S’unir pour soutenir l’équilibre sensori-moteur de l’enfant en difficultés scolaires

L’école a une place importante dans la vie d’un enfant, il y passe une majeure partie de ses journées et découvre tant à travers cette institution. Elle est souvent synonyme d’apprentissage et de réussite, mais qu’en est-il lorsqu’elle est associée à des difficultés ? Une expérience en tant qu’intervenante de soutien scolaire m’a permis de mesurer l’influence de ma formation en psychomotricité sur mon accompagnement auprès de jeunes adolescents en difficultés scolaires. J’étais attentive à leur posture et leur organisation. Le fonctionnement psychomoteur de l’enfant en classe a-t-il une influence sur ses apprentissages ? Puis, c’est au fil de mon stage en SESSAD que le thème de mon mémoire s’est construit, notamment à travers l’évolution des enfants que j’accompagne dans le cadre de leurs troubles psychomoteurs et de leur scolarité. J’étais curieuse d’en savoir plus sur la place de la psychomotricité au sein des apprentissages scolaires. De plus, j’ai pris conscience du contraste qui existe entre le quotidien en classe et le vécu en séance de psychomotricité, contraste retrouvé entre ces deux institutions souvent indépendantes : le soin et l’Education Nationale. Comment cette différence à l’école est-elle vécue par l’enfant et quelles en sont les répercussions psychomotrices ? Mes options sur l’approche sensori-motrice et l’échec scolaire m’ont permis de réaliser à quel point les expériences du tout-petit sous-tendent l’organisation future de l’enfant et notamment sa disponibilité en classe ; mais également à comprendre les liens entre psychomotricité, apprentissage et école. Je me suis alors interrogée sur le rôle que peut avoir le psychomotricien auprès de ces enfants en difficulté scolaire et le lien qui peut s’établir avec l’école.

Présentation du cadre théorique et clinique 

Rappel sur le cadre

Dans le Larousse (2020), le cadre est défini comme une “bordure rigide limitant une surface” et “ce qui borne, limite l’action de quelqu’un, de quelque chose ; ce qui circonscrit un sujet”. Il est donc fortement lié à une notion de limite, qui vient entourer un espace, un sujet dans son action. Le mot encadrement vient rapidement et instinctivement à l’esprit avec pour synonymes “cercler, manager, superviser” mais également “contrôler, diriger”. Ces termes mettent donc en avant le fait qu’un cadre est présent avant tout pour canaliser, par prévention. Ce concept est né de la psychanalyse et a ensuite été repris par d’autres formes de thérapies. De prime abord, cela peut sembler cantonner le sujet ; mais paradoxalement il est nécessaire et rassurant. Il apporte une sécurité au sujet qui a alors conscience des limites de la situation. Jean-Pierre Mendiburu (2003) précise que “dans le vécu d’une thérapie, le cadre, c’est ce qui la délimite et lui donne forme. C’est le plan qui définit les frontières du possible, et celles de l’interdit.” Il existe une multitude de cadres : spatial, temporel, psychologique, physique etc, chaque type permettant de contenir un domaine. Nous nous concentrerons d’abord sur la présentation du SESSAD, cadre général de mon stage avec une brève description du service.

Le SESSAD

Je suis en stage en SESSAD, Services d’Éducation Spéciale et de Soins à Domicile. Ce dernier a un agrément pour 85 enfants de 0-20 ans, avec trouble moteur (avec ou sans trouble associé) et trouble des apprentissages. Les prises en charge sont souvent plus complexes que cela. L’équipe est composée de kinésithérapeutes, éducateurs, ergothérapeutes, psychologues, psychomotriciens, assistante sociale, médecin ; sans oublier le pôle administratif. Le rôle du SESSAD est de permettre un accompagnement éducatif et thérapeutique dans les différents lieux de vie de ces enfants : à l’école, à domicile mais également en groupe au sein du service. Ceci dans le but de soutenir leur scolarisation, leur autonomie et leur socialisation. Ces rôles ne sont possibles qu’avec un travail en réseau avec les différents partenaires (famille, équipe enseignante etc) pour assurer un accompagnement global et personnalisé. L’admission en SESSAD se fait selon cette chronologie : tout d’abord, la constitution d’un dossier MDPH avec la notification “SESSAD”, l’école participe souvent à la construction de ce dossier. C’est ensuite à la famille de contacter le service, qui organise alors une première rencontre avec le médecin, le psychologue ainsi que la direction et l’assistante sociale. Un bilan médical d’entrée est réalisé. Ensuite, les professionnels qui ont rencontré l’enfant et sa famille prennent une décision quant à son admission ou non (selon les capacités d’accueil, les problématiques de l’enfant etc). Un projet est alors construit en réunion avec la famille, qui sera réévalué chaque année lors de la réunion de projet. Ce dernier permet de fixer les principaux objectifs pour le suivi de l’enfant, en lien avec les demandes de la famille et de l’enfant si possible, mais également de décider de quels suivis l’enfant bénéficiera selon ses besoins et ses disponibilités. La DREES (2007, étude n°274) a détaillé les rôles du SESSAD : il y a notamment “le soutien à l’intégration scolaire ou à l’acquisition de l’autonomie comportant l’ensemble des moyens médicaux, paramédicaux, psychosociaux, éducatifs et pédagogiques adaptés”. Ce soutien passe donc par des actions directes qui concerne les “activités éducatives ou de rééducations, suivis médicaux et psychologiques individuels, entretiens, visites à domicile, observations et bilans” mais également des actions indirectes avec notamment les “temps de travail en équipe, […], réunion de coordination, réunion de synthèse, analyses de pratiques, […] et temps auprès des partenaires.” Nous nous concentrons sur ces temps directs qui représentent donc les séances avec les enfants. Lors de ces moments, les professionnels ont en tête les objectifs définis pour l’enfant mais également les missions plus globales. Le contenu des séances est donc pensé et construit pour chacun. Après avoir présenté le SESSAD, nous allons tenter de décrire les différents aspects du cadre en psychomotricité.

Les séances de psychomotricité

Les différents aspects du cadre en psychomotricité 

Nous tenterons de définir le cadre d’une séance de psychomotricité au SESSAD selon ces différentes composantes : légale, spatiale, temporelle, humaine et psychologique. D’après l’article R-4332-1 du Code de la Santé Publique (CSP), “les personnes […] sont habilitées à accomplir, sur prescription médicale […] les actes professionnels suivants : bilan psychomoteur, éducation précoce et stimulation psychomotrice, rééducation des troubles”. Le psychomotricien débute donc son suivi par un bilan psychomoteur qui permet de mieux connaître le patient, son organisation psychomotrice et établir un projet thérapeutique. Il peut exercer dans divers lieux (cabinet libéral, secteur hospitalier, institut médico-social etc). Concernant le cadre spatial, les suivis en psychomotricité ont tous lieu au sein des établissements scolaires. Nous allons chercher l’enfant dans sa classe ou dans la cour de récréation, puis à la fin de la séance, nous le raccompagnons dans son groupe classe. A ce moment, si l’enseignant est disponible, nous essayons d’échanger afin de maintenir un lien et une cohérence entre la classe et la psychomotricité, deux espaces distincts. Les séances se déroulent dans des salles disponibles : dortoir, salle de réunion, bibliothèque … Pour maintenir une cohérence, il est vu avec chaque école pour que la salle en question soit la même tout au long de l’année. Mais ces dernières ne sont pas dédiées à la psychomotricité, une adaptation rapide est donc nécessaire. Nous essayons d’aménager l’espace afin qu’il soit le plus confortable et adéquat possible aux activités proposées. Il est parfois nécessaire de déplacer des tables, des chaises ou même des lits. Souvent, les enfants participent à ce temps ce qui permet de créer ensemble l’espace de la séance. Ce dernier n’est donc pas strictement le même pour chaque séance, et l’enfant peut également investir cette salle pour d’autres moments. Il est important de le verbaliser à l’enfant dans le but d’éviter toute confusion. Par exemple, le dortoir peut faire office de salle de psychomotricité mais également être le lieu de la sieste et du temps calme. Nous pouvons définir le cadre temporel par la fréquence et la durée des séances : elles sont hebdomadaires et d’une durée de 50 minutes environ. Le but étant également de créer un sentiment de régularité et de constance qui permet une continuité dans la relation et l’accompagnement de ces enfants. Cependant, les vacances scolaires et autres événements perturbent temporairement cette régularité avec une absence de séance pendant une voire plusieurs semaines. Pour anticiper ces modifications, une explication est toujours faite aux enfants la séance précédente.

Le cadre humain est quant à lui toujours le même puisqu’il s’agit de séance individuelle. Nous sommes donc trois : la psychomotricienne, l’enfant et moi-même. Toutefois, une adaptation en début d’année a été demandée aux enfants de par ma présence qui a modifié la relation duelle établie. Nous associerons le cadre psychologique aux règles établies. Il s’agit des limites fixées et expliquées à l’enfant de ce qui est autorisé et interdit pendant la séance de psychomotricité. Elles sont au nombre de 3 : ne pas faire mal aux autres ni à soi et ne pas casser le matériel. Le cadre est bien plus que ces trois règles : il englobe également la présence physique et psychique de l’adulte auprès de l’enfant, les consignes pour chaque activité etc. Il permet de limiter tout débordement et participe au sentiment de sécurité primordial à l’enfant pour profiter pleinement de cet accompagnement. Selon la disponibilité psychique de l’enfant ce jour mais également ses envies, la séance est modulable. Une certaine liberté est accordée notamment dans l’adaptation du contenu de la séance. Ce dernier a été pensé selon les objectifs thérapeutiques élaborés pour l’enfant mais n’est pas rigide. Il s’agit d’un espace où l’enfant peut exprimer ses envies, ses besoins et nous tenterons alors de le lui permettre, dans le respect du cadre établi. Le but étant qu’il puisse être disponible pour la séance, même si cela implique de lui accorder un temps libre . Le cadre spatial (salle aménagée rapidement) et humain (deux adultes pour un enfant) permet cette liberté et cette adaptabilité. Cette liberté implique une écoute et une disponibilité de notre part afin de s’ajuster au mieux à l’enfant, tout en restant logique face aux règles énoncées précédemment. C’est cette cohérence dans les limites qui va renforcer la continuité du suivi.

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Table des matières

Introduction
I. Présentation du cadre théorique et clinique
1) Rappel sur le cadre
2) Le SESSAD
3) Les séances de psychomotricité
a) Les différents aspects du cadre en psychomotricité
b) La place du corps en psychomotricité
4) Le cadre scolaire
a) Rappel sur le système éducatif
b) De l’école maternelle à l’école élémentaire : observation d’un temps transitionnel
c) Parallèle entre le déroulement de la scolarité et les stades de Piaget : un hasard ?
d) Missions de l’enseignant et cadre de travail
e) La place du corps de l’enfant en classe
5) Vignette clinique de Lucie : quand le changement de cadre impacte l’enfant
a) Présentation de Lucie et anamnèse
b) Bilan psychomoteur de Lucie
c) Illustrations de séance de psychomotricité
d) La différence de cadre : quels impacts sur l’enfant ?
II. L’enfant présentant des difficultés scolaires
1) Rappel sur les concepts théoriques de base
a) L’apprentissage, qu’est-ce que c’est ?
b) Quand l’apprentissage est compliqué : quelle classification pour quelle difficulté ?
2) Liens entre ces difficultés scolaires et l’organisation psychomotrice de l’enfant
a) Lien avec la motricité et le corporel
b) Lien avec les fonctions cognitives
c) Lien avec le psycho-affectif
3) Vignette clinique de Logan : quand l’enfant apprend autrement
a) Présentation de Logan et anamnèse
b) Bilan psychomoteur de Logan
c) Illustrations de séances en psychomotricité : quels liens avec la scolarité de Logan?
d) Théorie cognitive, écologique, dynamique : laquelle choisir ?
e) Quels liens avec les difficultés d’apprentissage de Logan ?
III. Du point de vue d’André Bullinger … de la sensori-motricité en classe ?
1) Approche sensori-motrice de Bullinger et ses grandes notions
a) La distinction entre corps et organisme
b) Qu’est-ce que la sensori-motricité ?
c) Les 4 modes de régulation tonique permettent
d) … la construction d’un équilibre sensori-tonique ?
e) Boucle archaïque, boucle cognitive
2) L’intégration neurosensorielle et l’approche sensori-motrice : deux perspectives complémentaires ?
3) Cas clinique de Lina, illustration de ce point de vue sensori-moteur
a) Présentation de Lina et anamnèse
b) Bilan psychomoteur et sensori-moteur de Lina
4) Cas cliniques et approche sensori-motrice : quels liens ?
a) Le cadre d’une approche théorique et son apport
c) Dans le cas de Lina : l’habituation et la transmodalité
b) Dans le cas de Lucie : l’axe corporel et le tonus postural
c) Dans le cas de Logan : la réaction aux flux sensoriels et l’expérience sensorimotrice
IV. Discussion
1) Le cadre en psychomotricité : atout pour soutenir le vécu en classe
a) La richesse du cadre en psychomotricité
b) Témoignage d’une neuropsychologue : quand le professionnel rend acteur l’enfant
c) Les multiples facettes de l’intelligence
2) Communication avec les autres professionnels et les enseignants
a) Vignette de Logan : quand l’enseignante participe à l’ajustement du projet thérapeutique
b) Témoignages d’enseignantes : quand la classe côtoie la rééducation
c) Ajouter de l’individuel au collectif … Et du groupe en individuel ?
3) Accompagner l’enfant pour soutenir l’élève
a) Enfant avant d’être élève
b) L’importance de la petite enfance dans la régulation tonique
c) Accompagnement d’un enfant, synonyme d’accompagnement d’une famille ?
4) Et le psycho-affectif dans tout ça ?
a) Le poids du regard pour Logan et l’importance du plaisir pour Lina
b) Équilibre sensori-moteur et équilibre affectif : deux balances complémentaires
Conclusion
Bibliographie

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