Soutenance mémoire
AIRES PROTEGEES ET FORET CLASSEE DE YAMBA BERTE
Evolution des mobilités pastorales vers la zone de savane du Tchad
En matière de gestion des ressources naturelles, l’approche dite participative s’est affirmée car elle conduit à prendre en compte le savoir et les priorités des acteurs locaux, et à promouvoir leur organisation dans le cadre de collectivités territoriales, d’associations d’usagers ou de groupements professionnels (Chennoufi, 1994). Les gestionnaires des aires protégées envisagent de plus en plus cette approche qui intègre les enjeux de conservation et les enjeux très forts de développement local. Mais si les discours se structurent, les réalisations concrètes sur le terrain sont encore bien modestes surtout en ce qui concerne les pasteurs nomades. Par ailleurs, l’idée même de placer les populations au cœur du développement est relativement nouvelle, et les praticiens du développement éprouvent d’énormes difficultés à traduire ce discours dans les faits. Il existe, peut-être intrinsèquement, un antagonisme entre ces deux approches au sein des zones rurales où les populations restent extrêmement dépendantes des ressources naturelles dans leurs stratégies de subsistance. La conciliation de ces deux objectifs nécessite d’appréhender de manière fine les interactions et les enjeux qui se déroulent à l’interface des espaces de production (que sont les parcours de transhumance et les zones agricoles) et de conservation du patrimoine naturel (Binot et al. 2005). Néanmoins, nous estimons que dans cette nouvelle vision de la conservation de l’environnement, le pastoralisme doit avoir sa place en tant que système de production.
Cadre institutionnel et scientifique
Cette thèse, préparée à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) de Paris, est sous la tutelle scientifique du Laboratoire de Recherches Vétérinaires et Zootechniques (LRVZ) de Farcha au Tchad. Elle a bénéficié de l’appui scientifique et financier du Pôle Régional de Recherche Appliquée au Développement des Savanes de l’Afrique Centrale (PRASAC) et du projet d’Appui à la Recherche Scientifique et Technique au Tchad (ARS2T). Les travaux de terrain sont menés en collaboration avec le Programme de Développement Rural Décentralisé du Mayo-Dallah, Lac Léré et de la Kabbia (PODALKA), basé à Pala au sud-ouest du Tchad. Le LRVZ, créé en 1952 et géré par l’Institut français d’Elevage et de Médecine vétérinaire des pays tropicaux (IEMVT), reste une référence en matière de recherche vétérinaire en Afrique. Rétrocédé à l’Etat tchadien et placé sous la tutelle du Ministère de l’Elevage, ses missions ont été reformulées en 1958, année de rétrocession, par ordonnance et décret. En dehors de ses missions classiques qui visent la santé animale, le LRVZ aborde aujourd’hui dans ses recherches les grands défis de l’heure : le pastoralisme nomade, l’écologie et l’environnement, la génétique, la biodiversité animale, l’économie des filières, et la gestion et l’utilisation durable des ressources. Le PRASAC est une institution spécialisée de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), qui regroupait jusqu’en 2008 trois pays de la sousrégion : le Cameroun, la République Centrafricaine et le Tchad, et qui vient d’en intégrer trois autres, plus forestiers, le Gabon, le Congo et la Guinée équatoriale. A ce titre, il héberge les projets de recherche et de développement à caractère régional. La mission dévolue au PRASAC est la mise en commun des acquis de la recherche des différents pays membres, et la promotion des échanges entre les chercheurs de la sous région travaillant sur des problématiques similaires. Le Projet d’Appui à la recherche scientifique et technique français au Tchad (ARS2T) est financé sur le Fonds de Solidarité Prioritaire (FSP) du Ministère des Affaires étrangères. Son objectif global est d’améliorer la qualité des travaux de la recherche scientifique dans le cadre d’un dispositif national de recherche scientifique et technique par le renforcement des ressources humaines et une ouverture sur des institutions étrangères. Cette stratégie d’ancrage de la recherche dans le développement par le renforcement des capacités et compétences des acteurs rejoint celle développée par le PRASAC et est complémentaire au projet inter-état d’Appui à la Recherche régionale pour le Développement durable des Savanes d’Afrique Centrale (ARDESAC), lequel, avec une vision qui dépasse les frontières nationales, développe des synergies avec les projets pays (dont celui-ci). Enfin, le Programme de Développement rural décentralisé du Mayo-Dallah, Lac Léré et de la Kabbia (PODALKA) est un programme de la Coopération entre le Tchad et l’Allemagne. Il s’inscrit dans le cadre du plan d’intervention pour le développement rural (PIDR), avec comme objectif la participation active des populations, de leurs organisations, des collectivités territoriales décentralisées et des prestataires au développement socio-économique pour l’amélioration des infrastructures rurales et la préservation de la biodiversité de sa zone d’intervention.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
I – JUSTIFICATION DE L’ETUDE
1.1- CONTEXTE DE L’ETUDE
1.2 – CADRE INSTITUTIONNEL ET SCIENTIFIQUE
1.3 – OBJET D’ETUDE
1.3 – TERRAIN D’ETUDE ET SITES DE REFERENCE
1.3.1- LA SAVANE TCHADIENNE : UNE REGION A FORTE POTENTIALITE AGRICOLE ET PASTORALE
1.3.2 – CRITERES DE CHOIX DU TERRAIN D’ETUDE
1.3.3 – CRITERES DE CHOIX DES SITES DE REFERENCE
1.3.4 – CARACTERISATION DES SITES DE REFERENCE
1.4 – CHOIX DES PASTEURS PEULS COMME ETHNIES DE REFERENCE
1.4.1 – L’ORGANISATION SOCIALE PEULE
1.4.2 – L’ORGANISATION POLITIQUE DES PASTEURS PEULS
1.5- QUESTIONNEMENTS ET HYPOTHESES DE RECHERCHES
II–APPROCHES CONCEPTUELLE ET METHODOLOGIQUE
2.1-DEFINITION DE QUELQUES NOTIONS EN PASTORALISME
2.1.1- LE NOMADISME
2.1.2 – LE PASTORALISME
2.1.3 – PASTORALISME NOMADE
2.1.4 – TRANSHUMANCE
2.2– APPROCHES METHODOLOGIQUES
2.3- LES OUTILS D’INVESTIGATIONS
2.3.1 – ENQUETES ET ENTRETIENS
2.3.2 – L’OBSERVATION PARTICIPANTE
2.3.3 – LA CARTOGRAPHIE A DIRE D’ACTEURS
2.4 – BILAN DU TRAVAIL DE TERRAIN
2.4.1 – LES ENQUETES
2.4.2 – LES ENQUETES – RECENSEMENTS
2.4.3 – LA CARTOGRAPHIE
CHAPITRE I : ETUDE DE LA STRUCTURE ET DE L’ORGANISATION DU PAYSAGE
I – CARACTERISATION DE LA ZONE D’ETUDE : LE PAYS MOUSSEYE
1.1 – ELEMENTS DE DEFINITION : ESPACE RURAL, PAYSAGE ET TERROIR
1.1.1 – ESPACE RURAL
1.1.2 – DEFINITION DU PAYSAGE
1.1.3 – TERROIR OU TERRITOIRE VILLAGEOIS
1.2 – ESPACE AUTOUR DE LA FORET CLASSEE : PAYS MOUSSEYE
II – ORGANISATION DE L’ESPACE EN ZONE DE SAVANE
2.1 – ORGANISATION DE L’ESPACE A L’ECHELLE LOCALE
2.1.1 – ESPACE HABITE : UN DOMAINE DE RESIDENCE
2.1.2 – ESPACE AGRICOLE : DOMAINE DE DROITS FAMILIAUX
2.1.3- ESPACE PASTORAL : DOMAINE A LIMITE FLOUE ET FLEXIBLE
2.1.4- ESPACE FORESTIER (FORET CLASSEE): DOMAINE INTERDIT
2.2 – ORGANISATION DE L’ESPACE A L’ECHELLE DE LA REGION
2.2.1 – DYNAMIQUE DU PAYSAGE A L’ECHELLE DE LA ZONE D’ETUDE
2.2.2- DYNAMIQUE DE LA VEGETATION DANS LA FORET CLASSEE DE YAMBA BERTE
2.2.2- EVOLUTION DU PAYSAGE AUTOUR DE LA FORET CLASSEE DE YAMBA BERTE
III – FACTEURS EXPLICATIFS DE LA DYNAMIQUE DU PAYSAGE
3.1 – PERCEPTION DE L’EVOLUTION DU PAYSAGE PAR LES ACTEURS LOCAUX
3.2 – FACTEURS A L’ORIGINE DE LA DYNAMIQUE DU PAYSAGE
3.2.1 – ACTIVITES AGRICOLES, SOURCES DE TRANSFORMATION DU PAYSAGE
3.2.2 – LES FEUX DE BROUSSE ; UN COUTEAU A DOUBLE TRANCHANT
3.2.3 – LES ACTIVITES PASTORALES
CONCLUSION
CHAPITRE II : AIRES PROTEGEES ET FORET CLASSEE DE YAMBA BERTE
I – HISTORIQUE DES AIRES PROTEGEES DANS LE MODE
1.1 – DEFINITION DU CONCEPT : «AIRES PROTEGEES »
1.1.1 -CONTEXTE HISTORIQUE DES AIRES PROTEGEES
1.1.2 – CRITERES INTERNATIONAUX DE CLASSEMENT DES AIRES PROTEGEES
1.2 – EVOLUTION DES APPROCHES DE LA CONSERVATION
1.2.1 – DE L’APPROCHE FORTERESSE DE LA CONSERVATION A L’APPROCHE PARTICIPATIVE
1.2.2 –DE L’APPROCHE PARTICIPATIVE A L’APPROCHE MARCHANDE
II- CONTEXTE D’EMERGENCE DES AIRES PROTEGEES EN AFRIQUE
2.1- PROCESSUS DU CLASSEMENT DES AIRES PROTEGEES EN AFRIQUE
2.1.1 -– MOTIVATIONS DE LA MISE EN PLACE DES AIRES PROTEGEES EN AFRIQUE
2.1.2 – BILAN DE LA CONSERVATION DES AIRES PROTEGEES EN AFRIQUE
2.2- LES AIRES PROTEGEES AU TCHAD
2.2.1 – IMPORTANCE DES AIRES PROTEGEES AU TCHAD
2.2.2– LES CONDITIONS DE CREATION DES AIRES PROTEGEES AU TCHAD
III – FORET CLASSEE DE YAMBA BERTE : UNE AIRE PROTEGEE EN ETAT DE SURVIE
3.1 – HISTORIQUE ET MODES DE GESTION DE LA FORET CLASSEE DE YAMBA BERTE
3.1.1 – LES OCCUPATIONS HUMAINES ET ANIMALES
3.1.2 – LA PRESENCE DES PASTEURS AUTOUR DE LA FORET CLASSEE DE YAMBA BERTE
3.2 – REPRESENTATION ET UTILISATION DE LA FORET CLASSEE
3.2.1- PERCEPTION DE LA FORET CLASSEE PAR LES DIFFERENTS USAGERS
3.2.2 – LES RESSOURCES QUE RENFERME LA FORET CLASSEE DE YAMBA BERTE
3.2.3- L’UTILISATION DE LA FORET PAR LES DIFFERENTS USAGERS
CONCLUSION
CHAPITRE III : SYSTEMES DE PRODUCTION DOMESTIQUE DES PEUL
I – SYSTEMES D’ELEVAGE DES PEUL: ENTRE LES CHAMPS ET LA FORET CLASSEE
1.1 –MODES D’ACQUISITION ET RACES DES ANIMAUX
1.1.1- MODES D’ACQUISITION ET REGLES DE TRANSFERT DES ANIMAUX
1.1.2- LES RACES DES ANIMAUX EN PRESENCE
1.1.3 – L’AGREGATION DES TROUPEAUX
1.2 – LES ACTEURS DE L’ELEVAGE
1.2.1- LES PASTEURS NOMADES
1.2.2- LES AGRO-PASTEURS
1.2.3- LES AGRO-ELEVEURS.
1.3 – L’IMPORTANCE DE L’ELEVAGE DANS NOS TROIS SITES
1.3.1- EMERGENCE DU PASTORALISME EN SAVANE TCHADIENNE
1.3.2- LES EFFECTIFS DE CHEPTEL ET SA REPARTITION GEOGRAPHIQUE
1.4 – TYPOLOGIE DES SYSTEMES PASTORAUX
1.4.1 – CHOIX DE VARIABLES DISCRIMINANTES ET AFCM
1.4.2- CARACTERISATION DES DIFFERENTS SYSTEMES IDENTIFIES PAR L’AFCM
1.5 – CONDUITE ET ORGANISATION SPATIALE DU TROUPEAU
1.5.1 – LES VARIATIONS CLIMATIQUES
1.5.2- CONDUITE D’ALIMENTATION DANS LES DIFFERENTS SYSTEMES D’ELEVAGE
1.5.3 – PRATIQUES SPATIALES DANS LES DIFFERENTS SYSTEMES
1.5.4 – LA MOBILITE PASTORALE : LA TRANSHUMANCE
1.5.5 – LA COMPLEMENTATION DU CHEPTEL
1.5.6 – PRATIQUES SANITAIRES
1.5.7 – EXPLOITATION ET VALORISATION DU CHEPTEL
II – SYSTEMES DE CULTURE DES PEUL : ENTRE OPPORTUNISME ET SECURITE
2.1 – PARTICIPATION D’UNITE DOMESTIQUE PEULE AUX TRAVAUX CHAMPETRES
2.2 – OPERATIONS AGRICOLES DANS LE SYSTEME DES PEUL
2.2.1 – LE TRAVAIL DU SOL
2.2.2 – ENTRETIEN DES CULTURES
2.2.3- TRAVAUX DE RECOLTES
2.3 – CULTURES ET SURFACES CULTIVEES
2.3.1 – TYPES DE CULTURE ET RENDEMENTS
2.3.1- GESTION DES PRODUITS RECOLTES
III – FONCTIONNEMENT DES SYSTEMES DE PRODUCTION DES PEUL
3.1 – INTEGRATION AGRICULTURE ET ELEVAGE DANS LES UNITES DOMESTIQUES
3.1.1- RELATIONS TECHNIQUES
3.1.2 – RELATIONS ECONOMIQUES
3.2 – DIVISION DU TROUPEAU, DE LA FAMILLE ET DU TRAVAIL
3.2.1 – DIVISION DE LA MAIN D’ŒUVRE FAMILIALE
3.2.1- DIVISION DU TROUPEAU
CONCLUSION
CHAPITRE IV : FONCIER AGRICOLE ET EMERGENCE D’UN FONCIER PASTORAL
I- FONCIER AGRICOLE : ENTRE MODERNITE ET TRADITION
1.1 – SYSTEMES FONCIERS AGRICOLES
1.1.1- DEFINITION DU CONCEPT FONCIER ET SYSTEME FONCIER
1.1.2 – POLITIQUE FONCIERE AU TCHAD
1.1.3 – CONTENU DES DIFFERENCES SOURCES DES NORMES
1.1.4– PLURALISME D’INSTANCES DE GESTION DU FONCIER
1.1.5- EVOLUTION DES PRATIQUES FONCIERES : VERS UNE MARCHANDISATION DES TERRES
II – FONCIER PASTORAL : MYTHE OU REALITE ?
2.1 – QU’EST CE QU’UN FONCIER PASTORAL ?
2.1.1- DEBAT IDEOLOGIQUE AUTOUR DU FONCIER PASTORAL
2.1.2 – AMBIGÜITE OPERATIONNELLE DU CONCEPT DE « FONCIER PASTORAL »
2.2 – FONCIER PASTORAL EN ZONE DE SAVANE
2.2.2 – SPECIFICITE DU FONCIER PASTORAL
III – RAPPORTS SOCIAUX ENTRE LES ACTEURS : DE L’INTEGRATION AUX CONFLITS
3.1 – DEFINITION DES CONCEPTS
3.1.1 – RAPPORTS SOCIAUX
3.1.2 – RESEAUX SOCIAUX
3.2.1– RELATIONS ENTRE LES UNITES DOMESTIQUES PEULES
1.2.2 – RELATIONS DES PEUL AVEC D’AUTRES NON-PEUL
3.3 – LES CONFLITS FONCIERS COMME MOYEN D’EXPRESSION
3.3.1 – DEFINITION DE LA NOTION DE CONFLIT
3.3.2 – TYPOLOGIE DES CONFLITS FONCIERS ET LEURS MANIFESTATIONS
2.3.3 – MODALITES DE RESOLUTION DES CONFLITS FONCIERS
PAR CONSENSUS
CHEZ LES CHEFS TRADITIONNELS
AUTORITES ADMINISTRATIVES OU MILITAIRES
CONCLUSION
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