Troubles psychiques et migration

La santé mentale est définie par l’Organisation mondiale de la santé comme « un état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté ». Un trouble psychique est une perturbation de la santé mentale. [1] De multiples facteurs biologiques, psychologiques et sociaux sont des déterminants de cette santé mentale. La problématique de la santé mentale est également liée au changement social rapide comme la migration qui est le déplacement d’une personne quittant son lieu de naissance ou de résidence pour un autre lieu. Des conséquences néfastes, d’ordre psychopathologique peuvent être dues à la migration comme le démontrent les multiples travaux réalisés dans divers pays. En effet, Pollock aux U.S.A en 1912, a trouvé que l’incidence de la morbidité des troubles mentaux à New York était deux (2) fois plus élevée chez les personnes étrangères que les autochtones [2] ; Odegaard en 1932 avait trouvé que la population Norvégienne émigrée aux Etats Unis était nettement plus atteinte de troubles psychiques que la population stable en Norvège. [3] Les études de Lasry et Sigal [4] en 1975, Berry et Kim [5] en 1987 aux U.S.A, Tousignant [6] en 1992 au Canada, Aorian [7] en 1993 en Angleterre, l’Inserm [8] en 2001 en France et celle de Zivkovic [9] en Italie en 2004, font apparaître une fréquence de troubles psychiatriques plus élevée chez les sujets émigrés que les sujets natifs. Au Canada en 2002 Joliette, Minh Lan Tran [10] a trouvé que 84% des migrants étaient des utilisateurs réels et/ou potentiels des services de santé mentale. Par ailleurs en 2007, un groupe de chercheurs Canadiens dans une étude intitulée « Santé mentale des demandeurs d’asile et des réfugiés de l’Afrique au sud du Sahara, infectés par le VIH » [11] ont trouvé que la dépression et le stress post traumatique sont courants chez les personnes réfugiées et les demandeurs d’asile de l’Afrique sub-saharienne infectés et affectés par le VIH. En Afrique du sud, en 2007, on estimait à 48% la fréquence des troubles psychiatriques chez les immigrés infectés par le VIH. Au Mali, Oulalé en 1982 [12] dans sa thèse décrit Vingt (20) tableaux cliniques et fait une première ébauche des conséquences néfastes de l’émigration sur la santé mentale des migrants. Plus récemment, Kamaté en 2008 [13] au cours d’une étude rétrospective trouve un taux d’hospitalisation de 11,5%. Certaines associations et ONG viennent en aide aux migrants maliens en situation de retour forcé comme l’AME, Médecin du Monde , Malgré les nouvelles politiques d’immigration, la forte médiatisation de ces conséquences et l’action de certaines ONG sur le terrain, le nombre de migrants ne cesse de croître. Les aspects économiques de la migration sont largement abordés dans les pays de migration aussi bien que dans les pays d’accueil contrairement au vécu psychologique et aux aspects psychopathologiques.

L’émigration, est le fait de quitter son pays pour aller s’établir dans un autre. Le fait de migrer, d’après TOUSIGNANT [6], est l’une des transitions les plus radicales au cours d’une vie ; l’environnement habituel et les expériences marquantes de la petite enfance sont abandonnés au profit d’un espoir encore à combler. C’est un phénomène qui peut avoir des effets néfastes sur la santé mentale et provoquer des troubles psychiques.

Les mouvements migratoires 

Il existe deux (2) sortes de mouvements migratoires :
-Les mouvements internes des campagnes vers les villes entraînant des modifications structurelles des familles d’accueil.
-Les mouvements externes, mettant en contact des populations d’origines géographiques de plus en plus éloignées. Selon FASSIN D [14], ces mouvements migratoires, exposent à trois (3) types d’affections qui sont :
➤ La pathologie « d’importation » correspondant aux maladies parasitaires et héréditaires que l’émigré emporte avec lui ;
➤ La pathologie « d’acquisition » reflétant les conditions environnementales nouvelles dans lesquelles l’émigré se trouve désormais inséré et qui favorisent le développement de maladies infectieuses et cardiovasculaires ;
➤ La pathologie « d’adaptation » qui se manifeste surtout par des troubles psychiques.

Les troubles de l’adaptation

Ils se traduisent par un état de détresse et de perturbation émotionnelle entravant habituellement le fonctionnement et les performances sociales. Ces troubles surviennent au cours d’une période d’adaptation à des changements existentiels importants ou en réponse (différée ou prolongée) à un événement stressant (de courte ou de longue durée). Le facteur de stress est repérable (drame familial, séparation avec un être cher, catastrophe, émigration). La prédisposition et la vulnérabilité individuelles jouent un rôle important dans la survenue de ce trouble et de sa symptomatologie. L’état de stress post traumatique en est la parfaite illustration classique, FASSIN D [14]

Les troubles psychiatriques liés à la migration

Ce sont tous les désordres psychiques et psychologiques engendrés par les traumatismes de la migration. Selon BARUK [15] « être étranger est une situation déprimante ; sans défense et sans garantie et menacé d’expulsion, l’étranger vit dans une crainte perpétuelle. Il n’est pas étonnant que cette situation soit propice au développement de troubles psychiques ».

Les syndromes aigus

Etats dépressifs aigus :
Ils sont caractérisés par :
– Une anxiété aiguë accompagnée d’une agitation prononcée.
– Des états de stupeur anxieuse, allant parfois jusqu’au mutisme avec refus de se nourrir pouvant amener à la prostration physique. Le contenu de ces dépressions concerne l’éloignement de la famille et du lieu d’origine.
– Des cas de dépression aiguë avec des contenus centrés, sur le bien être physique, s’exprimant par des idées hypochondriaques et cénesthopathiques qui repoussent quelquefois la dépression à une place secondaire. Ce type de dépression est fréquemment caractérisé par une baisse de l’élan vital parfois au détriment des contenus précis, notamment les idées phobiques. Chez ces malades les idées hypochondriaques axées sur certaines régions corporelles disparaissent souvent au profit de l’expérience d’une incapacité vitale globale. Ce syndrome s’accompagne quelquefois de troubles endocriniens réels, telle l’aménorrhée transitoire ou de maladie somatique cardiovasculaire ou intestinale.

Etats délirants aigus :
Ils correspondent aux bouffées délirantes polymorphes observées à l’ordinaire. Ils se rapprochent souvent de la description clinique de la paranoïa de Kraepelin ou du délire sensitif de Kretschmer, mais se distinguent de ces deux diagnostics par leur tonalité anxieuse et agitée, menant parfois jusqu’au suicide ou à l’homicide. Les idées délirantes sont rarement organisées en un véritable système et sont fréquemment en rapport avec l’histoire vécue. Les cénesthopathies peuvent être quelquefois le point de départ d’interprétations délirantes. Ces états délirants peuvent, parfois, être accompagnés d’hallucinations et de troubles de l’orientation dans le temps et l’espace. L’isolement linguistique a été indexé par certains auteurs comme étant à l’origine de ces états délirants.

Etats confuso-oniriques :
Ils apparaissent souvent au cours du voyage ou après le débarquement, parfois même avant l’embarquement. Selon Epstein. L [16], c’est la plus typique des psychoses des migrants. Ils sont caractérisés par un aspect plus ou moins hystériforme et une tonalité anxieuse consécutive à la rencontre d’une réalité difficile à accepter. La tonalité anxieuse devient plus évidente lorsque ces états apparaissent au moment où les sujets se voient refoulés par une commission d’immigration ou lorsque la décision de quitter la patrie dévient décisive et irréversible. Quelques auteurs ont joint d’autres tableaux à ce groupe assez différent aussi bien par leur aspect clinique et leur étiologie, leur trait commun étant la désorientation confusionnelle. Il s’agit très souvent d’états délirants aigus accompagnés d’hallucinations intenses parfois aussi des psychoses éthyliques dont le contenu est plus porté sur le processus de la migration. Tous ces syndromes aigus ont en commun leur disparition rapide et le fait que leurs rechutes sont exceptionnelles. Leur déclin va en général de pair avec l’abolition de la situation particulière déclenchante, il a lieu après le rapatriement, à la fin de l’isolation linguistique ou l’intégration réussie dans le nouveau milieu. Il existe beaucoup de formes de transition de ces syndromes. Certains auteurs ont cru y trouver une certaine succession : la dépression anxieuse serait la réaction primaire sur laquelle se greffent les autres syndromes qui sont considérés comme secondaires BERNER P [17].

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Table des matières

INTRODUCTION
OBJECTIFS
I. GENERALITE
II. METHODOLOGIE
III. RESULTATS
IV. COMMENTAIRES ET DISCUSSIONS
CONCLUSION
RECOMMANDATIONS
REFERENCES
ANNEXES

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