Théorie infirmière de la gestion des symptômes

INTRODUCTION

  Lors de nos périodes de formation pratiques respectives dans le service de traumatologie du Centre Hospitalier Universitaire Vaudois (CHUV), nous avons souvent eu à faire face aux questions : « De quelle manière approcher cette personne amputée ? » et « Comment lui offrir les soins les plus adaptés en matière de gestion des douleurs fantômes ? ». Ces questions nous ont interpellées durant plusieurs semaines car, à la base, selon nos représentations, notre future profession tendait à solutionner, à avoir des réponses et à pouvoir agir face à la souffrance et la maladie quelque soit sa nature. C’est alors que nous avons imaginé, puis élaboré la thématique de ce travail de Bachelor. En effet, la recherche concernant le rôle qu’occupe l’infirmier dans la prise en charge des douleurs fantômes du patient amputé en post-traumatique, nous semblait être un champ encore peu exploré. Cette problématique, accrue par notre manque d’expérience et notre étonnement, en regard des douleurs fantômes, nous a menées à nous questionner sur ce sujet particulier. Nous nous sommes retrouvées dans une situation d’impuissance au contact de personnes amputées, présentant des douleurs fantômes. Une impasse, amplifiée par le deuil que cela représente pour ces patients. Ces expériences émotionnellement difficiles sont souvent liées à la douleur de la personne soignée et à nos difficultés à la pallier. Dans ces situations où le patient peut exprimer de la colère, de l’agressivité, de la tristesse ou encore de l’incompréhension, le soignant cherche bien souvent à guérir, ou du moins, à soulager. Ne pas y parvenir génère de l’insécurité, de la culpabilité ou encore de la frustration qui pourrait mener à une souffrance chez le soignant également. C’est à travers la recherche de l’acceptation et du dépassement de ce vécu que nous avons imaginé découvrir divers modes de penser les soins, visant à un but commun qui est celui de donner un sens concret à notre pratique de professionnels de la santé. Pour aller plus loin dans la réflexion, ce travail nous permet d’étoffer davantage notre bagage dans ce domaine puisqu’ici il s’agit d’utiliser une théorie infirmière dans le but de développer des propositions pour la pratique professionnelle. Pour ce travail, nous avons choisi de faire évoluer notre réflexion, en la mettant en lien avec le Théorie de la Gestion des Symptômes, afin d’avoir une vision globale de la situation de la personne prise en soins. En effet, un infirmier devrait pouvoir, selon nous, aborder tous les aspects du patient. La vision holistique qui est ancrée dans la théorie que nous avons choisi de présenter nous a donné envie d’en savoir plus sur son mode de fonctionnement et son application concrète dans une situation de soins. Dans ce travail, nous avons fait graviter tous les éléments rencontrés autour d’une question problématique qui sera le pilier de notre réflexion. Notre but, parvenir à faire évoluer nos pratiques de par l’obtention de pistes concernant la thématique de l’amputation post traumatique et le tabou qui règne autour de cette dernière.

Les effets obtenus sur l’état des symptômes sont mesurables 

 Ils incluent des changements objectivables, par exemple la diminution de la fréquence, de l’intensité ou de la pénibilité du symptôme.Ces trois concepts sont de manière constante, reliés par une interaction simultanée. L’expérience du symptôme influence et est influencée par les stratégies de gestion des symptômes et par les résultats sur l’état du symptôme. En effet, lorsque les personnes deviennent conscientes de leur perception d’un ou des symptômes, qu’elles initient des stratégies de gestion et qu’elles évaluent les résultats sur l’état de ce dernier, leur perception du symptôme en est modifiée. Cette interaction est évidente lors de gestion par la personne de symptômes courants (rhumes, éruptions cutanées, maux d’estomac, etc.). Par contre, lorsque les symptômes sont plus prononcés et/ou source de détresse, d’autres stratégies de gestion des symptômes peuvent être recherchées. Dans ce cas, l’évaluation de l’état des symptômes doit être effectuée d’une façon plus formelle. Ce processus itératif doit continuer jusqu’à ce que les symptômes disparaissent ou se stabilisent. Cependant, ce processus de gestion des symptômes ne fonctionne pas correctement lorsque la personne n’adhère pas aux stratégies mises en place (Eicher et al., 2013).Les symptômes sont gérés par le patient, la famille, le soignant, et le système de santé. L’évaluation de l’utilisation de cette théorie comprend l’état fonctionnel, l’état émotionnel, la capacité d’auto – soins, la situation financière, la qualité de vie, la mortalité, la comorbidité, et l’utilisation des services de santé. L’avantage de ce modèle est qu’il identifie les moyens d’intervention des soignants, pour aider le patient dans la gestion du symptôme. Il suggère une approche multidimensionnelle de la gestion des symptômes (Lippincott, Williams, & Wilkins, 2006).

Rôle infirmier

  Les stratégies de gestion des symptômes représentent les efforts fournis par la personne pour prévenir, retarder ou minimiser l’expérience de ses symptômes. La stratégie employée peut être efficace de trois façons soit, selon Portenoy et al. (1994) :
• elle vise à réduire la fréquence de l’expérience du symptôme ;
• elle tend à minimiser la sévérité du symptôme ;
• elle cherche à soulager le fardeau associé au symptôme
Afin de développer et de décider de la stratégie d’intervention de gestion des symptômes, les auteurs proposent de questionner sur la nature de la stratégie, le « quoi », le « quand », le « où », le « pourquoi », le dosage de l’intervention « combien », le bénéficiaire de l’intervention « à qui » et la proposition d’intervention le «comment ». Une attention grandissante est portée […] aux stratégies d’autogestion des symptômes utilisées par les personnes (Bodenheinmer, Lorig, Holman, & Grumbach, 2002) attribuant ainsi plus de responsabilité à la personne dans sa propre gestion de ses symptômes. Dans cette optique, la personne se soigne essentiellement elle-même et gère ses symptômes au jour le jour. Il faut également relever que le contexte de déroulement d’une stratégie d’intervention peut avoir un impact sur le symptôme. En ce qui concerne le « quoi », une description plus détaillée des différents questionnements proposés s’intéresse à la stratégie d’intervention ellemême. Celle-ci dépend donc de l’état des connaissances scientifiques au sujet du symptôme spécifique. Par exemple, une des stratégies consiste en un traitement médical nécessitant l’intervention d’une ressource externe, alors qu’une autre des stratégies possibles est une thérapie complémentaire (l’acupuncture, par exemple) ou une technique de relaxation que la personne ou sa famille peuvent pratiquer elles-mêmes quotidiennement (Eicher, et al., 2013). Une autre stratégie potentielle est d’ajuster l’environnement physique de la personne, sa chambre d’hôpital, son appartement, son environnement de travail. Généralement les personnes et les soignants utilisent plus d’une stratégie, soit une combinaison d’interventions qui ont un plus grand  effet sur le ou les symptômes. Il a été démontré que le développement d’interventions sur mesure pour une personne ou sa famille augmente de façon significative la probabilité d’adoption de comportements nouveaux,et la réduction du ou des symptômes en cause (Eicher, et al., 2013).De même, dans la pratique clinique, le dosage d’une intervention (combien) et son organisation temporelle (quand) sont des facteurs importants pour moduler les symptômes. La fréquence d’une stratégie est particulièrement importante lorsque l’on veut implanter une intervention visant un changement de comportement. De façon plus explicite, la notion de dosage pourrait inclure le temps effectivement passé par une personne à pratiquer de l’exercice physique ou le nombre de séances de gestion du stress suivies par la personne ou encore la quantité de matériel pédagogique fourni. Le temps passé par le professionnel de santé ou les membres de la famille lors d’une intervention visant la réduction d’un ou de plusieurs symptômes est aussi à considérer en terme de dosage du soutien. Un exemple de dosage dans la gestion environnementale serait le nombre d’emploi réservé aux personnes handicapées ou de commodités pour handicapés existant dans le lieu de travail (Eicher et al., 2013). Les résultats obtenus sur l’état du symptôme doivent être précis et mesurables afin d’évaluer la pertinence de l’implantation d’une stratégie. Les résultats incluent les changements objectivables de l’état du symptôme, par une diminution de la fréquence, de l’intensité et la pénibilité. Cette amélioration de l’état du symptôme peut induire chez la personne un meilleur fonctionnement physique (« statut fonctionnel ») et mental (« statut émotionnel »), une meilleure qualité de vie, une réduction de la durée du séjour hospitalier ou un retour plus rapide au travail, entraînant ainsi une réduction des coûts pour la personne, sa famille, l’employeur et de façon plus générale, le système de santé. Le concept d’adhérence est un autre concept-clé de ce modèle. Il se définit comme la manière dont « le destinataire reçoit ou utilise la stratégie prescrite ». Il apparaît que l’adhérence a une influence certaine sur les relations entre les stratégies de gestion du symptôme et les résultats obtenus sur l’état du symptôme (Dodd, Janson, et al., 2001).La non-adhérence est observée dans un contexte où les interventions sont trop exigeantes, non applicables ou d’application inconsistantes (Humphreys, Lee, et al., 2008). Ces auteurs mentionnent aussi que les facteurs liés à la personne, la santé/maladie et l’environnement peuvent aussi influencer l’adhérence.

CONCLUSION

 En conclusion, le rôle infirmier auprès des patients amputés en post-traumatique pourrait et devrait encore être développé. Une collaboration avec les divers acteurs du système socio-sanitaire et principalement à travers un partenariat avec le patient, qui reste l’acteur principal du milieu de soins, est essentielle. L’impuissance est un thème qui reste important lorsque l’on traite du sujet de l’amputation ainsi que de la douleur fantôme, en particulier chez les nouveaux professionnels de soins, mais également pour les professionnels ayant de l’expérience dans le domaine. Cette notion mériterait d’être développée plus amplement au sein des institutions afin de mettre en place des interventions favorisant une meilleure prise en charge des soignants se trouvant dans cette situation. Cela pourrait conduire à une augmentation de la qualité des soins pour les patients amputés. La recherche basée sur les preuves peut encore être renforcée auprès des professionnels, en regard d’une nouvelle façon de concevoir la prise en charge des personnes amputées en post traumatique, en mettant de côté les craintes et préjugés. Il serait à présent intéressant de voir, en pratique, comment aborder le sujet du changement dans la réalité des soins et ce que cela apporterait à l’avenir.

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Table des matières

INTRODUCTION
PROBLEMATIQUE
CADRE DE RECHERCHE : Théorie infirmière de la gestion des symptômes
Les concepts composant la théorie
Rôle infirmier
Question de recherche
Lien avec notre question de recherche
METHODE(S)
Bases de données
Mots-clés et descripteurs
Critères d’inclusion et d’exclusion
Stratégie de recherche documentaire
Autres sources
RESULTATS
Présentation des articles
Synthèse des résultats
« Quoi »
« À qui »
« Comment »
« Pourquoi »
« Combien » et « Quand »
« Où »
DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES

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