Structure, fonctionnement et évolution des équipes entrepreneuriales

L’entrepreneuriat intéresse davantage le public, il attire le monde universitaire et se professionnalise de plus en plus. Marchesnay (2008) mentionne que cette discipline était « (…) encore exotique dans les années 70, a donc connu les trois étapes d’un paradigme, à savoir la naissance, la connaissance et, enfin, la reconnaissance. Celle-ci se concrétise par un grand engouement, une légitimité affichée des programmes d’enseignement et de recherche en entrepreneuriat. Ces programmes, dont le nombre va en croissant notamment dans les écoles de management, mais aussi d’ingénieurs (…) » (Marchesnay, 2008, p. 1). Le mythe de l’entrepreneur a, probablement, aidé à cette reconnaissance. En effet, l’entrepreneur est considéré comme l’acteur principal de l’entrepreneuriat, qualifié de héros (Reich, 1987), d’innovateur (Schumpter 1934, in Filion, 2008)), de créateur de valeur (Bruyat, 1993).

De nombreuses publications ont étudié les caractéristiques de l’entrepreneur, sa fonction, sa dynamique, ses relations avec les parties prenantes. A partir des années quatre-vingt-dix, les chercheurs se sont intéressés à une nouvelle thématique de l’entrepreneuriat, un engouement pour la recherche sur les équipes entrepreneuriales apparait. Effectivement, l’entrepreneuriat n’est pas que l’affaire d’un entrepreneur individuel. Pour Gartner (1989) par exemple, l’entrepreneuriat est quasiment de l’ordre du collectif. Nous nous situons dans cette perspective. Dans un premier temps, nous présenterons le champ de recherche de l’entrepreneuriat. Dans un deuxième temps, nous expliquerons la naissance théorique du concept d’équipe entrepreneuriale. Et, dans un troisième temps, nous découvrirons l’objet de notre recherche.

Le champ de recherche de l’entrepreneuriat 

Nous n’allons pas entrer dans un débat controversé « sur ce qu’est l’entrepreneuriat» (Paturel, 2007, p. 27) qualifié de stérile par Paturel (2007). Nous nous limiterons à présenter les études de quelques auteurs.

Les trois approches les plus citées dans la littérature 

Dans la littérature trois approches sont fréquemment citées pour expliquer le champ de l’entrepreneuriat.

D’abord, la conception de Gartner (1985b) considère l’entrepreneuriat comme un processus conduisant à l’émergence d’une organisation par la mobilisation des ressources et des compétences afin de concrétiser une opportunité. En d’autres termes, cette conception étudie la naissance des nouvelles organisations et leurs processus de concrétisation. Ensuite, la conception de Bruyat (1993) se base sur la dialogique individu/création de valeur, « L’entrepreneur ne peut se définir qu’en référence à un objet (création de valeur), objet dont il fait partie, dont il est lui-même la source et dont il est le résultat », c’est-à-dire que le résultat (la création de l’entreprise par exemple) est indissociable du sujet (équipe entrepreneuriale par exemple). Pour cet auteur, l’individu est une condition nécessaire pour la création de valeur. Cela ne nous empêche pas de dire qu’un ensemble d’individus peut être nécessaire pour la création de valeur. Enfin, nous pouvons citer la conception de Shane et Venkataraman (2000) qui définit l’entrepreneuriat comme un « processus par lequel, des opportunités à créer des produits et des services futurs sont découvertes, évaluées et exploitées. » (Shane et Venkataraman, 2000, p. 18). Nous pensons que les trois conceptions sont complémentaires. En effet, l’identification de l’opportunité est nécessaire pour aboutir à l’émergence d’une organisation. Et pour y arriver, la création de la valeur est un objectif. Il faut dire que l’entrepreneuriat est un phénomène complexe. Gartner (1985b) a proposé un modèle de cinquante trois variables, classées en variables individuelles, variables environnementales, variables organisationnelles et variables processuelles afin de témoigner de la multidimensionalité de ce phénomène. D’autres auteurs, comme Fayolle (2004), Filion (2008); Verstraete et Saporta (2006) considèrent que le phénomène entrepreneurial est constitué de processus, d’environnement, d’entrepreneur et des ressources de l’entreprise. Quant à Bygrave et Hofer (1991), ils définissent l’entrepreneuriat à la fois par les caractéristiques et les fonctions de l’entrepreneur et par les composantes du processus entrepreneurial. La diversité des approches et la multitude des définitions ne participent pas à la stabilité du domaine de recherche de l’entrepreneuriat. Selon Fayolle (2002), « l’entrepreneuriat , en tant que domaine de recherche, se trouve à un carrefour. Il nous semble que le développement scientifique de ce champ ne peut se poursuivre qu’à partir d’une vision commune et d’un large accord sur un corpus de connaissances, de théories produites, des perspectives et des méthodes de recherche utilisées » (Fayolle, 2002, p. 1). En dépit de l’inexistence d’une large acceptation d’un corpus théorique et d’une définition de l’entrepreneuriat, plusieurs paradigmes ont vu le jour.

Les paradigmes de l’entrepreneuriat

Paturel (2007) en a énuméré sept avec « une conception extensive » (Paturel, 2007, p. 32)
– Une approche par les traits qui consiste à identifier l’entrepreneur par ses caractéristiques propres à lui. Il s’agit de répondre à la question « Qui ? ». L’utilisation de cette approche est limitée, sauf si un changement important lié aux caractéristiques influence l’organisation. Nous pensons, que choisir cette approche devrait être complétée par d’autres approches que nous détaillerons dans la suite de nos propos ;
– Une approche par les faits ; cette approche permet de répondre à la question «Quoi? », elle s’intéresse aux comportements de l’entrepreneur ;
– Une approche par l’impulsion de l’organisation (Gartner, 1985b, 1989) : il s’agit de représenter l’entrepreneuriat par l’émergence d’une organisation (Gartner, 1989, p. 49). Cette dernière est définie par l’identification de quatre propriétés classées en deux catégories (Katz et Gartner, 1988) : les propriétés processuelles (l’intention et l’échange) et les propriétés structurelles (les ressources et les limites). Quand l’intention, l’échange, les ressources et les limites sont présents et interagissent entre eux, Katz et Gartner (1988) estiment qu’il existe une organisation. Nous expliquons brièvement chaque paramètre :
· L’intention est la volonté d’agir pour créer une organisation, elle précède souvent les trois autres propriétés.
· L’échange qui permet de communiquer en interne avec les acteurs de l’organisation et en externe avec son environnement.
· Favoriser les ressources nécessaires : humaines, financières et matérielles pour donner naissance à une organisation.
· Les limites permettent, en premier lieu, de donner un statut propre à l’organisation et en deuxième lieu de la séparer de son environnement et de l’individu.
– Une approche par les opportunités ; elle consiste, d’abord, à identifier les opportunités, ensuite à les étudier et enfin à les exploiter (Shane et Venkataraman, 2000) ;
– Une approche par le processus ; elle consiste à décrire les étapes de création et de reprise des organisations ;
– Une approche par l’innovation ; il s’agit pour cette approche de rendre compte du processus entrepreneurial par la mise en place de nouveaux produits, de nouveaux marchés, de nouvelles techniques (Schumpeter, 1934, 1939) ;
– Une approche par la création d’une valeur nouvelle adaptée par Paturel (2007) : « Il s’agit d’une extension de l’approche par l’innovation adaptée au champ de l’entrepreneuriat » (Paturel, 2007, p. 35). Elle consiste à innover pour créer de la valeur ou économiser la valeur existante.

Paturel (2007) combine les différentes approches citées précédemment pour proposer une définition de l’entrepreneuriat : « l’entrepreneuriat est, à partir d’une idée, l’exploitation d’une opportunité dans le cadre d’une organisation impulsée, créée de toute pièce ou reprise dans un premier temps, puis développée ensuite, par une personne physique seule ou en équipe qui subit un changement important dans sa vie, selon un processus qui aboutit à la création d’une valeur nouvelle ou à l’économie de gaspillage de valeur existante ? » (Paturel, 2007, p. 36) Pour rendre le champ de l’entrepreneuriat encore plus intelligible trois questions peuvent être posées :

– « what », le quoi ? Il suffit de se concentrer sur l’entrepreneur. A l’instar de Schumpeter (1935, (in Filion, 2008)), l’entrepreneur est un acteur de l’innovation ; c’est grâce à ses initiatives et à sa prise de risque qu’il apporte un changement essentiel à l’entreprise. Son rôle est non seulement d’agir pour créer une entreprise mais aussi de trouver des possibilités encore inconnues dans l’environnement et d’être pionner pour avoir la fonction d’entrepreneur ;
– « Why and Who : le pourquoi? Le qui ? Cette approche s’intéresse aux caractéristiques propres à l’entrepreneur : ses traits de personnalités, ses comportements. Herron et Robinson (1993) (in Hernandez, 1999) s’y sont intéressés et expliquent plus concrètement que les motivations, les capacités, les aptitudes, les compétences et la formation de l’entrepreneur formatent son comportement.
– « How », le comment ? Cette approche qui fait référence au processus entrepreneurial. Comment l’entrepreneur agit-il pour créer une entreprise ? (Gartner 1985). Nous nous intéressons alors aux interactions entre l’environnement, l’entrepreneur et le projet pour aboutir, in fine, à la décision de créer ou non une organisation. Il est utile, dans ce cas, de passer par un processus à trois dimensions: la propension à créer, l’intention de créer et la structuration de l’information (in Hernandez, 1999, p. 63). En effet, ce n’est pas la structure juridique qui fait l’entrepreneuriat mais c’est le cheminement processuel complexe par lequel passe le porteur de projet.

Les modèles de l’entrepreneuriat

Pour rendre le champ de recherche de l’entrepreneuriat intelligible, plusieurs auteurs ont en effet, proposé des modèles théoriques. Nous en citerons quelques uns succinctement.

Le modèle des « 3 E » 

Le modèle des « 3 E » de Paturel (2007) permet d’évaluer la pertinence du projet. Bien que l’entrepreneur soit un acteur essentiel dans l’entrepreneuriat, son projet y contribue beaucoup.

Selon le même auteur (2007), le projet a des chances de réussir s’il se trouve dans la zone de cohérence des « 3 E », « avec E1, l’intention entrepreneuriale constatée du porteur, E2, les compétences (et les ressources) à réunir pour le réaliser et E3, un environnement global, spécifique et de proximité favorable » (Paturel, 2007, p. 37). En d’autres termes, le E1 concerne les ambitions du créateur, qui sont traduites par le lancement dans la création d’entreprise. Le E2 est l’ensemble de ressources et de compétences qui permettent au créateur de passer à l’action de la création. Le E3 caractérise un environnement favorable permettant au créateur de se lancer dans la création d’entreprise sereinement (Figure 1). Paturel (1998) synthétise en présentant le projet d’un créateur « comme étant parfaitement en cohérence avec la zone de comptabilité de ses aspirations (E1), de ces compétences et ressources perçues qui seront intégrées dans la société constituée (E2), et des possibilités de l’environnement (E3) qu’il soit global ou propre à l’activité » (Paturel, 1998, p. 14)

Le modèle de Shapero

Selon Shapero (1975), le parcours éducatif, les expériences personnelles et professionnelles de l’individu pourraient lui donner une disposition à l’entrepreneuriat. Il explique dans son modèle quatre notions clés pour entreprendre :
– La « désirabilité » de l’acte : cette variable mesure le degré d’attrait que pourrait avoir un individu pour l’entrepreneuriat. En effet, Shapero (1975) précise que les entrepreneurs ont une soif d’indépendance et une grande envie de contrôler l’environnement.
– La faisabilité de l’acte : cela consiste à s’interroger sur la réalisation du projet et sur la capacité de l’individu à le mener à terme et à réunir les ressources nécessaires.
– La crédibilité de l’acte : le futur entrepreneur doit croire en ses capacités d’entrepreneur et doit s’imaginer dans le futur de l’entreprise. La crédibilité est aussi liée aux références sociales de l’individu. Elles lui enverront une image positive ou négative de l’entrepreneuriat.
– Le déclencheur de l’acte: c’est un événement qui pourrait faire précipiter l’individu à entreprendre. A titre d’exemple : un licenciement, une détection d’une opportunité d’affaires.

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Table des matières

Introduction générale
I. Le champ de recherche de l’entrepreneuriat
II. La naissance théorique de la notion « Equipe Entrepreneuriale » dans la sphère de l’entrepreneuriat
III. Evaluation des équipes entrepreneuriales : objet de notre recherche
PARTIE 1- Les fondements d’une approche systémique de l’équipe entrepreneuriale
Introduction de la première partie
Chapitre 1 : Positionnement de l’équipe entrepreneuriale dans le champ de l’entrepreneuriat
Introduction
I. Inventaire de la littérature consacré aux « équipes entrepreneuriales »
II. Les différents thèmes identifiés
Conclusion
Chapitre 2 : Définition systémique de l’équipe entrepreneuriale
Introduction
I. L’Equipe entrepreneuriale sous l’angle de l’approche systémique
II. Proposition d’une modélisation systémique du système « Equipe Entrepreneuriale»
Conclusion
Conclusion de la première partie
PARTIE 2- Les réalités de l’équipe entrepreneuriale conçue comme système
Introduction de la deuxième partie
Chapitre 3 : L’appréhension de l’équipe entrepreneuriale par les accompagnateurs : Résultats des études préliminaire et principale du terrain
Introduction
I. Etude préliminaire
II. Etude principale
Conclusion
Chapitre 4 : Simulation de la modélisation des équipes entrepreneuriales : Etude de cas
Introduction
I. Méthodologie de la recherche
II. Etude de cas et Analyse
III. Résultats et discussion
Conclusion
Conclusion de la deuxième partie
Conclusion générale

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