Spectrophotométrie d’absorption moléculaire dans l’UV visible

Télécharger le fichier pdf d’un mémoire de fin d’études

Contrôle de la qualité des médicaments

Le contrôle qualité, selon la norme ISO 9000 version 2005, est l’évaluation de la conformité par observation et jugement accompagné si nécessaire de mesures, d’essais ou de calibrage. Il fait partie des bonnes pratiques de fabrication. Dans notre cas, il s’agit d’un ensemble de procédés mis en place pour s’assurer que les médicaments sont de bonne qualité. Cela passe par une étape d’échantillonnage de lots de médicaments au cours de chaque étape de fabrication. Sont aussi concernés les matières premières et les articles de conditionnement. Les échantillons sont ensuite testés en laboratoire et les résultats obtenus seront comparés à des normes de qualité spécifiques.

Critères de qualité d’un médicament

Il existe plusieurs critères pour évaluer la qualité d’un médicament. Les principaux sont les suivants [11]:
. L’identité
Le principe actif et les excipients précisés par le fabricant sur la boîte doivent être présents dans le médicament. Dans le cas contraire, il s’agira d’erreur de conditionnement ou de fraude.
. La pureté
Les constituants du médicament doivent être exempts de contaminants quelle que soit leur nature (physique, chimique ou microbienne).
. L’activité
Selon la majorité des pharmacopées, un médicament doit avoir une teneur de principe actif comprise entre 90 et 110% de la teneur inscrite sur la boîte. Cette teneur doit être maintenue jusqu’à la date de péremption.
Des méthodes d’identification et de dosage ont été mises en place pour évaluer ces trois premiers critères.
. L’uniformité de la forme pharmaceutique
La couleur, la consistance, la forme et la taille d’un médicament doivent être uniformes et identiques quel que soit la forme pharmaceutique (solide, semi-liquide, liquide) dans un même lot. Le manque d’uniformité peut s’expliquer par un problème survenu au cours de la fabrication ou du stockage et peut entraîner l’inefficacité du médicament. Pour évaluer ce critère, des tests d’uniformité de teneur et/ou de masse sont effectués.

Propriétés physicochimiques

D’après la pharmacopée européenne, l’amlodipine (amlodipine besylate) se présente sous forme de poudre cristalline plus ou moins blanche [12].
– Solubilité : Il est peu soluble dans l’eau (10 mM environ 75,3 mg/L) et l’éthanol (≥14 mg/mL). Il est soluble dans le DMSO (dimethylsulfoxyde) (≥ 20 mg/mL), le chloroforme, le méthanol et le 2-propanol ;
– Point de fusion : 195-204 °C ;
– Point d’ébullition : 527,2°C ;
– pKa : 8,6.

Propriétés pharmacologiques

 Mécanisme d’action
L’amlodipine est un inhibiteur calcique. Il agit au niveau des canaux voltage dépendants de type L qui se trouvent au niveau des vaisseaux des muscles squelettiques et striés et du coeur. De ce blocage résulte une baisse de la phosphorylation de la sous-unité de la chaîne légère de la myosine, à l’origine d’une relaxation musculaire [13].
 Pharmacocinétique
L’amlodipine est lentement absorbé après administration orale. Les concentrations plasmatiques maximales sont atteintes 6 à 12h après administration. Il est métabolisé dans le foie avec un faible effet de premier passage hépatique. Il est fortement lié aux protéines (98%). Environ 60% des métabolites sont excrétés dans l’urine [13].
 Indications
Il est utilisé en traitement de première intention de l’HTA et de l’angine de poitrine liée à l’effort. Après des doses uniques, la pression artérielle diminue progressivement et peut revenir à la normale en 24 à 72h.

Méthodes de contrôle de qualité de l’amlodipine

Plusieurs méthodes existent pour contrôler la qualité de médicaments contenant de l’amlodipine.

Spectrophotométrie d’absorption moléculaire dans l’UV visible

Une étude s’est faite à Fès (Maroc) et portait sur la validation d’une méthode de dosage d’amlodipine par Spectrophotométrie UV-Visible [14]. En effet, la spectrophotométrie est une technique de caractérisation de la matière exploitant ses interactions avec le rayonnement électromagnétique. Elle est utilisée à des fins d’analyse qualitative et quantitative, de substances qui, en solution, absorbent ou émettent un rayonnement électromagnétique de longueur d’onde donnée [15]. Elle s’applique aux composés qui possèdent naturellement un spectre d’absorption (présence de groupement chromophore) dans le domaine spectral ultraviolet (190-400 nm) et visible (400-800 nm).

Electrophorèse capillaire

L’Electrophorèse Capillaire (EC) est une méthode séparative d’analyse datant du début des années 1980 qui s’est développée grâce aux acquis de la CLHP et des procédés plus anciens d’électrophorèse [16].
Il s’agit d’une méthode d’analyse quantitative et/ou qualitative basée sur la séparation de molécules chargées sous l’action d’un champ électrique appliqué à l’intérieur d’un capillaire, de quelques μm de diamètre, rempli d’une solution d’électrolytes. En effet, le champ électrique induit crée un mouvement des composants signalés de l’anode à la cathode et permet leur séparation. Leur passage est détecté par une lampe UV qui se trouve près de la cathode. Ainsi, lorsqu’une molécule est détectée, elle absorbe une certaine quantité de lumière et le détecteur transcrit cette information en un signal, visible sous forme de pic sur un électrophorégramme.

Chromatographie Liquide Haute Performance

La chromatographie est une méthode de séparation de constituants présents dans un mélange. Elle a pour principe général une différence de distribution de composés à séparer entre deux phases non miscibles : une phase stationnaire et une phase mobile. La phase stationnaire est contenue dans une colonne ou fixée sur un support tandis que la phase mobile, à laquelle est incorporé le mélange à analyser, se déplace au contact de la première phase. Les composés contenus dans le mélange, appelés solutés seront retenus inégalement, lors de leur traversée. Ils seront séparés selon leur affinité pour l’une ou l’autre des phases.
Parmi les différentes méthodes chromatographiques qui existent, la Chromatographie liquide haute performance (CLHP) est la plus ancienne et la plus utilisée en analyse quantitative. Elle fait partie des techniques dont la phase mobile est un liquide.
A la sortie de la colonne, se trouvent un détecteur et un enregistreur, qui nous permettent d’obtenir un tracé appelé : le chromatogramme. Ce dernier nous donne des informations précises sur l’identité des différents constituants du mélange à analyser. Le temps de rétention caractérise de manière qualitative une substance tandis que l’aire limitée par les pics obtenus est utilisée pour la quantification [15].

Appareillage et verrerie

– Appareil de CLHP ;
– Colonne chromatographique ;
– Bécher ;
– Erlenmeyer ;
– Fioles jaugées de 5 ; 10 ; 50 ; 100 ; 250 et 1000 mL ;
– Eprouvettes graduées ;
– Kit de pipettes de 1 à 25 mL ;
– Tubes à essais ;
– Mortier ;
– Pilon ;
– Paire de ciseaux ;
– Papier aluminium ;
– Balance de précision ;
– Réfrigérateur ;
– Stylos feutre ;
– Vials en verre de 2 mL.

Réactifs

– Acétonitrile ;
– Méthanol ;
– Triethylamine ;
– Eau ultrapure ;
– Standard d’amlodipine 1;
– Standard d’amlodipine 2 ;
– Standard d’amlodipine 3.

Méthodes

Echantillonnage

L’échantillonnage s’est fait à Dakar, Kaffrine (Sénégal) et Abidjan (Côte d’Ivoire). Les médicaments ont été collectés dans des officines pharmaceutiques (1 boîte par spécialité pharmaceutique). Les comprimés étaient dosés à 5mg et à 10mg. Chaque échantillon est conservé dans son conditionnement d’origine et correctement stocké à l’abri de la lumière et du soleil.

Identification

Pour l’identification, le temps de rétention du standard d’amlodipine est comparé à celui de l’échantillon à identifier.

Uniformité de masse

Le test d’uniformité de masse des comprimés est une méthode recommandée par les pharmacopées européennes [18]. Elle vise à vérifier l’homogénéité de la répartition de la dose unitaire du principe actif dans un lot de médicaments. Vingt (20) comprimés sont prélevés au hasard du lot contrôlé et l’on détermine leur masse moyenne. La masse individuelle de 2, au plus, des 20 comprimés peut s’écarter de la masse moyenne d’un pourcentage plus élevé que celui prévu par la Pharmacopée européenne, pour la forme correspondante, mais la masse d’aucun comprimé ne peut s’écarter de plus du double de ce pourcentage selon la pharmacopée Européenne [19].

Dosage par CLHP

Les recommandations de la pharmacopée américaine USP 36 NF 31 édition 2013 ont été appliquées [20] :
Détecteur : UV 237 nm ;
Colonne : 3,9 mm x 15 cm x 5 μm ;
Phase mobile : Acétonitrile / méthanol / tampon (7 mL Triethylamine + 900 mL eau ultra pure à ajuster avec une solution d’acide phosphorique de pH 3,0 ± 0,1) dans les proportions 15.35.50 ; Phase stationnaire : 0,25 mm de couche de gel de silice.
Les échantillons étaient préparés à 2mg/mL.

Discussion

L’objectif de cette étude est d’évaluer la qualité de médicaments contenant de l’amlodipine commercialisés en Afrique plus précisément au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Les comprimés contenant ce principe actif ont été analysés par CLHP, une méthode chromatographique de référence en ce qui concerne les analyses qualitatives et quantitatives.
L’échantillonnage s’est effectué dans deux (2) villes du Sénégal (Dakar, Kaffrine) et à Abidjan (Côte d’Ivoire). Les échantillons étaient au nombre de sept (7).
Nous avons fait le test d’uniformité de masse pour chaque spécialité pharmaceutique puis nous avons suivi le protocole de la pharmacopée américaine pour l’identification et le dosage de l’Amlodipine.
D’une part, pour l’uniformité de masse, notre étude a montré que pour les sept (7) échantillons, la masse en amlodipine de chaque spécialité était dans les limites spécifiées par la pharmacopée européenne (±10% de la moyenne). Nous avons obtenu une valeur minimale de 96,13% avec Amlo 5 et une valeur maximale de 102,73% avec Amlo 2.
Ces résultats sont comparables à ceux de Florence EICHIE et al. [21] qui ont utilisé la CLHP pour évaluer la qualité de dix (10) dix génériques de bésylate d’amlodipine tous dosés à 10mg, couramment vendus sur le marché nigérian. Tous les comprimés ont passé l’uniformité du poids (poids moyen des comprimés de 155 ± 0,03 mg à 404 ± 0,002 mgi).
D’autre part, nous avons utilisé trois (3) standards différents pour la suite des manipulations. En ce qui concerne l’identification, tous nos échantillons contenaient de l’amlodipine comme principe actif et le temps de rétention était de 3minutes 6 secondes. Pour la quantification de nos échantillons, nous avons obtenu avec le standard 1 qu’aucun échantillon n’était conforme tandis que pour les standards 2 et 3 dans les mêmes conditions d’analyse, cinq (5) échantillons sur sept (7) étaient conformes. Nous avons donc décidé de choisir le standard 2 comme standard d’analyse puisque les coefficients de variation étaient relativement faibles par rapport à ceux obtenus avec le standard 3. Selon la norme, les comprimés devaient avoir une teneur supérieure à 90% et inférieure à 110% [20]. Par conséquent, Amlo 4 (89,4%) de Kaffrine et Amlo 7 (89,3%) de Dakar sont déclarés non-conformes. Ces résultats sont différents de ceux obtenus par Ali Audu SANI et al. en 2014 qui ont trouvé que sur sept (7) spécialités pharmaceutiques du Nigéria contenant de l’amlodipine, deux (2) échantillons étaient conformes [22]. Par contre, l’étude de Rawnag HUSSEIN et al. en 2015, sur trois (3) spécialités au Soudan, a donné un pourcentage de 100% de conformité [23].

CONCLUSION

Les Accidents vasculaires cérébraux (AVC) constituent la 2ème cause de mortalité selon les statistiques de l’OMS en 2016.
En Afrique, selon les statistiques de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), plus de 40% des adultes de nombreux pays seraient hypertendus. Cela s’explique par les mauvaises habitudes alimentaires des populations : les repas sont riches en aliments gras avec de grandes quantités de sel. De plus, les médicaments antihypertenseurs sont onéreux et ne sont pas facilement accessibles à la population. Vu la gravité d’avoir des médicaments contrefaits sur le marché, il est urgent de mettre en place des contrôles de routine. C’est dans ce cadre que s’inscrit notre étude qui consiste à contrôler la qualité de certaines spécialités pharmaceutiques contenant de l’Amlodipine commercialisées à Dakar, Kaffrine et à Abidjan. Cette molécule appartient à la famille des inhibiteurs calciques du groupe des antihypertenseurs. Il est après la Nifédipine, le chef de file, le médicament le plus utilisé de cette famille sur le marché pour le traitement de l’hypertension artérielle. Nous avons utilisé la Chromatographie Liquide Haute Performance pour ce contrôle. Les résultats du dosage nous montrent que 2 échantillons sur 7 sont sous-dosés et le test d’uniformité de masse a révélé que tous les échantillons sont bien conformes aux normes.
Il convient devant ces résultats de faire des études supplémentaires pour cette même problématique avec des échantillons à plus grande échelle. Ce qui permettra de prendre des décisions plus justes pour les non-conformités obtenues. Nous recommandons également la promotion de contrôle de routine des médicaments au sein des laboratoires pharmaceutiques surtout ceux qui sont importés; la mise au point de méthodes plus performantes et plus faciles à utiliser. Il faudrait aussi revoir à la baisse le prix des médicaments anti hypertenseurs, dans cet ère où les marchés illicites voient le jour et proposent des médicaments à moindre coût, malheureusement accessibles à nos populations. Celles-ci doivent à leur niveau respecter les mesures hygiénodiététiques avant d’avoir recours à un traitement médical. Par ailleurs, les autorités doivent prendre des mesures plus sévères à l’égard des personnes qui s’adonnent à la contrefaçon des médicaments.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS BIBLIOGRAPHIQUES
I. Généralités sur le contrôle de la qualité des médicaments
I.1. Définitions
I.1.1. Médicament
I.1.2. Qualité
I.1.3. Contrôle de la qualité des médicaments
I.1.4. Critères de qualité d’un médicament
La biodisponibilité
La stabilité
II. Généralités sur l’amlodipine et ses méthodes de contrôle
II.1. Chimie et pharmacologie de l’amlodipine
II.1.1. Structure chimique
II.1.2. Propriétés physicochimiques
II.1.3. Propriétés pharmacologiques
II.2. Méthodes de contrôle de qualité de l’amlodipine
II.2.1. Spectrophotométrie d’absorption moléculaire dans l’UV visible
II.2.2. Electrophorèse capillaire
II.2.3. Chromatographie Liquide Haute Performance
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL EXPERIMENTAL
I. Objectifs
I.1. Objectif général
I.2. Objectifs spécifiques
II. Cadre et durée de l’étude
III. Matériel et méthodes
III.1. Matériel
III.1.1. Appareil de Chromatographie Liquide Haute Performance
III.1.2. Appareillage et verrerie
III.1.3. Réactifs
III.2. Méthodes
III.2.1. Echantillonnage
III.2.2. Identification
III.2.3. Uniformité de masse
III.2.4. Dosage par CLHP
IV. Résultats
IV.1. Échantillonnage
IV.2. Identification
IV.3. Uniformité de masse
IV.4. Dosage par CLHP
V. Discussion
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Télécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *