Tendances des indicateurs palustres au cours des consultations de routine après l’implementation de la chimioprevention

Groupes vulnérables

 Enfants Le paludisme de l’enfant apparaît après la disparition de la protection du nouveau-né par les anticorps maternels à 6 mois et le remplacement progressif de l’hémoglobine fœtal (HbF) par l’hémoglobine A (HbA) après l’âge de 3 mois. L’enfant acquiert une immunité labile et incomplète, au prix de nombreux épisodes palustres. Le paludisme est la première cause de mortalité infantile mondiale et la première cause des convulsions fébriles en Afrique noire [18]. Le diagnostic, parfois difficile, doit être envisagé devant tout syndrome fébrile, et insister d’emblée sur la nécessité d’un traitement rapide et efficace devant tout cas confirmé de paludisme.
 Femme enceinte Le paludisme et la grossesse sont deux situations qui s’aggravent mutuellement. Le paludisme est plus grave et plus fréquent au cours de la grossesse, surtout pendant le 3eme trimestre et à l’accouchement, provoquant une importante morbidité et mortalité maternelle, fœtale et périnatale [19]. Les conséquences du paludisme au cours de la grossesse sont très variables en fonctions des zones de transmission et le niveau d’immunité acquise contre le paludisme. Dans les zones d’endémie palustre, la grossesse s’accompagne d’une certaine diminution de l’immunité acquise surtout chez la primigeste. Toutefois, le paludisme reste assez souvent latent provoquant fréquemment l’anémie et le faible poids du nouveau-né [20]. Les primigestes sont plus susceptibles de faire le paludisme que les multigestes [21]. Dans les zones à faible transmission, le paludisme peut provoquer un avortement ou un accouchement prématuré [19].

Schizogonie pré-érythrocytaire

   Elle correspond à la phase d’incubation, cliniquement asymptomatique. Les sporozoïtes inoculés par l’anophèle femelle lors de son repas sanguin restent pendant une trentaine de minutes maximum dans la peau, la lymphe et le sang, puis envahissent les hépatocytes en quelques minutes grâce à une interaction entre la protéine majeure de la surface du sporozoïte (CSP) et un récepteur spécifique situé sur la membrane plasmique de l’hépatocyte du côté de l’espace de Disse (espace en contact avec le sang circulant). Le sporozoïte entre alors en phase de réplication au sein de la vacuole parasitophore et de la prolifération intracellulaire qui repousse en périphérie le noyau de la cellule. Ce dernier finit par constituer une masse multinucléée appelée schizonte (schizonte hépatocytaire). Après quelques jours de maturation, ces schizontes éclatent et libèrent de milliers de mérozoïtes dans la circulation sanguine. Cette phase de multiplication est asymptomatique et dure de 8 à 15 jours selon les espèces. La schizogonie hépatique est unique dans le cycle, la cellule hépatique ne pouvant être infectée que par des sporozoïtes [15]. Dans les infections à P. vivax et à P. ovale, on peut observer les formes dormantes appeléeshypnozoites (schizogonie hépatique retardée) entraînant la libération dans le sang de mérozoïtes plusieurs mois après l’infection, expliquant ainsi les rechutes tardives observées avec deux espèces.

Schizogonie érythrocytaire

   Elle correspond à la phase clinique de l’infection palustre, les symptômes sont d’intensités variables en fonction du profil immunitaire de la personne infectée. Les mérozoïtes libérés lors de la rupture des schizontes hépatocytaires vont débuter le cycle sanguin asexué de prolifération en infectant les érythrocytes. Le mérozoïte pénètre grâce à un processus parasitaire actif et se différencie au sein de la vacuole parasitophore en anneau, puis en trophozoïte, stade à partir duquel une intense phase réplicative commence. Il donne alors naissance au schizonte qui, après une segmentation montre une forme caractéristique de rosace, entraînant la destruction des globules rouges et la libération de 8 à 32 mérozoïtes. Ces mérozoïtes vont rapidement réinfecter d’autres érythrocytes sains et commencer un nouveau cycle de réplication. L’ensemble de ce cycle dure 48 à 72 heures selon l’espèce plasmodiale. L’apparition des gamétocytes a lieu après un certain nombre de cycles,généralement vers la deuxième semaine qui suit l’infection et ces formes peuvent persister plusieurs semaines après la guérison. Certains mérozoïtes subissent une maturation accompagnée d’une différenciation sexuée et se transforment en gamétocytes mâle et femelle. A la suite d’une nouvelle piqûre lors de son repas sanguin, les gamétocytes mâles et femelles (au dimorphisme sexuel marqué) sont ingérés par l’anophèle pour un nouveau cycle.

Physiopathologie du paludisme

   Les symptômes du paludisme commencent à partir du stade intra érythrocytaire du cycle de développement du parasite. Les manifestations cliniques sont dues a des interactions entre le parasite et l’’hote entrainant la destruction des hématies hôtes et la libération simultanée et massive des formes mérogoniques. La périodicité des schizogonies permet donc la distinction entre les fièvres tierces (P. falciparum, P. vivax, P. ovale) et quartes (P. malariae) chez l’homme [29]. La fièvre est surtout liéeà la libération d’une substance pyrogène (hémozoïne) lors de l’éclatement des globules rouge parasités. Des cytokines pro-inflammatoires (IL-1, l’IL-2, l’IL-6 et TNFα) sont produites au cours de cette interaction entrainant aussi des effets pyrogènes [15]. La destruction des globules rouges conduit à l’anémie d’installation progressive ainsi que d’autres mécanismes auto-immunitaires tels que la fixation de l’antigène plasmodial soluble sur les membranes érythrocytaires, l’action de facteurs plasmatiques libérés par les parasites fragilisant les parois érythrocytaires et l’activité opsonisante d’autres produits du métabolisme parasitaire favorisant la phagocytose des hématies par les monocytes [30]. Le neuropaludisme et l’anémie sont les complications majeures du paludisme à P. falciparum. Les mécanismes physiopathologiques évoqués pour expliquer l’apparition de ces formes graves sont la séquestration d’hématies parasitées par des formes matures de Plasmodium et l’intervention de cytokines ou autres médiateurs [15, 31]. La séquestration est le mécanisme prépondérant du neuropaludisme. Elle peut être schématiquement décomposée en plusieurs phénomènes :
 Le phénomène de l’auto- agglutinationL’auto-agglutination des hématies parasitées a été observée sur de nombreuses souches de P. falciparum étudiées en culture au laboratoire. Il s’agit d’un regroupement des érythrocytes infectés entre eux pour former des micros agrégats susceptibles d’obstruer les capillaires profonds. Ce phénomène a été observé chez les patients porteurs de forte parasitémie en dehors de tout phénotype d’adhésion. Les mécanismes moléculaires qui prédisposent à sa survenue sont encore mal connus [32] ;
 Le phénomène de formation des rosettes ou « rosetting » Les hématies parasitées ont la faculté d’attirer au tour d’elles des hématies noninfectées pour former des rosettes : c’est le phénomène de « rosetting ». La formation des rosettes est la conséquence de la liaison entre des ligands parasitaires (PfEMP1) présents à la surface des hématies infectées et leurs récepteurs sur les globules rouges non infectés. Plusieurs récepteurs pour les ligands parasitaires (PfEMP1) ont été décrits à la surface des globules rouges tels que le récepteur 1 du complément (CR1/CD35), les trisaccharides des groupes sanguins A et B, le CD36, et le PECAM-1/CD31 ; Les anticorps (IgM et IgG) et certains composants du complément (C3b et C4b) jouent aussi un rôle dans ce phénomène à travers le récepteur 1 du complément CR1 [30]. Il aboutit à la formation d’un agrégat qui contribue à l’obstruction des petits  vaisseaux sanguins. Ce phénomène a été bien étudié in-vitro sur des lignées cellulaires (fibroblastes). La formation de rosettes constitue un mode de protection pour le parasite contre le système phagocytaire de la rate et exerce un effet délétère pour l’hôte par blocage du flux sanguin [33] ;
 Le phénomène de cytoadhérence La cytoadhérence correspond à l’adhésion des hématies parasitées aux cellules endothéliales vasculaire ou aux cellules trophoblastiques placentaire [31]. C’est le mécanisme qui a été le mieux étudié ces dernières années. Ce phénomène permet au Plasmodium de se développer plus facilement grâce à un environnement gazeux favorable, d’échapper à la clairance splénique et provoquer l’obstruction des microvaisseaux surtout au niveau cérébral qui semble être la principale cause du neuropaludisme [34]. La séquestration entraînerait une dilatation des microvaisseaux par la libération du monoxyde d’azote (NO), responsable de l’œdème cérébral et pulmonaire [34]. Les hématies parasitées expriment à leur surface des protubérances (knobs) qui semblent jouer un rôle important dans leur adhésion aux cellules endothéliales [35]. Il s’agit de protubérances protéiniques auxquelles sont incorporés des antigènes plasmodiques. Parmi ces antigènes plasmodiques on peut citer : la PfEMP-1 et 2 (Plasmodium falciparum Erythrocyte Membrane Protein 1 et 2), la PfHRP-1 (Plasmodium falciparum Histidin Rich Protein) ou KAHRP (KnobAssociated Histidin-Rich Protein), RESA (Ring Erythrocyte Surface Antigen) et EDM (Electron-Dense- Material). Parmi ces protéines parasitaires associées aux knobs, PfEMP-1 est le ligand parasitaire le mieux caractérisé. PfEMP-1 interagit avec des récepteurs spécifiques au niveau des cellules endothéliales vasculaires et du syncytiotrophoblaste comme l’ICAM-1 (Inter Cellular Adhesion Molecule-1), le CD36,le VCAM-1 (Vascular Cell Adhesing Molecular-1) le CD31 ou PECAM-1, le CSA (Chondroitin Sulfate A), la selectin [36]. L’adhésion des hématies parasitées à ces récepteurs entraîne leur séquestration à l’intérieur de la microcirculation. La séquestration permet aux hématies parasitées d’échapper à la clairance splénique et contribue à la gravité du paludisme.

Mécanismes immunologiques

  Le système à médiation cellulaire impliquant les lymphocytes CD4 et les macrophages joue un rôle très important dans la pathogénèse du neuropaludisme. Les antigènes plasmodiaux facilitent le recrutement des macrophages et la libération de nombreuses cytokines pro-inflammatoires (TNFα, IFNγ, IL-1, IL-6) dont leur action se conjugue au phénomène de ralentissement circulatoire conséquence de la séquestration [15].L’infection par le Plasmodium engendre des réponses immunitaires de l’hôte. Ces réponses immunes sont régulées par le système immunitaire non spécifique dit inné, le système immunitaire spécifique (acquis) et les facteurs environnementaux. Il existe une complémentarité entre ces deux types d’immunité. L’immunité innée se mobilise dès le début (dans les premières heures) de toute infection en attendant la mise en place de l’immunité acquise, qui est opérationnelle dans les jours qui suivent l’infection. L’immunité acquise naturellement dépend des espèces parasitaires mais aussi des stades de développement spécifiques du parasite ainsi que de la répétition de l’exposition [37, 38]. Dans les régions où le paludisme est endémique avec une transmission annuellestable, les enfants nés de mères semi-immunes seraient protégés contre la maladie durant la première moitié de leur première année de vie par les anticorps maternels. Cette immunité s’estompe au cours du temps et l’on observe chez l’enfant, après le sixième mois de sa vie, une augmentation de la sensibilité au paludisme [37]. En général, l’acquisition d’une immunité semi protectrice contre le paludisme est ainsi lente. Cependant, il faut une exposition continue et répétée au parasite pour son installation. La variabilité génétique de l’hôte et du Plasmodium rend instable cette immunité [37, 39].
 Immunité innée ou naturelle C’est une immunité qui inhibe ou ralentit le développement du parasite chez un hôte par des défenses naturelles impliquant les cellules de l’immunité naturelle, elle ne dépend d’aucune infection antérieure. La production rapide d’IFN-γ (interféron-γ) est importante pour le pronostic évolutif de la pathologie. Des études récentes suggèrent que les cellules tueuses naturelles (Natural killer Cell, NK) pourraient être l’une des sources de cette production précoce d’IFNγ [40, 41]. Plus connues pour leur rôle dans l’immunité anti-tumorale et antivirale, les cellules NK seraient également capables de reconnaître directement des hématies infectées par P. falciparum (Pf). À la suite de ce contact, leur sécrétion de la chémokine IL-8 (interleukine 8) pourrait permettre le recrutement d’autres cellules sur le site de l’infection. Une collaboration entre les cellules NK et les macrophages serait notamment requise pour une réponse NK optimale. Les fondements moléculaires de l’activation des cellules NK, ainsi que leur rôle dans le contrôle initial du stade sanguin de l’infection font aujourd’hui l’objet d’intenses recherches. Les cellules NK sont capables de reconnaître directement des érythrocytes infectés par P. falciparum grâce à un ou plusieurs récepteurs non encore identifiés. Cette interaction directe conduit à l’activation des cellules NK et à leur production d’IL-8. En revanche, leur production d’IFN-γ est dépendante d’une coopération avec des macrophages via la production d’IL-18 par ces derniers. L’engagement du récepteur TLR2 par les produits parasitaires est partiellement impliqué dans la production du TNF-α par les macrophages, mais n’est pas nécessaire à la coopération NK macrophage. Le complément, les chémokines, les interférons (IFN-α et IFN-β) et l’oxyde nitrique (NO) constituent les principales molécules de l’immunité innée jouant un rôle clé dans l’immunité antipalustre, on estime que le complément activé se fixe à des complexes immuns. Ces derniers se lient à la surface des parasites et entraînent leur lyse par le biais du complexe d’attaque membranaire [42]. La production des cytokines proinflammatoires telles que l’IFN-, induit la synthèse du NO. Ce dernier inhibe le développement du parasite à ses différents stades de développement, y compris les stades asexués qui sont responsables des manifestations cliniques de la maladie [43, 44].
 Immunité adaptative ou acquise Les études chez l’homme et les souris indiquent que les cellules T CD4+ et CD8+ sont importantes pour la protection contre le paludisme [45, 46]. Les observations cliniques suggèrent que la durée de l’immunité protectrice dépend de la persistance de l’exposition à l’antigène car la protection diminue quand les personnes immunes du paludisme migrent dans les régions non-endémiques. Le manque d’immunité stérilisante dans le paludisme fait rappeler les infections chroniques virales et beaucoup d’infections parasitaires incluant les leishmanioses. L’infection palustre induit à la fois une réponse des cellules B T-indépendantes et T-dépendantes. Les études précoces dans les années 1960 démontraient que les anticorps peuvent conférer une protection contre le paludisme : les enfants qui recevaient un transfert passif d’anticorps sériques provenant d’adultes vivant en zone d’endémie palustre étaient capables de contrôler la parasitémie et la fièvre mais étaient incapables d’éliminer l’infection [47, 48]. Les études chez les souris ont aussi démontré que les cellules B et les anticorps sont impliqués dans le contrôle de la parasitémie, bien que les anticorps protecteurs ayant une excellente spécificité protectrice chez l’homme ou la souris ne soient pas bien définis. Heureusement, l’évidence à partir des études longitudinales des infections naturelles au Mali a démontré que l’épuisement des cellules B comprises entre 20 et 60% du pools de cellules B circulantes, même chez les enfants aussi jeunes que ceux de 2 ans, bien qu’il ne compte seulement que pour 1-2% du pool chez les personnes provenant des régions non-endémiques de paludisme [49]. Le phénotype d’épuisément des cellules B était décrit chez les personnes infectées par le VIH et inclut une grande expression de récepteurs inhibiteurs, une expression altérée des récepteurs intérieurs, une faible prolifération potentielle et une histoire d’une cascade de réplication et de diversité d’immunoglobulines [50, 51]. Bien que les mécanismes exacts ne soient pas encore définis, cette étude du paludisme a fournit la première évidence, à notre connaissance, que l’infection plasmodiale altère la fonction des cellules B chez l’homme [49]. L’immunité antipalustre est extraordinairement complexe [45, 46]. Les personnes non-immuns autochtones vivant dans les régions endémiques palustres, incluant les enfants résidant dans les régions endémiques africaines sont extrêmement susceptibles à un grand risque de mourir de paludisme sévère (par exemple, l’anémie sévère palustre et le paludisme cérébral). Après quelques épisodes palustres, la susceptibilité au paludisme sévère est beaucoup plus faible, bien que les personnes infectées continuent à avoir des cas d’accès palustre simple caractérisés par une parasitémie, une fièvre, des frissons et des rigueurs [52]. Les personnes ont peu de signe clinique et moins de cas sévères après une exposition répétée, cependant, la parasitémie persiste, bien qu’elle soit plus faible que celle observée chez les personnes naïves. Les mécanismes immunologiques derrière ces observations sont faiblement élucidés, mais l’histoire naturelle suggère que différents mécanismes confèrent une résistance aux différentes manifestations cliniques du paludisme (comme le cas du paludisme sévère et du décès, le cas du paludisme simple et de la parasitémie). A présent, les mécanismes par lesquels la séquestration parasitaire conduit au paludisme sévère et à la mort sont très peu élucidés. Clairement, la compréhension de ces mécanismes est une importante priorité pour l’immunologie du paludisme. En outré, les personnes qui ont une immunité acquise au paludisme après des expositions répétées dans les régions endémiques deviennent susceptibles au paludisme simple s’ils résident dans les régions nonendémiques pendant une période de plusieurs mois à plusieurs années, cependant,elles restent apparemment résistantes au paludisme severe, ces observations suggèrent que l’immunité naturelle acquise au paludisme simple est de courte duréeet pourrait nécessiter une réexposition intermittente aux parasites pour une maintenance optimale.

Le paludisme grave et compliqué

   Le paludisme à P. falciparum du sujet non immun (jeune enfant en zone d’endémie, femme enceinte, expatriés, voyageurs) est potentiellement mortel. Le décès, quand il survient, est secondaire à la défaillance aigue d’une ou de plusieurs fonctions, et ce, parfois même si la mise en place d’un traitement étiologique s’avère efficace. Seule l’instauration rapide d’une réanimation adaptée peut alors sauver le malade. Il est donc absolument fondamental de connaitre les critères de gravité du paludisme à P. falciparum pour identifier les patients qui justifient d’une hospitalisation en urgence, si nécessaire dans une Unité de Soins Intensifs. Un paludisme grave peut donc prendre différentes formes cliniques dont la plus importante est l’atteinte cérébrale. On regroupe sous le terme de neuropaludisme (“cerebral malaria” chez les anglosaxons) toutes les manifestations neurologiques conséquences de l’atteinte cérébrale au cours de l’accès palustre : troubles de la conscience, prostration etconvulsions. Non traité, le neuropaludisme est mortel en deux ou trois jours. Avec une prise en charge adaptée, la mortalité reste lourde (10 à 30%). Lorsqu’elle est obtenue, la guérison se fait généralement sans séquelle, sauf chez l’enfant (5 à 10 % de séquelles définitives). Le pronostic global repose essentiellement sur la rapidité du diagnostic.

Traitement des accès graves

  L’Artésunate injectable est le médicament de premiere intention dans la prise en charge du paludisme grâve à Plasmodium falciparum chez l’adulte ainsi que chez l’enfant. Elle doit être administrée en raison de 2,4 mg/kg de poids corporel par voie intraveineuse (IV) ou intramusculaire (IM) à l’admission (t = 0), puis 12 h et 24 h plus tard et, par la suite, une fois par jour jusqu’à ce que le patient puisse prendre ses médicaments par voie orale. Si l’on n’a pas d’artésunate injectable, il peut être remplacé par l’artéméther ou la quinine : Artéméther : 3, 2 mg/kg de poids corporel à l’admission puis 1,6 mg/kg par jour ou Dichlorhydrate de quinine : 20 mg de sel de quinine/kg (dose de charge) à l’admission, puis 10 mg/kg toutes les 8h. Chaque dose est administrée en perfusion intraveineuse, diluée dans 10 ml/kg de soluté salin isotonique, en 2 à 4 heures avec une vitesse de perfusion ne dépassant pas 5 mg de sel de quinine/kg par heure. Si l’on ne peut pas administrer la quinine en perfusion IV, on peut pratiquer une injection IM à la même posologie sur la face antérieure de la cuisse. Chaque dose pour l’injection IM doit être diluée dans un soluté salin normal à une concentration de 60-100 mg de sel/ml puis injectée en deux sites afin d’éviter d’administrer un trop grand volume au niveau d’un seul site

Chimioprévention du Paludisme Saisonnier (CPS)

   La CPS est une nouvelle intervention recommandée par l’OMS dépuis Mars 2012 dans les zones d’endemie palustre. Cette strategie consiste à administrer une dose unique de SP accompagnée d’un traitement de trois jours avec l’AQ une fois parmois pendant 3 à 4 mois au cours de la saison de transmission du paludisme chez les enfants âgés de 3 à 59 mois. Elle assure une prévention sûre et efficace contre les cas de paludisme a Plasmodium falciparum non compliqués chez les enfants de 3 à 59 mois dans la zone de forte de transmission saisonnière [7]. La recommandation stratégique de l’OMS pour la CPS se fonde sur les résultats de sept études réalisées dans des zones de forte transmission saisonnière du paludisme dans les régions sahéliennes et subsahéliennes de l’Afrique subsaharienne entre 2002 et 2011. Ces études montrent que la CPS avec administration mensuelle de SP + AQ chez les enfants âgés de 3 à 59 mois pendant une période allant jusqu’à quatre mois au cours de la saison de forte transmission du paludisme :
 Évite environ 75 % de l’ensemble des accès palustres ;
 Évite environ 75 % des accès palustres graves ;
 Pourrait entraîner une diminution de la mortalité de l’enfant d’environ 1 pour 1000 ;
 Réduit probablement l’incidence de l’anémie modérée [13].
Cependant, il faut noter que les conséquences de l’administration de la CPS pendant plusieurs années n’ont pas encore été évaluées ; et on n’a pas signalé d’évènements indésirables graves qui sont probablement rares. A part des vomissements juste après la prise des molecules SP et AQ, certaines affections cutanées non graves et qui disparessent d’elles mêmes sans laissé des séquelles. Une étude réalisée en Gambie avec la distribution communautaire de la combinaison sulfadoxinepyrimethamine et Amodiaquine en TP I chez les enfants de 6 ans et moins a donné une efficacité de 87% contre le paludisme [55]. Selon une revue par Greenwood, chez les enfants plus jeunes (âge inférieur à 5 ans) le traitement intermittent préventif réduit la mortalité infantile liée au paludisme de 40% [56] .Ces différentes études ont permis à l’OMS de recommander la stratégie de la chimioprévention du paludisme saisonnier avec la sulfadoxine-pyrimethamine et l’amodiaquine pour les régions :
– où plus de 60 % de l’incidence annuelle du paludisme sont enregistrés sur quatre mois ;
– où la morbidité palustre représente la majeure partie de la morbidité chez l’enfant
– (incidence > 10 cas de paludisme pour 100 enfants au cours de la saison de transmission) ;
– où l’efficacité antipaludique de la SP et de l’AQ est conservée.
Au Mali, le Ministère de la Santé a adopté la CPS en 2014 dans tout le pays. La CPS, autrefois appelée « traitement préventif intermittent du paludisme chez les enfants », est définie comme « l’administration intermittente d’un traitement complet par un médicament antipaludique pendant la saison de haute transmission du paludisme pour éviter la maladie, l’objectif étant de maintenir des concentrations thérapeutiques de médicament antipaludique dans le sang pendant la période où le risque de contracter le paludisme est plus élevé ». La stratégie de la CPS consiste à administrer un maximum de quatre cycles de traitement de SP + AQ à intervalles d’un mois à des enfants âgés de 3 à 59 mois dans les régions de forte transmission saisonnière du paludisme [7]. La CPS avec SP + AQ procure un degré élevé de protection jusqu’à quatre semaines, ensuite la protection diminue rapidement. Il est par conséquent important de respecter un intervalle d’un mois (SP+AQ à J1, AQ J2 et à J3) entre les cycles de la CPS a fin d’obtenir un niveau de protection élevé et de minimiser l’apparition de parasites du paludisme résistants à SP + AQ. Les doses de la SP (500mg + 25mg) et AQ (153mg) doivent être administrées comme suit pendant les trois ou quatre cycles de la saison de transmission :
– Jour 0 : dose unique de SP + première dose d’amodiaquine (par un agent de santé)
– Jour 1 : deuxième dose d’amodiaquine (parent ou tuteur)
– Jour 2 : troisième dose d’amodiaquine (parent ou tuteur).
Les doses de SP et AQ doivent etre administré en fonction de l’age comme suit :
– Comprimé SP (500 mg + 25 mg).
Les enfants âgés de 3 à 11 mois reçoivent un demi-comprimé en dose unique le premier jour. Les enfants âgés de 12 à 59 mois reçoivent un comprimé entier en dose unique le premier jour.
– Comprimé AQ (153 mg).
Les enfants âgés de 3 à 11 mois reçoivent un demi-comprimé en dose quotidienne unique pendant 3 jours. Les enfants âgés de 12 à 59 mois reçoivent un comprimé entier en dose quotidienne unique pendant 3 jours. La protection contre le paludisme clinique est associée à l’administration des deuxième et troisième doses d’amodiaquine. Par conséquent, il importe qu’un enfant reçoive des doses complètes de SP + AQ pendant chaque cycle de traitement de CPS. La période d’administration de la CPS est définie de manière à cibler la période durant laquelle le risque de contracter le paludisme est le plus élevé pour les enfants. Par exemple, la CPS a été administrée en août, septembre et octobre dans des essais sur le terrain au Burkina Faso [57], alors qu’au Sénégal, elle a été administrée en septembre, octobre et novembre [58], couvrant la période où le risque de contracter le paludisme est le plus élevé. En 2016, 15 millions d’enfants vivant dans 12 pays d’Afrique sahélienne ont été protégés par des programmes de chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS) [59]. L’objectif est de maintenir les concentrations thérapeutiques de médicaments antipaludiques dans le sang pendant toute la période de plus grand risque. Cela réduira l’incidence du paludisme simple et grave et de l’anémie associée, ce qui aura pour résultat des enfants en meilleure santé et plus forts, capables de se développer et de grandir sans interruption des épisodes de la maladie. La CPS s’est avérée efficace, rentable et réalisable pour la prévention du paludisme chez les enfants dans les zones où la saison de transmission du paludisme ne dépasse pas quatre mois. Depuis son approbation par l’OMS, la CPS a permis de prévenir jusqu’ à 75% des cas de paludisme [60].

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Table des matières

1. Introduction
2- Objectifs
2.1. Objectif général
2.2. Objectifs spécifiques
3. Généralités
3.1. Paludisme
3.1.1. Epidémiologie
3.1.2. Agents pathogène
3.1.3. Cycle biologique du Plasmodium
3.1.4. Physiopathologie du paludisme
3.1.5 Mécanismes immunologiques
3.1.6. Diagnostic du paludisme
3.1.7. Prise en charge du paludisme
4. Méthodologie 
4.1. Cadre de l’étude
4.2. Sites et lieu d’étude
4.2.1. Climat et végétation
4.2.2. Population de Nioro du Sahel
4.2.3. Activités de la population
4.2.4. Situation sanitaire
4.3. Type d’etude
4.4. Période d’étude
4.5. Population d’étude
4.5.1. Critères d’inclusion
4.5.2. Critères de non inclusion
4.6. Techniques de laboratoire utilisées
4.7. Variables mesurées
4.8. Gestion et l’analyse des données
4.9. Considérations éthiques
4.10. Définition opératoire
5. Résultats
5.1. Résultats globaux
5.2. Résultats descriptifs
5.3 Résultats analytiques
6. Commentaires et discussion
7. Limites de l’étude
8. Conclusion
9. Recommandations
10. Références bibliographiques
11. ANNXES
11.1. Technique de la goutte épaisse
12. Fiche signalétique
13. Résumé
14. Summary
15. Serment d’hippocrate

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