Trouble de l’humeur

Trouble de l’humeur

Les troubles de l’humeur sont des problématiques psychiatriques engendrant une perturbation au plan de l’ humeur. Ceux-ci regroupent cinq troubles distincts, dont le trouble dysthymique, le trouble cyclothymique, le trouble de l’ humeur non spécifié, le trouble dépressif majeur et le trouble bipolaire (AP A, 2000). Ces deux derniers troubles toucheront un nombre important de personnes. Selon l’Agence de la santé publique du Canada, environ 8 % des gens souffriront d’ une dépression majeure et 1 % des gens souffriront d’ un trouble bipolaire au cours de leur vie (Agence de santé publique du Canada, 2002). Lorsque vécues, ces affectations engendrent des altérations du fonctionnement de la personne à plusieurs niveaux, dont le fonctionnement social, professionnel et cognitif.

Sur le plan cognitif, plusieurs difficultés sont présentes et touchent principalement la sphère attentionnelle, exécutive et mnésique. D’ un point de vue clinique, les individus se plaignent fréquemment de difficultés de mémoire. En effet, la revue des études antérieures relève bien une atteinte de la mémoire épisodique chez les individus souffrant d’un trouble de l’ humeur. Les recherches précédentes ont tenté de mettre en évidence la nature des difficultés mnésiques en fonction du diagnostic psychiatrique, c’ est-à-dire en lien avec la dépression ou le trouble bipolaire.

L’étude actuelle est effectuée à partir de l’examen de dossiers provenant de deux sources. Les données des participants ayant un trouble de l’ humeur proviennent des dossiers de personnes recevant des services en psychiatrie de troisième ligne dont le diagnostic principal est un trouble dépressif majeur ou un trouble bipolaire à l’Institut Universitaire en Santé Mentale de Québec. Les données des participants sans trouble de l’ humeur proviennent d’ une banque de données réalisée au cours de différentes études tenues au département de psychologie de l’Université du Québec à Trois-Rivières. L’étude mise sur l’utilisation d’une méthode d’analyse statistique différente de celle des études antérieures, soit l’analyse de regroupements (cluster analysis), plutôt que d’utiliser des analyses de comparaisons de groupes. Cela permet de dégager des profils de fonctionnement mnésique auprès d’une population d’individus souffrant ou non d’un trouble de l’humeur, sans égard au diagnostic psychiatrique (dépression, trouble bipolaire ou sans trouble de l’humeur).

La recherche actuelle s’inscrit dans le cadre d’un essai doctoral. Le lecteur trouvera dans un premier temps le contexte théorique qui exposera les composantes nécessaires à l’élaboration des hypothèses. Suivra la méthode utilisée lors de l’ étude contenant la description de l’échantillon, le test utilisé, le déroulement de la recherche et les analyses statistiques employées. Par la suite, l’analyse des résultats sera présentée, suivie d’ une discussion mettant en lien les résultats obtenus avec la problématique mise en évidence dans le contexte théorique. Finalement, seront présentées des recommandations cliniques et les limites de l’étude menant à la conclusion de l’essai.

Contexte théorique 

Troubles de l’humeur 

Les troubles de l’ humeur regroupent, entre autres, le trouble dépressif et le trouble bipolaire. Le trouble dépressif est caractérisé par un état de tristesse et de désespoir. Plusieurs symptômes peuvent y être associés, comme une perte d’ intérêt et de plaisir, une modification de l’ appétit et du sommeil, une fatigue ou un manque d’ énergie, ainsi que la présence d’ idées noires qui peuvent mener ultimement au suicide. Pour parler de dépression, une personne doit présenter nécessairement soit une humeur dépressive, soit une perte d’ intérêt ou de plaisir. Pour ce qui est du trouble bipolaire, il est caractérisé par des variations d’ humeur et comporte généralement trois états. Un état d’euphorie ou d’agitation, appelé manie, un état de dépression et un état de bien-être durant lequel les personnes se sentent normales et fonctionnent bien. Le trouble bipolaire peut se présenter sous deux formes, le trouble bipolaire de type 1 (manie et dépression) et le trouble bipolaire de type II (hypomanie et dépression) (AP A, 2000).

Il va sans dire que les troubles de l’ humeur affectent la personne en altérant son fonctionnement au quotidien. En effet, la dépression est la principale cause d’ invalidité dans les pays développés (Wells, Strom, Sherboune, & Meredith, 1996) et la quatrième cause d’ invalidité dans le monde (Murray & Lopez, 1997). Il en va de même pour le trouble bipolaire qui a été classé parmi les dix causes d’ invalidité dans le monde chez les adultes par l’Organisation mondiale de la santé (Ayuso-Mateos, 2006; Murray & Lopez,1996).

Impacts des troubles de l’humeur sur la mémoire épisodique 

Les troubles de l’ humeur ont des répercussions sur le fonctionnement cognitif de la personne, dont en particulier sur la mémoire épisodique. Le concept de mémoire épisodique a été proposé par Tulving en 1972 et ce type de mémoire est maintenant reconnu comme l’un des principaux systèmes de mémoire (Schacter & Tulving, 1994). La mémoire épisodique est une mémoire des faits qui sont personnellement vécus et que l’on peut associer dans le temps et dans l’ espace. Par conséquent, elle est la seule forme de mémoire dont le rappel est conscient et orienté vers le passé.

La plupart des tâches employées en clinique pour évaluer la mémoire épisodique reposent sur l’apprentissage d’ une série d’ informations qu’ il faut par la suite rappeler, comme une liste de mots. Ces tests sollicitent les processus mnésiques tels que l’encodage, l’ emmagasinage et la récupération de l’ information. Le rappel des informations provenant d’ une liste présentée antérieurement peut se faire sous trois formes: le rappel libre, le rappel indicé et la reconnaissance.

L’ encodage consiste en l’ acquisition de nouvelles informations en mémoire. De ce fait, l’information sensorielle est transformée en représentation mnémonique. Plusieurs facteurs influencent l’ efficience de l’ encodage en mémoire, soit le type de traitement effectué (superficiel ou élaboré) et la nature des stimuli (abstrait ou concret) (Craik & Lockhart, 1972; Tulving, 1983). En effet, plus le traitement est élaboré et profond, meilleur sera le souvenir (Craik & Lockhart, 1972). Les stratégies employées pour encoder l’information, par exemple, regrouper des mots en catégories sémantiques ou la répétition mentale des informations à mémoriser (Geiselman, Woodward, & Beatty, 1982; Pressley & Levin, 1977; Shaughnessy, 1981), peuvent faciliter sa récupération en mémoire. L’ encodage et la récupération en mémoire sont par conséquent deux processus mnésiques interdépendants (Schacter & Tulving, 1982). La récupération est donc un processus de réactivation des informations consolidées en mémoire (Deckersbach, McMurrich et al., 2004). Toutefois, afin de vérifier l’ efficacité de l’ encodage, le processus de récupération doit lui aussi être efficace.

L’ emmagasinage est le processus qui vise à conserver l’ information ou les souvenirs encodés en mémoire pendant une longue période de temps (McGaugh, 2000). L’information consolidée résiste à l’ effet du passage du temps et peut être parfois emmagasinée en mémoire de façon permanente.

Il est aussi reconnu que les fonctions exécutives sont impliquées dans les processus de la mémoire, particulièrement dans les processus d’ encodage et de récupération (Buckner, 2003; Shimamura, 2002; Van der Linden, 1999). L’ atteinte des régions cérébrales antérieures, responsables du bon fonctionnement des fonctions exécutives, est en effet associée à de faibles performances en mémoire qui relèvent d’ une augmentation de la sensibilité à l’ interférence, de difficultés d’ organisation du matériel à mémoriser ou d’un défaut des systèmes de recouvrement de l’ information stockée. Cela peut aussi entrainer des erreurs de rappels tels que des persévérations, des fausses reconnaissances et des intrusions lors du rappel de l’ information.

Instrument de mesure 

Les participants recrutés pour l’ étude ont subi une évaluation neuropsychologique, dans un contexte de réadaptation, lors de leur admission au STRA TA. Cette évaluation a été réalisée par l’auteure de l’essai actuel. Puisqu’ il est bien documenté dans les écrits que la mémoire est une fonction cognitive fréquemment touchée chez les personnes présentant un trouble de l’humeur, cette fonction fait l’ objet de la présente étude. Le « California Verbal Learning Test-II» (CVLT-II) (Delis, Kramer, Kaplan, & über, 2000) a été choisi, car il procure des scores permettant de bien distinguer les difficultés reliées à la mémoire et il permet de nuancer la qualité des processus d’encodage, d’emmagasinage et de récupération (Delis et al., 2000).

Le CVLT-II mesure la mémoire épisodique en modalité verbale. Pendant ce test, la personne doit mémoriser une liste de seize mots (liste A) formant quatre catégories sémantiques distinctes lors de cinq essais. Après chaque lecture de la liste, le participant doit rappeler le plus de mots possible. Par la suite, une liste d’ interférence de seize mots (liste B) est présentée à la personne avant qu’elle ne doive encore une fois rappeler les mots de la liste A lors d’ un rappel immédiat libre et lors d’ un rappel immédiat indicé par les quatre catégories sémantiques des mots de la liste. À la suite d’ un délai de vingt minutes, un rappel différé libre et un rappel différé indicé sont effectués. Finalement, une tâche de reconnaissance de la liste A est complétée, dans laquelle le participant doit identifier les seize mots de la liste parmi 48 mots qui lui sont lus. Les mots de la tâche de reconnaissance qui sont identifiés comme étant des mots de la liste A, mais qui ne le sont pas, sont appelés « faux positifs » ou « fausses reconnaissances ».

Analyse de regroupements 

L’analyse de regroupements est basée sur l’ensemble des variables de mémoire et des fonctions exécutives en mémoire issues du CVLT-II et est faite à partir des données de tous les participants (avec ou sans trouble de l’humeur). Les variables sont: le total de mots au premier essai, aux cinq essais, au rappel différé libre, au rappel différé indicé, le total de bonnes reconnaissances, le total de faux positifs, le total de persévérations et le total d’intrusions. Les analyses ont fourni des résultats allant de trois à quatre profils mnésiques distincts. La solution à trois profils a été conservée puisqu’elle correspondait le mieux aux caractéristiques des modèles théoriques relatifs aux processus de la mémoire. De plus, le nombre de participants appartenant à chaque profil était suffisant pour procéder à une interprétation. Ainsi, ce type de classement correspond bien au modèle théorique de la mémoire épisodique et aux hypothèses de la recherche à l’égard de l’existence de profils de mémoire distincts, de type « encodage/récupération» ou de type « emmagasinage ».

Les profils de mémoire épisodique 

L’objectif de la présente étude était de démontrer l’ hétérogénéité du fonctionnement mnésique chez des personnes présentant ou non un trouble de l’humeur à l’aide du CVLT-II, un test mesurant la mémoire épisodique verbale. Ainsi, il était visé d’établir des profils mnésiques sur la base des caractéristiques communes des participants, au lieu de comparer le fonctionnement de la mémoire selon des groupes formés à partir de leur diagnostic. Les hypothèses proposaient (1) qu’un profil serait caractérisé par un dysfonctionnement lié aux processus d’ encodage/récupération; (2) qu’un profil mnésique serait typique de celui d’un dysfonctionnement lié aux processus d’emmagasinage; (3) que les deux profils mnésiques seraient constitués de participants dépressifs et bipolaires; et (4) qu’ un profil serait typique d’un fonctionnement mnésique normal et que ce profil serait composé de participants sans trouble de l’ humeur, mais aussi de participants ayant un trouble de l’ humeur.

Conclusion 

L’objectif principal de la présente recherche était d’évaluer le fonctionnement mnésique de personnes souffrant ou non d’un trouble de l’ humeur (dépression ou trouble bipolaire) à l’aide du CVLT-II. Ainsi, l’étude visait à documenter l’hétérogénéité du fonctionnement mnésique des participants en dressant des profils distincts. Considérant que la littérature répertorie des difficultés de mémoire dans les troubles de l’humeur, il était indiqué de faire ressortir des profils de fonctionnement mnésique chez ces personnes, sans égard au diagnostic, soit la dépression ou le trouble bipolaire, en utilisant l’ analyse de regroupements. Ainsi, l’étude actuelle, mettant de l’ avant cette approche d’analyse, se distingue des études antérieures et démontre que le fonctionnement mnésique des personnes souffrant d’un trouble de l’humeur peut différer dans sa forme pour les deux diagnostics.

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Table des matières

Introduction 
Contexte théorique 
Trouble de l’humeur
Impacts des troubles de l’humeur sur la mémoire épisodique
Dépression et mémoire épisodique
Bipolarité et mémoire épisodique
Objectifs et hypothèses de recherche
Méthode 
Participants
Instrument de mesure
Procédure
Analyse des données
Résultats 
Analyse de regroupements
Discussion 
Les profils de mémoire épisodique
Trouble de l’humeur et mémoire épisodique
Recommandations cliniques
Limites de l’étude
Conclusion

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