Transports et distribution des pesticides dans le sol, l’air et l’eau

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Sources et voies d’exposition aux pesticides

Sources d’exposition aux pesticides

Les sources d’exposition de la population sont multiples, même si ce sont à des doses différentes que celles auxquelles peuvent être exposés les professionnels ; elles passent par quatre voies (CPP, 2001) :
– Le sol par dépôt des gouttelettes de l’aérosol et contamination par l’ingestion de poussières (jeunes enfants) ou de produits cultivés contaminés. A ce niveau, il faut souligner que la pollution par les pesticides varie selon la typologie du sol et les produits utilisés. Cependant, il est important de noter que lors de l’utilisation des pesticides en agriculture, une quantité résiduelle du produit atteint le sol pour s’y fixer plus ou moins longtemps. Les pesticides peuvent être secondairement entraînés en surface par les eaux de ruissellement ou en profondeur par les eaux d’infiltration occasionnant des contaminations des eaux de surface
et/ou des nappes souterraines. Parallèlement, les matières actives sont transformées en métabolites qui peuvent présenter une toxicité égale voire supérieure à la matière active d’origine.
– L’alimentation par ingestion d’aliments contaminés par des résidus de pesticides, notamment fruits et légumes. A ce sujet, il faut se souvenir que certaines substances, même si elles sont interdites d’usage, sont toujours utilisées dans des pays en voie de développement ; nous pouvons donc en retrouver des résidus dans notre alimentation de plus en plus mondialisée. Les chiffres de l’OMS indiquent que la contamination des aliments par les pesticides est la voie d’exposition de loin la plus importante, sauf exception. D’après la bibliographie le risque d’exposition lié à l’alimentation est évalué à 90 % contre 10 % pour l’eau.
– L’eau par contamination des ressources en eaux par entraînement à travers le sol ou ruissellement. Ainsi, les substances actives et les produits de dégradation peuvent être persistants, bio-accumulables (anciens organochlorés) dans les sols ou les écosystèmes, ou encore s’accumuler dans les milieux naturels physiques (nappes phréatiques et souterraines p.ex.). Des contaminations d’eau par une ancienne utilisation de pesticides (chlordécone) peuvent être observées dans les eaux souterraines. Cette contamination entraîne une altération des eaux destinées à l’alimentation humaine d’une façon significative ainsi qu’une situation de non conformité vis-à-vis de la réglementation.
– L’air par dérive aérienne de l’aérosol entraînant une exposition par inhalation et contact cutané. Hors périodes d’épandage, on trouve des concentrations de pesticides dans l’air ; il y a des relargages à partir du sol ou des volatilisations à partir des végétaux traités. Par ailleurs, on retrouve dans l’eau de pluie des composés qui ne sont pas volatils (isoproturon), ce qui pourrait s’expliquer par l’érosion éolienne ou par le transport à longue distance des produits émis lors de l’épandage. A l’évidence, les connaissances sur les effets, les transferts des pesticides dans l’air sont insuffisantes.
Deux types d’expositions sont à distinguer :
– Les expositions primaires qui concernent les personnes manipulant les produits, au moment de la préparation, de l’application mais aussi du nettoyage des appareils de traitement. Les populations concernées sont bien évidemment les agriculteurs et les professionnels mais tout un chacun est également exposé lors de l’utilisation de produits à usages domestiques ou d’entretien des jardins. Les pesticides utilisés dans les champs ou à domicile sont trop souvent entreposés sans précaution particulière dans les habitations et les membres de la famille peuvent y avoir facilement accès. Ces substances toxiques peuvent, dans ces conditions, contaminer l’eau ou les aliments et polluer l’air ambiant. Plus grave encore, ils peuvent conduire à des expositions accidentelles des plus jeunes enfants. Ces accidents domestiques sont encore trop nombreux !
– Les expositions secondaires qui concernent l’ensemble de la population, qui est exposée aux résidus de l’usage de ces produits, au travers de son alimentation et de son environnement.

Les voies d’exposition aux pesticides

Les pesticides peuvent être absorbés par la bouche, le nez ou la peau. Dans les cas d’empoisonnements aigus sur le lieu de travail, le mode d’absorption le plus courant est le contact avec la peau, tandis que dans les cas accidentels ou délibérés (suicides), l’absorption se fait par la bouche. Quand au grand public, il est exposé aux substances toxiques par la pollution atmosphérique et la contamination des aliments et de l’eau due à l’usage de pesticides à des fins agricoles ou de santé publique (CES, 2000).
• La voie cutanée
La pénétration par cette voie est facilitée par la liposolubilité d’un grand nombre de produits phytosanitaires. Cependant, de nombreux facteurs interviennent à ce niveau (présentation et formulation du produit, pH de la peau, transpiration, etc.). Cette pénétration peut arriver par des déversements accidentels sur les vêtements ou directement sur la peau, lorsqu’un agriculteur touche la culture qui vient d’être pulvérisée, lorsque la bouillie antiparasitaire se dépose sur la peau ou imbibe les vêtements, lorsqu’un agriculteur mélange des pesticides à mains nues, ou lorsqu’un membre de la famille lave des vêtements contaminés par des pesticides. Le contact avec les muqueuses est plus dangereux du fait de leur grand pouvoir d’absorption. Des contaminations cutanées et des intoxications chez les ouvriers agricoles occupés à la récolte des fruits et légumes ont été observées. Les frottements des bras nus contre les feuilles au cours de la cueillette entraînent une souillure et une pénétration suffisante pour provoquer des signes cliniques d’intoxication. Au moment de l’application, l’ouvrier risque d’entrer en contact, de diverses façons avec le produit qu’il utilise. Le degré dépend beaucoup de la technique utilisée et de la formulation. Lors d’applications manuelles, l’ouvrier est beaucoup exposé à inhaler et à entrer en contact avec le produit. Par contre, dans les applications faites avec un jet porté (pompe et motopompe), l’ouvrier risque des contaminations par des ricochets sur les végétaux, par égouttage, par contact des végétaux traités, par inhalation de particules. De même, les applications de poudres sont plus dangereuses du fait des mouvements de l’air qui les entraînent plus facilement que les formulations liquides. C’est le principal mode d’exposition des agriculteurs ou des travailleurs agricoles.
• La voie pulmonaire
La pénétration par la voie aérienne est l’une des plus dangereuses. Au niveau des poumons, les échanges entre l’air respiré et le sang se font très rapidement si l’air expiré est mélangé à des vapeurs toxiques ou si les particules pulvérisées sont suffisamment petites pour être transportées par l’air inspiré jusqu’aux structures profondes des poumons. Ainsi plus un produit est volatil, plus il sera dangereux par cette voie. Cette pénétration est plus fréquente pour les agriculteurs qui pulvérisent des pesticides, ou pour ceux qui se trouvent près du lieu de pulvérisation. Il est important de toujours se rappeler que certains pesticides toxiques n’ont aucune odeur.
• La voie digestive
La pénétration par voie digestive peut être plus ou moins rapide selon les propriétés physico-chimiques de la substance envisagée. La toxicité par cette voie varie selon les produits dans une large mesure. Deux facteurs ont une importance capitale dans la pénétration. D’une part les phénomènes de dispersion, les substances qui sont sécrétées par le tube digestif et qui peuvent attaquer ces produits, les décomposer partiellement, les rendre solubles et faciliter ainsi leur absorption. D’autre part interviennent certaines substances absorbées en même temps que le produit toxique et qui peuvent le solubiliser et faciliter son absorption (solvants organiques utilisés en agriculture, alcool même sous forme de vin, beurre ou aliments gras pour les produits liposolubles). Cette pénétration s’observe lors de prise accidentelle ou délibérée, ou encore en cas d’une consommation de nourriture ou de l’eau polluée par des pesticides.

Problématique des résidus de pesticide dans les aliments

En tant que corps étrangers, les résidus (de pesticides) sont par principe indésirables dans la récolte. Ils ne doivent donc s’y trouver qu’en quantité nulle ou inoffensive.
En raison de l’utilisation mondiale des pesticides et du transport de ceux-ci par l’air, la poussière et l’eau (pluie), il ne peut plus y avoir aujourd’hui de récolte totalement dépourvue de résidus.
En 1988, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a effectué une enquête sur les problèmes rencontrés à l’exportation. Sur 91 pays en développement participant à l’enquête, 55 ont répondu « oui » à la question : « Est-ce que les résidus contenus dans les produits agricoles posent des problèmes à l’exportation ? » (FAO, 1989).
Les pesticides utilisés pour la production d’aliments laissent inévitablement des résidus, et il faut respecter constamment des normes strictes pour garantir la sécurité du consommateur. Les méthodes de production basées sur un usage intensif des produits chimiques continueront de susciter certaines inquiétudes sur les conséquences de l’absorption, à long terme, de faibles doses de multiples résidus de pesticides (Schiffer, 1990).

Définition d’un résidu de pesticide

Les dépôts de matières actives sur les surfaces végétales ou au niveau du sol proviennent de la répartition des divers types de formulation par l’intermédiaire des appareils de traitement. Sous l’action des agents physiques, chimiques et biologiques, de leur environnement, les dépôts subissent une dépression, une dégradation ou une dilution (souvent une combinaison des trois) pour laisser leurs résidus sur les surfaces d’application ou dans les tissus végétaux.
On appelle résidu tout ce qui reste de la substance appliquée au niveau des produits récoltés ou sur le sol en vue de la protection des cultures. En général, la notion de résidu est limitée aux seules molécules toxiques qui constituent la substance appliquée et/ou ses produits de dégradation.
Nous distinguons deux types de résidus :
• Les résidus superficiels proviennent des dépôts formés par les appareils d’application des formulations sur les surfaces végétales à protéger et correspondent à la fraction de substance active n’ayant pas pénétré le végétal.
• Les résidus internes proviennent de le pénétration et de la translocation de la matière active et de ses métabolites dans la plante (produits systémiques ou télé toniques)
Nous pouvons schématiser l’évolution de diverses formulations en résidus comme suit :
Formulations → Dépôts → Résidus
Appareil de Dégression
Traitement Dégradation
Dilution

Formation des résidus

• Phénomènes de dégression : Les dépôts subissent les actions physiques et mécaniques de l’air (vents, frictions entre les feuilles, volatilisation) et surtout de l’eau (entraînement par la pluie, co-distillation). En outre, la pluie induit une redistribution du produit sur la surface végétale et depuis les parties hautes vers les organes situés plus près du sol.
• Phénomène de dilution : En cours de croissance, les plantes acquièrent des masses plus élevées,les organes augmentent, non seulement de volume mais aussi de surface notamment les feuilles. Ces accroissements correspondent à un phénomène de dilution des dépôts.
• Phénomène de dégradation : Sous l’effet d’agents chimiques et enzymatiques les dépôts sont susceptibles de se dégrader progressivement en formant des métabolites (plus ou moins actifs que le produit initial ou totalement inactifs).
Les résidus à la récolte constituent le passif du traitement phytosanitaire. Il crée un risque potentiel pour la consommation, risque qu’il convient d’atténuer au maximum en fixant des limites maximales de résidus ou LMR.

Etablissement d’une LMR

Pour définir ou fixer une LMR, nous devons faire appel à deux types de données, toxicologiques et agronomiques, qui sont en quelques sortes complémentaires. Les études toxicologiques vont permettre, à partir des essais de toxicité à long terme réalisés sur des
animaux de laboratoire, de fixer une dose seuil ou aucune modification pathologique ne peut être décelée.
• C’est la dose sans effet ou DES pour l’espèce animale considérée que l’on exprime en mg/kg de poids corporel
L’extrapolation de l’animal à l’homme est réalisée en divisant la D.S.E obtenue sur l’animal le plus sensible par un coefficient de sécurité, en général de 100, pour tenir compte de différents cas entre espèces, de l’ingestion de la substance par des sujets fragiles porteurs de déficiences, d’éventuelles interactions avec d’autres substances. Ce coefficient de sécurité peut être plus important (500 ou 1000) si des doutes persistent sur l’absence réelle de manifestations toxiques mineures aux plus faibles concentrations expérimentées. Le résultat de cette division s’appelle la D.J.A ou dose journalière admissible.
• La DJA (exprimée en mg/kg de poids corporel) d’une substance chimique est la dose journalière qui prise tout au long de la vie, semble ne présenter aucun risque appréciable, compte tenu de toutes les données disponibles au moment
ou elle est établie.
En relation avec les pratiques agronomiques, nous devons établir par dosage quels seront les niveaux de résidus atteints à la récolte dans les parties consommables des plantes traitées selon les bonnes pratiques agricoles (BPA).
Les BPA sont définies comme les conditions d’emploi d’un pesticide, nécessaires et suffisantes pour atteindre le degré de protection souhaité vis-à-vis du parasite ou de la maladie combattus, en laissant un résidu le plus faible possible dans la partie consommable.
A partir de la ration alimentaire journalière « panier de la ménagère », il est possible de calculer la charge potentielle en résidu et de fixer ainsi la LMR dans l’aliment considéré. Ainsi, pour un homme de 80 kg, absorbant par jour une ration alimentaire de 400 g, on détermine la limite maximale de résidu dans l’aliment à partir de la DJA : DJA x 80kg (poids d’un homme) / 0,4kg (ration journalière) = LMR
La DJA est une exigence toxicologique, tandis que la LMR qui résulte de l’application des BPA, est une exigence réglementaire.
La LMR est donc fixée à la valeur sans risque pour le consommateur correspondant aux résidus trouvés dans le produit agricole frais lorsque la production est effectuée selon les BPA. Cette valeur est évaluée sur la base des données scientifiques et techniques issues d’expérimentation contrôlées et après estimation des risques pour le consommateur.
Pour garantir l’efficacité du traitement et l’innocuité pour les consommateurs, l’agriculteur doit utiliser la dose préconisée par le fabricant et respecter simultanément le délai de carence fixé par le législateur.
Le niveau de résidu dans/sur une denrée sera influencé notamment par :
– Les propriétés de la (des) matières (s) active (s) (rémanence, photo labilité, solubilité, volatilité, etc.) ;
– Le respect de la dose recommandée ;
– Le type de formulation utilisée (EC ou GR) ;
– La qualité (performance) des applications ;
– Le respect du délai de carence ;
– Les conditions agro écologiques qui prévalent (nature du sol, microbiologie du sol, conditions atmosphériques…) ;
– La croissance et la physiologie de la plante.

Toxicité des pesticides

C’est la propriété à provoquer des dommages en altérant les fonctions normales chez tout organisme avec lequel il est en contact. Plusieurs types de troubles sont liés aux pesticides. Des études épidémiologiques menées à l’Université de Colorado aux Etats-Unis entre 1992 et 1997 ont montré que parmi 761 personnes exposées (fermiers), les pesticides entraînent une dépression nerveuse chez 5,87% d’entre eux. Cette dépression résulte des séquelles d’une intoxication aiguë par les pesticides organophosphorés (Stallones and Beseler, 2001).
Les enquêtes menées dans la zone des Niayes ont démontré des pourcentages importants (25%) d’individus ayant été victimes d’une intoxication (Cissé, 2000). L’une des intoxications la plus fréquente est l’intoxication avec des signes neurologiques dont 52% des cas souffrant souvent de nausées, de vertiges, d’étourdissement après ou lors des traitements.

Toxicité aigue

Les intoxications aiguës par les pesticides sont celles où, quelques heures après une exposition importante, des symptômes apparaissent rapidement. Ce sont les affections causées par les pesticides que les médecins connaissent le mieux.
Les personnes les plus fréquemment victimes d’intoxications aiguës par les pesticides sont bien sûr les agriculteurs, qui manipulent et appliquent ces pesticides sur leurs cultures. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a estimé qu’il y a chaque année dans le monde un million de graves empoisonnements par les pesticides, avec quelque 220 000 décès (WHO. UNEP, 1989).
Les jeunes enfants sont aussi très fréquemment victimes d’empoisonnement par les pesticides, habituellement suite à des ingestions accidentelles ou à des atteintes dermatologiques. Les pesticides organophosphorés et les carbamates sont à l’origine des cas d’empoisonnements par les pesticides les plus fréquents.
La toxicité aiguë, exprimée par la DL50, résulte d’une seule exposition massive au produit toxique ou à des expositions répétées dans une période de temps très courte.
La dose létale 50 (DL50) exprimée en mg/kg de poids corporel étant la dose capable de tuer, après administration unique du produit toxique, la moitié des animaux d’une expérience. Ces animaux sont testés pendant une période donnée d’observation.
Il faut aussi noter que la concentration létale 50 est la valeur qui précise la toxicité aigue quant le produit est présent dans le milieu ou évolue les animaux (dans l’air ou dans l’eau) et après un temps déterminé et constant.
Les différents travaux réalisés sur les effets aigus des pesticides retiennent principalement (Dewailly et al. 2000):
• Les brûlures chimiques au niveau des yeux,
• Les lésions cutanées,
• Les effets neurologiques,
• Les troubles hépatiques.
L’exposition se fait essentiellement par voie cutanée et par inhalation, la voie d’exposition orale concernerait davantage la population générale par ingestion accidentelle ou intentionnelle de pesticides. Les répercutions sur la santé sont identifiées facilement quand elles sont consécutives à une intoxication massive, le lien étant objectivable entre exposition et effets.
Toutefois, certains travaux ont pu montrer qu’une intoxication massive pouvait entraîner des conséquences gravissimes allant jusqu’au décès chez certains individus alors que pour d’autres le témoin de l’intoxication n’est retrouvé qu’à partir de signes biochimiques. Ainsi, il apparaît clairement que les effets majeurs entraînant hospitalisation ou décès peuvent être facilement repérés et étudiés alors que des manifestations biochimiques nécessitent pour être mises en évidence des dosages spécifiques qui ne sont pas systématiquement mis en oeuvre (ORSB, 2001).
Il serait important de faire la distinction entre « effets locaux » et « effets généraux » d’intoxication aigue due aux pesticides :
– Des effets locaux aigus sont ceux qui n’affectent que les parties du corps avec lesquelles le pesticide a été directement en contact. Ils peuvent être des effets irritatifs comme la sécheresse, la brûlure, la rougeur, les démangeaisons au niveau des yeux, du nez, de la gorge et de la peau ; le larmoiement et la toux.
Ils peuvent aussi être cutanés sous forme de rougeur, démangeaisons, brûlure, éruptions, ampoules ou décoloration. Un symptôme d’intoxication de pesticide peut être observé lorsque les ongles des mains et des pieds deviennent noirs ou bleus. On peut même constater une chute des ongles dans les cas les plus sérieux.
– Les effets généraux d’intoxication aux pesticides sont constatés lorsque le pesticide pénètre dans l’organisme et affecte tout le système. Le sang transporte le pesticide dans toutes les parties du corps et peut affecter les yeux, le cœur, les poumons, l’estomac, les intestins, le foie, les reins, les muscles, le cerveau et les nerfs.
Les symptômes d’intoxication générale et la rapidité du processus d’intoxication au pesticide dépendent du type de produit chimique, de la durée d’exposition au pesticide et de l’intensité de la toxicité (Pan Africa, 2006).

Toxicité chronique

Elle se développe sur une longue période de temps, persistant plusieurs années après l’exposition initiale. Cette toxicité est la résultante d’une absorption répétée soit de substances s’éliminant trop lentement de l’organisme (poisons cumulatifs) soit de substances dont les effets nocifs sont irréversibles et s’additionnent chaque fois malgré l’élimination.
Les effets chroniques des pesticides classiquement observés sur la santé sont le dérèglement des systèmes reproducteur, endocrinien immunitaire et/ou nerveux central (effets neurotoxiques), la perturbation du développement du fœtus et de l’enfant et le cancer (Dewailly et al, 2000).
L’identification de plusieurs effets à long terme est controversée à cause de l’inconstance des recherches et des contradictions entre les études actuelles, ainsi qu’en raison des lacunes dans les données. Il est en effet difficile d’avancer une preuve permettant de lier de façon concluante les pesticides à certains états de santé et d’isoler l’influence de ceux-ci parmi tous les produits auxquels les humains sont exposés. Il faut tenir compte du tabagisme, des besoins alcoolisés et de  tous les autres facteurs qu’on peut examiner dans les études.

Les pesticides dans l’organisme humain

La contamination généralisée de l’environnement (air, eau de pluie, eau de boisson…) et de la nourriture par les pesticides rend inévitable la contamination de l’être humain par ces mêmes pesticides.
Les pesticides les plus souvent retrouvés dans les organismes humains sont bien sûr ceux qui sont plus persistants et qui possèdent des propriétés de bioaccumulation. Ces pesticides se concentrent dans les graisses à des teneurs de plus en plus importantes au fur et à mesures qu’ils remontent la chaîne alimentaire.
Les pesticides persistants posent un véritable problème de santé publique, et pas seulement pour les utilisateurs qui sont les plus exposés, mais aussi pour la population générale. En effet, les effets de faibles quantités de pesticides, en mélange, pendant des périodes longues posent de nombreux problèmes de santé. L’épidémiologie a ainsi montré que les personnes exposées aux pesticides ont plus de risque de développer de nombreuses maladies que les autres. Les problèmes neurologiques, perturbations endocriniennes, cancers ou encore système immunitaire affaibli sont plus fréquents chez eux ! (Dewailly et al, 2000)

Neurotoxicité des pesticides

Beaucoup de pesticides utilisés dans l’agriculture sont très nuisibles au cerveau et aux nerfs. Parmi les symptômes de maladie cérébrale liée aux pesticides on compte les troubles de la mémoire, les difficultés de concentration, les troubles de la personnalité, la paralysie, les crises d’épilepsie, les pertes de connaissance et le coma (Pan Africa, 2006)
De faibles quantités de pesticides peuvent altérer les fonctions et le développement du système nerveux, chez le fœtus, l’enfant et l’adulte. Pour certains pesticides, la neurotoxicité est le mécanisme même de leur mode d’action ( inhibition irréversible de la cholinestérase qui est une enzyme d’importance vitale jouant un rôle déterminant dans la transmission de l’influx nerveux pouvant créer des lésions cérébrales). Les effets aigus survenant à doses importantes chez les hommes (agriculteurs) sont maintenant assez bien documentés notamment en raison des intoxications accidentelles ou volontaires (tentatives de suicide). Elles informent sur la neurotoxicité potentielle de certains produits, principalement les organophosphorés et les carbamates, mais également les anciens organochlorés (DDT..) qui peuvent entraîner des convulsions épileptiformes, les pyréthrinoïdes (paresthésies, convulsions à des doses massives), et les dérivés de l’urée (poly neuropathie, troubles neurologiques centraux, …).
Concernant les effets chroniques, dus aux expositions de faible importance répétées sur une longue durée, les connaissances restent lacunaires. Les principaux effets chroniques étudiés sont les neuropathies périphériques, les troubles neurodégénératifs (tels que la maladie de Parkinson) et les troubles neurocomportementaux (CPP, 2001). A ce sujet, une étude française récente montre que, chez des agriculteurs hommes utilisant des pesticides, le risque de développer la maladie de parkinson était multiplié par 5.6 et celui de développer la maladie d’Alzheimer multiplié par 2.4 par rapport à des groupes non exposés à des pesticides (Baldi et al. 2003).
De nombreux travaux ont confirmé que l’exposition in utero aux polychlorobiphényles (PCB), et aux autres produits organochlorés associés, présents dans l’alimentation, pouvait entraîner des retards de développement psychomoteur de l’enfant.
Le docteur Guillette (1998), d’après une étude réalisée sur des enfants au Mexique en 1998, a observé des populations d’enfants exposés à des pesticides. Elle a noté chez eux une moins bonne coordination motrice, une mémoire à trente minutes moins bonne et de moins bonnes aptitudes dans l’épreuve de dessin d’une personne. Elle a également observé des comportements agressifs plus fréquents chez ces enfants exposés aux pesticides.

Pesticides et perturbations endocriniennes

Les pesticides exercent diverses actions sur le système endocrinien (Fall, 2003) parmi lesquelles :

Perturbations de la synthèse ou de la libération des hormones

Certains pesticides peuvent inhiber, activer ou réprimer les enzymes impliqués dans la biosynthèse des hormones. Exemple le Fénarinol (fongicide) inhibe la synthèse d’oestrogéne par action sur l’aromatase. Les androgènes et les oestrogénes influencent la synthèse des hormones pituitaires soit directement, soit par une réduction de la glycosylation de la LH et de la FSH, ce qui entraîne une diminution de leur activité biologique. Des agonistes ou des antagonistes des hormones gonadiques pourraient donc altérer la glycosylation des hormones pituitaires. D’autre part dans l’hypothalamus, les œstrogènes endogènes sont convertis en cathéchol-oestrogénes, qui inhibent la tyrosine hydroxylase, une enzyme nécessaire à la synthèse de la dopamine. Des variations de concentration d’œstrogènes peuvent donc affecter les niveaux d’amines biogènes dans le cerveau.
La synthèse d’amines biogènes peut aussi être perturbée par les pesticides. C’est le cas de l’inhibition de la synthèse de neurotransmetteurs comme l’épinéphrine par différents dithiocarbamates. Ceci pourrait résulter de la formation de complexe avec le cuivre entraînant une suppression de l’activité de la dopamine-β-hydrolase d’où un déficit de conversion de la dopamine en norépinéphrine et par conséquent en épinéphrine.
La synthèse hormonale peut aussi être modifiée suite à une toxicité directe vis-à-vis de l’organe sécréteur. C’est ainsi qu’il a était observé, dans les cellules de tumeur surrénalienne de souris Y1, que le lindane inhibe la stéroidogénése en perturbant le transport intra mitochondrial de cholestérol.
Il est aussi possible qu’un xénobiotique agisse au niveau de la libération des hormones, en particulier pour celles qui sont stockées dans des granules. C’est le cas de l’atrazine qui perturbe le contrôle de l’axe hypothalamo-hypophysaire par une inhibition semble t-il de la libération de GnRH par l’hypothalamus.

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Table des matières

Introduction
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LES PESTICIDES
I. Définition
II. Historique
III. Classification
III.1. Selon la cible
III.2. Par famille chimique
III.3. Selon la formulation
III.4. Selon la toxicité
III.5. Selon le mode d’action
IV. Sources et voies d’exposition aux pesticides
IV.1. Sources d’exposition aux pesticides
IV.2. Les voies d’exposition aux pesticides
IV.3. Problématique des résidus de pesticide dans les aliments
IV.3.1. Définition d’un résidu de pesticide
IV.3.2. Formation des résidus
IV.3.3. Etablissement d’une LMR
V. Toxicité des pesticides
V.1. Toxicité aigue
V.2. Toxicité chronique
V.3. Les pesticides dans l’organisme humain
V.3.1. Neurotoxicité des pesticides
V.3.2. Pesticides et perturbations endocriniennes
V.3.2.1. Perturbations de la synthèse ou de la libération des hormones
V.3.2.2. Perturbations de la liaison aux récepteurs
V.3.2.3. Perturbations du métabolisme et de l’élimination des hormones
V.3.3. Les pesticides et le système immunitaire
V.3.4. Les pesticides et le cancer
V.4. Les pesticides dans l’environnement
V.4.1. Transports et distribution des pesticides dans le sol, l’air et l’eau
V.4.2. Transport des pesticides par les précipitations
V.4.3. Transport des pesticides par le vent
V.4.4. Transport des pesticides sur de grandes distances : l’effet sauterelle (cas des polluants organiques persistants ou POP)
V.4.5. Rémanence et bioaccumulation des pesticides
V.4.5.1. Rémanence
V.4.5.2. Bioaccumulation
V.5. Evaluation des risques des pesticides sur la santé
V.5.1. Identification des dangers et définition des relations dose-réponse
V.5.2. Evaluation de l’exposition humaine
V.5.3. Caractérisation des risques
VI. Les dispositifs institutionnel, législatif et réglementaire de la gestion des pesticides au Sénégal
VI.1. Le dispositif au niveau international
VI.2. Le dispositif au niveau sous-régional
VI.3. Le dispositif au niveau national
VII. Normes et compétitivités des produits horticoles
VII.1. Normes sur les produits horticoles
VII.2. Compétitivité des produits horticoles
D’UTILISATION DES PESTICIDES ET DES TENEURS EN RESIDUS DES PRODUITS HORTICOLES
I. Objectifs de l’étude
II. Présentation de la zone d’étude
II.1. Particularité sur le plan écologique
II.1.1. Le système dunaire
II.1.2. Le climat
II.1.3. La flore et la faune
II.2. Particularité sur le plan pédologie
III. Matériels et Méthodes
III.1 Matériel
III.1.1 Enquête
III.1.2 Expérimentation
III.1.2.1 Matériel d’extraction
III.1.2.2 Matériel d’analyse
III.2 Méthodes
III.2.1 Méthode d’enquête
III.2.2 Méthode d’analyse des résidus de pesticide
III.2.2.1 Echantillonnage
III.2.2.2 Extraction
III.2.2.3 Analyse
IV. Résultats
IV.1 Caractéristiques sociodémographiques
IV.1.1 Répartition des maraîchers par sexe
IV.1.2 L’âge des producteurs maraîchers
IV.1.3 Le niveau d’instruction des maraîchers
IV.1.4 Situation matrimoniale
IV.2 Etude descriptive
IV.2.1 Les principales cultures pratiquées
IV.2. 2 Les parasites les plus fréquents
IV.2.3 Les pesticides utilisés dans la zone de Mboro et du Gandiolais
IV.2.3.1 Répartition des pesticides selon le niveau de danger
IV.2.3.2 Répartition des pesticides suivant leur formulation
IV.2.3.3 Répartition des pesticides selon la famille chimique
IV.2.4 Les délais d’attente avant récolte pratiqués
IV.2.5 Le dosage des pesticides pratiqué par les agriculteurs
IV.2.6 Les modes d’application des pesticides
IV.2.7 La fréquence d’utilisation des pesticides
IV.2.8 Le matériel de protection utilisé par les maraîchers
IV.2.9 Lavage des vêtements de travail
IV.2.10 Signes cliniques observés chez les maraichers
IV.3 Résultats des analyses
V. Discussion
VI. Recommandations
Conclusion
Bibliographie
Annexes

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