Systeme d’elevage et systemes fourragers : concepts et notions

 Le système d’élevage 

Concept et définitions

Le concept de système d’élevage est récent (au début des années 1980) et s’inscrit dans un mouvement de pensée qui a touché de nombreuses disciplines. Un système se définit comme un ensemble d’éléments liés entre eux par des relations lui conférant une organisation en vue de remplir certaines fonctions. C’est un modèle, une façon de se représenter la réalité (Lhoste, 1986). Il est défini, délimité en fonction des objectifs de l’étude. Le terme système d’élevage a fait l’objet de beaucoup de controverses et il est difficile d’en retenir une définition exacte. Ce qui a amené de nombreux chercheurs à proposer des définitions selon leur propre conception. La notion de système d’élevage a été avant tout un concept développé par les zootechniciens en s’inspirant des systèmes agricoles. Ainsi, Landais (1992) définit les systèmes d’élevage comme « un ensemble d’éléments en interaction dynamique organisé par l’homme en vue de valoriser des ressources par l’intermédiaire d’animaux domestiques pour en obtenir des productions variées (lait, viande, cuirs et peaux, travail, fumure….) ou pour répondre à d’autres objectifs ». Ces systèmes présentent une très grande diversité en Afrique subsaharienne (Lhoste, 2000). Pour Lhoste (2001), le système d’élevage est « la combinaison des ressources, des espèces animales, des techniques et des pratiques mises en oeuvre par une communauté ou par un éleveur, afin de satisfaire ses besoins en valorisant des ressources naturelles par des animaux ». C’est aussi, selon Bonnemaire et Osty (2004), la résultante de l’interaction homme-animal-ressources, raisonnée en fonction d’enjeux économiques, biotechniques, écologiques, géographiques et sociétaux considérés comme indissociables. Il existe donc trois catégories d’éléments participant à la constitution du système d’élevage : l’homme, en tant que principe organisateur de ce système finalisé, l’animal qui constitue l’élément central caractéristique et enfin les ressources mobilisées par le système. En référence à ces trois éléments, plusieurs représentations schématiques du système ont été proposées : les meilleures sont nettement finalisées et particularisent un aspect de la structure ou du fonctionnement du système ; les plus mauvaises sont un enchevêtrement inextricable de flèches qui symbolisent des relations souvent complexes entre des objets mal définis (Landais et Lhoste, 1987). Les différentes définitions tournent toutes autour des trois composantes du système : l’éleveur, le territoire et le troupeau, tout en décrivant les interactions qui pourraient exister entre elles et en présentant l’éleveur comme épicentre du système d’élevage (figure 2). Elles prennent en compte les objectifs de la communauté et des contraintes du milieu, ainsi que le poids des facteurs sociologiques et la nature des ressources (espace ouvert par exemple). Cela a amené Lhoste (1984) à proposer un schéma qui s’applique à tous les systèmes d’élevage pastoraux (transhumant et nomade) et qui permet également d’aborder des systèmes agro-pastoraux mixtes dominants dans les zones soudaniennes d’Afrique .

Dans ce schéma, le pôle « humain » est constitué par l’éleveur considéré comme le « pilote » du système. Il peut désigner un individu (berger), un groupe d’individus, ou un collectif (éleveur et sa famille dans le cas d’une unité familiale de production). Le pôle « animal » se caractérise par les espèces, les races ou les catégories d’animaux en présence. Le pôle « ressources » repose quant à lui principalement sur le territoire pastoral (potentialités, statut ou état juridique) mais intègre également l’ensemble des ressources (information, dont l’information génétique ; énergie ; moyens financiers ; biens matériels divers) mises en jeu. Le système d’élevage évolue au fil du temps au gré de la modification de la structure et / ou des interactions entre ses composantes.

L’activité d’élevage et ses transformations ne peuvent être appréhendées que par le biais de l’analyse de ces composantes ainsi que de leurs interactions (Djamen, 2008). Chacune de ces composantes doit être examinée tour à tour ou simultanément et l’analyse de la dynamique des ressources fourragères est un aspect fondamental des réflexions sur les systèmes d’élevage. Quelque soit le type d’intervention envisagé, une bonne connaissance des  producteurs, des systèmes mis en place et de la diversité réelle est une condition préalable à une intervention raisonnée (Lhoste, 2001). La priorité accordée dans la valorisation des différentes fonctions de l’élevage détermine en grande partie la spécificité de chaque système d’élevage. On peut regretter cependant que la notion de système d’élevage ne soit pratiquement utilisée que dans le cas des systèmes où les animaux prélèvent tout ou une partie de leur nourriture au niveau des pâturages, et que de ce fait beaucoup de références sur le système d’élevage ne traitent que les systèmes extensifs et ne concernent dans leur grande majorité que les ruminants. Pourtant, le but de la recherche en zootechnie est d’«analyser une situation d’élevage particulière», mais aussi d’«accéder aux représentations sur lesquelles s’appuient les différents acteurs qui ont des décisions à prendre en matière d’élevage» (Landais, 1994).

Les différents modes de conduite des systèmes d’élevage 

En Afrique subsaharienne, les systèmes d’élevage présentent une très grande diversité (Lhoste, 2000) et c’est pourquoi les critères de leur classification sont nombreux et variables (Letenneur et al., 1995). Plusieurs typologies d’élevage réalisées mettent l’accent sur divers critères souvent combinés en fonction des objectifs et adaptés aux spécificités d’une situation (Alary et Lhoste, 2002). Ainsi, les systèmes d’élevage peuvent être classés selon la productivité du bétail (Planchenault, 1992), la taille du cheptel, l’intégration de l’élevage à d’autres activités (Letenneur, 1995) ou les caractéristiques socioéconomiques du propriétaire de bétail (Awa et al., 2004). Au Tchad, une classification basée sur les modes de production, surtout sur les ressources alimentaires permet de distinguer trois principaux systèmes d’élevage (Koussou, 2008).

Les systèmes pastoraux 

Localisés dans les zones arides et semi-arides du pays, les systèmes pastoraux se caractérisent par une alimentation du bétail basée principalement sur les pâturages naturels. Les systèmes pastoraux représentent 80 à 90 % de la production animale nationale (Réounodji et al., 2005). La disponibilité en ressources fourragères, points d’eau et en zones de cures salées impose aux éleveurs et aux troupeaux des mouvements qui déterminent la mobilité grâce à laquelle les systèmes pastoraux arrivent à tirer le meilleur profit des diverses ressources fourragères qui varient selon la région. Dans le cas du nomadisme, les déplacements se font sans point d’attache précis, les pasteurs considèrent l’espace comme « infini » et passent ainsi d’une zone d’accueil à une autre (ME, 1998 ; Barraud et al., 2001 ; Réounodji et al., 2005). La  transhumance est en revanche caractérisée par des mouvements pendulaires qui s’effectuent sur des distances variables selon des itinéraires plus ou moins précis en raison de la dynamique de sédentarisation (Bonfiglioli, 1991 ; Réounodji et al., 2005). Les espèces animales élevées sont les bovins, les petits ruminants et les camélidés capables de mieux valoriser les ressources fourragères ligneuses et herbacées spontanées. La production laitière occupe une place de choix dans la gestion de ces systèmes (Koussou, 2008). Le bétail constitue un moyen de prestige et d’épargne constitué progressivement et mobilisé pour faire face aux diverses dépenses et juguler l’insécurité alimentaire (Duteurtre et Corniaux, 2003).

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
OBJECTIF, HYPOTHESES ET QUESTIONS DE RECHERCHE
1. Objectif
2. Hypothèses et questions de recherche
2.1. Hypothèses
2.2. Questions de recherche
PREMIERE PARTIE : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE I : SYSTEME D’ELEVAGE ET SYSTEMES FOURRAGERS : CONCEPTS ET NOTIONS
1. Le système d’élevage
1.1. Concept et définitions
1.2. Les différents modes de conduite des systèmes d’élevage
1.2.1. Les systèmes pastoraux
1.2.2. Les systèmes agropastoraux ou systèmes mixtes agriculture-élevage
1.2.3. Les systèmes semi-intensifs
1.3. Les objets d’étude dans un système d’élevage
1.3.1. L’homme ou l’éleveur
1.3.2. Le territoire et le terroir : support des ressources alimentaires
1.3.3. Le troupeau ou l’animal : unités d’observation de base
2. Les systèmes fourragers
2.1. Concept et définition
2.2. Systèmes fourragers et variabilité climatique
3. Organisation de l’élevage bovin et exploitation du territoire
3.1. Concepts et définitions
3.2. La mobilité : fondement du système d’élevage extensif
DEUXIEME PARTIE : MATERIEL ET METHODES
CHAPITRE II. MILEU ET METHODES D’ETUDE
1. Milieu d’étude
1.1. Milieu physique
1.1.1. Présentation géographique du Tchad
1.1.2. Choix et localisation du terroir d’étude : le terroir de N’Guetté 1
1.1.3. Le climat
1.2. Le milieu humain
1.2.1. Historique et peuplement
1.2.2. L’origine des Peuls de N’Guetté 1
2. Méthodes de l’étude
TROISIEME PARTIE : RESULTATS ET DISCUSSIONS
CHAPITRE III. STRUCTURE DE LA VEGETATION, DYNAMIQUE ET POTENTIALITES FOURRAGERES DU TERROIR
III.1. VEGETATION LIGNEUSE DES SAVANES DU TCHAD : ETAT ACTUEL DES PEUPLEMENTS
1. Introduction
2. Matériel et méthodes
2.1. Milieu d’étude
2.2. Etude du peuplement ligneux : méthode d’échantillonnage
2.3. Distribution et structure des peuplements ligneux
2.4. Régénération naturelle
2.5. Analyse des caractéristiques de la végétation ligneuse
2.5.1. Densité
2.5.2. Fréquence relative
2.6. Etude phénologique des ligneux
3. Résultats et discussion
3.1. La description du peuplement ligneux : structure démographique des peuplements
3.1.1. Etude de la régénération des ligneux
3.1.2. Caractéristiques des classes de hauteur des peuplements ligneux
3.1.3. Répartition des principales espèces par classe de hauteur
3.1.4. Répartition des principales espèces fourragères par classe de diamètre
3.2. Cycle phénologique des ligneux fourragers
3.2.1. Spectre phénologique global des ligneux
3.2.2. Feuillaison et défeuillaison des espèces
3.2.3. La Floraison des espèces
3.2.4. La fructification des espèces
Conclusion
III.2. EVALUATION DE LA DISPONIBILITE SAISONNIERE DU FOURRAGE LIGNEUX EN ZONE SOUDANIENNE DU TCHAD : CAS DU TERROIR DE N’GUETTE 1
1. Introduction
2. Matériel et méthodes
2.1. Milieu d’étude
2.2. Choix des stations d’étude
2.3. Mise en place du dispositif
2.4. Mesure sur les stations : échantillonnage et relevés
2.5. Analyses statistiques des données
3. Résultats
3.1. Inventaire des espèces ligneuses
3.2. Variation saisonnière de la disponibilité fourragère ligneuse : distribution des fréquences spécifiques
selon les strates
3.3. Distribution des fréquences spécifiques par strates : Analyse Factorielle de Correspondance
3.4. Variation saisonnière de la disponibilité fourragère ligneuse : distribution des fréquences spécifiques selon les saisons
3.5. Distribution des fréquences spécifiques selon les saisons : Analyse Factorielle de Correspondance
4. Discussion
5. Conclusion
III.3. PRODUCTIVITE DES PATURAGES NATURELS D’UN TERROIR AGRO-PASTORAL EN ZONE SOUDANIENNE DU TCHAD
1. Introduction
2. Matériel et méthodes
2.1. Structure des herbacées et typologie des pâturages
2.2. Productivité des pâturages
2.2.1. Production herbacée et variation saisonnière de la biomasse
2.2.2. Capacité de charge et valeur pastorale des herbages
2.3. Traitement et analyse statistique des données
3. Résultats et discussion
3.1. Typologie des parcours
3.2. Analyse de la composition floristique : spectre biologique
3.3. Productivité des différents types de pâturages
3.4. Charge globale des parcours naturels et leur variation selon la saison
3.5. Estimation de la valeur pastorale
Conclusion
III.4. PRODUCTION ET UTILISATION DES RESIDUS DE RECOLTE DANS UN SYSTEME AGRO-PASTORAL EN ZONE SOUDANIENNE DU TCHAD
1. Introduction
2. Matériel et méthodes
2.1. Etude des systèmes de production végétales
2.2. Méthode d’évaluation des rendements en résidus de culture : les dispositifs de mesures
2.3. Analyse statistique des données
3. Résultats et discussion
CONCLUSION

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *