Un diagnostic centré sur les enjeux des habitants, pas sur l’écosystème

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Hydrologie

Situé en montagne et influencé par les fontes des neiges, le Lourdios a un régime hydrologique qualifié de nivo-pluvial. Aucune station hydrologique n’est recensée sur le Lourdios. Néanmoins lors de l’étude menée par le bureau d’étude STUCKY en 1998, la vitesse du courant dans le lit a été mesurée. Elle est estimée entre 2 et 5 m/s. L’eau charrie des matériaux provenant des berges affouillables et des zones érodées et instables. On retrouve notamment sur le terrain, des glissements de terrain en coup de cuillère. Les matériaux charriés peuvent aggraver les crues en participant à la formation d’embâcles ou à la dérivation du courant.

Occupation des sols et usages

Le bassin versant du Lourdios est essentiellement recouvert de bois et de prairie. Avant la confluence avec l’Arric, le sol est à 85% boisé et 8% est occupé par de la prairie. Pour le reste, la roche est à nue. Après la confluence, le bassin versant est plus exploité par l’homme, les proportions de forêt et prairie deviennent presque équivalentes (45% et 50%). L’aval est donc plus vulnérable aux inondations. Lorsque quelqu’un se déplace le long de la rivière, il remarque immédiatement que la ripisylve est riche. En pied de berge, des saules cendrés (Salix cirene) et saules des Pyrénées (Salix pyrenaica) sont souvent observés. Sur la hauteur de la berge, il y a la présence du tilleul à grandes feuilles (Tilia platyphylos), du chêne pédonculé (Quercus robur), de l’orme glabre (Ulmus glabra) et du petit orme (Ulmus minor). Les strates arbustives et herbacées sont elles plus étendues et plus riches en terme de biodiversité.
L’exploitation du bassin versant est essentiellement pastorale. Ces unités laitières ou fromagères réalisent essentiellement du pâturage extensif sur ces terres. Les pêcheurs amateurs de truites fario (Salmo trutta fario), apprécient beaucoup ce cours d’eau. Sur le Gave d’Issaux se trouve également une microcentrale hydroélectrique. Son débit dérivé est de 0,8 m3/s et sa hauteur de chute de 160m. (Préfecture des Pyrénées Atlantiques, 2003) Considérée comme un ouvrage franchissable pour la montaison, la centrale d’Issaux représente un enjeu important pour le diagnostic. Voici une carte des différents enjeux présents le long du Lourdios sur le territoire de la commune de Lourdios-Ichère .

Historique des aménagements réalisés

Lors des crues torrentielles, le Lourdios a de nombreuses fois quitté son lit et inondé la route départementale 241 et les prairies riveraines. Cela est dû entre autre à des embâcles formés de troncs et branches qui obstruaient le lit au niveau des pieds de pont (M. CAPDEVILLE Jean-François, agriculteur et habitant de Lourdios-Ichère, Comm. pers). De ce fait, un diagnostic de l’état des berges de ce cours d’eau a été réalisé plusieurs reprises. Le dernier date de 2013 mais malheureusement un manque de financement a empêché la réalisation des travaux préconisés. La première trace d’aménagement réalisé sur le Lourdios date de la construction de la route départementale 241 où un enrochement et la création d’un mur en rive gauche furent réalisés. Des aménagements ponctuels furent menés plus tard. En 1998, suite à son étude, le bureau d’étude STUCKY a proposé de réaliser un enrochement en pied de berge, ponctuel, en rive droite au niveau de la bergerie située dans les gorges du Lourdios. Ils ont également préconisé de réaliser des plantations aux endroits où le sol était dénudé et au niveau du talus instable menant à la maison Pelou. Toutes ces opérations ont été menées les années qui suivirent. En 2007, l’AAPPMA «La Gaule Aspoise» détecte, lors de son diagnostic, une érosion au bord de la RD341 en amont de la confluence avec l’Arric (lieu-dit Capdeville). Pour préserver la route, des bouturages et plantations de plants arbustifs autochtones sont réalisés sur 200 mètres linéaires en rive droite à 150 m en amont du pont de la RD241. Après la tempête Xynthia en 2010, de nombreux arbres se sont cassés et sont tombés dans le lit. Ils risquaient de l’obstruer, de menacer des ponts et de créer des points d’érosion. Une importante mission de nettoyage du cours d’eau a alors été menée. Depuis aucun travaux n’a été réalisé. Seul un entretien de la végétation est exercé par l’association Estivade d’Aspe sur la commune de Lourdios-Ichère après chaque crue.

Analyse des données issues des diagnostics précédents

Avant de se rendre sur le terrain, il est important de faire des recherches bibliographiques afin de mieux connaitre le site d’étude et ses enjeux (voir partie précédente page 5). A travers les lectures des différents diagnostics, des zones sensibles sont ressorties. Les rapports ont également permis de savoir quels ont été les aménagement réalisés sur le Lourdios et quand ils ont été réalisés (voir la sous-partie Historique des aménagements et entretien du Lourdios page 8).

Recherche des différents propriétaires des parcelles riveraines

Pour faire l’état des lieux des parcelles riveraines il est nécessaire de prospecter le cours d’eau à pied et/ou de longer ses berges. Traverser des parcelles est donc possible. Obtenir l’autorisation de pénétrer dans chaque parcelle de la part des propriétaires est donc nécessaire avant de démarrer l’état des lieux.
La liste des différents propriétaires a pu être établie à partir des données du cadastre fournies par la mairie. Une fois l’analyse de ces données faite, une carte des différents types de propriétaires a été réalisée sur le logiciel Qgis (voir figure 7 page suivante). Pour chaque parcelle sont associés son numéro, son statut, le nom de son ou ses propriétaires et leurs adresses. Cette carte servira également pour l’IPHB pour ses futures actions sur la commune. La liste établie a été transmise à la mairie pour qu’elle puisse les prévenir directement. Pour la maire, l’information est mieux reçue par les habitants quand leurs élus en sont les porte-paroles.

Hiérarchisation des sites fragilisés

Une fois le recensement des différentes fragilisations des parcelles riveraines réalisé, vient l’étape de remise en forme des données sur Excel. Ce tableau servira de base de données pour la réalisation des cartes.
Les données et photos de chaque site ont été comparées entre elles afin de les trier en trois classes d’importances : sites prioritaires, sites où des travaux sont recommandés, sites à surveiller. Les sites prioritaires sont des sites où il faudrait réaliser les travaux dès l’année prochaine. Les sites où les travaux sont recommandés sont considérés comme des sites où il faudrait réaliser les aménagements à moyen terme. Une fois ce premier classement effectué, les sites de chaque classe ont été classés par thématique puis ordonnés entre eux.
À noter que certains sites contiennent plusieurs instabilités car celles-ci sont proches géographiquement. Leur traitement en terme d’aménagement peut être différent. De plus, pour la problématique végétation, les fragilités furent regroupées en zone car plusieurs arbres situés les uns après les autres pouvaient être gênant. Cela permet également de faciliter la gestion et réalisation des travaux.

Cartographie de synthèse

Pour permettre une meilleure communication auprès des élus, des cartes synthétiques par niveau d’intervention et de typologie de fragilité ont été réalisées sur le logiciel Qgis version 2.18.3 (Annexe 5 et figure 11, cing pages plus loin).
Avant de réaliser les cartes, il a fallu importer les points GPS sur l’ordinateur grâce au logiciel Mapsource, logiciel vendu avec le GPS. Avec le logiciel il est possible de choisir les points GPS importés que l’on souhaite enregistrer sous forme de couche gdb. Ce format de couche est directement utilisable sur Qgis à condition que le système de coordonnées de référence du projet soit en WGS 84. À cette couche a été joint le fichier Excel réalisé auparavant. Il permet d’avoir toutes les informations liées au point GPS associé. Des sélections ont été ensuite réalisées pour créer des couches distinctes suivant le type de fragilisation. Une symbologie propre leur a été associée : triangle pour les instabilités et un trait pour les zones de végétation à entretenir. La symbologie est catégorisée suivant la classe du site : rouge pour les prioritaires, orange pour les sites où les travaux sont recommandés et jaune pour les sites à surveiller. Les numéros à côté du symbole correspondent au numéro de la fiche à laquelle il est rattaché.

Proposition d’aménagements

Pour chaque site prioritaire et site où des travaux sont recommandés une réflexion portant sur les aménagements à réaliser a été menée.
Suivant le lieu d’activité de l’instabilité plusieurs aménagements ont été envisagés. Lorsque le pied de berge est le plus fragilisé, des gabions ou enrochements furent préconisés. Une protection en pied de berge par du génie végétal n’est pas raisonnable ici. Vu le contexte torrentiel de la rivière, une fascine, même lestée, partirait à la première crue. Les gabions ont été privilégiés aux enrochements. La technique étant plus souple, elle s’adapte mieux à la forme des instabilités et tient plus durablement la berge. Quand le haut de berge est la zone active, des plantations accompagnées de géotextile ou la création d’une haie furent préconisées. Si la zone est peu active, la pose de géotextile fut proposée et accompagnée d’un ensemencement. Le géotextile n’est jamais proposé seul. L’accompagner de végétation permet d’allonger la durabilité de l’aménagement. Enfin si l’ensemble de la berge est fragilisé, il fut proposé d’installer des matelas de gabions ou enrochements en pied de berge et du géotextile accompagné de boutures ou ensemencement en haut de berge. Dans un premier temps, des lits de plants et plançons furent également envisagés. Suite à un entretien téléphonique avec le technicien rivière du département, cette solution fut écartée. En effet, peu d’entreprises réalisent cette opération et encore moins le font correctement selon ses dires. Du coup, réaliser ces travaux revient à dépenser énormément d’argent. Au vu des enjeux à protéger, il a été estimé qu’il n’était pas nécessaire de dépenser autant. Les premières pistes furent donc privilégiées. Enfin lorsque l’enjeu était important (menace sur la route départementale, menace de la bergerie) seul le matelas de gabion ou enrochement furent proposés.

Des sites dont les travaux sont recommandés

Les sites aux actions recommandées sont répartis en 33 zones d’instabilités et 13 zones où la végétation est fortement développée comme le montre la figure 13 située à la page suivante. Les instabilités sont réparties en 36 glissements de terrains, 10 encoches d’érosion et 2 atterrissements qui dérivent le courant, ce qui accentue le phénomène d’érosion sur la rive opposée. Elles fragilisent 294 mètres de linéaire au total, contre 1 070 m pour la végétation diffuse.
Plusieurs types d’aménagements ont été préconisés. Pour ceux dits de génie civil l’installation de matelas de gabions a été proposée pour les sites 10 et 30. Pour les sites 3, 15, 16, 18, 19 et 23, ce sont des enrochements qui ont été préconisés de réaliser. Au site 32, le pied du mur longeant la RD 341 est fragilisé. Pour renforcer sa protection, il est conseillé de bétonner les zones fragilisées. Pour les aménagements dits de génie végétal, ils reposent essentiellement sur la pose d’un géotextile. Suivant l’intensité de l’instabilité, il a été proposé de réaliser en complément des ensemencements (cas des sites 2, 5, 6, 9, 20, 21, 22, 25, 29, 31 et 33) ou des boutures d’arbustes indigènes (cas des sites 2, 4, 5, 8, 9, 11, 12, 14, 17, 20, 24). Certains sites étaient plus instables en haut de berge. Pour stopper ce phénomène il a été préconisé de créer une protection supplémentaire : planter des arbustes ou arbres afin qu’ils constituent une haie (sites 13 et 28). Certains aménagements mêlent génie végétal et génie civil. Il est préconisé de protéger le pied de berge avec des matelas gabions et le haut avec du géotextile et des boutures (site 5) ou plantations (site 1) suivant le niveau de protection que l’on souhaite apporter.
Pour les deux atterrissements déviant le courant (sites 26 et 27), il est proposé de les scarifier et de les dévégétaliser si nécessaire. La dévégétalisation au site 26 doit être menée avec précaution car des plants de Buddleia de David (Buddleja davidii), espèce envahissante, se sont implantés. Enfin, sur les parcelles fragilisées aux sites 7 et 8 se trouvent des poneys et chevaux qui s’abreuvent dans le cours d’eau. Pour limiter l’étendue des zones d’érosion, il a été préconisé de créer une descente aménagée et de la délimiter de chaque coté par une haie d’arbustes épineux tels l’aubépine ou le genévrier (site 7) ou par une clôture comme le montre la figure suivante pour le site 8 .

Des sites dont l’évolution est à suivre

Le diagnostic a mis en évidence 44 sites où il est préconisé d’effectuer un suivi de leur évolution. Parmi ces sites, l’un est concerné par un atterrissement qui dévie le courant vers la rive opposée. Sept d’entre eux concernent une végétation qui menace de tomber dans le cours d’eau ou d’emporter des terres. Les autres concernent des instabilités locales. Dans cette catégorie, 15 encoches d’érosion et 36 glissements de terrain sont recensés.

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Table des matières

Introduction
1. Présentation du site d’étude
1.1. Caractéristiques du bassin versant
1.2. Climatologie
1.3. Hydrologie
1.4. Occupation des sols et usages
1.5. Qualité de l’eau
1.6. Contexte réglementaire
1.7. Historique des aménagements réalisés
2. Matériel et méthodes
2.1. Étapes préalables au diagnostic
2.2. Élaboration du diagnostic
2.3. Proposition d’aménagements
2.4. Réalisation des fiches pratiques d’interventions
3. Résultats
3.1. Des sites dont l’aménagement est considéré comme prioritaire
3.2. Des sites dont les travaux sont recommandés
3.3. Des sites dont l’évolution est à suivre
3.4. Deux typologie de fragilité aux caractéristiques bien différentes
4. Discussion
4.1. Le Lourdios : territoire menacé par deux problèmes majeurs
4.2. L’analyse est-elle la même pour un autre cours d’eau du village?
4.3. Un diagnostic centré sur les enjeux des habitants, pas sur l’écosystème
Conclusion
Bibliographie

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