Traitements médicamenteux des affections et des troubles les plus couramment associés à la déficience visuelle et auditive

Données sur la déficience auditive en France

En France, d’après l’enquête Handicap-Santé 2008-2009 faisant suite à l’enquête HID, le nombre de personnes ayant des limitations fonctionnelles auditives (LFA) était d’environ 10 millions en 2008 (16 % de la population) dont 5,4 millions (8,6 %) avec des LFA moyennes à totales. Parmi ces 5,4 millions de personnes déficientes auditives, 360 000 éprouveraient des limitations très graves ou totales dont 180 000 seraient totalement sourdes. De plus, la majorité des personnes avec des LFA moyennes à totales vivent à leur domicile. La définition de l’échelle des LFA est disponible en annexe n°1. Selon l’enquête HID, 8 % des personnes en situation de déficience auditive profonde ou totale emploieraient la langue des signes française (LSF).

u total, cette langue serait utilisée par 119 000 personnes en France métropolitaine (dont 75 000 n’auraient pas de déficience auditive). La prévalence augmente avec l’âge : au-delà de 80 ans, plus d’une personne sur deux est déficiente auditive avec des LFA au moins légères. Par ailleurs, la prévalence est plus élevée chez les hommes surtout après 40 ans et jusqu’à 75 ans. Dans presque quatre cas sur cinq, la déficience auditive n’est pas isolée et s’ajoute à une ou plusieurs autres déficiences dont celle motrice le plus souvent (44 %). En 2008, les aides techniques de compensation sont encore peu utilisées : seulement 20 % des personnes avec des limitations fonctionnelles auditives moyennes à totales utilisent des aides auditives (prothèses auditives, implants).

Les conséquences de la déficience auditive peuvent être nombreuses et affecter différents domaines. Tout d’abord, au sein du milieu scolaire, il existe chez les enfants un risque de retard de l’acquisition du langage ou de l’apprentissage propre à cette déficience. Par ailleurs, on fait le constat que les déficients auditifs ont en moyenne un niveau de qualification plus faible que le reste de la population. De plus, la vie sociale et notamment les relations familiales peuvent être perturbées par un défaut de communication favorisant le sentiment d’isolement chez les personnes concernées. Ensuite, il ne faut pas oublier les obstacles rencontrés dans le milieu professionnel. Par exemple, malgré la loi du 11 février 2005 en faveur de l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap, l’accès au travail reste difficile.

La singularité de la communauté sourde et de son langage gestuel

La culture sourde est fondée sur une langue gestuelle propre : la Langue des Signes (non universelle), une histoire identitaire commune, des valeurs et des règles de savoir-être et de savoir-vivre propres. La langue des signes française est reconnue comme « langue à part entière » depuis la loi no 2005-102 du 11 février 2005 (article 75).

La LSF est une langue très imagée qui possède sa propre syntaxe. Une phrase n’est pas l’enchaînement d’un sujet puis d’un verbe et enfin d’un objet comme en langue française mais l’inverse. Par exemple, la formation d’une phrase descriptive du style « Le chat dort sur une branche d’arbre dans le jardin » se fait de la même façon que l’enchaînement des plans dans un film. On signe d’abord le lieu : le jardin, puis l’arbre, puis la branche (zoom progressif) puis le sujet : le chat et enfin l’action : dormir. C’est un langage gestuel en trois dimensions dont l’amplitude des gestes, la posture du corps et l’expression du visage sont très importantes. Ainsi, il est possible de dire « je n’aime pas trop», « je n’aime pas », « je déteste » avec le même signe. Dans ce cas-ci, seules la mimique faciale et la fluidité du geste diffèrent. De plus, il n’y a pas de conjugaison ou de temps comme en langue française.

En ce qui concerne la communication des sourds, de nombreux points diffèrent par rapport à celle des entendants. Par exemple, deux personnes sourdes s’efforceront toujours de se placer le plus en face possible pour échanger et prendront soin de déplacer tous les objets gênant la vue. En revanche, la présence d’une vitre n’est pas un obstacle à l’initiation d’une conversation. Autre exemple, pour se saluer, une petite tape sur l’épaule permet d’indiquer sa présence. Les sourds étant très sensibles aux signes visuels et aux vibrations, le fait d’allumer/éteindre la lumière ou taper sur le sol peut permettre d’interpeller plus aisément. L’association des Sourds de Maine et Loire a été créée le 25 janvier 1950. Un de ses principaux objectifs est de favoriser l’accessibilité des sourds à la culture et de limiter ainsi l’isolement en proposant un certain nombre de rencontres tout au long de l’année.

Contribuer à l’information et à l’éducation en matière de santé

L’article R. 4235-2 du Code de la santé publique affirme que le pharmacien « doit contribuer à l’information et à l’éducation du public en matière sanitaire et sociale » comme par exemple dans le domaine des maladies sexuellement transmissibles.

Cette obligation concerne également les personnes déficientes visuelles ou auditives. Pourtant, en pratique la démarche semble présenter des difficultés. Tout d’abord, il est utile de comprendre les stratégies de chacun, pour accéder à l’information. A partir de là, se pose la question de choisir un support et un contenu approprié. Par exemple, le choix des couleurs, de la police de caractère et de sa taille est essentiel pour réaliser un document informatif (prévention ou autre) accessible aux malvoyants. En 2012, l’institut national de prévention et d’éducation pour la santé a publié un guide pour l’accès à l’information des personnes aveugles ou malvoyantes et un deuxième pour celui des personnes sourdes ou malentendantes.

Ces guides fournissent des réponses pratiques pour rendre l’information la plus accessible possible aux personnes déficientes visuelles et auditives. Ensuite, l’enjeu est de favoriser davantage l’implication de ces personnes dans leur propre santé. Une personne qui comprend mieux sa maladie et son traitement est une personne susceptible d’avoir une meilleure observance médicamenteuse. Le pharmacien a tout à fait son rôle à jouer dans cette implication en fournissant entre autres des recommandations.

Traitement

Le but des traitements médicamenteux du glaucome est de diminuer la PIO en dessous d’une valeur seuil afin de limiter la progression de la pathologie et de préserver la fonction visuelle. En première intention dans la prise en charge du glaucome à angle ouvert, plusieurs classes médicamenteuses sont disponibles : analogues de prostaglandines, β-bloquants, inhibiteurs de l’anhydrase carbonique (IAC) et agonistes α2-adrénergiques. Quelques conseils généraux sur l’administration des collyres sont utiles à donner aux patients. Dans le cas où une prescription comporte plusieurs collyres avec le même moment de prise, il convient de faire respecter un intervalle de cinq minutes entre chaque. L’observance peut être améliorée par l’association du rythme de prise à une activité quotidienne habituelle.

Fermer les yeux après l’administration du collyre et pendant une à trois minutes permet également de faciliter la pénétration cornéenne et de limiter le risque d’effets secondaires systémiques. La prise en charge médicamenteuse du glaucome aigu par fermeture de l’angle est une urgence médicale. Elle a pour objectif de diminuer rapidement la PIO avant la prise en charge chirurgicale (iridectomie). Ainsi, le mannitol, agent hyper-osmotique, est employé en perfusion. Mais ses effets sur le gradient osmotique entre le sang et l’humeur vitrée sont transitoires. De même, l’acétazolamide, appartenant à la classe des inhibiteurs de 64 l’anhydrase carbonique, est utilisée par voie intraveineuse à la dose de 500 mg. Enfin, des agonistes para-sympathomimétiques ou myotiques comme la pilocarpine peuvent être envisagés localement une fois la PIO réduite.

La pilocarpine est un agoniste cholinergique d’action directe qui conduit à la contraction des fibres longitudinales du muscle ciliaire entaînant l’augmentation de l’excrétion d’humeur aqueuse. Les agents parasympathomimétiques diminuent la PIO de 15 à 25 % mais sont responsables de myopisation, céphalées ou encore de gênes visuelles causées par le myosis.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : ETAT DES LIEUX DE LA DEFICIENCE VISUELLE ET AUDITIVE
Chapitre I : Les multiples facettes de la déficience
1.Définitions
1.1. Qui sont les personnes en situation de handicap ?
1.2. La déficience visuelle
1.3. La déficience auditive
2.Epidémiologie et conséquences sociales
2.1. Données sur la déficience visuelle en France
2.2. Données sur la déficience auditive en France
3.La place des aveugles et des sourds dans la société française : évolution historique et contexte actuel
3.1. Quelques points de repères sur l’Histoire de la cécité en France du Moyen Âge à aujourd’hui
3.1.1. Le Moyen Âge : des représentations burlesques populaires de la cécité à la fondation de l’hospice de la charité des Quinze-Vingts
3.1.2. Le XVIIIe siècle : une perception nouvelle de la cécité et de l’intérêt collectif de l’éducation des aveugles
3.1.3. Etre aveugle au XIXe siècle : de la désillusion d’un système productiviste au sein des Quinze-Vingts vers l’ouverture culturelle grâce à un tout nouveau mode de communication
3.1.4. Louis Braille et son oeuvre
3.1.5. Du XXème siècle à nos jours
3.2. La culture sourde
3.2.1. Etre sourd et s’affirmer en tant que Sourd : quelle différence ?
3.2.2. Quelques points de repères sur l’histoire de la surdité
3.2.3. La singularité de la communauté sourde et de son langage gestuel
Chapitre II : Le rôle du pharmacien d’officine auprès des patients déficients visuels et auditifs
1.Mise en accessibilité de l’officine
1.1. Optimisation de l’officine pour l’accessibilité des patients déficients visuels
1.2. Optimisation de l’officine pour l’accessibilité des patients déficients auditifs
2.Accueil et communication
2.1. Accueillir une personne déficiente auditive et établir une communication de qualité
2.2. Accueillir une personne déficiente visuelle et établir une communication de qualité
2.3. Contribuer à l’information et à l’éducation en matière de santé
DEUXIEME PARTIE : THERAPEUTIQUES MEDICAMENTEUSES EN LIEN AVEC LE HANDICAP VISUEL OU AUDITIF
Chapitre I : Traitements médicamenteux des affections et des troubles les plus couramment associés à la déficience visuelle et auditive
1.Quelques notions générales sur l’anatomie et la physiologie de l’oeil et de l’oreille
1.1. Rappels anatomiques et physiologiques sur l’oeil
1.2. Rappels anatomiques et physiologiques sur l’oreille
2.Les principales affections oculaires responsables de déficience visuelle et les traitements associés
2.1. La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA)
2.1.1. Généralités
2.1.2. Traitement
2.2. La cataracte
2.2.1. Généralités
2.2.2. Traitement
2.3. Le glaucome
2.3.1. Généralités
2.3.2. Traitement
2.4. La rétinopathie diabétique
2.4.1. Généralités
2.4.2. Traitement
3.Surdités, acouphènes et traitements médicamenteux associés
3.1. Surdités
3.1.1. La surdité de transmission
3.1.2. La surdité de perception
3.1.3. Les prothèses auditives
3.2. Les acouphènes
3.2.1. Généralités
3.2.2. Traitement
Chapitre II : Effets oculotoxiques et ototoxiques de différents médicaments
1.Médicaments responsables de manifestations toxiques oculaires
1.1. Les corticoïdes
1.2. Les antipaludéens de synthèse : chloroquine et hydroxychloroquine
1.3. L’amiodarone
1.4. Les biphosphonates
1.5. L’éthambutol
1.6. Les antiépileptiques : topiramate et vigabatrine
2.Médicaments responsables de manifestations toxiques auditives
2.1. Les aminosides
2.2. Le cisplatine
2.3. Les macrolides
2.4. Les antipaludéens : quinine et chloroquine
2.5. Les salicylates
2.6. Le furosémide
TROISIEME PARTIE : EVALUATION DES BESOINS ET DES ATTENTES SPECIFIQUES DES PATIENTS DEFICIENTS VISUELS ET AUDITIFS A L’OFFICINE
Chapitre I : Recueil de témoignages de personnes déficientes visuelles et auditives à Angers en janvier 2014
1.Présentation des objectifs et de la méthodologie
1.1. Objectifs
1.2. Méthodologie
1.2.1. Population cible
1.2.2. Elaboration des questionnaires
1.2.3. Mise en place du recueil des témoignages
2.Présentation des témoignages recueillis
2.1. Témoignages des personnes aveugles et malvoyantes : résultats et discussion
2.1.1. Profil
2.1.2. Accessibilité des locaux, accueil et communication à l’officine
2.1.3. Accessibilité à l’information médicale et prise en charge à l’officine
2.1.4. Discussion
2.2. Témoignages des personnes sourdes et malentendantes : résultats et discussion
2.2.1. Profil
2.2.2. Accessibilité des locaux, accueil et communication à l’officine
2.2.3. Accessibilité à l’information médicale et prise en charge à l’officine
2.2.4. Discussion
2.3. Conclusion
Chapitre II : Solutions pratiques pour améliorer la prise en charge des patients déficients visuels et auditifs à l’officine
1.Bilan de la réunion du 1er février 2014 du Comité des techniques professionnelles (CTP) au siège du GIAA à Paris
1.1. Le rôle et les missions du CTP auprès des personnes déficientes visuelles
1.2. Le déroulement de la réunion
1.3. Les difficultés mises en évidence par le CTP sur la prise en charge des déficients visuels à l’officine et les solutions proposées
1.4. Conclusion
2.Propositions pour améliorer la prise en charge des patients déficients visuels et auditifs à l’officine
2.1. Propositions pour faciliter l’accessibilité à l’officine et l’autonomie des patients déficients visuels
2.1.1. Solutions pratiques pour faciliter l’accessibilité à l’officine
2.1.2. Solutions pratiques pour faciliter l’autonomie
2.2. Propositions pour faciliter la communication avec les patients déficients auditifs
2.2.1. Mise en place d’un environnement favorable à l’échange
2.2.2. Utilisation d’outils de communication : exemple d’un schéma de prise des médicaments adapté aux patients sourds
DISCUSSION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
Annexe n°1 : Définition de l’échelle des LFA
Annexe n°2 : Modalités de mise en application du marquage en braille des médicaments
Annexe n°3 : Témoignages des personnes aveugles et malvoyantes
Annexe n°4 : Témoignages des personnes sourdes et malenten-dantes
Annexe n°5 : Modèle de schéma de prise des médicaments adapté aux personnes sourdes ayant des difficultés pour comprendre le français écrit

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