Structures et dynamiques spatiales de la répartition de la population par sexe

« It is often said that women make up a majority of the world’s population. They do not. » [SEN A., 1990, p. 61]. Depuis les années 1955, la population mondiale est devenue à majorité masculine. L’outil qui permet d’étudier la répartition par sexe d’une population est le rapport de masculinité. Généralement, le rapport de masculinité est décrit comme le nombre d’hommes pour 100 femmes. Il prend ainsi la forme du ratio suivant :

RM = 𝑁𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑑′ℎ𝑜𝑚𝑚𝑒/𝑁𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑓𝑒𝑚𝑚𝑒 × 100

Lorsque la valeur de celui-ci est supérieure à 100 cela signifie que la population est à majorité masculine ; à l’inverse une valeur inférieure à 100 correspond à une population à majorité féminine. Les premières recherches réalisées au XVIIème siècle ont permis d’observer que le nombre de garçons est supérieur à celui des filles à la naissance. Le rapport de masculinité peut s’étudier sur l’ensemble d’une population à une date donnée ou sur un groupe d’âge. Il peut également s’analyser à différentes échelles. Cependant, la taille de l’échantillon utilisé peut faire varier la fiabilité des résultats. Plus la taille de l’échantillon est importante plus les résultats sont significatifs. Le rapport de féminité (RF) peut également être calculé. Il correspond au rapport entre le nombre de femmes et le nombre d’hommes. En Inde par exemple celui-ci correspond au nombre de femmes pour 1 000 hommes. Il prend alors la forme de :

RF = 𝑁𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑓𝑒𝑚𝑚𝑒 /𝑁𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑑′ℎ𝑜𝑚𝑚𝑒 × 1000

Un rapport de masculinité équivalent à 105 hommes pour 100 femmes correspond à un rapport de féminité de 952 femmes pour 1 000 hommes. Les deux opérations mettent en évidence le « manque » ou « l’excédent » d’hommes ou de femmes.

Les sous-enregistrements sélectifs, la différence de mortalité selon le sexe, les migrations, les conflits et le vieillissement des populations représentent un ensemble de facteurs qui peut affecter le déséquilibre de sexes.

Dans ce mémoire, nous nous intéressons aux effets des conflits sur la structure par sexe de la population. De manière générale, « les pertes subies [lors de conflits] s’y traduisent par une diminution du nombre d’hommes pour cent femmes » [Henry L. 1948, P. 101]. Ainsi notre problématique est plutôt générale et globale : Comment le conflit influence-t-il le déséquilibre de sexes sur le territoire ? Notre étude a pour objectif d’analyser et de localiser les déséquilibres de sexes les plus importants. Afin d’illustrer nos propos nous avons fait le choix de nous intéresser au conflit yougoslave. Dans lequel plus de quatre millions de personnes sont déplacées et deux tiers des personnes tuées sont des personnes civiles. Notre première hypothèse est que, pendant un conflit, l’élimination des hommes sur les lieux de guerre entraîne des déséquilibres de sexes. Celle-ci nous amène à notre seconde hypothèse : les déséquilibres de sexes ont une structure spatiale.

Afin de confirmer ou réfuter nos hypothèses dans le cas du conflit yougoslave, il est indispensable d’effectuer notre étude avant et après le conflit. Pour cela, nous nous intéressons principalement aux dates de 1981 et de 2011 (2013 pour la Bosnie-Herzégovine). Après une description théorique du rapport de masculinité et une présentation méthodologique du travail préparatoire exécuté dans un premier chapitre, nous allons nous concentrer, dans le second, aux conflits et transformations démographiques de l’aire d’étude. Enfin, nous allons étudier dans un dernier chapitre la répartition spatiale du rapport de masculinité.

Le Rapport de masculinité, ou sex-ratio, s’exprime généralement en nombre d’hommes pour cent femmes. Il représente le rapport du nombre d’hommes en fonction du nombre de femmes, dans une population ou un groupe d’âge à une date donnée. Lorsque la valeur est supérieure à 100, cela signifie que les hommes sont plus nombreux. Au contraire, lorsque celle-ci est inférieure à 100, les femmes sont plus nombreuses (INED). Quand nous inversons le rapport, c’est-à-dire, le nombre de femmes en fonction du nombre d’hommes, nous obtenons le rapport de féminité. L’un comme l’autre permettent de mettre en évidence le « manque » ou « l’excédent» d’hommes ou de femmes. Pour notre étude nous partons de l’hypothèse que le nombre d’hommes est inférieur au nombre de femmes. Dans notre cas plusieurs facteurs peuvent être pris en compte : les conséquences de la guerre, l’espérance de vie…

Les premières études portées sur le rapport de masculinité à la naissance ont eu lieu au cours des XVIIème et XVIIIème siècles, menées par un démographe anglais John GRAUNT et au XVIIIème siècle par un pasteur allemand Johan-Peter SÜSSMILCH. À la suite de trente années de recherches effectuées à partir des données des baptêmes à Londres, le démographe anglais, John GRAUNT conclut, en 1662, que le nombre de garçons à la naissance est supérieur à celui des filles. Lors de ses recherches il observe qu’à Londres pour 14 naissances garçons, il y a 13 naissances filles. Le pasteur allemand Johan-Peter SÜSSMILCH au XVIIIème siècle souligne à nouveau le déséquilibre entre le nombre de filles et le nombre de garçons à la naissance en écrivant « pour 1 000 fillettes nées, il vient 1050 garçons ». Cette norme de 105 garçons pour 100 naissances filles est considérée comme « un des rares paramètres démographiques à peu près constants ». À cette période, l’hypothèse de ce déséquilibre est « le fruit d’un dessein divin que l’être humain ne peut pas saisir » [GRENIER J-Y., 2008].

Laissant de côté les raisons religieuses du déséquilibre, au cours de la seconde partie du XVIIIème siècle, des recherches sont effectuées par deux mathématiciens, LAPLACE et CONDORCET afin de trouver des raisons scientifiques à ce phénomène.

LAPLACE « se demande jusqu’à quel point on pourrait obtenir ces chiffres au cas où un nouveauné aurait la même probabilité ici ou là d’être un garçon à Paris et à Londres » [BRIAN E.,JAISSON M., 2007, p. 43]. Il considère ce surplus masculin à la naissance comme « une loi constante de la nature » [BRIAN E., JAISSON M., 2007, p. 64]. Pour le mathématicien, les variations du rapport de sexes à la naissance sont liées au hasard. C’est pourquoi, « il apparaît avoir progressivement restreint sa compréhension à son aspect le plus général qu’il a constitué en loi, et dont les seuls éléments sont le hasard et une cause unique : la plus grande facilité de la naissance des garçons » [BRIAN E, JAISSON M, 2007, p. 65]. La loi qu’il établit sur ce phénomène et porte sur le surplus de naissances masculines des garçons, avec comme éléments : le hasard et la grande facilité des naissances garçons (BRIAN E., JAISSON M., 2007, p. 64]. Par la suite, en découle la loi des grands nombres. En statistique, elle met en avant le fait que plus l’échantillon aléatoire est important plus il se rapproche des caractéristiques de la population.

CONDORCET a quant à lui une toute autre approche sur le sujet. Il s’interroge sur l’évolution du rapport de masculinité à la naissance, à partir des « réflexions sur la méthode de déterminer la probabilité des événements futurs d’après l’observation des événements passés » [CONDORCET, 1786]. Il pense que les hommes peuvent provoquer la probabilité de la naissance d’un des deux sexes. Il cherche, à travers des données démographiques de plusieurs pays, un ensemble de facteurs qui jouerait un rôle sur la probabilité de la naissance de garçons ou de filles. À la suite de leurs recherches, d’autres savants se sont questionnés à leur tour sur le rapport de masculinité à la naissance.

En 1823, Joseph FOURIER, mathématicien et physicien français, met de côté la logique naturaliste de LAPLACE, pour donner une plus grande importance à la « physique ». Ses questionnements portent tout d’abord sur l’ensemble de la population en prenant en considération qu’il existe des facteurs qui altèrent la population et sur la relation entre une surmasculinité à la naissance et le climat. Afin d’obtenir un résultat plus précis ses observations sont nombreuses et réparties dans différentes régions du monde. Il considérait que « l’écart autour de la proportionnalité des naissances était proportionnel à la racine carrée du nombre des observations ».

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1
LE RAPPORT DE MASCULINITÉ : DÉFINITION ET TRAVAIL INITIAL
I. LE RAPPORT DE MASCULINITÉ : UN OUTIL NÉCESSAIRE À L’ÉTUDE DE LA STRUCTURE PAR SEXE D’UNE POPULATION
II. LES DONNÉES ET LA REPRÉSENTATION CARTOGRAPHIQUE
CHAPITRE 2
LE CONFLIT ET LES TRANSFORMATIONS DÉMOGRAPHIQUES
I. LE CONFLIT YOUGOSLAVE : À L’ORIGINE DE NOUVELLES FRONTIÈRES
II. ÉVOLUTION DE LA POPULATION
CHAPITRE 3
STRUCTURES ET DYNAMIQUES SPATIALES DE LA RÉPARTITION DE LA POPULATION PAR SEXE
I. DU RAPPORT DE MASCULINITÉ GLOBAL INFRANATIONAL AU RAPPORT DE MASCULINITÉ PAR ÂGE À ÉCHELLE NATIONALE
II. UNE RÉPARTITION SPATIALE HÉTÉROGÈNE DES POPULATIONS LES PLUS JEUNES ET DES PLUS ÂGÉES
CONCLUSION

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