Statut des ligneux en Afrique de l‟ouest

Statut des ligneux en Afrique de l’ouest 

De tous temps et dans toutes les civilisations, les arbres ont été un sujet de pensée symbolique et ont inspiré des mythes et des religions. En Afrique de l‟Ouest, de nombreuses légendes relatent la fondation de villages près de grands arbres (Alexandre & Ouedraogo, 1992). Les ligneux rentrent dans le cycle biogéochimique des systèmes de production par apport de la biomasse et/ou de la nécromasse, la création de microclimat favorable aux cultures et la protection des sols contre les érosions hydrique et éolienne (Young, 1995). On donne le nom de ligneux aux plantes qui contiennent de la lignine, substance organique qui imprègne et unit entre elles les cellules et les fibres de certains végétaux notamment le bois. Les ligneux conservés dans les champs sont pour les populations rurales une alternative aux productions agricoles mais aussi une source additionnelle d‟aliments et des revenus (Badiane et al., 2019). A travers la fourniture d‟une diversité de biens et services, le maintien de façon délibérée de certains ligneux dans les espaces agraires est capital pour le développement socio-économique des communautés locales (Natta et al., 2012). Les produits ligneux constituent des ressources importantes pour toutes les nations en raison de leur rôle notable dans les économies des pays. Dans certaines régions d‟Afrique de l‟ouest, jusqu‟à 75% de la récolte totale de produits ligneux et non ligneux proviennent des parcs agroforestiers (Boffa, 2000). Les flux mondiaux des produits du bois ont mobilisé, en 2003, une somme de 117,66 milliards de dollars US (Anonyme, 2006 ; KakaÏ et al., 2008). Certains de ces produits comme la gomme arabique (Acacia senegal) fournissent à plusieurs nations du Sahel leurs principales recettes d‟exportation(Boffa, 2000). Selon l‟évaluation économique faite par l‟UICN (2006), le bois de chauffe, le charbon, les matériaux drivés des ressources sauvages végétales ont participés à hauteur de 31,6 milliards FCFA dans l‟économie du Sénégal en 2000. Malheureusement, du fait de plusieurs facteurs dont la rareté de plans d‟aménagements forestiers adéquats, la pression démographique dans le monde et particulièrement en Afrique et les pratiques anthropiques (agriculture, chasse, élevage, transhumance, exploitation abusive), les produits forestiers sont en baisse constante (KakaÏ et al., 2008). La densité a généralement diminué de façon importante dans les paysages ruraux et parfois même dans les parcs agroforestiers, aux cours des derniers décennies, en particulier depuis la sécheresse des années 70, avec aujourd‟hui une prépondérance d‟arbres âgés et une absence de régénération parfois alarmante (Boffa, 2000).

Agroforesterie (AF) 

L‟histoire de l‟agroforesterie est particulière. L‟agroforesterie est né il y‟a plusieurs milliers d‟années en tant que pratique agricole (Torquebiau, 2000). Pour cerner le concept d‟agroforesterie plusieurs auteurs sont passés par la décortication des éléments mis en jeux. Ainsi, selon Young (1995), l’agroforesterie désigne des systèmes d’utilisation des terres où l’on fait pousser des arbres ou des arbustes en association avec des cultures, des pâturages ou du bétail, et dans lesquels existent des interactions à la fois écologiques et économiques entre les ligneux et les autres composantes. Un ensemble de pratiques agricoles qui intègre l‟arbre dans l‟environnement de production, et s‟inspirent, en terme agronomiques, du modèle de la forêt (AFAF, 2017). Ce qui revient le plus souvent dans la définition de ce concept c‟est la notion de système d‟utilisation des terres, la combinaison des facteurs, arbres, les cultures, les animaux mais aussi la notion d‟interactions écologique et économiques. Dans toutes les définitions proposées, la composante ligneuse est nécessairement présente pour qu‟on puisse parler d‟agroforesterie. L‟importance de cette discipline a conduit à la mise en place de l‟ICRAF depuis 1977. Ce centre est la seule institution qui effectue des recherches agroforestières d‟importance mondiale dans et pour toutes les régions tropicales. ICRAF définit l‟agroforesterie comme étant « un système de gestion des ressources naturelles reposant sur des fondements écologiques, qui intègre des arbres dans les exploitations agricoles et le paysage rural, et permet ainsi de diversifier et de maintenir la production afin d‟améliorer les conditions sociales, économiques et environnementales de l‟ensemble des utilisateurs de la terre. Une définition de l‟agroforesterie faisant à peu près l‟unanimité aujourd‟hui est la suivante : « la culture délibérée de plantes ligneuses pérennes en interaction écologique ou économique avec des cultures saisonnières ou de l‟élevage, simultanément ou en séquence temporelle (Nair, 1993)» . Parmi les modèles d‟agroforesterie, il y‟a l‟agroforêt qui constitue un modèle de gestion des ressources naturelles renouvelables, mais aussi un paradigme nouveau pour le développement durable des zones forestières. Au-delà des enseignements qu‟elle apporte en matière de sylviculture et de conservation, l‟agroforêt montre surtout comment la gestion globale des ressources forestières pourrait évoluer dans un sens totalement original en s‟intégrant davantage à l‟agriculture sans pour autant épouser les modèles de plantation mono spécifique (Michon et al., 1995). L‟agroforesterie peut augmenter les puits de carbone et permettre le développement d‟une agriculture durable sur des terres où elle remplace seulement des récoltes annuelles ou des sols dégradés (GIEC, 2002). Cette association, des arbres aux cultures ou aux pâturages, peut représenter une alternative durable au déboisement et à la culture itinérante, système de culture encore très répandu sous les tropiques. Elle est reconnue comme une activité capable de séquestrer du carbone par l‟UNFCCC dans le cadre des mesures de reforestation et de plantation. Ce plus grand potentiel de fixation vient d‟une meilleure efficience de capture et d‟utilisation des ressources, comparée à des systèmes en monoculture (Hamon et al., 2009).

Parc agroforestier (P.A) 

Le paysage agraire des savanes soudaniennes d‟Afrique de l‟Ouest est dominé par les parcs agroforestiers qui doivent leur existence, structure et dynamique à l‟intervention de l‟homme (Boffa, 1999; Natta et al., 2012) . Grâce à une sélection attentive des essences, les cultivateurs ont délibérément adapté la production arboricole à leurs besoins spécifiques, sur leurs terres (Boffa, 2000). Le parc peut être définit comme la présence dans un ordre ou de manière dispersé des arbres dans les champs. Les parcs agroforestiers quant à eux associent les arbres avec les cultures et/ou les animaux. Dans les P.A, il y‟a des interactions écologiques et économiques entre les différents éléments (ICRAF, 1980). Ils reculent les limites d‟une surcharge pastorale qui aurait depuis longtemps provoqué des désastres si les bêtes n‟avaient que la végétation herbacée à leur disposition. Le parc agroforestier est responsable non seulement du maintien du troupeau en saison sèche mais de son extraordinaire densité. D‟autre part, l‟ombre portée par les acacias évite les effets d‟un ensoleillement brutal et lui vaut, en particulier, une richesse en microorganismes extrêmement propice à l‟élaboration de l‟humus. Certains groupes comme, notamment les femmes, les pauvres, les immigrants et les jeunes adultes, tendent plus particulièrement à se consacrer aux activités de ramassage, voire parfois de transformation des produits des PA, cellesci ne requérant aucun investissement en espèces(Boffa, 2000).

Les systèmes agroforestiers (SAF) 

Dans le langage d‟analyse de système, un système fait référence à un groupe de composants physiques, c‟est-à-dire un assemblage d‟objets, connectés ou liés de manière à former et /ou agir comme une unité entière; un écosystème se compose d‟organismes vivants et de leur milieu non vivant avec lequel ils sont indissociablement liés. En termes d‟utilisation des terres, un système fait référence à un type d‟utilisation des terres spécifique à une zone et décrit selon ses aspects biotechniques ou socio-économiques. Par exemple, un système agricole ou système forestier désigne un type d‟utilisation des terres agricoles ou forestières de la localité, décrit en termes de ses principales composantes, niveau de gestion, nature de production, etc.

La classification SAF est nécessaire afin de fournir un cadre pour l‟évaluation des systèmes et l‟élaboration de plans d‟action pour leur amélioration. Cette classification se base sur 4 éléments : les composantes associées, le rôle des ligneux, la répartition spatiale (densité) et la durée des associations (cour de Thiam, 2020). Les techniques agroforestières ont jusqu’à maintenant été classées en trois catégories en fonction des composants présentes : agrosylvicole pour les associations de culture et d‟arbres, sylvopastorale pour les arbres et les animaux, agrosylvopastorale lorsque arbres, cultures et animaux sont tous trois associés. Cette classification ne permet pas de distinguer entre elles les associations franchement différentes, par exemple la culture en couloire, disposition répétitive de haies arbustives dans une parcelle de cultures saisonnières, et les jardins-forêts, petites parcelles arborées multi-étages avec des cultures en sous-bois à proximité des habitations (Torquebiau, 2000). Ainsi selon Torquebiau (2000), il existe six catégories fondées sur des critères physionomiques facilement observables :
✧ Les cultures sous couvert arborée, qui regroupent des techniques agroforestières telles que les arbres dispersés dans les parcelles agricoles, les parcs arborés, les arbres d‟ombrage associés à des cultures telles que le café ou le cacao, les cultures associés aux vergers, etc.
✧ Les agroforêts, qui concernent les associations agroforestières dans lesquelles les arbres constituent un ensemble dense, multi-étage, souvent diversifiés, associés à des cultures de sous-bois et souvent de l‟élevage, les jardins-forêts et certaines forêts villageoises en sont les meilleurs exemples.
✧ L‟agroforesterie en disposition linéaire, qui regroupe toutes les techniques dans lesquelles les arbres sont disposés selon les lignes dans le paysage agricole : haie et bocage, clôtures vivantes, brise-vents, haies en couche de niveau, culture en couloire, etc.
✧ L‟agroforesterie animal, dans laquelle les arbres sont associés à de l‟élevage, soit lorsque les animaux pâturent dans un environnement boisé, soit lorsqu‟ils sont nourris avec du brout.
✧ L‟agroforesterie séquentielle, où les arbres et les cultures ne sont pas simultanément présents sur la même parcelle, mais se succèdent dans le temps comme dans l‟agriculture brûlis, les jachères améliorés, les cultures temporaires dans les jeunes plantations forestières etc.
✧ Les techniques agroforestières mineures, qui concernent les associations d‟arbres avec des animaux particuliers tels que les vers à soie. Les insectes producteurs de laque, les abeilles, les poissons ou les crustacés.

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Table des matières

INTRODUCTION
I. SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
1.1. Statut des ligneux en Afrique de l‟ouest
1.2. Agroforesterie (AF)
1.3. Parc agroforestier (P.A)
1.4. Les systèmes agroforestiers (SAF)
1.5. Les inventaires forestiers
1.6. La séquestration de Carbone
1.7. Faidherbia albida
1.7.1 Taxonomie et classification
1.7.2 Description morpho-anatomique
1.7.3 Ecologie
1.7.4 Phénologie
1.7.5 Reproduction
1.7.6 Usages communautaire de l’espèce
II. MATERIEL ET METHODES
2.1. Présentation de la zone d‟étude
2.2. Matériel utilisé
2.3. Méthodes
2.3.1. Collecte des données sociaux-économiques
2.3.2. Dispositif de l‟étude
2.3.3. Traitement des données
III. RESULTATS ET DISCUTIONS
3.1. Connaissances locales
3.1.1. Statistique de la population
3.1.2. Connaissances locales sur la végétation ligneuse de la zone
3.2. Etat actuel du parc
3.2.1. Composition et densité floristique
3.2.2. Etude de la population de Faidherbia albida dans la zone
3.2.3. Estimation de la biomasse et la quantité de carbone du Faidherbia albida
3.3. DISCUSSIONS
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
WEBOGRAPHIE
ANNEXES

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