Systèmes éducatifs et mesures d’intégration scolaire

Systèmes éducatifs et mesures d’intégration scolaire

PARTIE THEORIQUE 1. La problématique

Personnes étrangères et issues de la migration en Suisse Pour débuter notre problématique, il nous semble important d’exposer le contexte actuel de la migration en Suisse et ainsi démontrer la présence croissante d’élèves étrangers et primo-arrivants dans les classes suisses. Pour commencer, voici quelques données chiffrées. La Suisse est un pays dans lequel de nombreuses cultures cohabitent. En effet, selon l’Office fédéral de la statistique (OFS, 2017), en 2015, plus de deux millions d’étrangers vivaient en Suisse. Cela correspond à 24,6% de la population totale. Ces personnes résident dans le pays de façon permanente. Évidemment, ce chiffre a évolué au fil du temps puisque la démographie du pays a fortement augmenté (moins de cinq millions d’habitants en 1950 contre 8,3 millions aujourd’hui). Pour exemple, en 1950, la Suisse ne comptait que 6 % d’étrangers (OFS, 2017). Cette augmentation peut être attribuée au développement de la situation économique et politique du pays. L’OFS (2017) nous fait part d’une enquête, illustrée à l’aide du graphique ci-dessous (figure 1), menée sur la population résidante permanente issue de la migration en 2015. Nous pouvons apercevoir les différences entre les cantons concernant la part de migrants en pourcentage ainsi que la distinction entre ceux issus de la « première génération » et ceux de la « deuxième génération ». Il est à mentionner d’emblée que dans notre recherche, nous nous intéresserons de manière exclusive aux primo-arrivants donc aux élèves migrants de première génération. Précisons tout d’abord la définition de ces deux termes. • Migration de première génération : Sans compter les « Suisses à la naissance » (personne dont au moins un des deux parents est né en Suisse), chaque personne née à l’étranger est considérée comme issue de la migration de première génération. Dans ce flux nous retrouvons ainsi : les étrangers nés à l’étranger (cela représente 70 % de la population totale issue de la première génération soit 1’455’000 personnes), les « Suisses à la naissance » nés à l’étranger et dont les deux parents sont nés à l’étranger (environ 25’000 personnes) et enfin les personnes naturalisées nées à l’étranger (environ 545’000 personnes) (OFS, 2017) • Migration de deuxième génération : il s’agit des personnes issues de la migration mais qui sont nées en Suisse (cela représente 489’000 personnes). Parmi celles-ci nous retrouvons : les personnes naturalisées (47 %), les personnes étrangères dont au moins un des deux parents est né à l’étranger (38 %) et les suisses depuis la naissance dont les deux géniteurs sont nés à l’étranger (15 %). Dans cette catégorie, 62 % des individus sont de nationalité suisse et 29% originaires d’un pays faisant partie de L’Union européenne (UE) ou de l’Association européenne de libreéchange (AELE) (OFS, 2017) Nous observons sur le graphique ci-dessous que le canton de Zurich, est celui qui accueille le plus de personnes issues de la migration dont une grande majorité provient de la première génération. Nous retrouvons ensuite, les cantons de Genève et Vaud puis, les cantons de Berne, Argovie et le Tessin. Le Valais quant à lui ne fait pas partie des cantons les plus accueillants en matière d’immigration, il se situe dans la moyenne avec environ 100’000 individus issus de la migration dont la grande majorité provient de la première génération. (OFS, 2017) Ainsi, comme nous venons de le démontrer à l’aide du graphique ci-dessus (figure 1), la Suisse est un pays qui accueille de nombreux migrants. Le terme « migrant » est très vague et concerne de nombreuses populations différentes. En effet, il existe des migrations dites « économiques » pour les personnes souhaitant exercer une activité professionnelle dans le pays d’accueil, des migrations « de réfugiés » qui concernent les personnes souhaitant quitter une zone d’insécurité ou de conflit ou encore des migrations dites « diplomatiques » pour les personnes en lien avec des agences gouvernementales qui collaborent avec des organisations internationales installées en Suisse dans les différents cantons. Ces différents types de migration engendrent des populations bien distinctes tant au niveau de leur provenance culturelle que de leur statut économique et social (Evrard, Hrizi, Ducrey & Rastoldo, 2016). Ces différences auront une répercussion sur le milieu scolaire, puisque les migrants n’auront pas le même passé et les mêmes expériences de vie en fonction de la raison de leur immigration. Pour certains, l’intégration scolaire consistera uniquement en l’apprentissage de la langue d’enseignement alors que pour d’autres, cet apprentissage sera accompagné de l’apprentissage des normes scolaires. Il conviendra donc, pour le personnel enseignant, de combler les lacunes rencontrées dans la scolarité pré-migratoire des élèves en intégration (Evrard, Hrizi, Ducrey, Rastoldo, 2016). L’accueil de migrants présuppose non seulement une intégration sociale mais aussi scolaire. Le système éducatif suisse s’est donc adapté à ce phénomène et les cantons ont élaboré différents dispositifs tels que des cours de français intensifs (CIF) et/ou des classes d’accueil. Il se peut ensuite que les autorités scolaires locales prennent diverses orientations et adaptent les dispositifs en vigueur. Le Valais quant à lui est un cas particulier puisque les élèves primo-arrivants sont intégrés systématiquement dans les classes ordinaires et ceci quel que soit leur âge. Ces élèves sont sortis de la classe et suivent des cours de français intensifs dans des cours intitulés : soutien pédagogique. Cela représente quatre heures de cours en moyenne par semaine et ceci durant deux ans au maximum. Cette pratique permet aux élèves primo-arrivants d’apprendre la langue du pays d’accueil en étant immergé dans une classe ordinaire (bain linguistique). Les élèves migrants primoarrivants disposant de cours de soutien n’ont pas de notes dans les branches où l’usage du français est jugé nécessaire. Nous y reviendrons plus en détail dans la suite de notre travail.

Systèmes éducatifs et mesures d’intégration scolaire

Cattacin & Kaya (2001) exposent dans leur enquête le développement, en Suisse, des différentes mesures d’intégration de la population migrante. Leur objectif est de comparer ces dernières et d’en effectuer un classement en fonction de leur orientation spécifique. Deux phénomènes majeurs dans l’histoire de la migration soulignent le développement des mesures d’intégration scolaire, à savoir : la réunification familiale et la diversification culturelle. La principale conséquence de ce phénomène est l’augmentation de la proportion d’élèves issus de familles migrantes dans les classes. Cattacin & Kaya (2001) exposent notamment une augmentation de 6 % d’élèves étrangers entre 1980 et 1995, cette proportion est évidemment en constante hausse. Ceci présuppose une adaptation des systèmes éducatifs et professionnels. Les collectivités publiques locales suisses, conscientes de la problématique que constitue la scolarisation des élèves migrants primoarrivants ainsi que de l’intégration professionnelle de ces derniers, sont donc confrontées au défi suivant : gérer la diversité linguistique et culturelle, issue de la migration, dans les institutions scolaires (Cattacin & Kaya, 2001). Selon Cattacin & Kaya (2001), les mesures prises par les autorités scolaires locales prennent diverses orientations. Elles concernent premièrement « la structure de l’accueil » accordée aux élèves migrants et deuxièmement, le « choix idéologique » concernant la place laissée à l’enseignement de la culture et la langue d’origine de l’élève migrant dans la scolarité obligatoire. 12 • Dans une petite minorité des cantons (cinq au total : NW, OW, TI, UR, VS), les élèves d’origine étrangère doivent s’intégrer dans « une structure d’accueil standardisée ». Ils ne bénéficient pas d’un « accueil différencié ». En revanche, ils offrent (et c’est le cas des 26 cantons interrogés par Cattacin & Kaya (2001)) des cours d’appui en langue d’accueil afin d’améliorer les compétences linguistiques des élèves. Notons que ces cours dit « d’appui » sont appelés « soutien pédagogique » en Valais, nous y consacrerons une rubrique dans la suite de notre travail. • La majorité des cantons (AG, AI, AR, BE, BL, BS, FR, GE, GL, GR, JU, LU, NE, SG, SH, SO, SZ, TG, VD, ZG, ZH) ont misé sur des mesures plus spécifiques et ont mis en place des « structures différenciées » telles que des classes d’accueil (ou classes d’intégration). Ces classes sont susceptibles d’améliorer l’intégration scolaire des élèves d’origine étrangère. Certains de ces cantons, tels que AG, BL, FR, GL, GR, SG, SH, et ZH offrent également des mesures supplémentaires telles que : des cours d’appoint, des séances de « devoirs surveillés », des cours intensifs etc. (Cattacin & Kaya, 2001) • Les cours d’appui en langue d’accueil apparaissent comme étant indispensables et très appropriés pour assurer une intégration scolaire réussie. Pratiquement tous les cantons qui ont répondu à l’enquête élaborée par Cattacin & Kaya (2001), offrent des cours d’appui en langue d’accueil pour les élèves d’origine étrangère. Peu importe la forme des différentes mesures mises en place par les cantons suisses et leurs effets variables, la grande majorité des cantons affirment la nécessité de prendre en compte l’origine culturelle des élèves lors de la scolarité obligatoire. Ceci permettrait d’assurer une meilleure réussite de l’intégration linguistique des élèves et également de garantir l’égalité des chances entre tous les élèves de la classe, d’origine étrangère ou non. (Cattacin & Kaya, 2001) Cependant, sur le plan cantonal, nous remarquons que peu d’entre eux ne dispensent d’enseignement de langue et de culture d’origine. En effet, seuls les cantons de Genève, des Grisons et du Jura intègrent des cours de ce type dans le programme régulier de l’élève d’origine étrangère. Dans la majorité des autres cantons, il est possible de disposer de cet enseignement en dehors du programme régulier. Seul le canton d’Appenzell RhodesIntérieures ne met pas en place des cours de langue et de culture d’origine. (Cattacin & Kaya, 2001) Malgré les diverses mesures d’aide mises en place par les cantons, l’intégration se révèle parfois difficile. La barrière de la langue est un obstacle qui ne facilite pas l’intégration et donc les échanges avec les élèves primo-arrivants. De plus, certains élèves se retrouvent confrontés à une culture totalement différente de celle dont ils ont l’habitude et le passage entre cette dernière et la culture du pays d’accueil peut être complexe. Les perceptions des enseignants concernant les élèves allophones dans les classes ont également une influence sur leur traitement. À ce propos, diverses études, citées par Armand (2005), portent sur les perceptions des enseignants sur les élèves immigrés. Les résultats indiquent que les enseignants soulignent principalement la faiblesse linguistique des élèves migrants allophones ainsi que l’inadaptation des élèves issus de divers groupes ethniques à l’école. En revanche, ils mettent en avant la volonté de ces derniers à s’intégrer et à réussir ainsi que leur motivation quant à l’apprentissage de la langue française.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

REMERCIEMENTS
AVERTISSEMENTS
RESUME
INTRODUCTION
PARTIE THEORIQUE
1. La problématique :
1.1 Personnes étrangères et issues de la migration en Suisse
1.2 Présence d’élèves étrangers dans les classes valaisannes
1.3 Lois et directives
1.4 Systèmes éducatifs et mesures d’intégration scolaire
1.5 Soutien pédagogique
1.5.1 Le soutien pédagogique en quelques chiffres :
1.6 Échec scolaire
1.7 Recherches préalables sur le processus d’intégration scolaire des élèves primoarrivants en Valais
1.8 Visée de la recherche
2. Cadre conceptuel
2.1 L’intégration
2.1.2 Acculturation
2.1.3 Intégration sociale
2.1.4 Métier d’élève
2.1.5 Rôle de l’enseignant
2.2 Intégration scolaire
2.2.1 Accueil
2.3 Pratiques enseignantes qui influencent l’intégration
2.3.1 Éducation et approche interculturelles
2.3.2 Pédagogie différenciée
2.3.3 Pédagogie coopérative
2.3.4 Activités d’éveil et d’ouverture aux langues
2.3.5 « Clins d’œil plurilingues »
2.4 Résumé du cadre conceptuel
3. La question de recherche
4. La méthode
4.1 Critères
4.2 Canevas d’entretien
4.3 Échantillon
4.4 Procédure
PARTIE EMPIRIQUE
5.Analyse et interprétation des données
5.1 Présentation des participants
5.2 Arrivée en Suisse
5.2.1 Conditions et contexte de la migration
5.2.2 L’accueil en Suisse
5.2.3 La représentation du pays d’accueil
5.2.4 L’acculturation
5.3 École
5.3.1 Parcours scolaire dans le pays d’origine
5.3.2 Divergences entre l’école du pays d’origine et celle de Suisse
5.3.3 Accueil
5.4 Pratiques enseignantes
5.4.1 Relation enseignant-élève
5.4.2 Organisation des temps d’enseignement
5.4.3 Soutien pédagogique
5.5 Point de vue personnel
5.5.1 Rôle d’élève
5.5.2 Prise en charge
5.5.3 Conclusion
6. Synthèse des résultats
CONCLUSION
7. Distance critique
8. Prolongement
Références bibliographiques
ANNEXES
ATTESTATION

 

 

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *