Stratégies d’adaptation à la variabilité climatique

Le Sénégal est considéré comme le pays le plus avancé du continent africain sur l’océan Atlantique. Son espace maritime de 198.000 km 2, pourrait expliquer la densité plus élevée des zones côtières par rapport à l’hinterland. Ces espaces, plus convoités, regroupent environ 75% de la population totale du Sénégal. Situé à 25 km au sud est de la ville de Dakar, Rufisque est le seul Département du Sénégal comprenant une zone urbaine et une zone rurale. Elle est composée de 4 communes que sont Rufisque, Bargny, Sébikhotane et Diamniadio ; et 2 communautés rurales (Sangalkam et Yenne) sur 371 km2. La Commune de Rufisque couvre une superficie de 42 km2, et est le passage obligé pour entrer ou sortir de Dakar. Elle est petite par rapport à la superficie de l’ensemble du Département . Pendant la colonisation, Rufisque fut l’une des 4 communes du Sénégal. Elle fut une ville florissante grâce à son port d’où l’arachide était embarquée à destination de l’Europe et de l’Asie. De nos jours, Rufisque est une ville en déclin peinant à se relever. L’historique de Rufisque montre qu’elle est plus ancienne que Dakar. Elle a été fondée au XVe siècle par la population autochtone lébou, dont l’activité principale fut la pêche. Ainsi Thiawléne, Mérina et Diokoul, qui ont été les premiers foyers occupés par la population lébous ne connaissent pas d’activités commerçantes, contrairement à l’escale (Keury Kao et Keury Souf) et ses environs qui sont des quartiers d’affaires.

Rufisque bénéficiait d’une importance économique capitale due à sa position géographique. Elle constitue l’unique voie d’accès et de sortie de la capitale sénégalaise, aussi bien par la route que par le chemin de fer. Elle a joué un rôle historique très important au cours du XVIIIe siècle avec l’installation des comptoirs hollandais. Il y fut donc construit un wharf avec une capacité d’environ 25.000 tonnes d’arachides, sur un total de 80.000 exportées à cette époque vers l’Europe via son port, au XIXe siècle. Rufisque fut érigée au grade de Commune le 12 Juin 1880, ce qui fut un élan dans son accroissement aussi bien démographique qu’économique. Mais, cet élan sera freiné par la fulgurante émergence de Dakar, promue capitale de l’AOF en 1904, puis, du Sénégal, bénéficiant, ainsi, de beaucoup de privilèges.

La population inégalement répartie, concentre la majorité des habitants dans les quartiers traditionnels. Elle est relativement jeune avec 66% de moins de 25 ans d’après l’Agence de la Prévision et de la Statistique du Sénégal. Cela explique l’augmentation du chômage chez cette catégorie d’âge d’où une paupérisation non négligeable. Toute la partie ouest du Département de Rufisque, c’est-à-dire, celle délimitée par l’océan Atlantique, est très exposée aux impacts de la variabilité climatique. D’une manière générale, cette modification des paramètres statistiques du climat global de la terre ou de ses différents climats régionaux, peut être naturelle (due aux effets intrinsèques à la terre) ou anthropique (activités humaines).

En effet depuis des millénaires, des variations ont été enregistrées aussi bien au niveau du climat qu’au niveau de l’élevation de la mer. Mais de nos jours, l’industrialisation galopante et non contrôlée est en train de mener à la déstabilisation de l’environnement mondial. Le littoral rufisquois, comme la presque totalité des 700 km de frange littorale sénégalaise, est confronté aux fléaux d’inondation, d’érosion etc. Rappelons que cet espace est privilégié, aussi bien au plan de son occupation, que pour ses avantages socioéconomiques. Cette forte concentration de la population sur les côtes combinée aux changements globaux augmente la menace d’autant plus que, pour Rufisque, la structure géologique de son espace est particulièrement exposée.

Nos recherches vont, spécifiquement, concerner la zone Est de la Commune de Rufisque, plus précisément, les quartiers entre Keury Kao et Bata. Ce sont respectivement le quartier central de Keury Kao (quartier résidentiel durant la colonisation), celui de Mérina, et ceux des deux Thiawléne. A travers cette étude, nous envisageons, en premier lieu, de montrer la vulnérabilité du milieu physique et humain du Département de Rufisque, en général, et de la Commune de Rufisque Est en particulier. Cette dernière abrite les quartiers cibles de notre étude (Keury Kao, Mérina, Thiawléne/Bata). Ensuite, nous analyserons l’impact de la variabilité climatique sur l’environnement de cette zone via l’évolution des paramètres climatiques lors de ces 30 dernières années. Pour finir, nous allons nous appesantir sur les incidences des interventions des différents acteurs (autorités étatiques, population) dans le processus de dégradation de leur environnement, et les stratégies d’adaptation face à cette nouvelle donne.

PROBLEMATIQUE 

Le contexte de l’étude 

La variation climatique s’explique par une modification durable des paramètres statistiques du climat global de la terre, ou de ses divers climats régionaux. Elle peut être due à des processus intrinsèques à la terre, à des influences extérieurs (variation de l’intensité du rayonnement solaire) ; ou plus récemment aux activités humaines (GIEC, 1996). Elle est l’évolution du climat, en partie, dû aux émissions de gaz à effet de serre (GES). Ceux ci altèrent la composition de l’atmosphère de la planète, pouvant aboutir, entre autres, à la destruction de la couche d’ozone.

Selon le groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC, 1996), le changement climatique serait un phénomène de croissance de la température moyenne des océans et de l’atmosphère à l’échelle mondiale, et l’homme en serait, à 90%, responsable. Les conséquences sont, entre autres, la fonte des glaciers, l’élévation du niveau et l’avancée de la mer, la destruction de l’écosystème, la recrudescence de certaines maladies infectieuses, etc. Dans plusieurs parties du globe, on observe de nombreuses inondations des zones côtières avec l’intensification des typhons, cyclones, ouragans, et même des tsunamis. Les experts considèrent que le réchauffement climatique cause en moyenne 300000 décès / an (G.I.E.0 1996). Depuis plusieurs années, on a constaté une diminution de la pluviométrie dans certains endroits, l’effet inverse dans d’autres, et l’accroissement de la désertification. La hausse des températures est relevée sur tout le globe. Les pays en voie de développement, pourtant moins pollueurs, souffrent davantage que ceux développés.

Sentant tous ces impacts sur l’environnement, plusieurs rencontres ont été organisés afin de trouver des solutions adéquates. C’est dans ce sens qu’ont été organisées des conférences comme celle de Rio (1992), celle de Kyoto (1997) et plus récemment celle de Copenhague (2009), de Mexico (Novembre 2010), enfin celle de Cancoune (Décembre 2011). De multiples accords furent signés. Globalement, dans ces accords, on « reconnaît l’importance de réduire les émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts, et la nécessité d’améliorer l’élimination de gaz à effet de serre (GES) par les forêts ».

Le Sénégal, pour sa part, a ratifié les protocoles en vigueur sur le réchauffement climatique. La zone côtière, d’une importance capitale pour ce pays, est longue de 700 km, et concentre 80% des offres d’emplois. Des Communes s’y sont développées en se greffant aux villages traditionnels. Cette dynamique spatiale et socio-économique du littoral est la source d’une désarticulation de tout un système traditionnel. Car ce secteur qui n’abritait auparavant que des pécheurs, s’est considérablement transformé.

Les ressources et infrastructures du littoral sont exposées à un grand risque, celui de subir les effets des catastrophes naturelles de plus en plus récurrentes depuis quelques années le long de la côte sénégalaise (Mbao, Rufisque, Bargny, Djiffère…). Or, dans ce contexte de changement climatique, nul ne dispose, réellement, d’informations suffisantes, ni de moyens adéquats permettant de faire face à ces aléas. D’où l’intégration, par les autorités, du risque climatique dans les plans d’urbanisation pour contrecarrer ce facteur. Au Sénégal, l’environnement littoral est défiguré, et plus spécifiquement celui de Rufisque. Dans cette ville, Niang Diop Isabelle et Debeney J.P (1995), constatent un recul du littoral à une échelle de 1,30 mètres / an depuis 1937. Et Diop Amadou Canar (2009) affirme, que si des mesures efficaces ne sont pas mises en oeuvre d’ici 50 à 75 ans, la mer arrivera jusqu’à la route nationale de Rufisque, et les travaux de l’agence nationale pour l’organisation de la conférence islamique (ANOCI) sur la Corniche Ouest seront engloutis par les eaux d’ici 100 ans. Les impacts du phénomène ont déjà commencé à se manifester. Pour illustration, le cimetière de Thiawléne a été envahi par les eaux de l’Atlantique le ter Juillet 2007 et 120 corps ont été déterrés et emportés par la mer. La communauté lébous, population traditionnelle majoritaire à Rufisque, est depuis cette date sur le qui vive pour apporter une réponse ne serait-ce que ponctuelle au problème. Dans ce sens, elle a élu 45 dignitaires élevés au grade de « Ndey ji Rew » pour lui servir d’intermédiaire auprès des autorités. Depuis, un mur de protection a été érigé au quartier de Diokoul Kao sur 115 mètres de longueur et 4 mètres de hauteur.

METHODOLOGIE 

La revue documentaire

Il s’agit de faire une documentation bibliographique. Celle-ci consiste en la consultation de documents et ouvrages généraux ou spécialisés dans les domaines de la variabilité climatique, du milieu physique, littoral, et marin du Sénégal, en général, et, du Département de Rufisque, en particulier. Ainsi pour cela, nous nous sommes rendues dans certains instituts de recherches et de documentations. Nous avons fréquenté les bibliothèques centrales de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, du département de géographie, de l’Institut Fondamental de l’Afrique Noire (I.F.A. N.) ; et les services de l’Institut des Sciences de l’Environnement (I.S.E), de l’Institut de Recherche et de Développement (I.R.D), d’Enda tiers monde, du centre de suivi écologique (C.S.E.), de l’UNESCO /BREDA, etc.

Le navigateur Google chrome nous a servi, de moteur de recherche, surtout, pour avoir accès, à certains articles, et études publiés, et ayant trait à notre thème d’étude et de recherche.

La phase de terrain

D’un premier entretien sur le sujet, nous avons pu rencontrer le professeur Isabelle Niang, qui, ayant beaucoup travaillé sur le littoral sénégalais, et rufisquois en particulier, nous a cordialement aidé, et mis en contact avec certains des ses étudiants qui travaillent actuellement sur cette zone. Nous avons, aussi, eu plusieurs entretiens à la direction des services techniques (DST), d’abord, avec l’ex directeur (monsieur Babacar N’diaye Seck), ensuite, avec l’actuel directeur (monsieur Bamba N’diaye). Nous avons, aussi, mené des enquêtes auprès de personnes ressources, en l’occurrence certaines autorités compétentes, pour nous imprégner des mesures et législations prises pour lutter efficacement contre les effets de la variabilité climatique (notamment à la municipalité de Rufisque).

Beaucoup d’autres entretiens, et enquêtes, ont, aussi, été menés, dans ce cadre, pour les besoins d’information, sur la situation socio-économique de la Commune de Rufisque, les problèmes environnementaux etc.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PROBLEMATIQUE
METHODOLOGIE
PREMIERE PARIE. ÉTUDE PHYSIQUE ET HUMAINE DE RUFISQUE
Chapitre 1. Le cadre physique de Rufisque
Chapitre 2. La dynamique de la population de Rufisque
DEUXIEME PARTIE. LE PHENOMENE DE LA VARIABILITE
CLIMATIQUE ET SES CONSEQUENCES.
Chapitre 3. Analyse des paramètres climatiques de la Commune de Rufisque
Chapitre 4. Etude du changement climatique dans la Commune de Rufisque
TROISIEME PARTIE. LES STRATEGIES D’ADAPTATIONS MISES EN OEUVRE
Chapitre 5. Les mesures élaborées par les acteurs
Chapitre 6. Les limites des stratégies d’adaptation
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUE
ANNEXES

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