Protocole d’anesthésie, de prélèvements, d’euthanasie

TOXOPLASMOSE

PSEUDOTUBERCULOSE

Importance, espèces affectées, répartition géographique

La pseudotuberculose est une maladie infectieuse, irrégulièrement contagieuse, inoculable, commune à l’homme et aux animaux, due à Yersinia pseudotuberculosis ou bacille de Malassez et Vignal. Y. pseudotuberculosis est rencontrée dans le monde entier chez de nombreuses espèces animales, tout spécialement les rongeurs et lagomorphes, et très souvent sous forme d’un portage latent. L’Europe occidentale et centrale représente actuellement le grand foyer homogène et actif d’infection animale et humaine [5,9]. Le nombre d’infections humaines recensées chaque année en France serait toutefois faible, avec en moyenne 10 cas par an au cours des dix dernières années. Ce chiffre est celui fourni par l’Institut Pasteur, et le nombre réel de cas est peut-être supérieur car le réseau d’épidémiosurveillance français de la pseudotuberculose est en cours d’amélioration [39].

Agent responsable

Le bacille de Malassez et Vignal est un coccobacille Gram (–) de la famille des Enterobacteriaceae. Il mesure 1,5 à 2 µm sur 0,5 à 0,8 µm, est asporulé et acapsulé. Il est mobile à des températures inférieures à 28°C [9,69] grâce à 3 à 6 flagelles péritriches, et capable de variations de formes et de dimensions suivant la nature et les conditions de culture. En particulier, les souches conservées en laboratoire deviennent rapidement « rough » si elles sont repiquées, ce qui empêche le biotypage [39]. C’est une bactérie aéro-anaérobie facultative et intracellulaire facultative [9,69,96].
D’après WEAGANT et al., il existe 6 sérogroupes, numérotés de I à VI. Les sérogroupes I, II, III et IV ont eux-même des sous-types A et B ayant des réactions antigéniques croisées (28). Le nombre de sérogroupes de Y. pseudotuberculosis décrits est cependant variable selon les auteurs : 5 [39], 6 [96,103] et jusqu’à 17 décrits par des chercheurs japonais [39]. Le sérotype I est le plus souvent retrouvé lors d’infections humaines en France [39,69], incriminé dans environ 85 p.cent des cas [39].

Caractères culturaux

L’incubation se fait à 28°C ou à température ambiante du laboratoire (22 à 25°C). A la quarante-huitième heure, sur gélose sélective pour les entérobactéries, les colonies mesurent 1 à 2 mm de diamètre (plus les souches sont pathogènes, plus les colonies sont petites [39]), et leur bord est rond. Leur couleur varie en fonction du milieu d’isolement en raison de leur incapacité à fermenter le lactose [9,39] : par exemple sur milieu Hektoen, elles apparaissent bleu ou transparentes, alors que des colonies fermentant le lactose sont jaunes [57]. Cette couleur est parfois difficile à apprécier en raison de la petite taille des colonies. Les Yersinia sont psychrophiles, elles peuvent se développer, quoique plus lentement, à + 4°C [69,81].

Caractéristiques biochimiques

Les Yersinia sont oxydase négatives et la plupart des espèces sont uréase positives (réaction rapide). Les caractéristiques biochimiques permettant de distinguer Y. pseudotuberculosis des autres bactéries du genre Yersinia sont explicitées dans le tableau I [103].

Epidémiologie

Epidémiologie descriptive

L’homme, ainsi que de très nombreuses espèces domestiques et sauvages, et en particulier les rongeurs, sont sensibles à cette yersiniose. La sensibilité varie d’une espèce à l’autre. Les cas sont généralement sporadiques (animaux domestiques, oiseaux sauvages,…) [1,72], mais on peut assister à des épizooties plus ou moins importantes chez les animaux très sensibles à l’infection : canaris (Serinus canarius), cobayes (Cavia porcellus), maras (Dolichotis patagonum), … [1,28,71,72].

Epidémiologie analytique

Sources de bactéries

Tous les auteurs ne s’accordent pas quant à la nature du réservoir de cette bactérie : la grande variété d’espèces animales sensibles à l’infection permet de supposer que les animaux (notamment les rongeurs et les oiseaux) constituent le réservoir de Yersinia pseudotuberculosis [1,7,9,80,97,98,103], mais certains auteurs considèrent que la principale source d’infection est le sol et les eaux souillées et que l’hypothèse d’un réservoir tellurique est plus pertinente [1,7,9,16]. Quoi qu’il en soit, il est indéniable que les mammifères et oiseaux sauvages malades ou porteurs latents contribuent à contaminer l’environnement par leurs excréments [1,7,9,28,71,81,98] ; les rôles des colombiformes, du surmulot (Rattus norvegicus), de la souris domestique (Mus musculus) et du campagnol (Microtus sp.) sont les plus souvent retenus [7].
Quelques auteurs comme KRYNSKI et BECLA en 1963, MOLLARET et PLACIDI en 1964 ou ZUREK et al. en 2001 ont avancé l’idée de vecteurs arthropodes, mais le rôle possible des tiques, poux, mouches et puces est loin d’être élucidé [7,9,105].

Résistance des bactéries

Les Yersinia pseudotuberculosis peuvent survivre et même se multiplier dans le sol et dans l’eau, y compris l’eau de mer [80], pendant des mois voire des années, en raison de leurs faibles exigences nutritives et de leur psychrophilie. Elles sont toutefois inféodées à un milieu humide. Elles sont sensibles à la plupart des désinfectants usuels, et sont inactivées par la chaleur (au moins une heure à 160-170°C en chaleur sèche) [1,7,8,28,80,81,96].

Modes d’infection

La voie de pénétration admise est la voie orale [1,7,9,28,71,80,81,96,98] :
– ingestion de végétaux ou d’eau contaminés par des fèces et/ou des urines d’animaux infectés, éventuellement contact direct avec ces matières contaminantes.
– ingestion de proies ou de viandes infectées ; le lait peut également être contaminant.

Causes favorisantes

Il existe un pic saisonnier de l’infection de novembre à mars, tant chez l’homme que chez les animaux sauvages ou captifs. Un ressaut vernal a aussi été observé chez l’homme, certains micro-mammifères et le lièvre (Lepus europaeus) [1,5,7,8,28,72,80,86].
Selon une étude menée par BARRE et al. en 1977, l’incidence annuelle de la pseudotuberculose en France semble varier en fonction des conditions climatiques automnales moyennes : l’accroissement de la pluviosité à cette période par rapport aux valeurs moyennes entraîne une augmentation parallèle dans l’intensité et la rapidité d’évolution de l’infection au niveau de la population. Ces conditions climatiques agiraient en favorisant les regroupements d’animaux vers des sources de nourritures communes contaminantes [7].

Réceptivité

Ces facteurs sont encore mal connus :
Age et sexe
La sensibilité particulière des mâles et des individus jeunes, n’est généralement soulignée que dans l’espèce humaine [5,7,9,97]. L’Institut Pasteur de Paris recense cependant plus de cas chez les femmes que chez les hommes, mais cette différence serait probablement due à une médicalisation plus fréquente des femmes [39].
Stress
Le froid, l’humidité, la malnutrition, la captivité… sont autant de facteurs qui, diminuant la résistance de l’organisme, faciliteraient l’expression de l’infection.
Lésions intestinales
La présence de lésions intestinales d’origine parasitaire faciliteraient la pénétration et la diffusion du bacille dans l’organisme selon certains [9] mais tous les auteurs ne s’accordent pas sur ce point [7].

Symptômes

Le portage asymptomatique est beaucoup plus fréquent que l’expression clinique de la maladie [5,7,33,71,86].
Rongeurs
Les signes cliniques sont rares et non spécifiques : anorexie, apathie, diarrhée, fièvre typiquement biphasique (2-3 jours puis 5 jours après l’infection, correspondant aux phases de bactériémie). Lors d’infection chronique, les animaux sont amaigris et déshydratés, perdant parfois plus de 30 p.cent de leur poids [5,68,71,72,83,86].
Lagomorphes
Le lièvre est considéré comme l’animal le plus sensible, la pseudotuberculose serait responsable de 30 p.cent des mortalités de cette espèce [5,7,9]. Les signes cliniques sont cependant mal connus. Chez le lapin (Oryctolagus cuniculus), moins fréquemment atteint, les symptômes sont semblables à ceux décrits chez les rongeurs. De rares cas de paralysie ont été rapportés [83].
Oiseaux
La maladie aviaire est très répandue, tant chez les oiseaux sauvages que chez les oiseaux captifs, et se présente sous forme aiguë ou chronique [5,9,72,86] :
→ la forme aiguë entraîne généralement une mort foudroyante de l’oiseau ; les éventuels symptômes sont non spécifiques (abattement, anorexie, diarrhée). Cette forme est classique chez les toucans et les canaris par exemple.
→ la forme chronique se manifeste par un amaigrissement, des difficultés respiratoires, de la diarrhée, une anorexie, ainsi qu’une mobilité réduite et des boiteries, avec parfois une tuméfaction de l’articulation tarso-métatarsienne. Le plumage est ébouriffé, puis apparaît une importante diarrhée verdâtre.
Primates non humains
La symptomatologie est toujours frustre, l’évolution rapide et la mortalité importante : les animaux sont retrouvés morts (cas le plus fréquent chez les callithricidés) ou très abattus, immobiles dans un coin de la cage, la tête sur la poitrine, le poil hirsute, les paupières gonflées, parfois une phase diarrhéique et des crises épileptiformes peuvent précéder la mort [9,50,71].
Herbivores
Les manifestations de la pseudotuberculose des herbivores sont le plus souvent génitales : avortements, mammites, orchi-épididymites… La maladie est habituellement une découverte d’autopsie dans ces espèces [5,9].
Carnivores
Les carnivores sont généralement peu sensibles, excepté le chat. Chez ce dernier, la maladie est parfois aiguë, septicémique ou gastro-entéritique, mais le plus souvent chronique, marquée par la prostration, l’anorexie et l’ictère [5,9].
Homme
Diverses formes cliniques existent chez l’homme. La plus fréquente est l’adénite mésentérique, survenant classiquement chez les garçons de 5 à 15 ans. Les formes septicémiques, bien plus rares, atteignent généralement les adultes et sont bénignes à gravissimes (forme septico-typhoïde) [5,9].

Lésions

Les lésions les plus communément retrouvées sont des micro-abcès de 1 mm à quelques cm, jaunâtres, blanchâtres ou grisâtres, à centre caséeux, dans le parenchyme hépatique et splénique, parfois dans les poumons et les nœuds lymphatiques.
Le foie et la rate sont couramment augmentés de volume (splénomégalie très importante chez les passereaux comme les canaris). Un ictère est presque toujours présent. L’hypertrophie des nœuds lymphatiques mésentériques chez les mammifères est de règle (lymphadénite rarement généralisée). Une péritonite sérofibrineuse est fréquemment associée ainsi que des lésions intestinales : entérite nécrotique chez le lièvre, pétéchies sur la muqueuse intestinale chez les primates, micro-abcès de l’intestin chez le cobaye… [5,9,28,71,72,96]. La principale lésion retrouvée sur des toucans morts de pseudotuberculose est une pneumonie hémorragique suraiguë.

Pathogénie

Les Yersinia pseudotuberculosis entrent dans l’organisme par voie digestive, et traversent l’épithélium intestinal généralement au niveau du jéjunum ou de l’iléon : elles adhèrent et pénètrent la couche de mucus recouvrant les cellules épithéliales de la muqueuse puis colonisent les membranes des cellules à bordure en brosse. De là, les bactéries sont transportées dans la lamina propria. Après un stade intracellulaire au cours duquel différents facteurs de virulence sont exprimés, les souches pathogènes sont disséminées dans tout l’organisme. Elles infiltrent préférentiellement le foie et la rate, mais peuvent être retrouvées, bien que plus rarement, dans les poumons, les reins et la moelle osseuse.

Diagnostic

Diagnostic clinique

En raison de la faible fréquence et de la non spécificité des symptômes, le diagnostic clinique est extrêmement délicat. La pseudotuberculose ne peut être que suspectée et nécessite des examens complémentaires pour être confirmée.

Diagnostic post-mortem

Le tableau nécropsique est évocateur : ictère sur un animal souvent en bon état général (sauf cas chroniques), avec lésions nodulaires hépatiques et spléniques, ou une adénite mésentérique. Cependant d’autres agents peuvent être incriminés.

Diagnostic différentiel

Le diagnostic différentiel doit se faire avec les autres causes possibles de septicémie ou de lésions nécropsiques semblables : par exemple peste, tularémie, maladie de Tyzzer chez les rongeurs ; pasteurellose, colibacillose, aspergillose, tuberculose aviaires… Il repose sur les commémoratifs et l’identification bactériologique ou sérologique de l’agent causal.

Diagnostic expérimental

Diagnostic bactériologique
L’isolement de Yersinia pseudotuberculosis peut être fait à partir de selles, de sang en cas de septicémie, ou de prélèvements nécropsiques (foie, poumon, rate, nœud lymphatique…). Le sérotypage des souches isolées est important du point de vue épidémiologique.
Diagnostic sérologique
Les tests sérologiques utilisables pour confirmer l’infection par Yersinia pseudotuberculosis sont la séroagglutination, et l’ELISA avec le sérotype correspondant. La persistance des anticorps serait très variable, en général quelques mois [39]. L’interprétation des tests sérologiques est délicate car plusieurs sérotypes ont en communs des antigènes avec d’autres entérobactéries [1,9,28,71,82] ; par exemple le sérotype IV a un antigène commun avec des salmonelles du groupe D, le sérotype II avec des salmonelles du groupe B…

Pronostic

Lors de l’infection par une souche virulente d’un hôte d’une espèce sensible, le pronostic est très réservé. Cette infection se traduira par la mort rapide de l’animal ou la mise en place d’un processus chronique impliquant une réponse immunitaire massive.

Méthodes de lutte

Traitement

En médecine vétérinaire, le diagnostic est rarement suffisamment précoce pour mettre en place un traitement efficace sur un animal infecté [9]. Des antibiotiques à large spectre, agissant sur les bactéries Gram (-), peuvent être administrés pour juguler une épizootie en élevage : l’efficacité des tétracyclines est reconnue, on peut également utiliser quinolones, sulfonamides ou aminoglycosides ; ces derniers sont les antibiotiques de choix en médecine humaine [39]. A ce traitement antibiotique doivent être adjointes des mesures hygiéniques [9,68,71,72,82]. Des rechutes sont possibles quelques semaines après l’arrêt du traitement.

Prophylaxie

Prophylaxie sanitaire
La mesure préventive la plus importante consiste à protéger l’eau et les aliments contre la contamination fécale des oiseaux et des rongeurs. La lutte contre la pullulation de ces animaux est également recommandée.
Prophylaxie médicale
– antibioprévention : l’adjonction de sulfonamides ou de tétracyclines dans l’eau de boisson préviendrait la transmission de la pseudotuberculose. Les risques d’apparition de résistance sont cependant augmentés.
– vaccination : aucun vaccin n’est à ce jour commercialisé en France, mais il en existe dans d’autres pays comme les Pays-Bas (vaccin tué PSEUDOVACND, contenant les sérotypes I, IIA, IIB, III, IV, V et VI). L’efficacité de la vaccination est sujette à controverses.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : DONNEES BIBLIOGRAPHIQUES
I – LEPTOSPIROSE
1. Importance, espèces affectées, répartition géographique
2. Agent responsable
3. Epidémiologie
4. Symptômes
5. Lésions
6. Pathogénie
7. Diagnostic
8. Pronostic
9. Méthodes de lutte
10. Historique de la leptospirose au parc zoologique de La Palmyre
II – PSEUDOTUBERCULOSE
1. Importance, espèces affectées, répartition géographique
2. Agent responsable
3. Epidémiologie
4. Symptômes
5. Lésions
6. Pathogénie
7. Diagnostic
8. Pronostic
9. Méthodes de lutte
10. Historique de la pseudotuberculose au parc zoologique de La Palmyre
III – TOXOPLASMOSE
1. Importance, espèces affectées, répartition géographique
2. Agent responsable : morphologie, cycle évolutif
3. Epidémiologie
4. Symptômes
5. Lésions
6. Pathogénie et immunité
7. Diagnostic
8. Pronostic
9. Méthodes de lutte
10. Historique de la toxoplasmose au parc zoologique de La Palmyre
DEUXIEME PARTIE : ETUDE EXPERIMENTALE
I – OBJECTIFS DE L’ETUDE
II – ANIMAUX, MATERIEL ET METHODES
1. Le parc zoologique de La Palmyre
2. Capture des animaux exogènes
3. Protocole d’anesthésie, de prélèvements, d’euthanasie
4. Recherche d’anticorps anti-Leptospira et d’ADN de leptospires
5. Recherche de Yersinia pseudotuberculosis par culture
6. Recherche des anticorps anti-Toxoplasma gondii
III – RESULTATS
1. Animaux piégés, résultats des autopsies
2. Bilan par maladie
3. Données physiopathologiques et épidémiologiques des animaux testés positifs pour au moins une des trois maladies étudiées
IV – DISCUSSION
1. Bilan de la récolte des animaux et des autopsies
2. Leptospirose
3. Pseudotuberculose
4. Toxoplasmose
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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