The Mediating Role of Pain Acceptance in the Relation Between Perceived Injustice and Chronic Pain Outcomes in a Cornrnunity Sample

La perception d’injustice

L’intérêt pour l’ étude de la perception d’injustice en psychologie, plus particulièrement dans le domaine de la douleur chronique, est très récent. La perception d’injustice dans le contexte de la douleur chronique a d’abord été étudiée par l’équipe de Sullivan à l’Université McGili. La perception d’injustice est définie comme une évaluation cognitive, soit un ensemble de cognitions comprenant des thèmes de blâme, d’amplification et des croyances quant au caractère irréparable de la perte associée à la douleur. L’équipe de Sullivan (2008) a développé un questionnaire auto-rapporté nommé le Injustice Experience Questionnaire (lEQ; voir la version originale en Appendice A et la version canadienne-française en Appendice B; Sullivan, 2018). Ce questionnaire est composé de 12 items et il comprend deux sous-échelles. Une première sous-échelle mesure la sévéritélle caractère irréparable de la perte (6 items) et une deuxième sous-échelle mesure le sentiment de blâme/d’injustice (6 items). Cet instrument a été développé à partir d’expérience clinique et de groupes de discussions (jocus group) avec des psychologues qui intervenaient auprès d’adultes (N = 226) ayant des douleurs musculosquelettiques. Le contenu des items de l’IEQ reflète des énoncés souvent exprimés par des patients, sans allusion à une théorie en particulier. Par exemple, « rien ne pourra compenser ce que j ‘ai enduré » et « personne ne devrait avoir à vivre ce que je vis présentement » sont des énoncés du questionnaire qui reflètent cette perception d’injustice. Dans l’étude originale de Sullivan et al. (2008), la perception d’ injustice s’est montrée un meilleur prédicteur de l’ incapacité reliée à la douleur comparativement à la dramatisation face à la douleur.
À la suite du développement du IEQ, le questionnaire a été validé auprès d’un échantillon de patients avec de la fibromyalgie (Rodero et al., 2012) et auprès d’un échantillon d’adultes ayant vécu des blessures traumatiques variées (p. ex., chute, accident de vélo, blessure de chiens, agression, coup de poignard, coup de fusil, etc.; Agtarap, Scott, Warren, & Trost, 2016). Un point de coupure permettant de prédire l’incapacité et le retour au travail a été établi (score de 19 ou plus). Le IEQ permet également de distinguer les patients avec un niveau faible ou élevé d’intensité de la
douleur et les patients qui utilisent ou n’utilisent pas de narcotiques (type de médicaments pour traiter la douleur) après un traitement pour la douleur (Scott, Trost, Milioto, & Sullivan, 2013). Plus récemment, une version écourtée de l’IEQ (5 items) a été développée auprès d’un échantillon de personnes qui ont une condition de santé physique ou mentale (dépression) qui n’est pas nécessairement reliée à un accident ou une blessure (Sullivan, Adams, Yakobov, Ellis, & Thibault, 2016). Dans les premières années suivant le développement de l’IEQ, la plupart des études sur la perception d’injustice ont été réalisées avec des échantillons de personnes ayant subi un traumatisme cervical ou vivant avec des douleurs musculosquelettiques suite à un accident. Cependant, le sentiment d’injustice peut être vécu chez plusieurs populations variées avec différents types de douleur chronique, voir même chez des gens avec différentes conditions de santé (Sullivan et al., 2016).
Depuis le développement de l’IEQ en 2008, un peu plus d’une trentaine d’ articles scientifiques ont été publiés sur l’ injustice dans le contexte de la douleur chronique l , la plupart de ceux-ci étant publiés depuis 2016. Quelques articles portent sur la validation ou la structure factorielle de l’IEQ, tel que décrit précédemment, ou sur le sentiment d’injustice en lien avec l’ajustement général face à la douleur. Cependant, bon nombre d’articles scientifiques abordent plutôt des aspects théoriques/conceptuels (Monden, Trost, Scott, Bogart, & Driver, 2016; Scott, McCracken, & Trost, 2013), présentent une revue des écrits (Sullivan, Scott, & Trost, 2012; Sullivan, Yakobov, Scott, & Tait, 2014)
ou discutent de traitements potentiels et de pistes de recherches futures (McCracken, 2013; McParland & Eccleston, 2013). D’autres articles abordent plutôt les aspects légaux, telle que la compensation financière liée à une condition de santé chronique (Brown, Bostick, Lim, & Gross, 2012; Ioannou et al. , 2016; Tait & Chibnall, 2016) ou le désir d’ intenter des poursuites en cour (Trost, Monden, Buelow, Boals, & Scott, 2016).
Parmi les études qui ont été réalisées sur le sentiment d’ injustice, la majorité d’ entre elles sont de nature transversale, incluant une étude réalisée avec des enfants et des adolescents (Miller, Scott, Trost, & Hirsh, 2016) et une avec des proches aidants de personnes souffrant de douleurs musculosquelettiques (Mohammadi, de Boer, Sanderman, & Hagedoorn, 2017). Huit de ces études transversales examinent des variables médiatrices ou modératrices en lien avec le sentiment d’ injustice (incluant Martel, Dionne, & Scott, 2016), ce qui est utile car ce type d’analyse éclaircit un peu plus les mécanismes par lesquels le sentiment d’injustice influence les conséquences négatives associées à la douleur chronique. il existe également des études réalisées auprès de personnes participant à un programme/traitement de réhabilitation (Scott, Milioto, Trost, & Sullivan, 2016; Scott, Trost, Milioto, & Sullivan, 2015; Yakobov, Scott, Thibault, & Sullivan, 2016), des études à devis expérimental (McParland, Knussen, Lawrie, & Brodie, 2013; McParland, Knussen, & Murray, 2016; Trost et al., 2014), et des études de nature qualitative (Brown et al., 2012; McParland, Eccleston, Osborn, & Hezseltine, 2010; Scott, McEvoy et al., 2016).
Jusqu’à présent, les résultats des études corrélationnelles ont démontré que la perception d’ injustice était un facteur de risque important associé à un moins bon ajustement à la douleur chronique. Notamment, la perception d’injustice a été associée à plusieurs conséquences négatives de la douleur, dont la sévérité de la douleur (Scott, Trost, Milioto et al., 2013; Sullivan, Davidson, Garfinkel, Siriapaipant, & Scott, 2009; Sullivan et al., 2008; Trost et al., 2015; Yakobov et al., 2014), l’ incapacité reliée à la douleur (Sullivan, Davidson et al., 2009; Sullivan et al., 2008), les symptômes dépressifs (Rodero et al., 2012; Scott & Sullivan, 2012; Scott et al., 2015; Sullivan, Davidson et al., 2009; Sullivan, Thibault et al., 2009; Sullivan et al., 2008; Trost et al., 2015; Yakobov et al., 2016) et un plus faible niveau de fonctionnement (Rodera et al., 2012). En somme, les résultats d’études effectuées sur la perception d’injustice sont prometteurs.
Le sentiment d’injustice suscite un intérêt au plan clinique et sociétal. Néanmoins, notre compréhension du rôle de la perception d’injustice demeure très limitée et les études actuelles ne nous permettent pas de répondre à des questions importantes.
Premièrement, il y a peu d’études empiriques dans la littérature; plusieurs articles scientifiques demeurent à visées théorique ou clinique. Parmi les études empiriques, la majorité ont été réalisées avec des échantillons de personnes ayant subi un traumatisme cervical ou vivant avec des douleurs musculosquelettiques suite à un accident (Scott & Sullivan, 2012; Scott, Trost, Bernier, & Sullivan, 2013; Scott, Trost, Milioto et al., 2013; Scott et al., 2015; Sullivan et al., 2008; Sullivan, Davidson et al., 2009; Sullivan, Thibault et al., 2009), ce qui limite la généralisation des résultats. Deuxièmement, on en sait très peu sur les mécanismes par lesquels la perception d’ injustice influence le fonctionnement des personnes souffrant de douleur chronique (Monden et al., 2016).
Troisièmement, l’IEQ a été développé sur la base d’expérience clinique. Ce concept ne faisait donc pas partie d’un modèle théorique clair et intégré. En réaction à toutes ces limites et dans le but de tenter de mieux comprendre le rôle de la perception d’injustice dans la douleur chronique, Scott, McCracken et al. (2013) ont récemment conceptualisé la perception d’ injustice à l’intérieur du modèle de la « flexibilité psychologique » de la thérapie d’ acceptation et d’engagement (Acceptance and Commitment Therapy ou « ACT »; Dionne, Blais, & Monestès, 2013; Hayes, Strosahl, & Wilson, 2012).
Le modèle de flexibilité psychologique et la thérapie d’acceptation et d’engagement
La thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT; Hayes et al., 2012) est une approche thérapeutique « hautement établie» (well-established) pour la douleur chronique (diagnostics variés) depuis 2010 selon la Division 12 de l’Arnerican Psychological Association (AP A, 2016). L’ACT est basée sur la Théorie des cadres relationnels (Relational frame theory; Hayes, Barnes-Holmes, & Roche, 2001), une théorie comportementale du langage et de la cognition. Selon cette théorie, la capacité à relier des stimuli en fonction de leurs propriétés physiques et arbitraires est la base de la cognition humaine. Des règles mentales découleraient des relations entre les stimuli (p. ex., « la douleur est mauvaise et donc elle doit être évitée ») et contribueraient à une plus grande rigidité (ou inflexibilité) du comportement, et donc à une plus grande souffrance psychologique. L’ACT vise alors à changer la relation du patient vis-à-vis ses symptômes (plutôt que de chercher à modifier ou diminuer les symptômes eux-mêmes).
L’ACT est sous-tendue par une vision du monde (worldview) nommé le contextualisme fonctionnel (Hayes, 1993). Sur le plan épistémologique, ce paradigme accorde un rôle central aux variables de l’environnement en s’intéressant à la fonction (les conséquences, les effets) des comportements dans un contexte donné. Il s’agit d’une vision pragmatique: un comportement est considéré efficace lorsqu’il permet à l’individu de progresser en direction de ses valeurs personnelles (pour une description détaillée, voir Hayes, 1993; Hayes et al., 2012). En recherche, plusieurs études sur l’ACT et la douleur évaluent par conséquent l’efficacité du traitement à l’aide de mesures comme la qualité de vie et le fonctionnement physique et émotionnel plutôt que par des mesures d’intensité de la douleur.

L’inflexibilité et la psychopathologie

L’inflexibilité psychologique est le processus par lequel les expériences déplaisantes (pensées, sensations, émotions) mènent à des conséquences négatives telle que l’incapacité reliée à la douleur (Hayes et al., 2006). L’inflexibilité psychologique (ou la rigidité psychologique) comprend six processus pathologiques centraux : l’évitement expérientiel, la fusion cognitive, le concept prédominant du passé et du futur (connaissance de soi restreinte), l’attachement au soi comme concept, l’absence de valeurs et l’action inutile (Harris, 2012; Hayes et al., 2006). L’évitement expérientiel et la fusion cognitive seraient deux processus psychologiques centraux qui contribueraient au développement et au maintien des troubles psychologiques (Hayes et al., 2012).
L’ évitement expérientiel réfère à la tendance à éviter la prise de contact avec des évènements internes douloureux ou désagréables (pensées, émotions, sensations, images, souvenirs) de sorte que le répertoire comportemental de l’ individu se rétrécit (Hayes et al. , 2012). La fusion cognitive peut être définie comme « prendre ses pensées pour des faits », de sorte que les pensées de l’ individu dominent son comportement (p. ex. , « je ne peux me lever ce matin, car j ‘ ai trop mal »). L’ évitement et la fusion vont généralement de pair, la fusion conduit à l’ évitement et vice versa (Harris, 2012).

Les processus de flexibilité psychologique

À l’ inverse, la flexibilité psychologique comprend six processus thérapeutiques centraux: la défusion cognitive, l’ acceptation, le contact avec le moment présent, le soi comme contexte, les valeurs et l’action engagée (Hayes et al., 2012). Ces processus sont interreliés et peuvent être regroupés en trois axes principaux: « ouvert », « centré » et « engagé ». L’ACT est une approche thérapeutique issue du modèle de flexibilité psychologique. L’ objectif de l’ACT est de favoriser une meilleure flexibilité psychologique (à l’inverse de l’inflexibilité), c’est-à-dire la capacité d’être en contact avec son expérience dans le moment présent, de façon ouverte, tout en agissant selon ses valeurs personnelles (Hayes et al., 2012). Bref, la notion d’acceptation est au coeur de l’approche et parmi les six processus, l’acceptation est celui qui a été le plus étudié (Vowles & Thompson, 2011).

L’acceptation de la douleur

Le concept d’ acceptation peut parfois être mal compris par les patients qui souffrent de douleur chronique, ceux -ci pouvant le percevoir comme un synonyme d’abandon ou de résignation (McCracken, Carson, Eccleston, & Keefe, 2004). Au contraire, l’ acceptation implique un processus actif (et non passif comme dans la résignation) qui signifie plutôt d’apprendre à VIvre avec la douleur plutôt que de continuellement « lutter » contre celle-ci en faisant des efforts excessifs pour l’éviter.
L’acceptation implique d’être en contact avec son expérience dans le moment présent, même si cette expérience s’ avère difficile ou désagréable (McCracken, 2011).
L’ acceptation n’est pas une fin en soi, mais plutôt un processus actif qui se déroule chaque jour (McCracken, Vowles, & Eccleston, 2004).

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Table des matières

Sommaire 
Liste des tableaux 
Liste des figures 
Remerciements
Chapitre 1. Introduction générale 
Définition de la douleur chronique
Prévalence
Conséquences
Psychologie de la douleur
Les comportements
Les émotions
Les cognitions
La perception d’injustice
Le modèle de flexibilité psychologique et la thérapie d’acceptation et d’engagement
L’inflexibilité et la psychopathologie
Les processus de flexibilité psychologique
L’acceptation de la douleur
La relation entre l’acceptation et la perception d’injustice
Modèle de flexibilité psychologique et perception d’ injustice
Objectif de la présente étude
Contribution scientifique de l’essai
Chapitre II. The Mediating Role of Pain Acceptance in the Relation Between Perceived Injustice and Chronic Pain Outcomes in a Cornrnunity Sample
Abstract
Introduction
Materials and Method
Participants and Procedures
Measures
Sociodemographic and Pain-related Information
Perceived Injustice
Pain Acceptance
Pain Intensity
Pain Disability
Anxiety and Depressive Symptoms
Approach to Data Analysis
Results
Descriptive Statistics
Zero-order Correlations
Mediation Analyses
Discussion
References
Chapitre ill. Conclusion générale
Références générales 
Appendice A. Injustice Experience Questionnaire
Appendice B. Injustice Experience Questionnaire – Version canadienne-française

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