Trouble de la personnalité antisociale, trouble de la personnalité narcissique et psychopathie

Troubles de la personnalité

Un trouble de la personnalité se définit comme étant un amalgame de traits anormaux ou pathologiques du caractère se manifestant avec une intensité suffisamment importante pour entraîner une perturbation majeure du fonctionnement intrapsychique ou interpersonnel d’un individu (Kernberg, 1984). Le trouble de la personnalité est rigide et entraîne une souffrance cliniquement significative dans les différentes sphères de la vie d’un individu qui en est atteint. Le diagnostic est posé, la plupart du temps, vers la fin de l’adolescence ou le début de l’âge adulte. (American Psychiatrie Association,2013) Les modalités de fonctionnement des gens ayant un trouble de la personnalité sont sévèrement inadaptées; elles sont généralement stables pendant la vie des individus atteints et elles dominent la façon dont ils agissent dans leur environnement (American Psychiatrie Association, 2013).
Le taux de prévalence des troubles de la personnalité est élevé dans la population carcérale (Ullrich & Marneros, 2004). Il est observé qu’environ 65% de cette population rencontre les critères d’un trouble de la personnalité (Coid et al., 2009). Selon certains auteurs, il semble que le fait d’avoir un trouble de la personnalité, particulièrement du groupe B, soit les troubles de la personnalité antisociale, narcissique, limite ou histrionique, soit un facteur prédicteur de comportements criminels et violents (Greeven & de Ruiter, 2004; Vinkers, De Beurs, Barendregt, Rinne, & Hoek, 2011). Le trouble de la personnalité le plus observé chez les détenus correspond au trouble de la personnalité antisociale (Coid et al., 2009; Motiuk & Porporino, 1991; Ullrich & Marneros, 2004).
De plus, il a été démontré que le trouble de la personnalité narcissique est associé positivement aux comportements violents; la fréquence de ce dernier trouble, ou du moins de ces traits, est élevée dans la population carcérale (Nestor, 2002).

Trouble de la personnalité antisociale

Le trouble de la personnalité antisociale se définit comme étant un mode de fonctionnement empreint de mépris et de transgression des droits d’autrui, lequel étant présents depuis l’âge de 15 ans (American Psychiatrie Association, 2013). Le diagnostic  de ce trouble se base principalement sur les aspects comportementaux d’un individu. Ces derniers sont majoritairement liés au comportement criminel et à la violence de l’individu, ce qui amène de nombreuses controverses quant au surdiagnostic possible de ce trouble (Coid & Ullrich, 2010a; Derefinko & Widiger, 2008 ; Moran, 1999; Ogloff, 2006). En fait, les individus ayant un trouble de la personnalité antisociale respectent peu les normes de la société ; ils commettent souvent des actes illégaux comme le vol, l’abus de substances psychoactives, le vandalisme, etc. (Coid, Yang, Tyrer, Roberts, & Ullrich, 2006; Dere.finko & Widiger, 2008). Le taux de prévalence de ce trouble de la personnalité est d’environ 3% dans la population générale (Coid et al., 2006 ; Robins, Tipp, & Przybeck, 1991) et les hommes sont de quatre à cinq fois plus susceptibles d’en être atteints que les femmes (Co id et al., 2006). Il est toutefois mentionné que le diagnostic chez les femmes puisse être sous-estimé en raison de l’emphase mise sur l’agressivité dans les critères diagnostiques de ce trouble (American Psychiatric Association, 2013).
En ce qui concerne la population carcérale, environ 60% des détenus présentent un profil du trouble de la personnalité antisociale (Derefinko & Widiger, 2008 ; Robins et al., 1991 ; Ullrich & Marneros, 2004). Ces derniers sont décrits comme des gens souvent agressifs, manipulateurs, irresponsables et impulsifs (Derefinko & Widiger, 2008). Selon la définition du trouble de la personnalité antisociale, ils ont de la difficulté à conserver leur emploi et à entretenir des relations interpersonnelles stables (Robins et al.,1991). Ces caractéristiques sont d’ailleurs aussi étroitement associées aux actes criminels tels que la violence envers les autres, l’abus de substances psychoactives, la vente de drogues et les crimes non violents. Les détenus qui présentent un tel trouble sont plus enclins à récidiver (Coid et al, 2006). Chez certains individus antisociaux, ces actes peuvent être impulsifs et survenir en réaction à l’ émotion, donc être non planifiés (Derefinko & Widiger, 2008).

Trouble de la personnalité narcissique

Selon les approches théoriques, la définition du trouble de la personnalité narcissique peut être expliquée et définie de différentes façons. Dans la présente étude, l’intérêt sera porté sur l’approche diagnostique et comportementale ainsi que sur l’approche psychodynamique.

Approche diagnostique et comportementale

Selon le Diagnostical and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM-5), les personnes présentant un trouble de la personnalité narcissique manifestent certaines caractéristiques comportementales comme l’arrogance, le besoin de se sentir supérieur, la recherche de pouvoir et la domination de l’autre (American Psychiatric Association, 2013 ; Ronningstam, 20 Il). Ces personnes se caractérisent par des idées de grandeur et ils recherchent l’admiration des autres. Les premiers signes de ce trouble surviennent généralement pendant l’ enfance (Kemberg, 2007). Il s’agit donc de personnes présentant de nombreuses difficultés dans leurs relations interpersonnelles (Marissen, Deen, & Franken, 2012). Cela pourrait s’expliquer par le fait qu’ils ont peu de motivation à considérer les désirs et les sentiments des autres (Marissen et al., 2012). En effet, ils ont tendance à être égocentriques, à exploiter les gens autour d’eux, à être infidèles et peu empathiques à l’égard d’ autrui (Miller et al., 2007). L’étude de Kelsey, Ornduff, McCann et Reiff(2001) a aussi démontré que le narcissisme était associé négativement à l’anxiété. L’hypothèse de ces auteurs est que les gens ayant un trouble de la personnalité narcissique ne traiteraient pas l’information des situations aversives de la même façon que les autres individus; ils seraient ainsi moins sujets à vivre de l’anxiété. L’étude de l’American Psychiatrie Association (2013) démontre un taux de prévalence du trouble de la personnalité narcissique de 0,8 à 6% dans la population générale, taux variant entre 2 et 16% dans les populations cliniques; les hommes en sont plus atteints que les femmes (American Psychiatrie Association, 2013; Svindseth, Nottestad, Wallin, Roaldset, & Dahl, 2008).

Approche psychodynamique

D’un point de vue psychodynamique, il importe de comprendre qu’il existe plusieurs niveaux différents dans le trouble de la personnalité narcissique. Kemberg (1984) souligne d’ abord que le narcissisme est présent chez tous et chacun; il peut être sain ou pathologique. Le narcissisme sain existe chez un individu lorsque son estime de soi est articulée grâce à une structure normale du soi, structure qui représente le rapport d’un individu avec lui-même. Celui-ci est conscient de ses forces et faiblesses; il y a acceptation et intégration de chacune des parties à l’intérieur de lui (Kernberg, 1984).
Un individu présentant un narcissisme sain aura également une représentation adéquate des autres, soit une représentation nuancée. En effet, il est en mesure de satisfaire ses besoins dans ses relations avec les autres et ce, grâce à un système de valeurs stable (Kernberg, 1984).
À l’opposé, le narcissisme pathologique est associé à une structure anormale du soi; le narcissisme n’est pas intégré à l’individu et c’est le soi grandiose pathologique qui occupe une place centrale dans la personnalité. L’individu se protège ainsi d’un soi fragile et fragmenté grâce à une omnipotence imaginaire; ses relations interpersonnelles en sont grandement affectées. Les autres sont perçus comme des objets idéalisés ou dévalorisés et méprisables. Ces deux positions tentent ainsi d’agir contre l’envie ressentie inconsciemment envers ceux-ci, ce qui trouble leurs relations interpersonnelles (Kernberg, 1984). En superficie, les gens ayant ce genre de narcissisme pathologique semblent avoir un fonctionnement peu perturbé. C’est en explorant de manière plus approfondie qu’il est possible de percevoir les aspects pathologiques de la personnalité et des relations.

Psychopathie

La psychopathie correspond à divers déficits interpersonnels, comportementaux, affectifs, liés à un mode de vie particulier (Rare, 1999). Selon de nombreux auteurs, ce syndrome caractérise des gens arrogants, très manipulateurs, insensibles, séducteurs, dominants et n’ayant peur de rien (Derefinko & Widiger, 2008; Gretton, Rare, & Catchpole, 2004; Rare, 2003). De plus, les psychopathes sont considérés comme étant impulsifs dans plusieurs domaines de leur vie (Rare & Neumann, 2009 ; Snowden & Gray, 2011). Ils sont reconnus pour mentir fréquemment, d’en être fiers et de n’avoir aucun remord ou empathie; ils sont d’ailleurs peu enclins à vivre de l’anxiété, de la nervosité et à présenter des affects dépressifs (Cleckley, 1976 ; Lauerma, 2012 ; Schmitt & Newman, 1999; Skeem & Cooke, 2010). En fait, les thèmes d’amour, d’horreur ainsi que le bien et le mal ne représentent rien pour les psychopathes, si ce n’est que d’une manière très superficielle (Hare, 1998). Ils sont constamment à · la recherche de stimulations, démontrent un affect superficiel et aspirent à contrôler les autres tout comme leur environnement (Hare, 1998 ; Hare & Neumann, 2009). Cela implique le fait qu’ils sont incapables de tisser des liens affectifs significatifs avec les autres. (Hare,1999 ; Hare & Neumann, 2009) Ils considèrent leur entourage comme des objets qu’ils peuvent manipuler à leur guise, entretenant des relations dans un but utilitaire. (Hare, 1999, 2003 ; Porter & Woodworth, 2007) Les psychopathes ne s’attribuent d’ailleurs aucune responsabilité quant aux conséquences négatives de leurs actes sur les gens qui les entourent (Hare, 1998).
Dans la population générale, il est estimé qu’ environ 1% des gens rencontrent les critères de la psychopathie (Hare, 2003). Parmi ces derniers, certains fonctionnent minimalement bien en société; il est ici fait référence aux psychopathes fonctionnels, comparativement aux psychopathes désorganisés. En effet, plusieurs auteurs s’ entendent pour dire que les psychopathes fonctionnels arriveraient à fonctionner en superficie, présentant une apparence de normalité, bien qu ‘ils exploitent tout de même les autres.
(Babiak, 2000 ; Hall & Benning, 2006 ; Neumann & Hare, 2008) Il est possible que l’intelligence, le contexte socioéconomique et les habiletés sociales soient des modérateurs importants dans le mode de Vie du psychopathe désorganisé et du psychopathe fonctionnel (Hare, 1998). Le psychopathe fonctionnel aurait un quotient intellectuel plus élevé que le psychopathe désorganisé, ce qui lui permettrait de compenser pour ses habiletés déficitaires (Porter & Wood worth, 2007).

Composante narcissique

Tel qu’il a déjà été mentionné, le narcissisme fait partie intégrante de.la structure de la personnalité psychopathique. En effet, la psychopathie inclut de manière significative les caractéristiques du trouble de la personnalité narcissique dans le sens du DSM.
(Blackburn, Logan, Donnelly, & Renwick, 2003 ; Coid, 2003 ; Coid & Ullrich, 2010b) En fait, selon Hart et Hare (2003), les psychopathes présenteraient nécessairement un trouble de la personnalité narcissique. Le psychopathe est particulièrement égocentrique et se perçoit comme un être supérieur n’ayant à répondre à aucune règle (Hare, 1998).
Sous l’angle psychodynamique, la composante narcIssIque du psychopathe correspondrait au narcissique antisocial (Kernberg, 1970). Le narcissique de type antisocial ne démontre de loyauté ou d’ attachement envers qui que ce soit; le besoin d’être admiré et de contrôler l’autre supplante tout besoin d’ être en relation avec autrui (Kernberg, 1970).
Cette composante témoigne également de l’importance que s’accorde le psychopathe dans les différents domaines de sa vie. Par exemple, un psychopathe pourrait se croire capable d’être menuisier, chef cuisinier et avocat alors qu’il n’ a que peu ou pas d’habileté dans ces domaines. Ce dernier a une estime de lui-même très élevée, ce qui implique qu’il se croit capable de tout accomplir sans difficulté (Lauerrna,2012). Il utilise la manipulation, le charme superficiel et la confiance en soi pour atteindre ses objectifs ; cela favorise d’ ailleurs le passage à l’ acte (Hare, 1999). Il est logique de penser qu’un individu ayant intégré une perception erronée de soi, démontrant une absence de loyauté envers les autres et recherchant constamment de nouvelles stimulations, finisse par avoir des problèmes avec la justice. Cela pourrait d’ ailleurs contribuer au fait que les psychopathes récidivent plus rapidement, de manière plus violente et en plus grand nombre par rapport aux non psychopathes (Gretton et al.,2004 ; Pham & Côté, 2000). De plus, plus la composante narcissique est sévère, plus l’utilisation de la force physique risque d’être employée pour rétablir l’estime de soi lors d’une blessure narcissique (Logan, 2009). Comme mentionné précédemment, les psychopathes n’ont pas d’empathie pour les autres, c’est-à-dire qu’ils sont incapables de comprendre ce que l’autre ressent (Blair, 2009). En fait, plus la pathologie du narcissisme est sévère, plus le niveau de violence est susceptible d’ augmenter et ce, sans le moindre remord (Schulte et al.,1994).

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Table des matières

Introduction 
Contexte théorique
Troubles de la personnalité
Trouble de la personnalité antisociale 
Troubles de la personnalité narcissique
Approche diagnostique et comportementale
Approche psychodynamique
Psychopathie 
Composante narcissique
Composante déficit émotionnel
Association de la psychopathie au comportement criminel
Trouble de la personnalité antisociale, trouble de la personnalité narcissique et psychopathie
Méthode 
Participants
Instruments
Structured Clinical Interview for DSM Disorders (SCID)
Dossier criminel
MacArthur Community Violence Instrument (MacCVI)
Déroulement
Résultats
Analyse des données
Présentation des résultats
Discussion
Discussion générale
Forces et limites
Pistes futures
Conclusion
Références 

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