Traitement de l’hétérogénéité dans les programmes scolaires

L’hétérogénéité est une des problématiques centrales à laquelle les professeurs des écoles sont confrontés au quotidien. En effet, chaque classe est composée d’élèves différents à bien des égards et donc hétérogènes, ce qui au-delà de la problématique posée a l’enseignant, représente une réelle richesse pour la classe et sa progression. Le terme « Hétérogénéité » provient du grec heteros qui signifie « différent », et de generos qui veut dire « famille, peuple ». En ce sens, lorsque l’on parle d’hétérogénéité au sein d’une classe, c’est parce que chaque élève qui la compose est unique, et ce sur de nombreux aspects : personnalité propre, éducation, milieu familial et social, savoirs, facultés et difficultés, connaissances.

Traitement de l’hétérogénéité dans les programmes scolaires

Le traitement de la question de l’hétérogénéité et de la différenciation pédagogique qui en découle remonte à la circulaire de rentrée du 15 décembre 1988 qui spécifie que « la prise en compte de la diversité des enfants et de leurs rythmes d’apprentissage suppose la pratique d’une pédagogie différenciée (…). Cette pratique permet en outre de mieux assurer la continuité des apprentissages et donc d’éviter les ruptures » . A cette circulaire, suit la loi d’orientation de 1989, qui stipule que : « Pour assurer l’égalité et la réussite des élèves, l’enseignement est adapté à leur diversité par une continuité éducative au cours de chaque cycle et tout au long de la scolarité ». Dans les programmes de l’école maternelle, on se rend compte que la prise en compte de l’hétérogénéité et de la particularité de chaque enfant est primordiale à l’école. L’enseignant doit inscrire son action de transmission dans « une école qui s’adapte aux jeunes enfants » . Les professeurs des écoles doivent donc tenir compte du développement de chaque enfant, afin de les faire évoluer à leur rythme : ainsi les élèves évoluent « selon des rythmes très variables » . D’après le référentiel des compétences professionnelles des métiers du professorat et de l’éducation, l’enseignant est tenu de « prendre en compte la diversité des élèves »  , comme stipulé par la compétence 4, et ce par une différenciation méthodologique adaptée, susceptible de répondre aux différents besoins des élèves lors d’une tâche.

Prendre en compte l’hétérogénéité de sa classe, c’est également opter pour une plus forte égalité des chances, en ce sens que l’on propose aux élèves différentes modalités de réussite et d’accès au savoir, en fonction de leur profil. Mais quelles sont les voies possibles qui pourraient permettre d’accéder à une meilleure prise en charge des spécificités des apprenants, dans un souci de réussite de tous, tout en évitant de créer une certaine scission au sein d’un groupe classe qui se doit d’avancer conjointement ?

Précision de la question de recherche

L’hétérogénéité peut représenter en un sens un obstacle ou du moins une difficulté pour les professeurs des écoles – ou tout autre professeur d’ailleurs-, mais elle peut également être appréhendée comme une ressource ou une richesse sur laquelle s’appuyer pour mettre en place l’organisation de sa classe. Il est nécessaire, pour gérer l’hétérogénéité, d’accepter que les modalités d’apprentissage puissent changer en fonction des élèves, qui sont les principaux acteurs de leur savoir, et les principaux acteurs de la classe. Comme le dit Meirieu, « l’élève est la mesure de toute chose dans la classe » .

Ce mémoire a donc pour but de s’interroger, comme l’a déjà fait Meirieu, sur la façon de « transformer l’hétérogénéité de contrainte en ressource » . En effet celui-ci nous propose de « prendre acte de la pluralité, non pour dissoudre l’institution dans une multitude de réseaux parallèles qui s’ignoreraient, mais pour s’appuyer sur cette diversité, en faire l’outil essentiel d’une différenciation de la pédagogie qui ne renoncerait pas à faire acquérir, à tous, les codes intellectuels et sociaux grâce auxquels construire un nouveau consensus » . Face à ces différents constats, je me suis demandé comment mettre en place une réelle pédagogie différenciée, qui permettrait d’intégrer tous les élèves dans les activités, et donc en prenant en compte l’hétérogénéité de la classe. Cette première question amène la problématique centrale à laquelle je vais consacrer ce mémoire, à savoir comment réussir à adapter son enseignement –tant en amont que pendant une séquence- afin de gérer l’hétérogénéité de la classe et guider tous les élèves vers la réussite ?

Pour tenter de répondre à cette problématique, il faudra se poser de nombreuses autres questions et tenter d’y répondre et de mettre en place des hypothèses d’action sur le terrain. Il me faudra ainsi tenter de découvrir comment apporter une aide différenciée adaptée aux multiples profils d’élèves, ou encore comment faire progresser ces élèves par le biais d’évaluations adaptées à leurs besoins. Après avoir établi les aspects théoriques de l’hétérogénéité, en accord avec ma problématique, je présenterai le contexte de la classe au sein de laquelle j’effectue mon stage, pour situer et justifier mon questionnement. Puis, je parlerai de la situation d’apprentissage que je veux faire évoluer pour une meilleure prise en charge de l’hétérogénéité dans ma classe. L’analyse de cette situation me permettra d’émettre des hypothèses d’action à mettre en place afin d’impliquer chaque élève dans les apprentissages et les guider vers une progression constante et adaptée. Enfin, j’analyserai les résultats des dispositifs mis en place, afin de prendre conscience des points positifs mais également des limites des propositions mises en œuvre.

Qu’est ce que la différenciation ?

La différenciation pourrait être assimilée, d’un certain point de vue, à un processus qui irait dans le sens d’une division du groupe d’élèves en fonction de leurs caractéristiques et de leurs capacités. Surgit alors la question suivante, que se pose notamment Jean-Michel Zakkartchouk : « La pédagogie différenciée voue-t-elle vraiment un culte aux différences ? » , enfermant ainsi chaque élève à un niveau immuable ?

On peut répondre à cela que la différenciation a un tout autre but : loin de mettre de côté les intérêts et avancées communes, elle œuvre pour le bien du groupe classe, mais tout en s’adaptant aux profils et particularités des élèves, afin que tous s’impliquent dans les tâches proposées. En ce sens, comme le souligne Meirieu, « différencier, c’est avoir le souci de la personne sans renoncer à celui de la collectivité» .

La différenciation n’est pas différencialisme, courant qui prône une individualisation des parcours mais où il n’existe « ni communication ni réel échange » . La différenciation comme réponse à l’hétérogénéité, doit se comprendre comme une réconciliation entre respect des différences des élèves et bien commun. Il s’agit donc à la fois de « reconnaître un statut aux différences » et de « travailler à combler les fossés entre les différences, aboutir à une unité supérieure, qui n’exclut pas la diversité, qui naisse de l’enrichissement réciproque » .

Les différents courants de différenciation

Il y a deux grands types de différenciation : la différenciation successive et la différenciation simultanée. La différenciation successive consiste à « utiliser successivement différents outils et différentes situations d’apprentissage de manière à ce que chaque élève ait le maximum de chances de trouver une méthode lui convenant. Ainsi, on pourra varier les outils et les supports, utiliser l’écriture, la parole, l’image, le geste, l’informatique, etc. On pourra également varier les situations : exposé collectif, travail individualisé monitorat, travaux de groupes. Dans cette forme de différenciation, le maître conserve une progression collective mais alterne les méthodes utilisées » . Quant à la différenciation simultanée, elle « implique que tous les élèves ne travaillent pas de la même façon en même temps, et aient même des tâches différentes à effectuer » . Chaque élève est donc ici amené à travailler sur une activité correspondant à ses besoins et possibilités.

Les modes de différenciation

Après avoir fait émerger une certaine définition de la différenciation, pratique en lien direct avec la nécessaire gestion de l’hétérogénéité des élèves, nous allons tenter de comprendre comment la mettre en œuvre sur le terrain, dans le contexte d’une classe. La différenciation peut porter tant sur les outils et les démarches d’apprentissage, que sur les situations d’apprentissage et les formes d’évaluation, le degré de guidage et l’organisation de la classe, la manière de mobiliser et d’enrôler les élèves et les consignes, la gestion du temps, les formes de travail, ou encore sur les contenus .

La différenciation des outils d’apprentissage va se baser sur une diversification des supports du visuel à l’auditif ou encore au sensoriel, pour que tous les élèves soient en mesure de s’approprier les tâches demandées. La variation des démarches d’apprentissages, avec des méthodes plus déductives ou inductives permettent également à chaque élève de se retrouver dans l’activité proposée. L’enseignante peut aussi jouer sur les situations d’apprentissages en choisissant de privilégier l’écoute, la recherche, la production, ou encore une évaluation formative chez les élèves. L’évaluation est d’ailleurs un outil essentiel de différenciation, qu’elle soit faite par les élèves eux-mêmes –évaluation formative-, ce qui leur permet de situer leur progression, ou qu’elle soit faite par l’enseignant –diagnostique ou sommative-, qui va pouvoir adapter l’évolution de ses attentes en fonction de chaque élève. Ainsi, pour l’enseignante, l’évaluation permet de « s’assurer que l’évolution cognitive des apprenants correspond à l’attente et au fonctionnement et de l’institution d’une part, et, d’autre part, elle doit permettre de s’assurer que les procédures mises en place s’adaptent à la construction hétérogène des structures cognitives des élèves » . Au niveau du guidage, l’enseignante peut plus ou moins encadrer les activités, et intervenir différemment selon les élèves et les groupes. Cela va donc influer notamment sur l’organisation de la classe : l’enseignante peut favoriser un travail en classe entière, ou encore un travail par groupes, qu’ils soient des groupes de besoins, des groupes homogènes ou hétérogènes, en laissant certains groupes en autonomie, ce en fonction des besoins des activités. Pour que les élèves soient laissés en autonomie, l’enseignante peut notamment proposer un travail sur fiche, mais en s’étant assurée au préalable que les élèves aient les outils nécessaires pour la réaliser. Au niveau de la gestion des groupes, le choix de groupes hétérogènes va permettre une mutualisation chez les élèves qui vont se pousser les uns les autres, tandis que les groupes de besoin vont permettre d’apporter une réponse adaptée et plus personnalisée en fonction des besoins du groupe d’élèves en question.

La façon d’enrôler les élèves est aussi un outil essentiel de différenciation. C’est par un enrôlement adapté que l’enseignante va augmenter la motivation des élèves et les impliquer dans le travail. Elle peut les stimuler en valorisant leur activité, en leur lançant des défis, mettre en évidence les bénéfices des activités, notamment au niveau des apprentissages. Par les consignes données, qui peuvent être plus ou moins floues ou au contraire explicites, l’enseignante peut impliquer les élèves plus fortement dans leur volonté de résoudre les activités. Les consignes de « contrôle » peuvent permettre à l’enseignante de recadrer les objectifs en cours de travail.

Le temps peut également varier en fonction des attentes, il peut être une contrainte ou une ressource en fonction des activités. Une différenciation au niveau du temps d’activité en fonction des élèves peut donc aussi être envisagée. Enfin, il existe différentes formes de travail sur lesquelles l’enseignante peut jouer, à savoir les moments d’exposition, de recherche, d’application et d’exercice, ou encore d’évaluation. Pour ces différents moments, les contenus peuvent varier, et ce même pour répondre à un seul et même objectif. Pour chaque tâche, on peut envisager que les élèves puissent s’appuyer sur des contenus différents.

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Table des matières

I. Introduction
1. Traitement de l’hétérogénéité dans les programmes scolaires
2. Précision de la question de recherche
II. Apports théoriques
1. Quelques définitions
2. Les différents profils des élèves
3. Qu’est ce que la différenciation ?
a. Les différents courants de différenciation
b. Les modes de différenciation
III. Contexte de la classe témoin et situation d’étude
1. Hétérogénéité de la classe et activités de dénombrement
2. Le dénombrement dans les programmes
IV. Différencier en séquence dénombrement : hypothèses d’action et mise en place
1. Hypothèses d’action
2. Ma séquence de dénombrement
a. Cadrage de ma séquence de dénombrement
b. Présentation de ma fiche séquence
3. Mise en place des hypothèses
a. Mise en place de l’hypothèse 1
b. Mise en place de l’hypothèse 2
c. Mise en place de l’hypothèse 3
d. Mise en place de l’hypothèse 4
e. Mise en place de l’hypothèse 5
f. Mise en place de l’hypothèse 6
g. Mise en place de l’hypothèse 7
h. Mise en place de l’hypothèse 8
4. Bilan de la séquence
V. Conclusion
VI. Bibliographie, sitographie
VII. Annexes

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