Touba: état de la croissance péri-urbaine

Touba vient du mot arabe (tuba) qui signifie : bonheur, félicité béatitude. C’est par ailleurs ce nom qui est donné à la ville située centre Ouest du Sénégal. Elle couvre une superficie de 29.000ha et se situe au centre-Ouest du Sénégal. Administrativement, Touba (Touba Mosquée) est une commune et se trouve au cœur de l’arrondissement de Ndame, dans le département de Mbacké où elle occupe le centre-Est de la région de Diourbel. Elle est limitée au Nord par la commune de Darou Mouhty dans le département de Kebemer et la commune de Dieli dans le département de Linguère. Elle est bordée au Sud par la commune de Medina et de Kael dans l’arrondissement de kael à l’Est par la commune de Taif et à l’Ouest par la commune de Touba Fall et de Dalla Ngabou. Une distance de 194 km la sépare de la capitale Dakar, contre 14 par rapport à Mbacké et 48 par rapport à Diourbel. Compte tenu de sa position stratégique, la ville est presque traversée par toutes les routes dont la route nationale (numéro 3).

Dans son ensemble, la zone présente un relief plat et peu accidenté (35m).Elle a un climat sahélien chaud et relativement sec comme la majeure partie de l’intérieur du pays avec une alternance de deux saisons inégalement réparties : une saison sèche de (9 mois) et une saison pluvieuse de (3 mois). Sur le plan économique, le commerce et l’artisanat constituent les principales activités et intéressent une bonne partie de la population toubienne. Du fait de l’essor de ces activités du secteur secondaire et des services, de la position stratégique (centralité) et du caractère religieux de la ville, les populations affluent de partout et cela depuis des décennies (1963) . Tous ces aspects réunis font que la ville est aujourd’hui la deuxième agglomération du Sénégal en termes de population après celle de Dakar. Ce poids démographique traduit dans une certaine mesure l’urbanisation de la ville qui se caractérise en plus de l’augmentation de la population, par une diversification des activités, une extension territoriale, une élévation plus ou moins du niveau de vie de la population. Cette situation constitue un réel phénomène de société qui intéresse par conséquent tous les acteurs de la vie socio-économique et ses caractéristiques paraissent non négligeables sur le territoire toubien.

Cela a pour conséquence la reconfiguration de l’occupation spatiale de la ville. Celle ci se traduit par une peri-urbanisation intéressant généralement tous les cotés de la ville sainte. Touba Dianatoul se distinguent en effet par ce phénomène. C’est un quartier crée en 1981 par Serigne Abdoul Ahad Mbacké dans le souci d’anticiper la croissance de la ville. Son occupation depuis sa création est semblable au reste de la ville passant par le dont généralement. Cela étant mitigé au fil du temps. L’occupation de l’espace de la localité engendre sans nul doute des conséquences qui interpellent ses habitants, la configuration spatiale future de la ville mais aussi l’environnement .

contexte et justification 

Contexte 

D’après les traditions négro-africaines, la terre a toujours été considérée comme un élément déterminant de la vie sociale. Elle était également perçue comme un bien sur lequel se fondaient des identités, des appartenances par rapport à un milieu. Elle possédait en effet des attributs lui conférant un caractère sacré. Dans beaucoup de sociétés traditionnelles en général et africaines en particulier, les coutumes ne favorisent au sol que le droit d’usage. Ce droit est accordé par les « les maitres des terres ou Lamanes » au Sénégal par exemple. Ce dernier était soit le premier descendant du premier occupant qui détient donc le droit de feu(Borom daay) ou de hache (Borom ngaju) à partir du défrichement d’un environnement vierge, soit celui qui en a fait la conquête aux dépens d’autres. En contrepartie du droit d’usage accordé par le lamane, le nouvel arrivant versait à ce dernier une sorte de redevance en nature « ndaalu » lui permettant de mettre en valeur la terre. Dans la pratique, au bout de trois générations, la terre détenue dans ces conditions devenait une propriété définitive. Le système colonial a tenté d’assurer son hégémonie juridique sur les structures traditionnelles. C’est dans ce contexte qu’au nom du droit des conquêtes, des terres vacantes et sans maitre ont été intégrées dans le domaine privé de l’Etat colonial. Ces terres devaient être placées sous l’autorité d’une administration autochtone contrôlée par le colonisateur. Le chef de canton remplissait ce rôle. Au Sénégal en effet, c’est une loi coloniale de 1930 dite loi n°30/1930 qui a mis fin au « gor mom » ou droit de hache. Le chef de canton autorité à la fois coutumière et administrative est l’autorité suprême à la fois légitime par son ascendance et avaliser par le pouvoir colonial. Le législateur par diverses lois a voulu imposer délibérément ou par ignorance des concepts propres aux sociétés capitalistes à un pays dont la très grande majorité de la population ne connaissait pas ce type d’organisation. Le premier régime foncier installé au Sénégal sous la colonisation a été le régime de l’inscription prévu par le code-civil en 1830. Son effet revenait simplement « à protéger les tiers contre les menaces d’éviction pouvant provenir d’une constitution antérieure de droit sur l’immeuble consenti par un auteur commun mais non contre les autres causes d’éviction » . Selon Boye , il s’agissait d’affirmer le droit de tout individu sur une parcelle de terre et de protéger ce droit pour le rendre sur et efficace. Nonobstant son échec, parce qu’ignoré par les populations surtout rurales qui avaient leur propre système foncier (coutumier) et que, selon Cavarivère le sol national était perçu comme un don des dieux, « le législateur s’est attaché à rectifier le tir » (Boye, 2011). Il va essayer de soumettre toutes les terres à un régime unique. Ce fut l’objet des décrets de 1902 et 1906. Cette législation instaure le système d’immatriculation au livre foncier qui découlait tant du droit germanique que du Torrens Act d’Australie. « Ce regime representait un progres par rapport au regime du code civil en ce sens qu’il rend desormais inattaquable le droit de proprietaire immatriculé et qu’il assure une garantie totale aux constituants de droits réel sur l’immeuble » (Boye, 2011).

Avant l’instauration de la loi n° 64-46 du 17 Juin 1964 relative au domaine national, il y’avait plusieurs régimes fonciers au Sénégal : le régime de droit coutumier, le régime de la transcription du code civil, le régime de l’immatriculation et le régime de la constatation des droits du décret de 1955. Avec la loi foncière de 1964, le législateur ne maintient que l’immatriculation de 1906.

Par ailleurs une analyse statique du système foncier sénégalais laisse apparaitre trois grands ensembles : le domaine national, le domaine de l’Etat subdivisé en domaine public et privé et les titres particuliers constitués sur la base du décret du 26 Juillet 1932, portant réorganisation du régime foncier de la propriété foncière de l’AOF.

Bilan et synthèses des travaux antérieurs 

Le Bassin Arachidier (BA) en général et la région de Diourbel qui abrite la ville de Touba en particulier ont fait l’objet de plusieurs études. Certaines ont été consacrées à la monographie de la zone, alors que d’autres par contre ont beaucoup insisté sur les ressources naturelles et les mutations socio-économiques d’une manière générale.

C’est ainsi que dans le domaine de la géologie et de la géomorphologie, des auteurs comme (Leprun 1971), (Séne 1985) ont montré que la zone appartient au grand bassin Sénégalomauritanien et est caractérisée par un relief plat et monotone. Par conséquent, Touba est défini par des caractéristiques morphologiques qui facilitent et favorisent l’implantation des habitations à cause de l’inexistence d’obstacles naturels tels que les montagnes. Dans le domaine climatique, (Diakité 1992), (DEFCCS 1999) et (Dione 2006) affirment que le climat du milieu se caractérise par l’existence de deux saisons inégalement réparties avec des régimes pluviométriques très aléatoires et des températures généralement élevées durant toute l’année. Cela montre dans une certaine mesure que la zone a un climat comparable à celui des autres localités du pays, donc favorable à l’habitation.

Dans le domaine pédologique, Audry (1962) , Leprun (1971), Lake (1982) et CSE (2005) ont étudié les différents types de sols de la zone aboutissant à la conclusion que se sont les sols ferrugineux tropicaux non lessivés ou sols dior qui prédominent dans la zone. Le CILSS (2009) a établi une étude sur la transformation silencieuse de l’environnement de production du Sahel. Il affirme que les sols du BA en particulier se caractérisent par des sols de textures sableuses, fragiles, exposés à l’érosion éolienne et hydrique. Ces études permettent de savoir comment le bassin arachidier a été exposé face aux dangers par le passé et aujourd’hui même sur le plan naturel. Ces études montrent par ailleurs les faits pseudo-naturels qui ont motivé les populations à quitter leurs habitations anciennes pour aller se loger dans des zones plus propices (Touba).

Sur le plan social, Bertrand et Dubresson (1997)  montrent avec la collaboration de Gueye, l’effet des marabouts urbanisant dans la confrérie mouride à Touba. En effet, la forte croissance démographique de la ville de Touba a toujours poussé les spécialistes à analyser ses spécificités et ses éventuelles orientations. C’est ainsi qu’en 1974, la Direction de l’Urbanisme et de l’Habitat faisait une prospection sur la population de Touba en 1990. Plus tôt, Obrien D C, en 1970, étudiait « le talibé mouride » ainsi que ses croyances . En 2000, Gueye montre comment des ruraux ont inventé la ville de Touba pour en faire leur capitale.  En effet, en 2002 d’après le RGPH , des migrations importantes ont intéressé la ville depuis les années 1970 avec un solde migratoire positif depuis plus de 40ans.

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Table des matières

Introduction générale
Carte de la zone d’étude
Première partie : étude du milieu
Chapitre I : cadre physique
Chapitre II : cadre humain
Chapitre III : cadre économique
Deuxième partie : l’urbanisation de la ville
Chapitre I : les facteurs d’urbanisation
Chapitre II : une urbanisation facilitée par l’accès facile au foncier
Chapitre III : les effets de l’occupation foncière
Troisième partie : stratégie d’une gestion urbaine réfléchie
Chapitre I : une gestion urbaine réfléchie
Chapitre II : la participation active des populations
Chapitre III : un comité de suivi pour l’application des décisions prises
Conclusion générale

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