Systématique, classification morphologique et cycle de développement

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Classification systématique

Classification morphologique

Le mil, de son nom scientifique Pennisetum glaucum (L.) R. Br., est une espèce annuelle, diploïde avec un génome composé de 2n=14 chromosomes. Elle a une forte capacité de tallage (Manning et al, 2011; Saidou, 2011). Les variétés de mil peuvent être classées en deux grands groupes : précoce et tardif, selon la pluviométrie des régions dans lesquelles elles sont cultivées. Les plus tardives se rencontrent dans les zones où les pluies sont les plus abondantes et les mieux réparties (Akanvou, Akanvou, Kouakou, N’da, & Koffi, 2012).

Les organes végétatifs

– L’appareil végétatif
Les feuilles du mil sont alternes et à nervures parallèles et s’insèrent au niveau des nœuds. Elles sont formées d’une gaine entourant complétement la tige et d’un limbe lancéolé. Les feuilles sont longues, glabres, assez minces, lisses ou poilues et mesurent jusqu’à 1m de long. Le mil est une plante à port érigé, possédant des tiges épaisses et à hauteurs variables de 1 à 3m, mais on peut trouver des mils de près de 4 mètres (Moumouni, 2014). La tige est rigide, avec des entre-nœuds pleins de longueur variable. Ces derniers sont capables de donner des talles secondaires et tertiaires.
– L’appareil racinaire
L’appareil racinaire est de type fasciculé avec une seule racine séminale principale suivie de nombreuses racines adventives qui naissent à la basse de la tige et des talles. Une des causes de la bonne adaptation du mil aux conditions pédoclimatiques de la zone semi-aride est son développement racinaire important, pouvant atteindre 3,6 m de profondeur, et explorent les couches les plus profondes en cas de stress hydrique (Ferraris, 1973). Les racines sont utiles principalement au maintien de la tige au sol mais aussi leur développement pendant la période florale aide la plante à subvenir à ses besoins en eau et en éléments nutritifs.

Les organes reproducteurs

Le mil est une plante sexuée en C4, hermaphrodite, préférentiellement allogame grâce à une protogynie fortement marquée et anémophile. Cela lui confère une grande hétérogénéité tant morphologique que génétique. L’émergence du stigmate précède celle de l’anthère et ceci entraîne une exogamie élevée provoquée par le vent (Loumerem, 2004 ; Kadri et al., 2019).
En outre, la fréquence élevée de croisements spontanés entre espèces cultivées et espèces sauvages explique la forte variabilité observée au niveau des populations ou variétés du mil. Outre la sélection naturelle, la sélection par l’homme a permis une augmentation significative de cette variabilité (Ahmadi et al., 2002) cité par KADRI et al., (2019).
-L’inflorescence et la panicule
L’inflorescence est un faux épi qui se présente sous forme d’une panicule très dense, apicale, cylindrique et longue de 15 à 140 cm avec un diamètre de 0,5 à 4 cm (Dutordoir, 2005).
La panicule est constituée d’un rachis rigide portant des épillets pédonculés groupés dans des bouquets de soies plumeuses qui définissent l’appellation du genre Pennisetum du latin (« Penna » et « seta ») de longueur, nombre et couleur variables (Dutordoir, 2005).
-Le grain
Les grains sont des caryopses enveloppés dans des glumes et glumelles. Ils sont de 3 à 5 mm de long, obovale à globuleuses et leur couleur varie du gris cendre à légèrement bleue. Les grains de certaines variétés sont de couleur brun-gris et même noire (Moumouni, 2014).

Cycle de développement

Le cycle de développement du mil peut être divisé en trois (3) phases majeures (Planche 1) : la phase végétative qui va de l’émergence de la plante à l’initiation de l’épi de la tige principale ; la phase de développement de l’épi qui va de l’initiation de l’épi à la floraison de l’épi de la tige principale et la phase de formation des grains qui va de la floraison à la maturité physiologique des grains.
Cette phase débute par l’émergence de la coléoptile et continue jusqu’au point d’initiation de la panicule. Elle dure environ 30 à 50 jours (Maiti et Bidinger, 1981). La germination est hypogée et dure environ 24 heures. Après la levée, les stades intermédiaires apparaissent, radicule peu ramifiée, tige et premières feuilles, puis multiplication des racines adventives. Les jeunes plants prennent possession du sol, les bourgeons de la tige principale se multiplient et forment des talles (tiges secondaires). Le tallage suivant les variétés, peut se poursuivre tout au long de la croissance de la plante. Les nœuds à la base des tiges secondaires peuvent donner à leur tour des tiges tertiaires. L’initiation de la panicule se caractérise par un développement de la feuille drapeau ou feuille paniculaire et l’apex qui prend la forme d’un dôme. C’est le passage de la phase végétative à la phase reproductive.

La phase reproductive

Cette phase comprend l’épiaison, la floraison et la fructification. Elle est marquée par le développement total des feuilles et par la sénescence des feuilles à la base de la tige principale (Loumerem, 2004). L’élongation des tiges secondaires se poursuit ainsi que la multiplication de nouvelles talles. La feuille paniculaire se renfle au niveau de la gaine 6 à 10 jours avant la floraison. La panicule commence à fleurir dès son apparition complète. Un jour après l’émergence complète des stigmates, les anthères commencent leur apparition à partir du haut de l’épi (Loumerem, 2004; Maiti et Bidinger, 1981). Le stade 50 % de floraison est atteint lorsque l’inflorescence couvre la moitié de la hauteur de l’épi.

La phase de maturation

Cette phase commence par la pollinisation des fleurs de la panicule principale et continue jusqu’à la maturité de la plante. La période de maturation est caractérisée par l’élaboration de substances de réserve (amidon, protéines) et par la migration de celles-ci vers l’albumen du grain. Ce dernier prend naissance au moment de la fécondation, il se développe et mûrit en passant par trois états: laiteux, pâteux puis vitreux (maturité). Les grains atteignent leur maturité en général 22 à 30 jours après fécondation et leur maturité physiologique 20 à 50 jours après floraison, selon les variétés (Dutordoir, 2005).

Ecologie

Besoin en température

Les mils pénicilliaires sont des graminées de zones semi-arides chaudes à la température moyenne de 28°C pendant la saison de culture. Les températures les plus favorables pour le mil se situent entre 27 et 30°C. Une journée de 12 heures et une température de 28 à 30°C conviennent au développement de la culture. Ces températures de germination sont : 10 à 12°C (minimum), 37 à 44°C (optimum) et 44 à 50°C (maximum) d’après Loumerem (2004).

Besoin en lumière

Le mil est une plante à jour court quoiqu’il existe des variétés indifférentes à la longueur du jour. C’est une plante héliophile (qui exige l’éclairement solaire direct) chez laquelle la lumière joue un rôle déterminant, aussi bien dans les processus morphogénétiques de sa croissance que sur le déterminisme de sa floraison.

Sol

Le mil est une plante rustique, moins exigeant que les autres céréales. Il tolère la sécheresse et un  faible niveau de fertilité des sols (Loumerem, 2004). Les sols recommandés pour la culture du mil sont généralement à texture grossière. Ainsi les meilleurs terrains à mil sont sableux ou argilo-sableux, un peu humifères, à pH légèrement acide et contenant de l’azote et de la potasse. Le mil préfère les sols profonds, aérés, peu compacts et bien drainés. Il redoute l’eau stagnante et souffre des excès d’eau, notamment dans les bas-fonds.

Besoin en eau

Le mil comprend les variétés les plus résistantes aux stress hydriques. Il peut donner une production dans les zones de 200 à 300 mm d’eau par an. Les variétés tardives, plus exigeantes, ont besoin de 600 à 800 mm d’eau (Dancette, 1991). La plupart des mils peuvent germer lorsqu’ils ont absorbé une faible quantité d’eau, environ le quart de leur poids ; ils peuvent donc commencer leur développement sur un sol relativement sec.

Importance économique et utilisation du mil

Le mil occupe la 7éme place parmi les céréales les plus cultivées au monde. Sa culture couvrait plus de 31,11 millions d’hectares en 2013 avec une production de 25,9 millions de tonnes (Hamadou et al., 2017). Le mil est généralement cultivé pour l’alimentation et accessoirement comme fourrage et matériel de construction (Akanvou et al., 2012; Govindaraj M et al., 2010), plus récemment, il est aussi utilisé comme agro carburant . En Afrique, sa culture s’étend sur plus de 21 millions d’hectares, où près de 500 millions de personnes en dépendent pour leur survie et constitue leur alimentation de base (Kadri et al., 2019). L’inde est le principale pays producteur avec plus de 50% de la production mondiale alors que l’Afrique n’assure que 40 % de cette production (Saidou, 2011). En Afrique, plus de 90% de la production mondiale est assurée par les pays de l’Afrique de l’Ouest, notamment le Nigéria, le Niger, le Burkina-Faso, le Mali et le Sénégal. Au Sénégal, pays sahélien où l’agriculture constitue une des premières activités de production, la culture du mil occupe 70% de la production céréalière (M. S. Mbaye et al., 2014). Le mil est la céréale la plus cultivée dans le territoire national avec une superficie totale de 940 880 hectares en 2018, soit un production de 875 484 tonnes (ANSD, 2014). Il est la seconde céréale la plus produite, derrière le riz. Les principales zones de production sont le Bassin arachidier, le Sénégal Oriental et la Haute Casamance. Il est très cultivé dans le bassin arachidier du fait de son adaptation aux difficiles conditions de production de l’agrosystème, généralement caractérisé par des conditions semi-arides. La production du mil dans cette région du bassin arachidier est d’environ 329 494 tonnes en 2014 et représente plus de 80% de la production nationale (Zoclanclounon et al., 2019). C’est une source de revenus pour les ménages ruraux suite à la commercialisation des surplus de récolte. Il est consommé sous forme de couscous, « tiéré », pain, boisson alcoolisée, bouillie, biscuits, crêpes, etc. Le mil est utilisé aussi comme fourrage. A la récolte, les tiges du mil sont utilisées pour la construction de cases, de greniers et de palissades de concessions (Loumerem et al., 2016).

Contraintes de la production

De nombreuses contraintes pèsent sur la production agricole des céréales et, du mil en particulier, et celles-ci sont à l’origine de la baisse du rendement du mil observé en milieu paysan. Ces contraintes sont d’ordre abiotique, biotique et socio-économique :

Contraintes abiotiques et socio-économique

La baisse de la production du mil est causée non seulement par le déficit hydrique mais également par la baisse progressive de la fertilité des sols, la mise en culture des terres marginale et l’absence de jachère (Kadri et al., 2019). En effet, les zones semi-arides ou le mil est fréquemment cultivé présentent une variation importante de pluviométrie. Cette variabilité oscille entre 200 à 800 mm d’eau / an au Niger (Moumouni, 2014). Au Sénégal, la production du mil est faible. Ceci est dû à la pauvreté des sols, la sécheresse et la désertification de ces dernières années ainsi que les contraintes d’ordre institutionnel, organisationnel et économique. Ces dernières relèvent des difficultés d’accès au crédit et aux intrants, au manque de coordination des interventions en milieu rural et au faible niveau d’investissement des producteurs.
Ainsi, la forte croissance démographique accélère la surexploitation des sols entraînant un appauvrissement des terres de culture et par conséquent, des rendements devenus de plus en plus faibles. Face à la dégradation généralisée de la fertilité des sols, les agriculteurs ont systématiquement recours à la mise en valeur de nouvelles terres de culture comme, par exemple, les terres marginales qui ne sont pas à vocation agricole (Le Mouël, C., & Forslund, 2017). La variabilité des dates de semis en début de campagne, les sécheresses possibles en cours de campagne et le peu d’intrants apportés au sol par les paysans constituent des contraintes importantes pour la croissance et le développement de la plante.

Contraintes biotiques

En dehors des contraintes abiotiques, le mil est attaqué par des ravageurs et ennemis de tout ordre : des maladies, des insectes, des adventices et des oiseaux.

Les maladies

Les maladies qui affectent le mil sont, entre autres :
-Le mildiou ou lèpre, causé par un champignon Sclerospora graminicola (Mbaye, 1993), qui peut occasionner des pertes de rendement de l’ordre de 20 à 40% (Halilou, 2018) . En effet, le mil est la principale plante-hôte de ce champignon. Cette maladie se caractérise par la transformation partielle ou totale de l’épi en organes foliacés ou la mort totale de la plante. Les premiers symptômes sont de petites raies ou taches diffuses et d’aspect aqueux qui rendent le limbe de la feuille particulièrement nécrotique. Avant l’épiaison, les plantes malades présentent d’abord une décoloration jaunâtre de leur feuillage pouvant apparaître très tôt sur les jeunes plantes. En cas d’infection précoce ou sévère, les plantes se rabougrissent ou meurent. A l’épiaison, les fleurs attaquées se transforment, en partie ou entièrement, en feuilles avec production d’épis difformes, appelés parfois «balais de sorcières». Les épis atteints deviennent noirs et boursouflés.
-Le charbon du mil dû à Tolyposporium penicillariae provoque des pertes directes des grains en les remplaçant par des sores de charbon ou des structures remplies de téliospores. Ces pertes de rendement s’élèvent jusqu’à 30% (Kadri et al., 2019). La maladie se caractérise par la transformation des grains de mil en glomérules verdâtres puis noirs à maturité.
– L’ergot du mil (ou maladie sucrée du mil) causé par Claviceps fusiformis est caractérisé par un écoulement des gouttelettes d’exsudats visqueux et sucrés mais toxiques au niveau des ovaires.
– La pyriculariose, causée par un champignon ascomycète Pyricularia satariae. est une maladie fongique qui atteint les organes aériens (feuilles, tiges et panicules).

Les insectes

Comparé aux autres céréales, le mil est attaqué par un nombre limité d’insectes.
– Dans les zones sahéliennes, le complexe des insectes du mil est dominé par la chenille mineuse de la tête d’épis, Heliocheilus albipunctella (Traoré et Bagayogo, 2002). C’est la chenille d’un papillon de la famille des Noctuidae. La période de vol du papillon adulte coïncide avec le pic d’émergence et de floraison des panicules de mil. La chenille occasionnerait 10 à 20% de pertes, voire une perte quasi totale des récoltes (Traoré et Bagayogo, 2002).
– Elle est suivie par la chenille foreuse de tige (Coniesta ignefusalis (Hmps) qui est un Lépidoptère (Pyralidae).
– De nombreux coléoptères aux stades imaginaux, attaquent le mil à la floraison, ils se nourrissent des fleurs et provoquent ainsi l’avortement des épis. Parmi les coléoptères, les plus dangereux sont surtout les cantharides du genre Psalydolytta fusca et P. vestita qui sont les plus importants au Sénégal (Gahukar et al., 1986). Ces derniers sont de redoutables ravageurs en cas de pullulation et les pertes peuvent atteindre 80 à 100% (Hayyo et al, 2018).
– Les insectes des stocks (Sitotroga cereallela Oliv) et iules (Peridontopyge rubescens, P. cocani et P. spinossima).

Les adventices

Striga hermonthica (Del.) Benth. est une plante adventice à fleurs mauves, parasite obligatoire qui vit aux dépens du mil. Cette espèce est présente dans toutes les zones de production de mil et cause des dégâts appréciables à la culture (Mbaye, 1993). Les graines de S. hermonthica émettent une radicule très ténue qui doit se fixer rapidement sur une racine-hôte (moins de 96h) sous peine de dégénérer. Après la fixation, la jeune de S. hermonthica met en place un suçoir conique qui pénètre dans les tissus de la racine-hôte du mil. En zone sahélienne, Striga hermonthica (Del.) Benth. constitue un des facteurs non négligeables responsables de la baisse du rendement du mil. Elle infeste plus de 40 % des superficies de production céréalière et cause une perte de rendement comprise entre 1 et 80 % selon le degré d’infestation des parcelles (Kountche et al., 2013).

Les autres ennemis du mil

Ce sont les ravageurs polyphages qui, peuvent causer des préjudices assez grands. Il s’agit des acridiens ravageurs (Sautériaux et Criquets pèlerins) ; oiseaux granivores (Quelea quelea, Q. erythrops, Ploceus cucumillatus et Passer luteus) ; rongeurs nuisibles (Arvicanthis niloticus et Mastomis sp.) (D. F. Mbaye, 1993).

Traits importants pour l’amélioration du mil

Le mil a suscité l’intérêt en biologie végétale dans plusieurs domaines de la recherche tels que : l’étude de la résistance à la sécheresse, de la stérilité mâle cytoplasmique, de l’utilisation de gènes de nanisme et de l’utilisation de l’apomixie pour fixer l’hétérosis ou vigueur hybride (Marchais et al., 1993). L’amélioration du mil s’oriente actuellement vers :
– La création variétale : ces travaux portent sur la diversification de la base génétique du matériel. Pour le sélectionneur, une meilleure connaissance des mils va favoriser une meilleure gestion durable de la biodiversité et une meilleure utilisation dans les programmes d’amélioration variétale. Les traits importants pour la création variétale sont les composants du rendement (longueur de l’épi, taille des grains, degré de tallage), la résistance à certaines maladies (mildiou, ergot etc.) et aux plantes parasites.
– La résistance à la sécheresse : La recherche pour la résistance variétale à la sécheresse occupe une place importance dans l’amélioration du mil. Ainsi, des chercheurs de l’IRD et de l’ISRA ont déterminé un des gènes responsables de cette adaptation, le gène PHYC (Photochrome C) qui joue un rôle prépondérant dans la perception de la lumière par la plante. D’autres études montrent que un SNP du locus Photochrome C (PgPHYC) et une variation indel du gène PgMADS11 étaient associés à la variation de la période de floraison, aux précipitations annuelles et à la longueur des épis de mil (Diack et al., 2017). Ces derniers ont montré que la structure génétique spéciale PgPHYC était confondue à l’effet de la latitude qui était corrélé à la période de floraison et PgMADS11 a été trouvé corrélé à la longitude.
– Le biotechnologiste s’intéresse à cette spéculation parce que le mil jouit d’une qualité nutritive supérieure aux autres céréales et a des concentrations plus élevées en micronutriments (fer et zinc). Il contribue ainsi à la sécurité alimentaire et à la bio-fortification des personnes âgées, des enfants et des femmes allaitantes. Le mil est une céréale sans gluten, riche en protéines et en antioxydants. Ces grains contiennent des teneurs élevées de 8 à 60% en protéines brutes et est 40 fois plus riche en acide animé (lysine et méthionine) comparé au maïs. La teneur en lysine du mil est supérieur à celle du maïs et du sorgho qui sont respectivement de 21% et 36% (Hamadou et al., 2017). Il est particulièrement très riche en fer et contient trois fois plus de fibres alimentaires que le blé et le maïs, et dix fois plus que le riz.

Amélioration variétale du mil

L’amélioration des plantes est une science ou une technologie qui améliore les composantes de la plante, sa structure et sa composition afin de la rendre plus profitable à l’homme. Elle se fait généralement par sélection de plantes-élites ou par le croisement éventuel de différentes variétés, suivie de sélections. L’objectif de l’amélioration du mil est généralement de faire évoluer dans le sens favorable la moyenne des caractères quantitatifs mais aussi qualitatifs d’intérêt économique dans une population donnée. Pour cela, l’augmentation et la stabilité du rendement demeurent les objectifs principaux dans l’amélioration du mil (Moumouni, 2014). Plusieurs options variétales existent chez le mil :
– Les variétés population constamment améliorées par les paysans ont une base génétique très large mais ne possèdent pas un potentiel de production élevé. Ainsi, les premiers travaux d’amélioration génétique ont visé à homogénéiser les populations locales pour un caractère donné comme la hauteur de la plante, la longueur du cycle de culture, la couleur des grains ou les caractéristiques de la chandelle. Le développement végétatif du mil étant souvent exubérant, il a été soumis à une sélection pour améliorer le rapport entre le grain et la paille par le transfert d’un gène de nanisme (Bezançon et al., 1999). La sélection généalogique et la sélection massale ont été à la base de ces travaux. Par la suite, la sélection récurrente avec test top-cross ou avec test sur les descendances S1 a été utilisée pour accroître la productivité de ces variétés populations.
– Les variétés synthétiques sont des populations artificielles résultant de la multiplication sexuée, sans sélection consciente, pendant un nombre déterminé de générations, de la descendance en fécondation libre issues du mélange de 4 à 10 lignées choisies sur des critères particuliers. Les variétés synthétiques ont, en principe, des caractéristiques agronomiques plus stables que les variétés populations et permettent d’exploiter le phénomène d’hétérosis, même quand le contrôle de l’hybridation à grande échelle est difficile. Des programmes d’amélioration ont été conduits dans cette direction au Sénégal et au Niger et ont abouti, par exemple, à la création de la variété souna, l’une des variétés les plus populaires au Sénégal (Bezançon et al., 1999).
– Les variétés hybrides : L’hybridation est la voie la plus efficace d’amélioration chez le mil car elle permet d’exploiter complètement le phénomène de l’hétérosis appelé aussi vigueur hybride. De récentes avancées se sont produites dans le développement des hybrides par l’utilisation des lignées mâles stériles (Moumouni, 2014).
La création d’hybrides comprend les étapes suivantes :
a) Obtention des lignées parentales par autofécondation d’individus pendant plusieurs générations ;
b) Choix des lignées mâles stériles adaptées ;
c) Recherche sur leurs aptitudes générales à la combinaison (AGC), ceci permet une première sélection entre les lignées choisies ;
d) Croisement des meilleures lignées pour produire les hybrides expérimentaux suivis de tests d’AGC et de l’aptitude spécifique à la combinaison (ASC).

Les méthodes de sélection variétale du mil

Le mil étant une espèce allogame, plusieurs méthodes de sélections sont utilisables.

Sélection récurrente

La sélection récurrente est un processus cyclique incluant le développement de populations, l’évaluation de la descendance, la sélection des meilleurs individus et leur capacité à former une population au cycle suivant de sélection (Moumouni, 2014). Elle est utilisée pour augmenter la fréquence des gènes favorables dans une population. La première étape de cette méthode consiste à autoféconder les plantes d’une population de départ. Les individus (non encore fixés) ainsi obtenus sont ensuite testés et les meilleurs sont intercroisés.
– Sélection récurrente avec test top-cross : les plantes sélectionnées au sein de la population
de base sont pollinisées par l’ensemble de la population : il y a un top cross avec la population. On sélectionne les meilleures familles et les plantes issues de ces familles sont entrecroisées pour constituer la génération suivante. Cette méthode, fondée sur une sélection sur la valeur additive est simple puisque la population elle-même est prise comme testeur.

Sélection massale

Elle consiste à sélectionner des plantes qui, selon leurs apparences et leurs comportements individuels, semblent être les plus intéressantes dans une population. Ces plantes sélectionnées sont ensuite multipliées isolément comme semences pour la campagne suivante. L’opération est répétée de génération en génération. L’amélioration progressive des performances de la culture est assurée par une élimination des plantes inférieures ou présentant des anomalies morphologiques « hors-types » s’écartant du comportement standard de la variété. L’avantage de la sélection massale est qu’elle est la méthode la plus simple et moins couteuse. Cependant, les caractères polygéniques peu héritables ne sont pas pris en charge par cette méthode.

Sélection de « Demi-frères »

Les demi-frères, appelés aussi « half-sibs », sont des individus ayant une même mère mais des pères différents. Le principe de cette méthode consiste à sélectionner des plants présentant des caractéristiques intéressantes dans une population de base et de garder les semences de chacun des plants sélectionnés. Lors de la saison suivante les graines de ces plantes sélectionnées sont semées dans un dispositif répété afin de déterminer les meilleurs descendants. La dernière phase de cette sélection consiste à semer et recombiner les semences conservées des meilleurs descendants (Moumouni, 2014). Deux générations sont nécessaires pour finir un cycle de sélection de demi-frères. L’avantage de cette méthode est qu’elle peut être conduite dans plusieurs sites. Cependant, elle est plus coûteuse et le pollen peut provenir des plants non sélectionnés.

Sélection de « Pleins-frères »

On parle de pleins-frères ou « full sibs » parce que les deux parents sont connus. Pour développer des pleins-frères, on procède par croisement plante par plante ou par des croisements réciproque entre deux parents pour une évaluation. Les croisements sont évalué dans un essai répété et les meilleurs pleins-frères sont identifiés et recombinés pour reconstituer la nouvelle population (Haussmann, 2007) cité par Moumouni, (2014).

Méthode de sélection des descendants S1

Le principe de cette sélection consiste à autoféconder les plants sélectionnés à partir de la population de base pour former les descendants S1. Ces S1 sont évaluées pour les caractères d’intérêt à la génération suivante dans un dispositif répété.
Dans le cas de notre étude, les descendants S1 de la variété thialack2 sont évalués pour leurs rendements en grains et leurs autres composantes de rendement. Après évaluation, les semences restantes des S1 sélectionnées sont mélangées à quantité égale et semées dans une parcelle isolée pour permettre le brassage génétique. Cette méthode présente les avantages d’être efficace pour les caractères dont les effets sont additifs comme le rendement et permet également de sélectionner ou de contre-sélectionner les allèles récessifs masqués par l’état d’hétérozygotie. On peut également réduire les cycles en pratiquant les contre-saisons (c’est-à-dire continuer l’évaluation pendant la saison sèche).
On peut aussi croiser ces S1 avec un testeur. Cela consiste à semer la population de base et à autoféconder et croiser avec un testeur en même temps. Ensuite, on évalue les test-crosses dans un dispositif répété à la saison suivante. Puis, on mélange les semences autofécondées des plants sélectionnés sur la base de l’évaluation.

Les acquis de l’amélioration du mil

La sélection récurrente chez le mil permet une manipulation efficace du matériel génétique dans les programmes de sélection. La sélection récurrente avec test des descendants S1 (désignant la première génération autofécondée d’un plant ancestral S0) a permis d’obtenir au Niger le composite inter-variétal CIVT, après la recombinaison de S1 issus des cultivars k, P3 kolo et tamangagi. Au Mali, deux cultivars tardifs (M5 et M9) et deux mils précoces (M2 D2, NKK) soumis à cette méthode, ont donné des résultats décevants. Au Sénégal, la sélection récurrente avait démarré en 1961 et les études sur l’amélioration des variétés traditionnelles ont permis la création de souna 2 puis de souna 3 en 1969 (Bilquez, 1975). En 1985, deux variétés souna 3 et IBV8004 ont été améliorées par la sélection récurrents S1 pour le rapport grain/paille et les maladies en particulier, le mildiou. IBV8004 (S1) descendance du deuxième cycle a été supérieur de 14 à 31% pour le rendement comparés aux autres produits d’IBV8004 et le souna 3 (S1) a eu une amélioration de 7% au troisième cycle de sélection. L’incidence du mildiou a aussi chuté de 65 à 17 % pour ces deux variétés à Bambey où la pression de cette maladie a été la plus élevée. Des efforts de sélection ont abouti à la création et à l’introduction de nouvelles variétés comme, ISMI 9101 ; ISMI 9301 ; ISMI 9303 ; ISMI 9305. Les variétés de mil, actuellement vulgarisées au Sénégal par la recherche, sont consignées dans le tableau 1.

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Table des matières

LISTES DES PLANCHES ET PHOTOS
LISTE DES TABLEAUX
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION
CHAPITRE 1 : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
1. Origine et distribution géographique du mil
2. Systématique, classification morphologique et cycle de développement
2.1. Classification systématique
2.2. Classification morphologique
2.2.1. Les organes végétatifs
2.2.2. Les organes reproducteurs
2.3. Cycle de développement
2.3.1. La phase végétative
2.3.2. La phase reproductive
2.3.3. La phase de maturation
3. Ecologie
3.1. Besoin en température
3.2. Besoin en lumière
3.3. Sol
3.4. Besoin en eau
4. Importance économique et utilisation du mil
5. Contraintes de la production
5.1. Contraintes abiotiques et socio-économique
5.2 Contraintes biotiques
5.2.1. Les maladies
5.2.2 Les insectes
5.2.3. Les adventices
5.2.4 Les autres ennemis du mil
6. Traits importants pour l’amélioration du mil
7. Amélioration variétale du mil
8. Les méthodes de sélection variétale du mil
8.1. Sélection récurrente
8.2. Sélection massale
8.3. Sélection de « Demi-frères »
8.4. Sélection de « Pleins-frères »
8.5. Méthode de sélection des descendants S1
9. Les acquis de l’amélioration du mil
CHAPITRE 2 : MATERIEL ET METHODES
1. Présentation de la zone d’étude
1.1. Localisation géographique et administrative
1.2. Conditions pédoclimatiques
1.2.1. Température
1.2.2. Climat
1.2.3. Pluviométrie
1.2.4. Nature du sol
2. Matériel et méthodes
2.1. Matériel végétal
2.2. Dispositif expérimental
2.3. Conduite de l’essai
2.4. Observations et mesures
2.4.1. Variables phénologiques
2.4.2. Mesures des paramètres agronomiques
2.5. Traitement et Analyses des données
CHAPITRE 3 : RESULTATS ET DISCUSSION
1. Résultats
1.1. Données pluviométriques
1.2. Variabilité des paramètres étudiés
1.2.1. Phénologie
1.2.2. Croissance
1.2.3. Rendement en grain et ses composantes
1.3. Corrélation entre des variables
1.4. Structure de la variabilité des descendances
1.4.1. Analyse en composante principale
1.4.2. Classification Hiérarchique Ascendante (CHA)
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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