Tests de contrôle du comportement envahissant des peuplements de Cissus quadrangularis L.

Des barrières géographiques naturelles ont séparé les espèces végétales peu après l’apparition de la vie sur terre. Les océans, les chaînes de montagne, les cours d’eau et les déserts les ont empêchées de se propager (LOWE et al., 2007). Cet isolement naturel a permis à des écosystèmes distincts de se développer et de faire vivre des organismes qui leur étaient propres. Mais, l’avènement de l’humanité et son besoin d’explorer et de façonner le monde a occasionné le transport des organismes par delà ces obstacles naturels. Actuellement, la mondialisation de l’économie, le développement des transports, des flux commerciaux et du tourisme augmentent le rythme d’introduction d’espèces (LODGE, 1993 ; WILLIAMSON, 1996 ; VITOUSEK et al., 1997 ; LOWE et al., 2007 ; WEBER, 1997 ; CRONCK et FULLER, 2001 ; MONTY et MAHY, 2009). Les changements climatiques accélèrent les processus d’invasion biologique (BURGIEL et MUIR, 2010 ; TASSIN, 2010). Ainsi, les espèces exotiques envahissantes constituent la seconde cause de perte de la diversité biologique (VITOUSECK et al., 1997; LOWE et al., 2007 ; MACNEELY et STRAHM, 1997). À l’échelle planétaire, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE, 2008) évalue à 1,4 million de $ US par année les pertes économiques associées aux espèces envahissantes. Le Sénégal, à l’instar de beaucoup de pays en voie de développement, est confronté depuis un certain nombre d’années à la problématique des invasions biologiques. Ainsi, la Direction des Parcs Nationaux (DPN) du Sénégal, dans le cadre de sa mission de conservation et de protection de la biodiversité, en fait une préoccupation de premier ordre. D’autant plus que certaines de leurs aires protégées sont affectées par la prolifération d’espèces exotiques envahissantes. C’est le cas du Parc National de Niokolo Koba (Mimosa pigra et Mytragina inermis), de la Réserve Spéciale de Gueumbeul (Opuntia sp.) et du Parc National des Oiseaux du Djoudj (Salvinia molesta, Pistia stratiotes et Typha australis). A ces derniers, s’ajoute, depuis 2005, le Parc National des Iles de la Madeleine (PNIM) qui occupe une position insulaire à l’Ouest de la ville de Dakar. Ce milieu insulaire joue un rôle écologique important (ADAM, 1961 ; LO et MAYNART, 1982 ; MEPN, 2003). Il abrite certaines espèces considérées comme rares et/ou migratrices (MEPN, 2003 ; DPN, 2009). Parmi lesquels, on peut compter 80 couples de Phaethon aethereus mesonauta (Phaéton éthéré), plus de 200 couples de Phalacrocorax carbo (Grand Cormorans), une dizaine de Pandion haliaetus ou Balbuzards pêcheurs (DPN, 2009). La flore de cette île est composée de 107 espèces dont 87 espèces herbacées et 13 espèces ligneuses arbustives. Ces espèces ligneuses se caractérisent par une forme d’adaptation aux embruns marins qui se traduit par leur nanisme (Adansonia digitata, Lannea acida, Tamarindus indica etc.) (DPN, 2009). Ces espèces végétales se sont développées sans subir l’influence induite par la compétition avec certaines espèces continentales (BROWN, 1997 ; KIRCHNER et SOUBEYRAN, 2007 ; BILLING, 2000 et KRESS, 1998 cités par PASCAL, 2010). De ce fait, la position insulaire de ces espèces, les rend particulièrement vulnérables aux introductions d’espèces exotiques envahissantes (LOWE et al., 2007 ; PASCAL, 2010 ; TASSIN, 2010).

SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

La recherche documentaire a permis de collecter des informations d’une part, sur Cissus quadrangularis L., et d’autre part, sur la problématique des invasions biologiques. Ainsi, dans cette partie, nous présentons : la distribution géographique, l’utilité et les usages, le type biologique et les caractères morphologiques de la plante. Enfin, pour une meilleure compréhension du thème étudié, nous procédons à la clarification des concepts de base des invasions biologiques.

DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE DE L’ESPECE

Cissus quadrangularis L. est une plante lianescente de la famille des Vitaceae. Elle serait d’origine Indo-Malaisienne et se retrouve à travers les Philippines, l’Arabie, l’Inde et les îles Ceylan en Indonésie (THIAM, 1982 ; VIE, 1990). Largement répandue en Afrique, la plante est présente dans 49 pays africain et s’étend jusqu’au Sud de Madagascar (VIE, 1990 ; VIDAL, 2007). Au Sénégal, la plante présente une large répartition dans la zone Soudano-sahélienne (LAVIE, 1990). Ces populations se rencontrent essentiellement dans les savanes, sur des sols squelettiques à cuirasse ferrugineuse (THIAM, 1982). Toutefois, c’est dans le climat à forte influence maritime du Parc National des îles de la Madeleine (PNIM) que l’espèce s’est révélée envahissante (LAVIE, 1990 ; DPN, 2009).

SYSTEMATIQUE, ETAT DES CONNAISSANCES ET USAGES DE Cissus quadrangularis L.

La systématique de l’espèce

Cissus quadrangularis L. est une espèce végétale appartenant à la famille des Ampélidacées (Vitacées) de l’ordre des Rhamnales, à la série des Disciflores dans la sous classe des Dialypétales, à la classe des Dicotylédones dans le sous-embranchement des Angiospermes et à l’embranchement des Cormophytes du Sous règne des Métaphytes.

L’etat des connaissances sur l’espèce

DESCOINGS (1975) et EGGLI (2002) reconnaissent trois variétés de Cissus quadrangularis L. : la variété aculeatangula à tiges aux côtés rugueux (nombreuses épines courtes) et flancs striés densément granuleux, et à feuilles distinctement lobées de 10cm de long sur 15cm de large, poussant au nord-est du Kenya ; la variété quadrangularis à tiges glabres ou presque, à côtés lisses ou très faiblement rugueux, et à large distribution géographique ; la variété pubescente ne semble différer de la variété quadrangularis que par la présence de pilosité sur les faces des tiges et sur les feuilles. Elle pousse en Afrique tropicale (Côte d’Ivoire, Somalie, Kenya, Tanzanie). Toutefois, les deux variétés, quadrangularis et pubescente, ayant été récoltées au Sénégal, à proximité l’une de l’autre, laisse penser qu’elles pourraient n’être en réalité qu’une seule espèce (LAVIE, 1990). Actuellement, l’insuffisance des travaux scientifiques, sur la description des différences entre les variétés de la plante, ne permet pas de les distinguer. Dans la présente étude, nous étudierons uniquement la variété quadrangularis. En effet, cette dernière, présente dans plusieurs pays africains, est probablement la plus représentée (LAVIE, 1990). Au Sénégal, elle est présente dans toutes les régions, avec une abondance particulièrement remarquable dans le PNIM. Par ailleurs, si l’espèce est assez connue dans la médecine traditionnelle, moderne et l’industrie pharmaceutique (THIAM, 1982 ; DUMAS-CHAMPION, 1997 ; AMBARISH et al., 2005 ; NUTRA NEWS, 2008 ; SHAH, 2011), du point de vue des invasions biologiques, aucune étude scientifique n’a été réalisée spécifiquement sur elle. Seuls les travaux de CABALLE (1996) cité par VOS (2003) et VIDAL (2007) signalent que l’espèce est respectivement envahissante dans les îles Comores et Madagascar. Ces travaux d’inventaire n’identifient pas les stratégies utilisées par la plante pour envahir ces deux milieux insulaire. Ainsi, aucune donnée de base référentielle (méthode, stratégie) ne semble exister pour permettre le contrôle d’une population de Cissus quadrangularis L. variété quadrangularis dans un écosystème.

Les noms locaux et les usage de l’espèce au Sénégal 

Noms locaux

➤ Noms locaux
Bambara : Ulu ndoloko
Diola : Si ral
Français : Vigne de bakel, Raisin de Galm, Cissus de Galam
Mandingue : Sunkaro, Ulu ndolo, Baporé, Sitãdé
Maure : As fèl èl fil
Toucouleur (Peul) : Kudi ῆivo, Induῆo, ãdiῆéo innu
Sérère : mindal, mbindal, irak pané (Safèn)
Wolof : Tèb i golo, fèr I ῆèy, fèrãngay, karakῆèy .

Les usages de l’espèce au Sénégal 

Plusieurs études scientifiques ont permis de connaitre l’utilité et l’utilisation de Cissus quadrangularis L. dans les domaines de la médecine traditionnelle et moderne (THIAM, 1982 ; DUMAS-CHAMPION, 1997 ; AMBARISH et al., 2005 ; NUTRA NEWS, 2008 ; SHAH, 2011). La plante a été utilisée en médecine traditionnelle indienne depuis des temps immémoriaux comme tonique général et analgésique (NUTRA NEWS, 2008). Dans la médecine moderne et l’industrie pharmaceutique, elle permet la perte de poids et la guérison des fractures osseuses. Au Tchad, on lui confère des vertus magiques (DUMAS-CHAMPION, 1997). Au Sénégal, Les tradipraticiens utilisent la plante entière : en poudre, pour soigner les maux de ventre; en fumigation, pour soigner l’otite ; en infusion, pour soigner la syphilis ; en pâte pilée, pour soigner les brulures et les blessures. Le décocté de tiges feuillées guérit la blennorragie et les douleurs fébriles (THIAM, 1982). Non consommer par le bétail, la plante est soupçonnée d’empoisonnement mortel au Soudan (BARAKAT et al., 1985). Au Cameroun, au Sénégal et au Mali, les ethnobotanistes utilisent la plante comme galactogène pour induire la production laitière (BUISSON, 1943 et BERHAUT, 1971 cite par DUMAS-CHAMPION, 1997). En association avec Cassia occidentalis, elle leur permet de soigner chez les animaux le charbon asymptomatique. Elle soigne également la colique de cheval, la poudre du cheval et la gale de mouton (THIAM, 1982).

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Table des matières

INTRODUCTION
OBJECTIFS DE L’ETUDE
1. SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
2. MATERIEL ET METHODES
3. ZONE D’ETUDE
4. RESULTATS ET DISCUSIONS
4.1. CAUSES ET IMPACTS DE L’ENVAHISSEMENT DU PNIM PAR Cissus quadrangularis L.
Discussions sur l’état et les impacts de l’envahissement du PNIM par Cissus quadrangularis L.
4.2. MODES D’EXPANSION DE Cissus quadrangularis L.
Discussions sur les modes d’expansion de Cissus quadrangularis L.
4.3. TESTS DE BOUTURAGE DE Cissus quadrangularis L.
Discussions sur les résultats des tests de bouturage de Cissus quadrangularis L.
4.4. TESTS SUR LE CONTROLE BIOLOGIQUE ET MECANIQUE DE Cissus quadrangularis L.
Discussions sur les tests de contrôle mécanique et biologique de Cissus quadrangularis L.
CONCLUSION
RECOMMANDATIONS
ANNEXES

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