitution depuis 2011. Elle a deux missions : « défendre les personnes dont les droits ne sont pas respectés » et « permettre l’égalité de tous et toutes dans l’accès aux droits. »
Le Défenseur des Droits est donc une institution publique mais qui ne fait pas partie de la lutte partisane : « son représentant, Jacques Toubon, ne reçoit d’instructions de personne – ni du gouvernement, ni de l’administration, ni d’un groupe de pression. Il ne peut pas non plus être jugé pour des opinions ou des actes liés à sesfonctions, ce qui lui garantit une vraie liberté d’action » . Le Défenseur des droits peut être saisi par toutepersonne physique ou morale qui est discriminée ou qui rencontre des difficultés face à un service public, un.e représentant.e de l’ordre public ou privé (comme les agents de sécurité). Les questions LGBT figurent dans sa mission, puisque les personnes LGBT rencontrent des difficultés pour accéder à leurs droits ou les faire respecter,et sont victimes de discriminations au titre de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre.
En mai 2017, le Défenseur des Droits a rendu public un guide : « Agir contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle et àl’identité de genre dans l’emploi ». Qu’en est-il du vocabulaire utilisé et de la perception des discriminations dans un document produit par une entité indépendante, qui n’est pas à la recherche du vote populaire et dont les avis sont surtout consultés par les pouvoirs publics et les entreprises ?
Dès la page 9 il est précisé que le Défenseur des Droits « a conscience que le terme “homophobie” n’est pas neutre » car il est utilisé pour signifier « gayphobie » ce qui invisibilise « la lesbophobie, la biphobie et la transphobie. » L’expression privilégiée ici est donc « LGBTphobies ». Le passage qui suit explique pourquoi le mot homophobie sera utilisé malgré cela : « Néanmoins, le terme “homophobie” a parfois été utilisé dans le guide par commodité de lecture pour désigner les attitudes négatives envers les lesbiennes, gays et bisexuel·le·s. » Ce passage parlant de « commodité » face à un terme reconnu comme invisibilisant peut interroger, mais fait la démonstration de la maîtrise du vocabulaire par cette institution, contrairement au personnel politique. Ce constat est partagé par Flora Bolter, Présidente du Centre LGBT Paris – Île-de-France : « Il y a beaucoup d’incompréhension, j’ai un peu l’impression que pour eux c’est une boîte noire, une chose qui émerge sous l’étiquette LGBT mais qu’ils n’identifient pas forcément les enjeux politiques et notamment ceux des différents termes utilisés entre les personnes LGBT pour se désigner. »
Par ailleurs, le Défenseur des Droits consulte régulièrement les associations au sein d’une commission spécifique.
Cette partie est suivie par 5 pages de définition des termes intitulée « De quoi et de qui parle-t-on ? Le poids des mots ». En plus de définir l’orientation sexuelle ou l’identité de genre, ce document définit l’acronyme LGBT, détaille les spécificités de la lesbophobie, de la gayphobie, de la biphobie et de la transphobie et emploi des mots comme « cisgenre » (contraire de transgenre) ou « hétérosexisme » qui ne sont que peu voire pas repris au niveau des programmes politiques. Nous l’avons vu dans la première partie : les candidat.e.s refusent, dans la plupart des cas, d’utiliser les acronymes et concepts utilisés par les associations. Il n’en est pas de même pour le Défenseur des Droits, qui utilise ces termes et les définit. Ce travail s’appuie sur les connaissances d’associations comme SOS homophobie, L’Autre Cercle, mais aussi sur l’enquête réalisée par l’Agence des droits fondamentaux de l’Union Européenne en 2014.
Il y a une exception à cette maîtrise du vocabulaire militant, qui en réalité n’en est pas totalement une : l’utilisation du mot « personne transidentitaire ». Les expression utilisées le plus fréquemment par les associations sont « personne transgenre », « personne trans » ou « trans ». Un mouvement plus récent de certainesassociations revendique l’utilisation du mot « transidentité » qui serait plus respectueux. Le Défenseur des Droits a donc repris ce terme en le déclinant pour parler d’une personne, utilisant un mot qui n’est pas encore largement mobilisé par le milieu militant. L’utilisation de ce mot est représentative du caractère non fixé et non définitif du vocabulaire employé par les associations LGBT, dont il sera question dans le chapitre 2.
Ce guide fait également un état des lieux précis des LGBTphobies subies au travail et des discriminations à l’embauche touchant les personnes LGBT. Il laisse la place à des témoignages et explique en profondeur les conséquences des insultes mais aussi le coût psychologique pour les personnes LGBT qui ne parlent pas de leur identité de genre ou de leur orientation sexuelle au travail, par peur de la réaction de leurs collègues ou de la hiérarchie. Le guide se termine par des fiches pratiques à destination des entreprises et de leur service RH, tout en pointant le manque de mobilisation et de sensibilisation à ces questions.
Enfin, ce guide révèle que l’utilisation par le personnel politique du mot « discrimination » n’est pas toujours appropriée. La discrimination directe telle que définie dans la loi (Article 1 de la loi n°2008-496 du 27 mai 2008) est « une situation dans laquelle, sur le fondement (!) de sont orientation sexuelle [ou] de sont identité de genre (!) une personne est traitée de manière moins favorable qu’une autre ne l’est, ne l’a été ou ne l’aura été dans une situation comparable. » La discrimination indirecte, définie par la même loi de 2008, renvoie à « une disposition, un critère ou une pratique neutre en apparence, mais susceptible d’entraîner, pour l’un des motifs, un désavantage particulier pour des personnes par rapport à d’autres personnes » sauf si cette pratique est justifiée par un but légitime. Or, dans le discours public des politiques et dans le discours médiatique, le mot « discrimination » ne renvoie pas au traitement d’une manière moins favorable, mais plutôt à une violence ou insulte subie en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre, sans que le mot violence ne soit utilisé.
La partie « Pourquoi ce guide ? » liste les autres rapports et guides du Défenseur des Droits sur ce sujet : un baromètre, une enquête, undépliant et des fiches thématiques, tous ayant pour thème les discriminations des personnes LGBT au travail. Là se trouve probablement la raison : le reste des LGBTphobies ne sont pas définies dans la loi comme des discriminations, mais bien comme des agressions, allant de l’insulte au meurtre et relevant du code pénal.
Ce travail du Défenseur des Droits révèle le décalage entre la politique et le politique, entre l’évitement des mots et la relégation à des questions sociales ou sociétales et la mobilisation des mots et concepts militants, du savoir-faire des associations, et la proposition d’actions concrètes à mener. Ce travail montre que les discriminations et les violences sont deux choses différentes mais souvent liées dans le discours politique, brouillant les pistes et ne permettant pas la construction de véritables plans d’actions, les questions sociales et sociétales n’étant pas vues comme des questions techniques.

La DILCRAH

La DILCRAH (Délégation Interministérielle de Lutte Contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine anti-LGBT) a été créée en 2012. En 2014, le Premier ministre (Manuel Valls) « a souhaité que soit donnée “une nouvelle impulsion aux politiques du Gouvernement en matière de lutte contre le racisme, l’antisémitismeet la xénophobie” » . Contrairement au Défenseur des Droits, la DILCRAH est une entité gouvernementale, rattachée au Premier ministre, dont le rôle est plutôt consultatif ou deporter des recommandations aux différents ministères. Elle est en charge d’élaborer des plans d’actions : celui contre le racisme et l’antisémitisme (2015-2017) et le plan de mobilisation contre la haine et les discriminations anti-LGBT. Il est important de noter que l’extension du domaine de compétence de la DILCRAH à la haine anti-LGBT a été annoncée deux semaines après l’attaque d’Orlando et la veille de la Marche des Fiertés 2016. Cela a permis un traitement médiatique fort et une annonce en grande pompe.
Le plan de mobilisation contre la haine et les discriminations anti-LGBT a été lancé fin 2016. Ce document de 32 pages est organisé en plusieurs chapitres : « Une République exemplaire contre la haine et les discriminations anti-LGBT » ; « Sanctionner chaque acte de haine anti-LGBT et protéger au mieux les victimes » ; « Éduquer contre la haine et les discriminations anti-LGBT » ; « Agir contre les discriminations anti-LGBT au quotidien » ; « Poursuivre le combat international pour les droits des personnes LGBT ». Chaque chapitre est divisé en axes, dont la rédaction mêleconstat et recommandations. Ce plan comporte beaucoup d’actions à mettre en œuvre, principalement de la formation, la création de supports d’information ou la signature de chartes. Les verbes et temps utilisés sont parfois flous : « encourager, poursuivre, soutenir » sans mention de chiffres ou d’objectifs, et ils sont parfois au futur ou au conditionnel.

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Table des matières
SOMMAIRE 
REMERCIEMENTS 
INTRODUCTION 
CHAPITRE 1 : LE POLITIQUE, LA POLITIQUE ET LES QUESTIONS LGBT 
I) LES DEBATS SUR LE MARIAGE POUR TOUS:DES DEBATS DIFFICILES DOMINES PAR LES OPPOSANT.E.S AU TEXTE
A) UNE DEMANDE CLAIRE DES ASSOCIATIONS FEDEREES,UNE CAMPAGNE DE DESINFORMATION VIOLENTE
B) UNE VIOLENCE REPRISE PAR LA POLITIQUE
C) UN DEBAT SYMPTOMATIQUE DE « L’INVERSION DE LA QUESTION HOMOSEXUELLE» ?
II) LA CAMPAGNE PRESIDENTIELLE DE 2017 :UN DEBAT INEXISTANT ET UNE SPHERE POLITIQUE HANTEE PAR LES DEBATS DE 2012 – 2013 19
A) DANS LES PROGRAMMES DES CANDIDAT.E.S,LES DEBATS DE 2012-2013 TOUJOURS  PRESENTS
B) LES DROITS LGBTCOMME MOYEN DE SE PLACER SUR L’ECHIQUIER POLITIQUE?
C) DROITS DES FEMMES, LGBTET FN :UN MONDE POLITIQUE MIS EN DIFFICULTE
III) LES DISPOSITIFS DE LUTTE CONTRE LES DISCRIMINATIONS ET L’HOMOPHOBIE:EST-CE LA QUE SE JOUE LE POLITIQUE?
A) LE DEFENSEUR DES DROITS
B) LA DILCRAH
CHAPITRE 2 : UNE PROFESSIONNALISATION DE LA COMMUNICATION DES ASSOCIATIONS LGBT QUI TENTENT DE FAIRE LEUR PLACE DANS LE DEBAT PUBLIC 
I) UNE PROFESSIONNALISATION QUI PASSE PAR LA VISIBILITEET LA LISIBILITE
A) L’EFFORT DE CENTRALISATION DES DEMANDES ET DE LEUR LISIBILITE:LE GRAND ECART DES CAMPAGNES DE 2012 ET 2017
B) L’UTILISATION D’UN VOCABULAIRE PROCHE DU VOCABULAIRE POLITIQUE MAISAUSSI DU DROIT
C) L’INTEGRATION DE L’IMPORTANCE DES MEDIAS
II) DE NOMBREUSES LIMITES SUBSISTENT A CETTE PROFESSIONNALISATION
A) DES STRUCTURES JEUNES EN MANQUE DE MOYENS FINANCIERSET HUMAINS
B) LES ASSOCIATIONS LGBT :UNE PLURALITE DE POINTS DE VUE ET DE PRISES DE PAROLE
C) UNE BASE DE VOCABULAIRE COMPLEXE ET EN CONSTANTE EVOLUTION
CHAPITRE 3 : UN DIALOGUE LONG ET COMPLEXE CAR LES QUESTIONS LGBT METTENT AU JOUR LES NORMES DE LA SOCIETE ET LE FONCTIONNEMENT DE SON LANGAGE 
I) UNE LUTTE QUI S’ATTAQUE A L’IMAGINAIRE SOCIAL ET A LA LANGUE
A) LES FONDEMENTS DE LA SOCIETE ANCRES DANS L’IMAGINAIRE SOCIAL
B) CET IMAGINAIRE SOCIAL EST PRESENT DANS LE LANGAGE,TERRAIN DE LUTTE POLITIQUE
C) LE MOUVEMENT LGBTEN LUTTE EGALEMENT CONTRE LES STEREOTYPES ET CLICHES, RACINES DES DISCRIMINATIONS
II) UNE LUTTE POLITIQUE QUI SE TRANSFORME EN COMBAT CULTUREL?
A) LES ASSOCIATIONS ET LES INSTITUTIONS PRENNENT EN COMPTE L’IMPORTANCE DU TRAITEMENT MEDIATIQUE ET DE LA REPRESENTATION 59
B) LA FICTION A UNE INFLUENCE SUR L’IMAGINAIRE SOCIAL 61 C) INCARNER LA LUTTE MAIS AUSSI L’HOMOPHOBIE
CONCLUSION 
BIBLIOGRAPHIE 
OUVRAGES 
ARTICLES 
DOCUMENTAIRES 

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